Monsieur qui est déjà alcoolique adoptera de plus en plus des comportements d’indifférence face aux préoccupations de son épouse et de démission devant ses responsabilités globales. Monsieur est de moins en moins présent à la maison. Lorsqu’il s’y trouvait son attitude envers les enfants oscillait constamment du paternalisme faible à la sévérité brutale.
Nos données révèlent que pour 75% des cas le père achetait des jouets aux enfants, jouait avec eux durant ses périodes de sobriété. Mais dans les périodes d’ébriété, pour 70% des cas, il battait les enfants et les repoussait durement. De plus, il s’informait des résultats scolaires pour haranguer devant les échecs.
Nous retrouvons là une manifestation du « bas degré de tolérance à la tension » éprouvée par l’alcool ainsi que son sentiment de culpabilité.
Devant cela Madame A. verra sa tendance dominatrice s’accentuer. Elle tentera de faire réagir son mari en le chargeant de reproches et de remords. « L’ajustement entre les partenaires se détériore et la tension s’élève ». Les mésententes et les conflits augmentent (cf. 2e partie, p.49) Madame ressent fortement le désintéressement et elle cherchera à y palier en exerçant une forme d’autorité absolue (cf. 2e partie, p.46 Tableau VIII). Mais nous avons tout lieu de croire que cette forme d’évasion n’a pu compenser ses besoins fondamentaux d’affectivité, de compréhension, de contacts sociaux. Les enfants deviennent alors des instruments qu’elle utilise tantôt pour exercer sa domination, tantôt pour satisfaire ses besoins effectifs (cf. 2e partie, p.60, fin du deuxième paragraphe). La valeur du lien émotif qu’elle établit avec ses enfants semble si fortement liée à celui qu’elle a établie avec son conjoint que la présence des enfants devient plutôt un handicap et une restriction qu’un moyen d’épanouissement. Différemment de sa mère, pour Madame A. le pôle d’attraction sera le mari plutôt que les enfants. Elle ne réussira pas à concilier les deux.
Cette situation de déséquilibre aura pour effet d’augmenter son anxiété et de lui rendre pénible la confrontation de ses rôles d’épouse et de mère. Aussi sa première consommation excessive sera prise à l’extérieur du foyer en compagnie d’autres personnes (cf. 2e partie, p.69, Tableau XVI). Les boîtes de nuit lui étaient un milieu connu ; de plus l’anonymat et l’hétérogénéité pouvait faciliter l’évasion. Par contre son besoin de relation interpersonnelle avec son mari semble avoir été plus impérieux quand on constate les causes qui l’ont amené à poursuivre sa consommation excessive (cf. 2e partie, Tableau XVII, p.71). L’accentuation de l’échec au plan conjugal devenait impossible à supporter pour Madame A. La réalité détruisait l’image idéale qu’elle avait de son mari et sapait progressivement ses attentes. En guise de soulagement et d’évasion elle trouvera refuge dans l’alcool. Pourquoi l’alcool ?
* à suivre *
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire