Au-delà de certaines caractéristiques individueles des participants, quelques chercheurs ont émis l’hypothèse que les approches utilisées dans le traitement des conjoints violents ont un impact sur l’arrêt des comportements abusifs.
Ainsi, Shepard a voulu mesurer les résultats obtenus par un groupe de traitement offrant un programme combinant une approche thérapeutique (12 semaines) et une approche éducative (12 autres semaines). Les résultats démontrent que les taux d’abus (rapportés par les hommes ou par les femmes) sont plus bas dans les dernières phases du programme. La plus grande diminution des abus a été observée durant la phase de thérapie. Par ailleurs, l’incidence d’abus ne varie pas lorsque l’on compare les hommes qui ont suivi uniquement la phase de thérapie à ceux ayant aussi participé à la partie éducative du programme. De plus, l’histoire de violence de l’homme (incluant 16 indicateurs dont le fait d’avoir été témoin ou victime de violence dans son enfance) ne prédit pas des taux plus élevés d’abus. Finalement, lorsque l’on compare les informations provenant des hommes et des femmes, on observe que ces dernières rapportent plus d’abus psychologiques que les hommes à tous les moments du programme, sauf au moment de la mesure de suivi.
Dans une récente étude, Edleson et Syers ont examiné et comparé les effets de six programmes de traitement pour conjoints violents. Ces programmes se distinguaient par le type de modèle mis de l’avant (d’éducation, d’entraide, et une combinaison des deux), de même que par leur intensité (la durée des groupes pouvant être de 12 ou 32 semaines). Les résultats font ressortir que le taux de violence au moment du suivi est de 10% inférieur chez les hommes ayant suivi un programme de 12 semaines comparativement à 32 semaines. Cette différence n’est cependant pas statistiquement significative. Par ailleurs, si l’on examine les résultats obtenus en fonction du type de modèle mis en place, on constate que plus le groupe est structuré et éducatif, plus bas est le taux de récidive au moment du suivi, sans égard à la durée du programme. Plus spécifiquement, on observe que 32% des hommes du groupe d’éducation ont récidivé, 34% dans le groupe combiné et, enfin, 54% dans le groupe d’entraide. Il faut encore noter que ces différences ne sont pas statistiquement significatives.
En examinant l’ensemble des variables à la fois, on constate que ce sont les hommes qui ont suivi le programme d’éducation ou le programme combiné, d’une durée de 12 semaines, qui ont obtenu les taux les plus bas de récidive.
Un autre objectif de cette étude avait trait à l’effet de ces programmes sur les menaces terrorisantes. On constate dans un premier temps que les programmes de 12 semaines font diminuer de 6% l’incidence de celles-ci. D’autre part, ce sont les hommes qui ont participé au groupe d’éducation qui semblent le moins portés à utiliser ce type de menaces. Si l’on examine les deux variables à la fois, on constate que 33% des hommes ayant suivi les programmes d’éducation de 12 semaines font usage de menaces terrorisantes. Ce pourcentage s’élève à 75% chez les hommes ayant suivi le programme d’entraide de 32 semaines.
En résumé, le groupe d’éducation de courte durée semble le modèle le plus efficace. Il n’en demeure pas moins cependant qu’un nombre important d’hommes continent de faire usage de menaces de violence. À ce sujet, il faut mentionner le point de vue de Jennings qui considère que les attentes entretenues face au programme de traitement pour conjoints violents sont quelque peu démesurées. Par ailleurs, compte tenu du nombre de semaines que comprend une thérapie, on attend des changements au plan du comportement (souvent appris depuis plusieurs années) et on s’attend aussi à une modification des attitudes, ce qui est très difficile à réaliser. D’un autre côté, les résultats de l’étude D’Edleson et Syers tendent à démontrer une certaine saturation au-delà d’une intervention que l’on pourrait qualifier d’à court terme. Ainsi, allonger la période de traitement n’apparaît pas améliorer les résultats. Donc, si d’une part, il est impossible de modifiier l’ensemble des comportements et attitudes menant à la violence par l’entremise des groupes de traitement actuels et que, d’autre aprt, un traitement plus intensif ne semble pas augmenter les résultats, il faut croire en la nécessité de miser sur des interventions combinant un traitement et d’autres interventions de nature différente.
Quoique ces résultats jettent un premier éclairage sur l’efficacité comparée de différentes modalités de traitement, nous devons nous rallier au point de vue de Sonkin et de Gondolf qui ont indiqué que les recherches actuelles ne permettent pas de déterminer quelle modalité de traitement est la plus efficace.
* à suivre *
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