L’évolution des conceptions religieuses en Europe est à ce sujet exemplaire : pour l’auteur anonyme qui décrivait d’Iseut, le succès à l’épreuve est le signe indéniable du bon droit de l’ « ordalisant », et la validité du jugement ne saurait être mise en doute. Pour les inquisiteurs du XVème siècle, au contraire (Institoris et Sprengeur, 1973), interroger directement Dieu est une offense à l’Église, et seuls des sorciers pourraient affronter avec succès l’épreuve du fer rouge : ce qui était signe d’innocence est devenu un crime. Ainsi se trouvent définis deux modes opposés de relation au Dieu et à la Loi : dans l’un, « héroïque », Dieu est directement interpellable, dans l’autre, « kafkaïen », il n’est possible d’interroger que des représentants de l’Église, eux-mêmes sans contact direct avec Dieu.
Les conduites ordaliques
De cette différence dans la relation au Dieu énonciateur de la Loi peut venir la pertinence d’une analogie entre le recours à l’ordalie dans certaines cultures et les « épreuves » que s’imposent parfois les adolescents actuels. Bien sûr, il ne s’agit que d’une analogie, même si les toxicomanes sont un peu, après les hystériques, les « sorciers » de notre époque.
Mettant donc en relation avec cette coutume ancienne les conduites actuelles de prise de risque d’ « individus-individualistes », nous avons été amenés à définir des conduites ordaliques, sous-tendues par un fantasme – ou plutôt une croyance – ordalique.
* à suivre *
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