jeudi 24 janvier 2013

LE POUVOIR DES PLANTES - 5e partie


Comment agissent les plantes

Si la composition des végétaux et de leurs essences, la présence de tels et tels constituants permettent généralement une explication logique, donc acceptable, de leurs diverses propriétés, des auteurs ont cherché par d’autres voies à expliquer leur mode d’action.

La théorie de Filatov, à laquelle certains se refèrent repose sur la notion suivante :  un tissu vivant (humain, animal ou végétal) séparé de son organisme et conservé dans des conditions de souffrance (dessication, froid, distillation) produit, dans le cadre de sa lutte pour la vie, des substances de résistance appelées bio ou phytostimulines.  Ces noms commencent à être connus.  Ces stimulines, introduites dans un organisme déficient, activeront les processus vitaux défaillants, améliorèront les diverses fonctions physiologiques, lutteront contre l’infection en renforçant le terrain.

Selon une optique différente, les végétaux et particulièrement les essences ont été comparés à de véritables hormones végétales.  On sait que diverses hormones ont été découvertes dans de nombreuses plantes, dont la liste s’allonge constamment.

Certains travaux donnent, par ailleurs, tout lieu de penser que les plantes et leurs essences seraient susceptibles d’agir en modifiant le champ magnétique des sujets.

Pour d’autres auteurs, les extraits des plantes agiraient par l’effet de vibrations sur le système vago-sympathique, les ouvrages de Ch. la ville et de Lakhowsky, notamment, éclairent ces dernières conceptions d’un jour particulier.

Enfin les récentes études sur l’acidité, la résistivité, le pouvoir d’oxydo-réduction de certains extraits de plantes, et surtout des essences aromatiques, tendraient à démontrer que leurs propriétés s’opposent à la pullulation microbienne.  La valeur de certains facteurs physiques présentés par les essences pourrait expliquer leur action dans le traitement de nombreuses affections, y compris les plus graves, comme les états cancereux.

La vérité doit, semble-t-il, tenir compte de ces divers éclairages.  Les phénomènes biologiques apparaissent d’une complexité sans rapport avec nos actuels moyens d’investigation.  S’il est du devoir de l’homme de chercher toujours plus à sonder les mystères, “on ne doit enfermer aucune méthode biologique dans une formule, car tôt ou tard, les faits la brisent”.  Ainsi que l’écrivait Charles Nicolle.  Force nous est de continuer à observer et, à croire, quand les preuves scientifiques, nous font provisoirement défaut, ce que nos yeux nous enseignent, car à plus forte raison une accumulation des faits.

De nombreux travaux et expérimentations ont permis de démontrer qu’en matière thérapeutique la plante entière est souvent supérieure au principe actif isolé.  À l’exemple de l’opium que nous avons cité déjà, nous en ajouterons quelques autres.

La quinine ne guérit pas toujours le paludisme, que l’usage de l’écorce de Quinquina, riche en composés divers, guérit totalement. Étudiant les vertus antisudorales de l’agaric, Hofmeister et Combemale, sont d’avis que l’acide agaricique est le seul principe actif. Mais les recherches de Bardet semblent prouver que les résines ont également leur action propre: aussi conseille-t-il de prescrire le produit entier.  En ce qui concerne la digitale, tout le monde connaît l’emploi devenu généralisé, de la digitaline dans certaines affections cardiaques.  Or, R. Tissot a montré que “les feuilles de valeur normale et constante sont préférables aux glucosides isolés parce qu’elles renferment une série de corps agissant synergiquement”, ‘les semences de semen-contra ont des propriétés vermifuges fréquemment supérieures à celles de leur principe actif, bien connu, la santonine, qui se révèle, par ailleurs, non toujours dépourvue de toxicité. Les principes totaux du bourgeon de peuplier entraînent une excrétion de l’acide urique supérieure à ce qu’obtiennent généralement certains de ces constituants tels que la populine et la salicine.  Ainsi, par de multiples exemples, la supériorité du complexe naturel “plante entière” se trouve affirmée sur les divers constituants utilisés isolément, “les subtilités d’action des principes actifs d’une plante entière ne peuvent pas être concurrencés par les substances isolées”, écrit Forsch.

