La croyance ordalique serait le fait de s’en remettre à une puissance supérieure pour se convaincre de son droit à la vie : à travers la proximité de la mort, le sujet s’adresse à un autre pour se fondre à lui, le maîtriser ou en être l’élu.
Ces deux notions peuvent apporter un éclairage nouveau à bien des éléments difficiles à interpréter dans la conduite de nos patients toxicomanes, ainsi qu’à la trouble fascination qu’éxerce le toxicomane sur le grand public. Ainsi, l’hypothèse ordalique permet dans une certaine mesure de distinguer la toxicomanie, avec son caractère radical et explosif, de conduites qui plus progressivement, comme à l’insu du sujet, le mènent fréquemment à la mort, tels l’alcoolisme ou l’anorexie mentale.
Par cet aspect ordalique du tout ou rien, la toxicomanie se rapproche d’autres conduites souvent adolescentes, qui rentrent ou non dans un cadre pathologique. La dimension ordalique de certaines tentatives de suicide chez l’adolescent a déjà été soulignée (Haim, 1969). Dans ces suicides, il ne s’agit ni de volonté affirmée de mourir, ni de « chantage », mais d’un véritable jeu de « roulette russe ».
Il faut en rapprocher des conduites répétitives de phlébotomie ou de scarifications dont le sens ordalique peut tenir à ce que le sujet imagine pouvoir en mourir…
* à suivre *
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