dimanche 31 janvier 2010

LA PERSONNALITÉ -- 78e partie

Différences observées entre les sociétés

Afin de permettre une meilleure compréhension des éléments de dissemblance entre les sociétés, nous avons regroupé les observations qui émanent de l’étude de Cowgill et Homes sous différents aspects touchant aux attitudes et comportements sociaux envers les personnes âgées.

Observations générales :
-Le concept de vieillesse est fonction du niveau de modernisation. Une personne est identifiée comme vieille à un âge plus jeune dans une société primitive que dans une société moderne.
-La longévité est directement reliée au degré de modernisation.
-La vieillesse est surtout associée à l’âge chronologique dans les sociétés modernes.

Observations particulières :

-observations relatives au pouvoir
La proportion de personnes âgées qui a la possibilité de maintenir des postes de direction dans la société diminue avec la modernisation.

-observations relatives au statut social

Parmi les observations les plus intéressantes de cette étude, notons le fait que le statut social des personnes âgées est élevé dans les sociétés primitives alors qu’il est plutôt bas et ambigu dans les sociétés modernes.

-observations relatives au système de valeurs

Il apparaît en outre que le système de valeurs très individualiste des sociétés occidentales a tendance à réduire le statut et la sécurité des personnes âgées.

* à suivre *

samedi 30 janvier 2010

LA PERSONNALITÉ -- 77e partie

Similitudes observées entre les différentes sociétés
1. Les personnes âgées sont toujours en minorité au sein d’une population.
2. Parmi la population âgée, le nombre des femmes est supérieur à celui des hommes et on y trouve une proportion plus élevée de veuves.
3. Toutes les sociétés ont parmi leur population une catégorie de gens qu’ils appellent les vieux. Et ces personnes dites âgées jouent un rôle différent de celui des jeunes.
4. Nous trouvons, dans toutes les cultures, des personnes âgées qui assurent la garde des enfants ou la tenue de la maison, mais ces tâches sont valorisées différemment d’une culture à l’autre.
5. Dans toutes les sociétés, des personnes âgées continuent d’occuper des postes clés sur le plan politique, juridique ou autre.
6. Les us et coutumes de toutes les sociétés dictent des responsabilités aux personnes âgées, aux adultes et même aux enfants.
7. Enfin, toutes les sociétés valorisent la vie et cherchent à la prolonger à un âge avancé.

Cowgill et Holmes (1972) font état de ces observations précises pour toutes les sociétés qu’ils ont étudiées. Mais ils ont également vu nombre de différences entre les mêmes sociétés en ce qui a trait au phénomène du vieillissement.



* à suivre *

vendredi 29 janvier 2010

LA PERSONNALITÉ -- 76e partie

LA THÉORIE DU MODERNISME

Le sort réservé aux travailleurs âgés diffère sensiblement d’une société à l’autre. Ces variations sont reliées au niveau d’industrialisation d’une société, laquelle influence de façon déterminante le rôle, la place et la considération que l’on accorde aux travailleurs âgés.

Dans Aging and modernizations, Cowgill et Holmes (1972) soutiennent que la
situation des personnes âgées varie en fonction du degré de « modernisme en
termes opérationnels, c’est-à-dire d’après le niveau de développement de la
technologie, le degré d’urbanisation, le rythme du changement social et de
l’occidentalisation (Delisle, 1984, p. 69).


Ces deux anthropologues américains ont élaboré une théorie afin de mettre en lumière et de mieux faire comprendre les différences observées sur plusieurs aspects du vieillissement en regard de la dynamique d’une société moderne, d’où le nom de théorie du modernisme.

Pour ce faire, ils ont réalisé une étude comparative du vieillissement dans trois types de sociétés qu’ils ont classées des plus primitives aux plus modernes, en passant par des sociétés intermédiaires se situant à divers stades de modernisme. Jetons d’abord un coup d’œil sur cette répartition qui regroupe 14 pays.

a) primitives : peuples d’Afrique, tels les Sidam, les Igbo et les Bantu;
b) Sociétés parvenues à divers stades de modernisme : Thaïlande, Samoa, Mexique ou les Indiens Prima d’Arizona;
c) Sociétés très modernes : Japon, Russie, Israël, Irlande, Autriche, Norvège et Etats-Unis.

Sans reprendre de façon systématique toutes les analyses développées pour chacune de ces sociétés, nous voulons cependant dégager les considérations majeures qui ressortent de cette étude. Dans un premier temps, nous soulignons les similitudes observées entre les différentes sociétés étudiées et ensuite, nous signalons les différences entre ces sociétés.

