Le petit hôtel du milieu rural (seul centre de loisirs) fréquenté par les adultes et les personnes affranchies de la tutelle parentale, conservait tout un attrait pour nos sujets. L’attirance provenait du statut d’adulte reconnu en ce milieu, du plaisir éprouvé par ceux qui y allaient, finalement de la possibilité de rencontre avec le sexe opposé. Nos femmes n’y avaient jamais eu accès avant de venir vivre en centre urbain ; aussi leur curiosité n’en était que plus accrue. Arrivées en milieu urbain, elles étaient prêtes à répondre à la première occasion qui s’offrirait en ce sens. Inconsciemment elles n’attendaient que cela.
L’atmosphère rencontrée dans les boîtes de nuit était bien différente des préjugés entendus dans leur milieu rural : on ne les montrait pas du doigt, elles conservaient leur réputation. Le fait de passer des heures à s’amuser sans souci, sans préoccupation, l’attitude tolérante des gens en face de la consommation, l’hétérogénéité et l’anonymat trouvèrent donc chez elles sympathie. Cela devint même leur lieu de prédilection, et elles ne manquèrent pas une invitation pour s’y rendre.
… de ces emplois et à quelques valeurs fondamentales transmises par ces milieux. Nous ne nions pas pour autant l’influence du milieu de travail dans la poursuite de la socialisation. Cependant, nous savons qu’il est important par la durée et par l’insertion dans un secteur précis ; or, la majorité de nos sujets n’ont pas travaillé longtemps. Il tient aussi son importance du fait qu’il est habituellement le prolongement du processus de socialisation familiale et scolaire. Malheureusement, nous n’avons pu que souligner ces aspects dans l’analyse de nos données.
Malgré les limites et les faiblesses de ce travail de recherche, je tiens à souligner quelques uns des jalons qu’il peut laisser à notre réflexion.
La famille est vue comme contribuant à l’étiologie de l’alcoolisme mais on ne peut lui en imputer toute la responsabilité. Certes, elle a fourni un mauvais départ à nos sujets… et il en fut de même pour les enfants de cette famille et pourtant tous ne sont pas devenus alcooliques ou déviants de quelqu’autre façon. Le hasard a-t-il mieux favorisé ces derniers en leur permettant de se retrouver dans des milieux qui ont pu compenser les déficiences socialisatrices de leur famille ? Ou nos sujets offraient-ils psychologiquement un terrain plus favorable ?
Si c’est l’effet du hasard notre société peut-elle encore quelque chose pour limiter le jeu du destin ?... L’utilisation des média d’information est-elle suffisamment exploitée dans le sens d’une prévention de l’alcoolisme ?
Après tout, c’est la société qui met en marche les instruments de la socialisation… C’est elle qui socialise !...
Enfin, une dernière interrogation : il existe des individus alcooliques (hommes et femmes) mais existe-t-il un alcoolisme spécifiquement féminin ou masculin dans ces causes ?
Ainsi je peux appuyer mon hypothèse sur laquelle le processus de socialisation est la variable indépendante dans la formation de la personnalité sociale. Si la femme adopte un comportement déviant, telles les substances toxiques pour pouvoir fonctionner, je crois qu’une ou des déficiences au niveau de processus de socialisation pourraient alors être un facteur logique de ce comportement.
* à suivre *
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