Il s’agissait dans cet atelier d’aider les participants à rassembler leurs forces pour pouvoir sauvegarder et protéger leur moi et mieux faire face au présent. C’est dans leur vie passée qu’ils ont trouvé cette base.
En effet, presque tous les participants vivaient le présent en référence à leur passé. Nous avons ressenti dans ce qu’ils ont exprimé que le passé était le lieu de leur identité sociale et individuelle.
Qu’ils proviennent d’un milieu rural ou de Montréal, les participants ont dit que leur identité était liée à leurs familles, à leur parenté et que la tradition leur dictait ce qu’ils devaient faire de leur vie.
Les histoires de vie des participants sont constituées de nœuds formés par les événements cruciaux comme l’âge d’entrée sur le marché du travail, le mariage, les décès et la grande dépression de 1929. Ils se sont exprimés sur ces faits qui ont ponctué leur vie comme ces vieilles dames dont nous a parlé Christian Combaz dans l’Éloge de l’âge : « …enfin toutes ces choses qui vous dévorent l’âme à trente ans et dont vous n’avez pas le cœur à rire, deviennent presque plaisanterie à soixante-dix. » (…) « Des fois, je me dis que c’est quelqu’un d’autre qui a vécu tout ça… ».
Une veuve de 75 ans a raconté qu’il était très courant dans son milieu que les jeunes soient impatients d’atteindre l’âge de 14 ans pour aller travailler, ceci dans l’unique but de participer à l’économie de la famille et à l’amélioration de son bien-être matériel. Elle dit s’être débrouillée toute sa vie avec peu de moyens.
Son expérience de vie lui a appris à aborder avec frugalité les problèmes existentiels et elle peut maintenant se contenter de joies simples. Peu de participants se sont plaints d’ailleurs d’insuffisance de revenus, bien que ceux-ci se limitent à une simple pension.
Les femmes du groupe ont échangé avec fierté sur leurs habiletés passées à refaire les vieux vêtements, les vieilles literies afin de reculer l’échéance de l’usure. Elles se sentaient complices; pouvoir faire de l’économie dans les choses courantes était une grande satisfaction dans leur vie. Le temps de ces femmes a toujours été captif des soucis familiaux et du travail.
Un homme de 75 ans, survivant d’une famille de cinq frères et sœurs, s’est exprimé ainsi en regardant les vieux albums de famille : « J’ai l’impression d’être le seul rescapé d’une catastrophe ». Il a ainsi souligné les effets néfastes du temps. Nous avons surtout exalté son courage et sa ténacité pour avoir su affronter toutes ces pertes. Suite à notre intervention, d’autres participants ont exprimé leurs sentiments dans le même sens, en se référant à leurs expériences personnelles. Ils se sont félicités d’avoir eu une bonne dose de courage pour affronter tous les événements de leur vie. En l’actualisant, ils pensaient pouvoir poursuivre avec la même détermination.
* à suivre *
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