Le rythme effréné que l’on connaît, la course contre la montre, n’a pas sa place en soins palliatifs. Sauf lorsque le mourant en phase terminale, dans les dernières heures de sa vie, demande à voir un proche. Delvaulx affirme que « le rapport au temps se vit dans l’instant présent » (1997 :23). En fin de vie, on va droit au cœur, droit au but des choses et le superficiel s’estompe. Selon Lamau, « le rapport au passé, au présent et au futur est intensifié, de sorte que le passé renvoie à une relecture de vie à se réapproprier, le présent reformule une hiérarchie des valeurs, alors que l’ici et maintenant devient central, et le futur fait ressurgir l’angoisse de l’inconvenable » (Lamau, 1994 : 422). Chaque minute compte pour le patient et les proches et il importe, pour le soignant en présence, de reconnaître les signes lorsque le malade interpelle quelqu’un à devenir témoin de sa démarche. L’intensité du moment présent signifie donc son importance en terme de qualité. Qualité de l’écoute, de la présence du soignant, de l’importance de répondre aux besoins du mourant lorsque ceux-ci émergent, car « les soignés choisissent leur confident et une occasion d’apaiser la souffrance spirituelle peut ne jamais se représenter » (Babler, 1997 : 16). Le rôle principal qu’on assigne à l’aidant ressort du domaine social. Mais la marge entre le domaine social et le domaine spirituel est mince.
Quand il y a des préoccupations spirituelles spontanées, le soignant va faire un
bout de chemin et si le malade le désire, on va référer à l’aumônier. Sur le
coup on y répond, on en parle. Donc, les rôles sont interchangés, car si on joue
à la chasse gardée, le malade va en souffrir. Une intervention banale comme
accrocher un tableau significatif peut susciter la remontée de valeurs, et
amener le malade à faire confiance à la vie, en lui, en sa famille, en l’équipe,
car on ne sait jamais par quel biais la spiritualité va venir.
* à suivre *
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