D’aucuns ont fait des recherches sur le deuil et la guérison des personnes séropositives et de leurs proches (Boland, Murphy, Ennis, 1996 : 46-52). Elles en viennent à la conclusion qu’il est important de créer un lieu sûr et sacré pour écouter les récits des souffrances vécues, ainsi que de faire ressortir notre condition commune. Elles affirment que tout travail de guérison se fait à partir d’une base spirituelle et qu’il faut se fier à nos intuitions et à ce que l’on ressent, même si on ne les comprend pas toujours. Donc, oser être soi-même et laisser émerger l’inusité, de nouveaux sens. Alors que certains parlent d’approche imaginative pour l'aidant en soins palliatifs (Small, 2001 : 969), d’autres présentent une spiritualité des sens ou sensorielle – sensory spirituality (Chandler, 1999 : 64-71).
Approche holistique
Certains cliniciens chercheurs, surtout des infirmières, mais aussi quelques aidants et accompagnateurs spirituels (spiritual counselors), dénoncent l’écart qui reste à franchir en soins palliatifs pour être cohérent entre la théorie et la pratique. Est-ce le désir, peut-être inconscient, de resocialiser la mort et le mourir et éviter de le professionnaliser? Kendall (1999 : 474-476) affirme que le plus gros défi de l’approche holistique est de mettre la théorie en pratique et de reconnaître ce qu’on doit acquérir comme compétences nouvelles et aussi le défi de mettre nos préjugés de côté. Elle propose donc des outils pour les intervenants afin d’évaluer les besoins spirituels du mourant et même s’engager dans la prière, la méditation, la visualisation et l’imagerie. Cette initiative ressort du désir d’abord professionnel d’intervenir correctement dans l’approche holistique.
D’abord au niveau des intervenants, certains chercheurs affirment que :
Si les hospices veulent intégrer les évaluations des besoins spirituels non traditionnels ou confessionnels, alors ils doivent bâtir des programmes d’éducation et d’entraînement du personnel soignant de l’équipe multidisciplinaire afin que ceux-ci puissent offrir des soins spirituels, avec un sentiment de confort et la compétence nécessaire (Dudley, Smith et Millision, 1995, 1995 :37).
À un niveau plus communautaire cette fois, quelque chose de très critiquable a priori, mais peut-être aussi fort louable, est pratiqué à Brisbane, en Australie. Il s’agit du Karuna Hospice Service (McGrath, 1997 : 1-14), un centre communautaire qui offre des soins palliatifs à domicile, avec le même type d’équipe multidisciplinaire qu’ici, mais qui pose les assises d’une spiritualité bouddhiste au cœur de son intervention. Attention à ne pas mal interpréter! La chercheure rassure les lecteurs en mentionnant que les soignants n’ont pas à embrasser la religion bouddhiste, même si son fondateur l’est, mais tout simplement d’être motivés par ces valeurs et désirer combler cette dimension spirituelle ignorée en pratique. En incarnant ces valeurs au quotidien, les intervenants- accompagnateurs ne prêchent pas de réponses religieuses, mais apportent de leur paix intérieure, de leur compassion, de leur amour et de leur sens de la vie.
* à suivre *
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire