« Il restera sans doute décisif pour notre culture que le premier discours scientifique tenu par elle sur l’individu ait dû passer par ce moment de la mort.
C’est que l’homme occidental n’a pu se constituer à ses propres yeux comme objet de science, il ne s’est pris à l’intérieur de son langage et ne s’est donné en lui et par lui une existence discursive qu’en référence à sa propre destruction :
De l’expérience de la déraison sont nées toutes les psychologies et la possibilité même de la psychologie;
De la mise en place de la mort dans la pensée médicale est née une médecine qui se donne comme science de l’individu.
Et d’une façon générale, l’expérience de l’individualité dans la culture moderne est peut-être liée à celle de la mort :
Des cadavres ouverts de Bichat à l’homme freudien, un rapport obstiné à la mort prescrit à l’universel son visage singulier et prête à la parole de chacun le pouvoir d’être indéfiniment entendue;
L’individu lui doit un sens qui ne s’arrête pas avec lui.
Le partage qu’elle trace et la finitude dont elle impose la marque nouent paradoxalement l’universalité du langage à la forme précaire et irremplaçable de l’individu. (Foucault 1963 :201).
* à suivre *
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