C’est que dans la plante entière, les principes actifs se trouvent aidés, mais aussi compensés et neutralisés dans leurs possibles effets nocifs, par les diverses substances qui les accompagnent, qui les environnent, qui les catalysent en même temps qu’elles les modèrent. “Non seulement écrit le Dr Taylor, les composés fabriqués par les plantes sont infiniment plus variés que ceux dont nous disposons à l’heure actuelle, mais ils sont toujours mieux tolérés par l’organisme parce qu’ils sont le produit naturel d’une chimie de la vie.”

Aussi, les plantes, d’une façon générale, bien que douées de propriétés spécifiques, sont elles pourvues surtout de vertus régulatrices.  C’est la raison pour laquelle on pourra voir de nombreux végétaux assortis de qualités apparemment dissemblables, par exemple antispasmodiques. L’usage de nombreuses plantes antispasmodiques (ou sédatives), en combattant l’exacerbation nerveuse préjudiciable, contribuera à rétablir le “calme organique”, mais aussi à stimuler un ou plusieurs organes.  Ces plantes se seront comportées, en fait, en réequilibrants organiques.

vendredi 18 janvier 2013

LE POUVOIR DES PLANTES - 4e partie


Si l’utilisation des plantes sous les formes que nous ont transmises les Anciens c’est à dire les infusions, les décoctions, les macérations ou les poudres, ni les préparations plus récentes telles que les alcoolatures, les intraits ou extraits conservent encore, de nos jours, leur grande valeur thérapeutique, l’emploi des essences aromatiques, forme moderne de la médecine des plantes, représente, à plus d’un titre, un progrès considérable.  Progrès concidérable et même, sous certains de ses aspects, parfois insoupçonné.

Dans son De Materra Medica, Dioscoride décrit à peu près toutes les essences connues.  Il recommande le fenouil “ à ceux qui ne peuvent pisser que goutte à goute”, l’origan “à ceux qui ont perdu l’appétit, qui ont l’estomac débile et font des rots acides et fâcheux”. Pour masquer l’odeur désagréable de l’ail et de l’oignon, dont on faisait à son époque une grande consommation, il conseille de conserver sous la langue une petite feuille de  nard ou un morceau de “malobatre”.

On parlait beaucoup au XVIe siècle du vinaigre des quatre voleurs, préparation antiseptique utilisée dans la prévention des maladies contagieuses.  On s’en frottait les mains et le visage, on en brûlait dans les appartements.

Sa formule fut révélée par quatre détrousseurs de cadavres, arrêtés en flagrant délit lors des grandes pestes de Toulouse de 1628 à 1631.  Leur mépris de la contagion avait été un sujet d’étonnement pour les juges.... les archives du parlement de Toulouse rapportent que ces “quatre voleurs furent convaincus, lors de l’ancienne grande peste, qu’ils allaient chez les pestiférés, les étranglaient dans leur lit et, après, volaient leurs maisons: pourquoi ils furent condamnés à être brûlés vifs et, pourqu’on leur adoucit la peine, ils découvrirent leur secret préservatif; après quoi ils furent pendus”.  Ce vinaigre contenait notamment de l’absinthe, de la reine-des-prés, du genièvre, du romarin, du camphre.

Depuis, certains auteurs ont démontré que la découverte de ces principes dans les plantes ne saurait expliquer, pour tous les cas, leur action curative dans son intégralité.  En effet, à côté du “principe actif” ou du constituant principal, les végétaux contiennent de nombreux autres facteurs dont l’association permet une action plus complète, plus soutenue, en évitant certains effets secondaires préjudiciables.

Ainsi, divers travaux récents ont attiré l’attention sur la valeur de la médication par le tanin dans la tuberculose, mais ce principe garde l’inconvénient de provoquer souvent des crampes gastriques ou intestinales, ce qui en limite singulièrement l’emploi: or, l’écorce de chêne, riche en tanin, ne présente pas de tels désagréments, parce qu’elle contient, combinés au tanin, divers éléments mucilagineux, amers, aromatiques qui en corrigent l’action.

