Poème à mon Âme
L’âme de Vilaire est “tourmentée du besoin éternel de savoir”. L’essentiel est toujours l’incertain. Le sens de la vie, le sens de l’âme, tout se dérobe à son ignorance:
Tu palis à sonder l’insondable problème
Tu demandes cent fois pourquoi ce drame humain
Pourquoi vivre, pourquoi mourir, le lendemain
Ce qu’il sera pour toi.
L’âme est solitaire. C’est son sort éternel. Elle est une passagère qui doit bientôt dire adieu au monde. Elle est reflet de ciel en nous. Comme le Seigneur, elle est immortelle. Si elle souffre, c’est parce qu’elle croit pouvoir choisir pour patrie dernière, la terre funeste où l’horreur domine. Et alors, le ciel refuse de lui dévoiler l’énigme universelle. Elle a soif d’absolu et se perd dans le tourbillon des petitesses de l’homme.
Le temps et les faibles ses humaines entraînent l’âme, mais ne peuvent la dominer. Elle lèvera un jour les yeux vers la profonde nue et un rayon béni lui découvrira à jamais les délices éternels.
Toute baignée encore de mes suprêmes pleurs,
Victorieux enfin du mal et des douleurs,
Un jour m’emportera...j’en atteste, ô mon âme
Tes désirs allumés comme une sainte flamme....
Un vent d’éternité souffle! Vois ta nacelle
Prête à fendre les flots: voyageur Dieu t’appelle!
L’orage est franchi, pars! Chante en prenant l’essor:
Là-bas plus de tempête et le ciel est le port!
Dans le dernier chant du poème, Vilaire représente l’humanité sous l’image d’un Arbre qui par le jeu des saisons passe par toutes les péripéties. Mais, “la croissance de l’arbre, sa fermeté dans la tempête et l’orage” sa renaissance aux beaux jours illustrent le triomphe final de la race des hommes sur les “forces adverses et son entrée future dans la plaine lumière”.
Commentaires
Tout est limité ici bas: le savoir et surtout la soif de l’infini. Solitude de l’âme, hostilité de la nature, le spectre de la mort rendent l’âme pessimiste. Mais l’âme espère et croit, car tous ses rêves terrestres, ailleurs sont des réalités. Elle peut se reposer et attendre. Comme Dieu elle est immortelle.
Autres textes importants de Vilaire
Il y a dans les recueils que nous n’avons pas analysés, des textes importants de Vilaire qui aident, soit à fixer davantage sa pensée littéraire, sociale et philosophique, soit à se faire une meilleure idée de son génie créateur. Nous nous contenterons de les signaler.
Micellanés (Tome I)
Dans Haro, Vilaire s’en prend aux faux artistes, aux charlatans qui se mêlent de poésie. C’est une satire violente dans laquelle, l’auteur ne ménage pas ses expressions pour clouer au pilori de l’art les “acrobates environnés de plats admirateurs”, les rois du plagiat dont “les écrits font penser à la nuit éternelle”.
NOS ÉROSTATES est une explosion de rage contre ceux qui se vantent d’être grands patriotes, démocrates exemplaires et qui pillent l’état, condamnent à l’exil leurs compatriotes et posent les actes les plus revoltants pour que leurs “noms ne périssent jamais”. C’est un texte qui reflète bien la situation politique et sociale de l’épopée de Vilaire.
Tristesse Ultime (Tome II)
BALLADE D’UN SUICIDE ET PAROLES DES TREPASSÉS qui éclairent la conception de Vilaire sur la mort. Elle est non, une fin, mais un passage.
À MA PATRIE écrit par Vilaire pour remercier ceux de ses compatriotes qui l’ont encouragé à la parution des DIX HOMMES NOIRS. Dans ce texte qui aurait pu être signé de MASSILLON Coicou ou de T. Guilbaud, Vilaire clame son amour pour Haïti et sa certitude qu’elle vivra en dépit des érostates.
AMOUR (Tome II)
Dans ce recueil, il faut retenir les quatre derniers poèmes :
TOUT EST VANITÉ : Joli poème d’amour que ne renieraient pas Aragon et Eluard.
TE DEUM, LA VIERGE IMMACULÉE qui témoignent que Vilaire a pratiqué l’oecuménisme avant la dâte. TESTAMENT où il se révèle humble et croyant.
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