* à suivre *

jeudi 28 janvier 2010

LA PERSONNALITÉ -- 75e partie

La stratification selon les âges

Ce troisième modèle de la théorie des conflits a été développé et présenté par Riley, en collaboration avec Johnson et Foner (1972). Les auteures partent du principe que « notre société est hiérarchisée et que l’âge occupe une place de premier choix parmi les critères de gradation » (Lauzon, 1980, p.8.).

Selon ce modèle, l’âge détermine les rôles sociaux que l’individu est appelé à assumer aux diverses étapes de sa vie, mais il est aussi une source d’inégalités sociales. Le fait de parler d’un nouvel engagement ou d’un réengagement dans les rôles des retraités nous amène à nous pencher sur la relation entre ces individus et le reste de la société. Cette relation peut être conflictuelle ou harmonieuse du fait que le vécu de chaque génération varie sensiblement de l’une à l’autre et qu’il constitue un potentiel latent de conflit ou de coopération.

En effet, d’une génération à l’autre, les gens ne vivent pas les événements de la même manière car ils ne baignent pas dans le même environnement social. Prenons seulement, à titre d’exemple, l’éducation des enfants. Aujourd’hui, certains pères assument l’entière responsabilité des travaux domestiques et de l’éducation des enfants, tandis que la mère est sur le marché du travail. Cette situation est tout à fait nouvelle comparativement à celle qui prévalait il y a seulement quelques décennies. La tâche d’éduquer les enfants est toujours la même, mais l’environnement est différent. Il en est de même pour le partage des tâches ménagères, tant durant la vie active qu’à la retraite.

L’une des principales critiques adressées aux théories des conflits vise principalement le troisième modèle, celui de la stratification des âges, car on y déplore le peu d’importance accordée à la situation économique des retraités, donc aux classes sociales. Pour ce qui est des critiques touchant le modèle du conflit entre génération, Lauzon, 1980, page 9 exprime des réserves en ces mots :

…l’homogénéité dans les antécédents tout autant que dans les conditions de vie
des retraités demeurent des concepts abstraits qui ne nous semblent pas
correspondre au vécu des personnes âgées.


Faute de leaders et d’une conscience de classe, les retraités sont présentement dans une position très vulnérable. Voilà ce dont il faut tenir compte dans la théorie du conflit entre générations qui semble mettre l’accent sur l’homogénéité d’une conscience de classe.
* à suivre *

mercredi 27 janvier 2010

LA PERSONNALITÉ -- 74e partie

Le conflit entre générations

Le modèle du conflit entre générations fut élaboré par les Canadiens Marshall et Tindale (1980). Selon ce modèle, les gens d’une même génération qui ont vécu dans des conditions semblables et qui ont connu un même type d’évolution développent une conscience de génération et des intérêts identiques. Les affrontements entre les générations pour le maintien de certains privilèges et des droits acquis reflètent les intérêts divergents des générations en place.

D’autre part, la présence d’une conscience de classe au sein d’une même génération risque d’entraîner des conflits entre ses membres. Les différentes classes s’opposeront les unes aux autres en raison d’intérêts divergents : possessions matérielles, exercice du pouvoir, etc. L’obtention ou le maintien de certains pouvoirs sont souvent au cœur de ces conflits entre générations.

* à suivre *

mardi 26 janvier 2010

LA PERSONNALITÉ -- 73e partie

LA THÉORIE DES CONFLITS

Les théories psychosociales présentées jusqu’ici remontent à la période s’étendant de 1950 à 1970, alors que la présente théorie des conflits est beaucoup plus récente. Élaborée durant la dernière décennie, elle veut expliquer le comportement des retraités eu égard essentiellement aux variables socio-économiques. Elle regroupe les trois modèles suivants.

Le handicap économique

Le premier modèle s’articule autour de la baisse de revenu considérable que subit le retraité à partir de 65 ans, ce qui le placerait dans une situation conflictuelle. Ce modèle, tel que présenté par Guillemard et Lenoir (1974) en France et Carette, Plamondon et Plamondon (1984), de même que par Carette (1987), au Québec, s’articule autour d’un constat. Les conduites des retraités sont très largement déterminées par le niveau et la nature des ressources matérielles et intellectuelles héritées de la vie active.