L’opium a une action sédative plus complète que la morphine, bien que les autres alcaloïdes entrant dans sa composition n’aient, par eux-mêmes, aucun effet narcotique.  L’acide ascorbique (ou vitaimine C, appelée encore vitamine antiscorbutique) ne suffit pas pour guérir le scorbut, au contraire du jus de citron; c’est que le citron, toujours donné en exemple pour sa richesse en vitamine C, contient d’autres principes utiles, notamment la vitamine P, également antiscorbutique.

Ces exemples démontrent que si chaque plante, chaque végétal se voit déjà nanti de nombreuses indications connues, tant par le fait de l’expérience que par les analyses phytochimiques, on ne devra pas s’étonner d’en découvrir de nouvelles au hasard des observations.  C’est pourquoi le bouleau, connu particulièrement comme diurétique, est-il susceptible de guérir un eczéma rebelle.  Nul, sans doute, ne peut expliquer pour quelle raison.  Peut-être, tout simplement, parce que c’est un agent dépuratif.  Peut-être encore parce que le malade guéri ainsi était d’une physiologie particulière apte à bénéficier de cette thérapeutique qui, pour un autre cas comparable, se serait soldée par un échec.

mardi 15 janvier 2013

LE POUVOIR DES PLANTES - 3e partie


Ainsi, dès le début du XVIe siècle, la pharmacopée connaît-elle à peu près toutes les plantes utiles d’Europe et du monde entier.  C’est de cette époque que datent les corporations d’apothicaires et les codex, tandis qu’abondent les formules les plus variées.

Le siècle de louis XIV eut la passion des plantes et surtout des essences aromatiques.  Le Roi Soleil les utilisait abondamment (ainsi que l’argile), pour tenter de neutraliser les inconvénients d’un solide appétit qu’il ne pouvait refréner.  Dans son entourage, beaucoup de grands et plus encore de grandes voulurent donner leur nom à des compositions aromatiques.  On vit alors apparaître les “poudre de la Maréchale X”, les “eau de la Duchesse Y”, les “vinaigre de la Comtesse Z.”

C’est en 1798 que paraît le Dictionnaire des Drogues simples, de Lemery, ouvrage auquel ou se référera souvent par la suite par l’étude et l’utilisation des végétaux.  

Avec le XIX siècle, les progrès de la chimie analytique permirent d’inventorier certains constituants des végétaux et de leurs essences aromatiques, et de faire ainsi un choix, parmi les plantes et les essences, pour le traitement des affections diverses.

Il ne saurait être question d’évoquer tous ceux qui, depuis le début de notre siècle, étudièrent les plantes et les huiles essentielles. Mais Miquel qui, en 1894, démontra le pouvoir bactéricide de l’essence de thym; B. Cabasse qui étudia certaines essences odorantes; Chamberland, J. Marchand Forgues et M. Neurisse qui étudièrent, entre autres, les vertus de l’essence de Lavange; Brisse-Moret, Vulpian, Trousseau, Cadeac et Meunier sont des noms qui reviennent constamment dans les ouvrages ayant trait à ces études.  Et plus près de nous, attachés à des recherches et expérimentations particulières concernant tels ou tels fruits, légumes, plantes ou leurs huiles volatiles il faut citer R.M. Gattefossé, les professeurs Courmont, Morel, Rochaix, Bay, H. Leclerc, F. Decaux.....il faudrait en citer combien d’autres!  Et à l’étranger, les écoles Anglaise, Allemande, américaine, italienne, russe, chinoise, japonaise se signalent depuis longtemps dans cette voie par d’éminents chercheurs bien connus des milieux scientifiques.

