INTERVENIR…
Seule une intervention sociale qui intègre les principes de base de l’approche inter-culturelle a des chances d’être efficace et de répondre aux besoins des réfugiés. Une telle approche implique, entre autres, beaucoup d’écoute, beaucoup de patience et surtout beaucoup de souplesse et d’ouverture d’esprit. Elle exige qu’on soit continuellement conscient de la distance culturelle, psychologique et parfois linguistique entre l’intervenant et le client, c’est-à-dire qu’il faut se méfier comme de la peste des conclusions faciles, logiques, car peut-être ne possédons-nous pas la même logique que les réfugiés.
Il convient d’accorder une importance capitale aux dynamiques qui se développent chez les jeunes dans les écoles et les centres de loisirs où ils se tiennent. C’est à ces endroits que l’essentiel du travail social auprès des jeunes devrait se faire de façon intense dans le but de promouvoir, dans les faits et non seulement en palabres, l’intégration inter-ethnique et inter-raciale des jeunes sans un travail massif à ce niveau, nous nous préparons des jours très sombres : mon expérience en tant qu’intervenant me fait craindre le pire.
Les intervenants peuvent éventuellement rencontrer dans leur pratique des personnes qui ont subi la torture et portent encore dans leur tête, sinon dans leur corps, les traces traumatisantes de ces expériences. Il est important d’être attentif à certains symptômes, tels que l’insomnie, des angoisses, des phobies insolites, l’irritabilité, etc.
Il est urgent d’inventer de nouvelles formules de soutien aux familles de réfugiés. L’application bureautique et socio-judiciaire de la Loi sur la protection de la jeunesse et de la Loi sur les jeunes contrevenants est peut-être une nécessité sociale incontournable. Mais de nouvelles mesures visant à rejoindre différemment les mêmes objectifs doivent être inventées, et il faut surtout que les parents souvent complètement désemparés et confus soient soutenus plutôt qu’accablés, comme c’est malheureusement bien souvent le cas aujourd’hui.
Sixièmement, il est nécessaire d’évaluer en profondeur l’ensemble des ressources offertes comme milieu de vie substitut, telles que les centres d’accueil, les familles d’accueil, dans le but de rajuster les services aux nouvelles réalités multiculturelles de Montréal.
Enfin, il est essentiel de garder à l’esprit que des personnes rendues très vulnérables par leur passé marqué par des situations de grande violence sont très sensibles à tout ce que véhicule de « violence » l’intervention sociale institutionnalisée et les services publics en général, surtout quand la personne qui est devant nous possède à peine quelques notions de français ou d’anglais. Redoubler de patience et d’empathie constitue le premier service à rendre à ces personnes, souvent lourdement éprouvées par la violence et les autres tracasseries de la vie.
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