jeudi 20 mars 2008

PETIT COUP D’ŒIL SUR L’IMMIGRATION

1- Les phénomènes de migration ne sont pas nouveaux. Dès l’époque primitive, les hommes partaient à la recherche des nouveaux territoires de chasse pour assurer leur survie. L’antiquité a connu de grandes conquêtes : l’empire romain, la domination grecque, les triomphes des pharaons, etc.…et aussi ses grandes migrations. Les grandes conquêtes des XV, XVI, XVII et XVIIIe siècles par les Portugais, les Espagnols, les Français, les Anglais, et les autres Européens ont marqué l’humanité de dramatiques phénomènes d’émigration forcée. C’était la période de l’esclavage!

Par l’esclavage, les conquérants ont dominé les peuples de l’Afrique, de l’Amérique latine, des Antilles, de l’Amérique du Nord et de l’Asie. Leurs visées colonialistes allaient se terminer seulement au XXe siècle par les luttes d’indépendance.
Les luttes ne sont pourtant pas finies. Aujourd’hui, la domination est moins directe, moins franche, mais non moins réelle, car les pays riches soutiennent les pouvoirs en place dans les pays du Tiers-Monde.
Les Chefs d’État autoritaires en Amérique Latine et en Afrique représentent bien la domination moderne.

2- Sous la domination moderne des grands capitaux internationaux les migrations de travailleurs ont pris beaucoup d’ampleur. L’industrialisation généralisée en Amérique du Nord au XIXe siècle a attiré sur notre continent une masse de travailleurs quittant leur Europe natale ou leur colonie britannique pour chercher fortune au nouveau monde : les U.S.A. et le Canada.

3- Au milieu du XIXe siècle jusqu'à la première guerre mondiale de 1914-1918 de nombreux Irlandais, Ecossais et Asiatiques (les Chinois en particulier) sont venus travailler à bâtir des chemins de fer, construire des bateaux, ouvrir des mines, etc.…

4- Au début du XXe siècle, une immigration importante venait aussi d’U.R.S.S. et des autres pays de l’Est. Ils fuyaient la misère imposée par les tsars.

5- L’entre deux guerres signifie une immigration relativement restreinte. L’Europe est en reconstruction, mais beaucoup doivent fuir la domination fasciste. Par exemple, les Italiens fuient Mussolini, lequel persécute particulièrement les travailleurs. En 1929, éclate la crise économique mondiale, laquelle freine radicalement toute immigration.

6- La grande crise des années ’30 préparait la seconde guerre mondiale. Hitler prend le pouvoir en 1933 et ensuite d’autres dictatures fascistes prennent le pouvoir, par exemple Franco en Espagne, Salazar au Portugal. La guerre ne permettait pas l’immigration. Cependant la fin de la guerre et la prospérité créée par l’industrie de guerre en Amérique a permis à de nombreux européens (Grecs, Portugais, Espagnols, Italiens) de fuir les régimes fascistes de leur pays.

7- En 1951, en pleine guerre froide, la convention de Genève vient confirmer que l’immigration doit toujours être sélective. On accorde une attention spéciale aux immigrants qui quittent les pays de l’Est afin de faire croire aux peuples d’Occident que les « démocraties occidentales » sont particulièrement libérales et ouvertes, et qu’elles offrent la liberté à tous. Mais de fait, les pays capitalistes veulent se servir de ce prétexte pour justifier leur opposition aux pays socialistes.

8- Dans la dernière décennie, l’Amérique Latine, les Antilles et l’Amérique Centrale sont devenus de nombreux pays fournisseurs d’immigrants. Encore là, les travailleurs fuient les régimes fascistes soutenus par le capital international ou sont forcés de chercher un mieux-être économique.
Évidemment, les Européens, spécialement les Britanniques, continuent de venir au Canada mais les latino-américains : Antillais, Chiliens, Argentins, Brésiliens, Uraguayens, Honduriens, Puertoricains, Dominicains, Haïtiens, etc. forment une bonne partie de l’immigration récente.

L’IMMIGRATION ET SES CONTRADICTIONS

1- L’opinion la plus répandue laisse croire que la plupart des immigrants viennent au Canada attirés seulement par la recherche du dollar et de la liberté ou encore par le goût de l’aventure, par désir de conquérir l’Amérique, pour prendre les emplois des travailleurs du pays, etc.… donc, les préjugés ne manquent pas.

2- Il est connu que la plupart des immigrants sont venus dans l’espoir de retourner un jour dans leur pays natal. Les uns pour étaler les « trésors » acquis en Amérique en ouvrant un petit commerce ou en achetant une maison ; les autres désirent simplement retourner pour vivre en liberté. Mais une chose est certaine, peu importe la raison de leur venue au Canada, la plupart rêvent pendant longtemps du retour possible dans leur pays d’origine. Pourtant l’histoire nous démontre que la plupart reste. Ils sont obligés parce que les enfants veulent rester, parce qu’ils ne veulent plus revivre un nouveau déracinement, mais surtout parce que leur rêve est devenu irréalisable. La fortune ne vient pas… les régimes fascistes mettent trop de temps à s’écrouler.

