L’idée qu’il est plus honteux, pour une femme que pour un homme, de surconsommer de l’alcool date du XIXe siècle. Au siècle précédent, l’ébriété était perçue comme un état de choses fréquent et normal pour les hommes et les femmes. Le silence, encore persistant, autour des femmes alcooliques porte à croire que l’image d’une femme saoule est incompatible avec celle, pure et vertueuse, que les hommes de la classe moyenne entretenaient et souhaitaient préserver pour les femmes de leur classe. Aujourd’hui, au Québec comme aux États-Unis, on continue de croire qu’une femme ne devrait pas être en état d’ébriété.
Données épidémiologiques
Prétendre faire « l’état de la question » concernant les femmes alcooliques au Québec représente un projet assez ambitieux. En effet, il semble que les données recensées ne représentent que le minimum de la population consommatrice. Les chiffres publiés ne constituent donc que le fragment émergé de l’iceberg, dont il reste à révéler la partie encore submergée. Si la pointe réussit à émerger malgré les problèmes de validité des indices, de biais sexiste et de stigmatisation sociale, on a tout intérêt à leur attacher beaucoup d’importance.
Toutes les données relatives aux problèmes consécutifs à une consommation abusive d’alcool font état d’une surreprésentativité des hommes par rapport aux femmes, qu’il s’agisse des problèmes de santé, d’infractions au code de la route, d’offenses criminelles ou d’accidents. Ces problèmes néanmoins touchent aussi les femmes et on s’interroge pour savoir si les changements de leur condition de vis n’entraînent pas un accroissement de la surconsommation chez elles.
Les données sur la mortalité sont plutôt rassurantes. Après avoir été en hausse jusqu’en 1976, le nombre absolu le décès et les taux de mortalité par cirrhose du foie, alcoolisme et psychose alcoolique, tendent depuis à s’abaisser. Pour aucune de ces causes de décès, on n’observe de façon évidente une convergence dans les ratios hommes-femmes. La mortalité par cirrhose du foie a cependant connu une hausse de 11% au Québec, ces huit dernières années.
Par ailleurs, en six ans, le taux des premières admissions pour alcoolisme a pratiquement doublé au Québec chez les femmes. Les taux de sortie après hospitalisation pour cirrhose du foie sont aussi en augmentation. Pour toutes ces statistiques, les ratios hommes-femmes baissent et il y a effectivement convergence. Est-ce à dire que les femmes ont désormais un meilleur accès au traitement ou que, la stigmatisation sociale étant moins forte, les femmes utilisent en plus grand nombre des services qui leur sont plus ouverts? Peut-être.
* à suivre *
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