Les noms d’auteurs et ouvrages cités ont donc été choisis parmi des centaines d’autres de valeur comparable.  On ne peut les mentionner tous, pas plus que toutes les recherches récentes, car, ainsi que le souligne le Professeur Paris “les travaux effectués en chimie végétale sont de plus en plus nombreux et dans des pays très variés”.  On en tirera seulement cette conclusion que l’énorme quantité des ouvrages publiés témoigne de l’intérêt que suscite les phyto et l’aromathérapie chez les savants, tandis que les médecins et l’opinion commencent à les redécouvrir.  “Beaucoup de choses renaîtront, qui étaient depuis longtemps oubliés”, disait déjà Horace.

dimanche 13 janvier 2013

LE POUVOIR DES PLANTES - 2e partie


Puis on remplit d’abdomen de myrrhe triturée, de cassie et de toutes sortes de substances fumigènes.  Ceci fait, on baigne de cadavre pendant 70 jours dans le natron (carbonate de soude naturel).  Ensuite le cadavre est lavé, enveloppé de bandellettes enduites de gommes et de résines.

Dans un travail considéré comme le plus ancien ouvrage de médecine, élaboré vingt siècles avant J.C., Kisang Ti fait état notamment du grenadier, de l’opium, de la rhubarbe, en décrivant d’ailleurs les indications que les recherches ultérieures, y compris les plus modernes, ont depuis confirmées entièrement.  Le Peng T Soo, de Li Che Ten (2,500 ans avant J.C.), fait état d’environ 1100 végétaux répartis en 68 classes.  Il cite plus de 8000 recettes ou formules.

D’ailleurs, quand on lit certains traités anciens, ou leur relation, on les croirait parfois écrits par des contemporains.  Ainsi les Égyptiens antiques croirait parfois écrits par des contemporains.  Ainsi les Egyptiens antiques connaissaient les principes de l’alimentation saine et des régimes, chez l’homme comme chez les animaux.  Ils buvaient du vin, de la bière, des liqueurs, des jus de fruits, des eaux minérales, et les thermes leur étaient familiers.  Ils savaient suturer et panser les blessures, ils savaient trépaner.  Ils soignaient de nombreuses affections, les maladies vénériennes, le mal de mer, certaines tumeurs.  Ils connaissaient admirablement les propriétés générales les plantes et les utilisaient pour guérir leurs malades.  Ils savaient anesthésier par des macérations vineuses de certains végétaux. Ils utilisaient aussi les plantes dans de nombreux fards et onguents de beauté.  Même la thérapeute cellulaire leur était coutumière.  Mais, à l’époque, on n’injectait pas encore des broyats, on se contentait d’ingérer les organes préconisés. Les momifications en usage à l’époque étaient réalisées à l’aide de plantes, d’essences aromatiques, de résines et de saumures diverses, suivant une technique minutieuse. Les propriétés antiseptiques des aromates étaient donc parfaitement connues des égyptiens.

C’est de la Chine, de l’Inde, de la Perse que les Égyptiens avaient appris l’art de la distillation des plantes pratiquée dans ces pays depuis des millénaires. Ils en intruisirent à leur tour les Grecs dont, plus tard, les Romains utilisèrent le savoir.

Il y a environ 4000 ans que les Égyptiens paraissent avoir su préparer une essence de cèdre.  Ils chauffaient du bois de cèdre dans un récipient d’argile dont l’ouverture supportait une claie portant des brins de laine.  L’essence imprégnait la laine qu’il suffisait alors de presser.  Dès cette époque, on le voit, l’humanité en savait déjà long en matière médicale, notamment en Phyto et aromathérapie.

Aussi ne saurait-on désormais s’étonner que les Hindous, environ 1000 ans avant J.C., aient connu l’acore, le cumin, le basilic, le gingembre, la noix muscade, l’oeillet, le poivre, la réglisse, le safran, etc.  Le livre de vie, de suscrutas, mentionnait à l’époque de nombreux traitements par les plantes.

Histoire des plantes

On ne peut guère lire d’ouvrage de médecine sans que le nom d’Hyppocrate y figure.  Le médecin ambulant, devenu prince de la médecine, semble n’avoir laissé aux médecins qui sont venus après lui, écrivait un confrère, d’autre gloire que celle d’être des disciples et des commentateurs.  Les ouvrages du médecin des Cos (qui n’hésitait pas à interroger l’homme de la rue pour connaître “ la chose qui guérit”) fait état de plus de 250 plantes utilisées dans sa thérapeutique.  Chiron enseigna également l’usage médical des plantes.

