Deuxième élément de déception et de tension : la vie dans le nouveau milieu n’est pas celle dont on avait rêvée; au contraire, elle est souvent très éprouvante. Cinq sortes de difficultés frappent les réfugiés à leur arrivée :
-Des ressources matérielles très limitées;
-L’accès à l’emploi bloqué ou
très difficile;
-Le choc du déracinement, doublé par le choc culturel chez
ceux qui possèdent un bagage culturel très éloigné du nôtre;
-Les tensions
inter-ethniques et interraciales en recrudescence dans le monde occidental;
-La méfiance de la population envers les réfugiés, accentuée par la question
nationale.
Dans ce contexte, les réfugiés ont en général le sentiment qu’ils ne sont pas les bienvenus dans le nouveau pays. Comme nous l’avons déjà souligné, ils n’étaient pas préparés à cela.
Aux difficultés qui se présentent à l’arrivée viennent s’ajouter d’autres problèmes qui étaient plus latents alors que toutes les énergies des individus et des familles étaient monopolisées par la lutte pour la survie. Sauf des exceptions qui confirment la règle, les conflits intra-familiaux explosent dans une deuxième étape de l’adaptation, sous forme de conflits conjugaux et de conflits entre les parents et leurs enfants. Ces conflits se transforment parfois en violence envers les femmes et envers les enfants.
Plusieurs réfugiés proviennent de sociétés où les rapports hommes-femmes sont de type traditionnel. Il en va de même pour les rapports parents-enfants qui sont axés sur l’autorité quasi despotique du père. La correction physique des enfants et parfois même de l’épouse peut venir en conflit avec nos valeurs modernes qui favorisent d’autres façons de régler les situations conflictuelles ou d’asseoir l’autorité parentale.
Cette inévitable adaptation culturelle à certaines valeurs du nouveau pays, exigée par les lois sociales (Code civil du Québec, Loi sur la protection de la jeunesse, etc.), trouve une réponse positive chez les femmes ou chez les enfants, mais elle affecte souvent négativement les hommes qui perçoivent la limitation de leur pouvoir d’époux et de père comme une dépossession de tous leurs moyens habituels, sans y trouver de succédané. Souvent, leur désarroi se manifeste de double façon : laisser-aller ou violence; parfois les deux attitudes s’alternent selon les humeurs du moment.
En somme, on constate que le stress et la violence subis dans le pays d’origine, combinés aux nombreuses difficultés rencontrées dans le nouveau milieu, rendent les réfugiés particulièrement vulnérables au plan de la résistance au stress; ils peuvent ainsi être amenés à poser, à leur tour, des gestes de violence tout à fait inacceptables. Dans ces cas, les victimes de violence perpétuent à leur tour les gestes de violence, selon un mécanisme psychologique bien connu par les spécialistes .
* à suivre *
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