…c’est que le processus de dévalorisation sociale, dont on a analysé une des
formes à travers l’évolution de la valeur de la force de travail selon l’âge et
plus généralement de la valeur sociale sur le marché du travail, est plus rapide
chez ceux qui ne disposent pas comme monnaie d’échanges sociaux aucune des
formes de ce que nous avons appelé capital économique ou culturel. Ce qui
est au fondement de l’échange des relations sociales et de l’existence de ces
relations, est donc la valeur sociale des protagonistes de l’échange
(Guillemard, A.M. et Lenoir, R., 1974, p.41).


Au Québec, comme partout au Canada, de même qu’aux Etats-Unis, la mise à la retraite signifie une baisse substantielle des revenus. C’est pourquoi les travailleurs les moins favorisés financièrement seront les plus durement touchés par la retraite, puisque la vie sociale du retraité repose sur le principe de l’échange et de la réciprocité. Concrètement, cela signifie que pour avoir une vie sociale intense et être en mesure de répondre aux exigences de la société, il faut un minimum d’argent. À cet égard, les statistiques (Statistiques Canada, 1986, Stone et Fletcher) indiquent clairement que 60% des retraités canadiens ont un revenu se situant sous le seuil de la pauvreté. Par conséquent, ils ne peuvent que très difficilement répondre aux exigences qu’une société axée sur la consommation, d’où la situation conflictuelle.

Sur le plan économique, la situation précaire des retraités équivaut à une sorte de sous-développement social qui s’accompagne d’une discrimination toujours grandissante avec l’avance en âge. Il n’est pas étonnant que cette situation de défavorisé, consacrée par une perte du pouvoir économique, se traduise par une rupture avec le reste de la société. C’est ce que Guillemard (1974) appellera la mort sociale.

Pour prévenir cette mort sociale il faut intervenir en amont, c’est-à-dire durant la période qui précède la mise à la retraite. Intervenir en amont, c’est travailler à introduire des formules de retraite plus souples, plus flexibles comme la retraite facultative (ce qui est maintenant possible au Québec dès l’âge de soixante ans avec la nouvelle loi 15) et aussi laisser à l’individu une marge de liberté et de choix qui lui donne la possibilité de décider du moment le plus approprié pour prendre sa retraite, sans qu’il sente la menace d’une échéance fatidique. Dans une société capitaliste marchande où l’individu n’a de valeur qu’en fonction de son travail et de son avoir, on écarte et dévalorise les retraités parce que leur pouvoir d’échanges économiques est réduit (Carette, Plamondon et Plamondon, 1984).

Évidemment, cette approche est fortement contestée pour plusieurs raisons. La première est qu’elle repose sur du oui-dire et non sur des résultats de recherches scientifiques; la seconde est qu’il existe de nombreuses façons de déterminer le seuil de pauvreté (Aumond et Bourdages, 1985) et enfin, dans le contexte canadien, les personnes âgées, pour la plus grande part, semblent mieux actuellement qu’elles ne l’ont jamais été.

* à suivre *

lundi 25 janvier 2010

LA PERSONNALITÉ -- 72e partie

Dans cette nouvelles sous-culture, les retraités sanctionnent les activités appropriées à leur classe (milieux homogènes) et rejettent celles de milieux différents (milieux hétérogènes) qui sont plus exigentes et requièrent une plus grand mobilité. Ces milieux homogènes génèrent donc des activités sédentaires, très stables, plutôt fermées et exigeant peu de flexibilité. Au contraire, lorsque les soixante-cinq ans et plus vivent dans un environnement hétérogène et pratiquent des activités diversifiées, leurs attentes sont nettement plus grandes et leur espérance de vie meilleure.

Bien que l’environnement conditionne l’activité et la facilité d’adaptation, les ressources personnelles d’un individu et un état de santé satisfaisant jouent aussi un rôle déterminant. Ainsi, les retraités démunis ressentent durement toute modification à leur genre de vie habituel, car ils sont plus sensibles et plus vulnérables à des changements dans leur environnement. En effet, le manque d’argent, la perte de prestige ou l’absence du conjoint peuvent réduire de façon importante l’activité du retraité et nuire à son bien-être psychologique. L’auteur de la théorie de l’environnement social,Gubrium, associe les variations de comportement aux ressources et aux limites des retraités. Ceux-ci sont susceptibles, en vieillissant, de se sentir affaiblis par la maladie ou la diminution de revenu et d’être affectés par la perte de pouvoir et de considération sociale. En somme, la relation entre l’environnement social et le retraité est grandement influencée par la dynamique des ressources personnelles.