Dioscoride et un peu plus tard Galien traitèrent des nombreux végétaux de leur culture, de leur récolte et de leurs indications thérapeutiques.

L’inventaire de Dioscoride porte sur 800 plantes.  Chez les Romains, Pline et le jeune, Caton l’ancien, de nombreux botanistes, médecins et écrivains discourent des végétaux et de leurs applications médicales.  Le chou semble avoir été, à cette époque, une vedette depuis longtemps confirmée puisque, grâce à lui, écrit Caton l’Ancien, les Romains purent se passer de médecins pendant six siècles. Criton, médecin de Trajan, utilisait une vingtaine d’huiles odorantes.

Charlemagne reconnut l’intérêt primordial des plantes, et ses capitulaires ayant trait à la culture des jardins ordonnent de cultiver de nombreux végétaux, arbres et arbustes, légumes et fleurs.

Au moyen âge, les arabes redécouvrent et font progresser l,art de la distillation des plantes.  Averroès, médecin et philosophe arabe né à Cordoue, Honul-Baytar, né à Malaga, attachent leur nom à de nombreuses études végétales concernant les plantes méditerranéennes.  Le dernier en décrit près de 1500.

C’est à la même époque que l’abbesse bénédictine sainte Hildegarde écrit physica, qui étudie l’intérêt thérapeutique d’un grand nombre de végétaux.

Aux XIIIe siècle, en France, sous la poussée de la pharmacie naissante, la distillation commence à connaître un grand essor.  Les “maîtres gantiers” de l’époque étaient autorisés à parfumer leurs gants et à vendre des huiles odorantes.  Rappelons aussi que le moine allemand Albert le Grand consacra une grande partie de son activité à l’étude des plantes.

Gildemeister estime qu’au XVe siècle étaient déjà connus beaucoup de végétaux et de plantes aromatiques.  De nombreus travaux de tous les pays, des missions diverses (surtout espagnoles) complètent alors les notions acquises.  Au XVIe siècle, Nicolas Monardès et José de Acosta, entre autres, favorisèrent l’introduction dans nos pays des plantes médicinales du nouveau monde (Aztèques et Incas) le premier cultivait lui-même des plantes exotiques dont il assurait l’expérimentaion. Le second publia son Historia natural y moral de las indias.

mardi 8 janvier 2013

LE POUVOIR DES PLANTES - 1e partie


“Dans la plante, quelque chose de plus que dans la matière, quelque chose qui procède de la vie.”

Depuis quelques années, les maladies médicamenteuses ont attiré l’attention du corps médical sur certains effets seconds des produits de synthèse.  De plus en plus, les malades se tournent vers les plantes ou leurs essences.  Les exemples abondent de l’agressivité de certaines médications chimiques et synthétiques modernes employées inconsidérément, comme de résultats heureux et parfois spectaculaires des traitements végétaux généralement dépourvus de toxicité.

après l’enthousiasme compréhensible qui salue l’apparition du remède nouveau, surviennent souvent les déceptions : déceptions devant les échecs renouvelés, déceptions devant le camouflage des signes, le simulacre de guérison, la réapparition du mal ou la naissance consécutive d’un syndrome nouveau, déception devant les trop nombreux incidents ou accidents provoqués par des traitements inadaptés.

Le malade demande alors à la médecine des plantes des remèdes à ses maux, avec d’autant plus de ferveur que ses misères sont plus grandes et plus anciennes, que les thérapeutiques utilisées l’ont déçu davantage, et qu’il lui a été donné d’observer autour de lui de nombreuses preuves de ce qu’est susceptible d’obtenir, même dans les cas les plus graves, une phytothérapie ou une aromathérapie bien conduites.

