Quatre des six participants ont exprimé sur le vécu quotidien des réactions que l’on peut regrouper autour des trois idées suivantes :
L’appréhension face à la journée qui commence
Dès les premières heures de la matinée, les participants disent voir se dérouler leur journée avec ses problèmes et éventuellement ses crises. Ils se sentent habités par les menaces de circonstances plus âpres et plus impitoyables, comme la réactivation de malaises physiques, de difficultés de fonctionnement, de solitude, etc.
Les frustrations par rapport à l’accélération du temps.
Les participants se fatiguent de constater qu’ils n’avancent pas dans une journée et que le temps passe plus vite. Ils attribuent cela au fait qu’ils ont moins de capacités physiques pour effectuer les mêmes tâches qu’auparavant, qu’ils se fatiguent à les accomplir et prennent donc plus de temps pour y arriver. Ils s’énervent à penser qu’à la fin de la journée, ils n’auront pas eu le temps de faire ce qu’ils avaient prévu de faire. Effectivement, une partie du travail reste inachevée à cause de leur épuisement et, en le constatant, ils sont quelque peu pris de panique à l’idée de ne plus pouvoir maîtriser leurs activités quotidiennes.
Le sentiment que plus ils avancent en âge, plus le temps est limité.
Au cours de cet atelier, il s’est dégagé chez les participants le sentiment très net que leur propre durée est comptée et que chaque jour qui passe ampute ce qui en reste. « Le temps n’est plus pour eux un chemin que l’on suit mais un panier où l’on puise ».
Les récits des faits quotidiens par les participants ont traduit cette tension qui existe entre la conscience de leurs limites et le vouloir de vivre. Ils ont exprimé un scepticisme sans illusion sur ce qui leur reste encore à entreprendre. Pour certains, il est trop tard pour tout.
Les propos d’une dame de 70 ans sont révélateurs. Cette personne est veuve, vit seule et sans enfant. Elle souffre d’arthrose à un degré avancé et a connu un épisode d’accident cérébro-vasculaire; elle circule en fauteuil roulant. Elle nous dit que les seuls signes tangibles du passage du temps pour elle sont la prise de médicaments et les repas. Ses contacts avec l’extérieur se limitent à ses traitements à l’Hôpital une fois par semaine et aux visites de son frère. Son attente face à la vie est de voir son unique nièce terminer ses études universitaires et se marier. Elle se projette dans celle-ci, mais elle craint que ce projet qui s’inscrit dans le futur ne soit pas réalisable. Cette dame a trop conscience de ses limites pour prétendre agir sur les événements.
* à suivre *
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