Dans les recherches portant sur l’évaluation de l’efficacité des groupes de traitement, la collecte des données se fait principalement auprès de l’homme violent lui-même. On remet cependant en question la validité des informations ainsi recueillies. En effet, plusieurs auteurs ont fait la démonstrationi empirique que les taux de violence rapportés par les hommes sont inférieurs à ceux rapportés par les femmes (Shepard; Edleson & Brygger; Edler; Edleson & Gruszsnki; Eisikovitz & Edleson). Ces dernières seraient aussi plus sensibles à détecter la violence psychologique et les menaces. En effet, il ne faut pas perdre de vue que la violence maritale n’est pas seulement socialement indésirable, elle est aussi illégale et peut entrâiner des poursuites judiciaires (Rosenbaum). Le fait de questionner le répondant sur ce sujet entraîne chez celui-ci un problème de désirabliité sociale qui affecte sa volonté à rapporter ses propres comportements agressifs (Dutton).
Ce probème de désirabilité sociale a aussi une influence sur le mode d’administration des instruments. Ainsi, Dutton considère que la violence conjugale étant un problème social sévèrement jugé par la société, le recours aux entrevues, spécialement pour amener l’homme à faire état de ses comportements de violence, peut générer des problèmes d’influence de l’interviewer sur l’interviewé. D’autre part, les travaux d’Edler ont démontré que les taux de violence rapoprtés par les hommes ou leur conjointe ne varient pas en fonctioni du sexe de l’interviewer. Toutefois, ils augmentent dramatiquement chez les femmes lorsqu’elles sont rencontrées seules plutôt qu’en couple. Mentionnons cependant que le fait de procéder à une collecte des données auprès des femmes n’exlut pas la possiblité que la désirabilité sociale interfère dans les réponses de ces dernières. En effet, la femme peut hésiter à faire état de l’ensemble des comportements de violence de son partenaire, que ce soit pour le protéger, parce qu’elle se sent responsable de cette violence ou parce que cette situation lui fait honte.
L’ensemble de ces constats a tout de même amené plusieurs chercheurs à tenter de recueillir les données portant sur le comportement de l’homme violent à partir d’autres sources d’information, dont les conjointes de ces hommes. Tous ne sont cependant pas d’accord avec cette façon de procéder. Ainsi, Rosenbaum considère que de rechercher la collaboration des femmes sur cette question peut être perçu comme infantilisant pour l’homme que l’on tente d’intégrer dans une démarche de responsabilisation.
Nous avons cependant constaté un plus grand courant de recherches allant à l’encontre de la position de Rosenbaum. Dans ces études, on juge que la priorité doit être mise sur la validité des informations obtenues. Ainsi, on considère qu’il est essentiel de recueillir des données auprès des conjointes, notamment parce que les hommes sous-estiment leur violence, ce qui rend difficile l’évaluation de la dangerosité de ces derniers (Edleson & Brygger; Edler; Ouellet et al. Sous presse), tout en risquant de surestimer les effets d’un programme de traitement (Edleson & Brygger).
Notons ainsi que dans la majorité des études où l’on procède à une collecte d’informations auprès des femmes, on effectue quand même une mesure des comportements de l’homme selon ses propres dires. Ceci permet donc de comparer les taux de violence rapportés par les deux membres du couple. Lorsque les chercheurs se voient confrontés à des informations différentes, il est fréquent qu’ils optent pour la version de la femme. Ces chercheurs justifient leur choix en indiquant qu’il est moins hasardeux pour la sécurité des conjointes de prendre le risque de surestimer la violence de l’homme que de la sous-estimer.
Finalement, certains chercheurs ont souligné que l’analyse des données provenant de deux sources distinctes aurait avantage à être traitée différemment. En effet, il est courant que l’on présente le taux moyen de violence rapporté par les hommes et qu’on le compare à celui fourni par les femmes (utilisation de données réunies). Pour Rosenbaum, cette façon de faire peut donner une illusion de changement, puisque les déclarations de chaque personne se fondent dans l’ensemble. On souligne donc qu’il est souhaitable de procéder à une comparaison des résultats obtenus sur une base individuelle plutôt que sur une moyenne de groupe (Dutton; Rosenbaum).
* à suivre *
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