Une femme fut, dans son enfance, il y a quelques années, sauvée de la mort par la seule utilisation des plantes.  Elle avait alors dix-huit mois.  À la suite d’une intoxication, sans doute alimentaire, elle se trouvait dans le coma lorsqu’une paysanne conseilla à la mère d’appliquer sur le bas ventre de la petite malade, des cataplasmes préparés avec des plantes qu’elle lui apportait.  L’histoire se passait à la campagne et le médecin avait, trois jours plus tôt, écarté tout espoir.  Quelques heures après les premières applications, l’enfant émettait une grande quantité de selles nauséabondes et sortait de son coma.  Le lendemain, elle recommençait à s’alimenter normalement.

La littérature médicale des siècles passés fournit quantité d’exemples analogues.  Si, depuis longtemps, nous en lisons beaucoup moins, c’est que la plupart des médecins ne traitent plus par de tels procédés et mettent souvent sur le compte du hasard les guérisons par la phytothérapie qu’il leur a été donné de constater.

Ou encore, sans doute, redoutent-ils d’affronter l’ironie de certains de leurs pairs.  “Notre esprit, écrivait Carrel, a une tendance naturelle à rejeter ce qui n’entre pas dans le cadre des croyances scientifiques ou philosophiques de notre époque.  Les savants, après tout, sont des hommes.  Ils sont imprégnés par les préjugés de leur milieu et de leur temps. Ils croient volontiers que ce qui n’est pas explicable par les théories courantes n’existe pas.”  OR, si de nombreux auteurs ont pu trouver une explication “scientifique”,c’est-à-dire actuellement acceptable, des résultats obtenus par de simples cataplasmes de végétaux ou d’aromates, les pratiques curatives comparables des anciens n’ont pas encore été toutes expliquées.  Est-ce que les faits observés n’existent pas?

La science moderne a d’ailleurs permis d’expliquer déjà, comme nous le verrons, le mode d’action de nombreux végétaux, longtemps utilisés de manière empirique par voie interne ou par voie externe.  C’est pouquoi; bénéficiant d’un recul qui a permis d’en confirmer les indications et d’en connaître les effets secondaires, la phyto et l’aromathérapie rénovées, rajeunies, “actualisées” grâce aux nombreuses recherches et expérimentation modernes se placent désormais au premier rang des thérapeutiques actives de notre siècle.

“Originaire de la matière vivante et compatible avec celle-ci, écrit le Pr Paris, le médicament naturel est, dans l’ensemble, mieux toléré par l’organisme que les substances étrangères créées artificiellement et dont on connaît mal la toxicité à longue échéance et les effets accesoires.”

Pendant une période très longue de l’histoire, les hommes n’avaient guère, pour se soigner, d’autres moyens que les plantes.  De tous temps, ils se sont rendus dans les montagnes, dans les bois,dans le champs pour y trouver les végétaux, récolter les résines et les gommes.

La simple observation, par quoi tout débute lorsqu’elle est au service d’hommes intelligents qui s’accordent le temps de méditer, a permis, voilà des millénaires, de dresser un bilan considérable des vertus offertes par les plantes dans la lutte contre la maladie, voire les épidémies.

“La vérité scientifique est une explication du moment à un moment de la science”, écrivait H. Poincaré.  Cette opinion est partagée par de nombreux auteurs, tel Auguste Lumière, pour qui “toutes les théories médicales sont provisoires: elles ne correpondent nullement à des vérités définitives.”.  En face des théories et explications “scientifiques” sujettes à de multiples remaniements, se situent les faits qui, eux, sont objectifs, réels et, dans des considérations identiques, constamment observées.  “C’est toujours la pratique qui juge la valeur des méthodes prophylactiques.  Il faut un singulier entêtement pour prétendre avoir raison contre les faits”, dit à son tour le Professeur Delbet.

Il n’est pas interdit de penser que l’usage des plantes, surtout aromatiques, joua un rôle dans la prévention ou la limitaion des certaines épidémies.  Rappelons la fameuse épidémie de peste d’Athènes jugulée par Hippocrate en faisant brûler des plantes odorantes dans les rues.

Le secret des embaumements appartenait aux prêtres, l’historien grec Hérodote en a donné la description suivante:  Après avoir nettoyé les viscères avec du vin de palme, on les saupoudre d’épices triturées.