3- L’immigrant est déçu parce que victime d’une machination internationale du pouvoir capitaliste qui se donne la main pour développer des bassins de main-d’œuvre à bon marché. Souvent l’immigrant ignore lui-même le fondement même des causes de son émigration vers l’Amérique. Le mythe de l’attrait n’existe pas, seule existe l’obligation ou la nécessité de quitter sa terre natale. Que ce soit pour des impératifs économiques ou politiques le travailleur immigrant est victime d’une contradiction. L’immigration n’est jamais un choix.

4- Exploité dans son pays, le travailleur immigrant se voit forcé d’émigrer. Arrivé ici il rejoint la masse de la main d’œuvre à bon marché. Ignorant les lois du pays d’accueil, ignorant les mécanismes de défense de ses droits, discriminé dans le processus d’embauche, souvent ignoré et méprisé des travailleurs nationaux, le travailleur immigrant est soumis aux règles du jeu capitaliste qui guettent cette proie facile. Ils lui offrent souvent l’emploi non-acceptable par le travailleur national et le paient le moins cher possible. Ils ne lui offrent aucune sécurité d’emploi, souvent ils ne lui accordent que des avantages sociaux minimes. Ils le soumettent à l’arbitraire ou le traitent en enfant, en lui laissant croire que l’emploi qu’il occupe est une faveur, un privilège et un bon geste paternaliste. Au fond, le travailleur immigrant est forcé de vendre sa force de travail au meilleur offrant, c’est-à-dire à celui qui pourra tirer profit de l’exploitation du travailleur.

5- Au plan social et culturel, le travailleur immigrant est souvent isolé et confiné à sa communauté. Pour obtenir un emploi il doit connaître les « tuyaux » que son patriote d’origine peut lui donner. Pour louer un logement, il doit aussi compter sur ses amis, etc.… D’ailleurs, le rejet par les citoyens canadiens le force souvent à demeurer dans son ghetto. S’intégrer à la société québécoise demande plus qu’un effort de volonté, cela exige aussi des conditions objectives complexes : des lois adéquates, des changements d’attitudes, des mouvements de solidarité contre l’exploitation sous toutes ses formes.

6-Le portrait laisse place à des aspects positifs. Bon nombre de travailleurs québécois comprennent que le travailleur immigrant est encore victime de l’exploitation au même titre que lui. De plus, le travailleur immigrant, de par son expérience politique dans son pays et par sa solidarité avec le travail d’ici peut contribuer grandement à mettre fin à l’exploitation.

Les migrants refusent l’assimilation mais désirent l’intégration à part entière. Ils considèrent que la communication avec l’autre est d’une très grande importance dans un processus d’enrichissement mutuel mais en pratique, les conditions de survie les obligent souvent à s’en tenir à une communication intra-groupale. Ils sont en situation de choc culturel et développent toutes sortes de sentiments et de conduites de frustration quand ils n’arrivent pas à dénouer les nœuds de résistances que leur oppose la société d’accueil. Ils réclament le maintien de la langue d’origine. Soit. Cet élément qui fournit un support considérable aux nouveaux venus mais à l’observer de près, on se rend vite compte qu’il y a là une solution de facilité qui risque d’éloigner le migrant de la société d’accueil, et, à bref délai, le faire déboucher sur le repli sur soi, qui ne peut que l’éloigner de l’autre. Les migrants créent des services parallèles avec des moyens précaires et sous-utilisent les services québécois mieux pourvus en ressources.

Il est constamment déchiré entre deux cultures, ce qui provoque une crise profonde de son identité. Cette crise peut prendre des formes variées : un sentiment d’infériorité, le mépris de soi ou une plus grande dépendance à l’égard des autres.

Afin de donner une identité positive de lui-même et d’échapper à toutes ces tensions, l’immigrant tend à vivre auprès des gens qui ont les mêmes habitus culturels. Vu de l’extérieur comme un refus de s’intégrer dans la société d’accueil, ce geste constitue plutôt une façon de s’adapter à son nouveau milieu et de trouver appui auprès des autres membres de sa culture qui connaissent les mêmes problèmes.

Le phénomène de l’immigration rend bien compte du sentiment d’aliénation vécu par des gens transplantés dans une autre culture. Dans les sociétés modernes, de plus en plus d’individus sont appelés à se déplacer de façon temporaire ou permanente. Ils peuvent ainsi vivre des chocs culturels et psychologiques intenses dont il faut préciser la nature. L’adaptation à une autre culture ne va pas de soi. Ce sentiment d’aliénation se manifeste lorsque l’immigrant se voit contraint de quitter son pays pour adopter le mode de vie et la culture d’un autre pays.

L’immigrant est un individu qui a déjà acquis tout un système d’habitus lié à sa culture d’origine. Son intégration dans la société d’accueil s’effectuera très lentement par la transformation ou l’abandon d’habitus culturels initiaux. Cette mise en question des habitus provoque, une crise d’identité chez l’immigrant. Le premier drame qu’il vit se produit, bien sûr, au moment des premiers contacts avec l’autre culture ; c’est ce qu’on appelle le choc culturel, c’est-à-dire la prise de conscience des différences parfois très grandes en ce qui concerne les habitudes de vie et les traditions. En deuxième lieu, l’immigrant subit fréquemment une exclusion sociale : il est considéré comme un étranger par sa société d’accueil et il se sent lui-même différent dans sa société d’origine.

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