En fait, les capacités individuelles de la personne âgée sont déterminées en grande partie par un support social suffisant et un sentiment de compétence et de bien-être qui l’incitent à des activités propres à son âge. Selon cette théorie, ceux qui possèdent ce potentiel minimal sont plus en mesure de répondre à de nouvelles demandes, à de nouveaux stimuli et donc plus aptes à s’adapter. L’adaptation résulterait ainsi de l’équilibre entre l’individu et les composantes sociales de l’environnement. L’homme étant un être social, la société nourrit des attentes à son égard. Elle espère qu’il participe à des activités, dans la mesure de ses capacités, de ses ressources et de son âge; ces attentes influencent et conditionnent le comportement humain. Ainsi, les retraités qui atteignent une certaine harmonie entre leurs propres désirs et les attentes de la société connaissent une plus grande satisfaction dans leur vie.

En définitive, la théorie de l’environnement social permet d’analyser la situation et le comportement des retraités à la lumière de concordance entre leurs activités et leurs ressources.

* à suivre *

dimanche 24 janvier 2010

LA PERSONNALITÉ -- 71e partie

LA THÉORIE DE L’ENVIRONNEMENT SOCIAL

La théorie de l’environnement social, élaborée par l’américain Jaber Gubrium (1970, 1972, 1973, 1974, 1976), remet en question les théories de l’activité et du désengagement. La théorie de l’activité est présentée par certains auteurs comme la recette miracle pour une bonne adaptation à la retraite et le maintien de l’équilibre psychologique. Quant à celle du désengagement, elle est perçue comme tout aussi bénéfique si elle est bien acceptée par l’individu. Dans cette optique, le retrait graduel de la vie sociale est présenté comme le signe d’un bon ajustement à la vieillesse. Ces deux théories, qui traduisent une compréhension partielle du comportement social des personnes âgées, nous placent cependant devant l’obligation de faire un choix.

Contrairement aux deux premières théories qui misent surtout sur l’interaction sociale, sur le niveau d’activité, sur l’état psychologique et sur la satisfaction de vivre dans une situation de vieillissement, la théorie de l’environnement social est axée sur l’environnement immédiat du retraité et sur ses relations avec cet environnement. Ne se proposant pas nécessairement comme un modèle de vieillissement réussi, cette théorie s’intéresse surtout à l’intégration des retraités à leur environnement immédiat. La présente théorie se situe donc dans une perspective socio-phénoménologique (une forme d’introspection sociale) où toute l’attention est portée sur l’environnement immédiat de la personne âgée et sur les relations de celle-ci avec ce même environnement. Elle ne propose pas nécessairement un modèle de vieillissement réussi. Elle essaie simplement d’expliquer certaines variations dans les interactions en tenant compte de facteurs environnementaux.

En fait, cette théorie tente de montrer les interactions étroites qui existent entre les facteurs individuels et l’environnement socioculturel dans l’attitude et le comportement des retraités. On constate actuellement qu’il est de plus en plus fréquent de retrouver les retraités en milieu homogène, c’est-à-dire composé exclusivement d’individus âgés. À titre d’exemples, mentionnons ici l’apparition de nouveaux villages de senior citizens aux Etats-Unis, les retraités et les pré-retraités qui se regroupent dans certains immeubles de Montréal ou bien de la colonie de retraités québécois que l’on retrouve dans certaines régions de la Floride. Depuis quelques années, on assiste en fait à la naissance d’une sous-culture de retraités et à sa ghettoïsation progressive.

* à suivre *

samedi 23 janvier 2010

LA PERSONNALITÉ -- 70e partie

Delisle (1984) signale que la théorie du désengagement repose sur deux bases. Au plan biologique l’approche de la mort et le déclin des aptitudes rendraient inévitable le désengagement. Ce même auteur (1984, p. 65) va jusqu’à dire que :


L’individu vieillissant aurait de moins en moins la force d’entretenir des
relations avec la société et celle-ci n’aurait pas besoin de gens dont la santé
décline.


Il s’agit là, bien sûr, d’un point de vue excessif que nous ne partageons pas, mais que l’on rencontre de plus en plus.

Au plan social, la théorie du désengagement suggère que le désengagement satisfait tout autant les besoins de l’individu que ceux de la société.

Par ailleurs, de nombreux auteurs ont critiqué la théorie du désengagement, en particulier, Thériault (1977), en soulignant le manque de synchronisation entre les attentes individuelles et les besoins de la société. En effet, la retraite habituelle à soixante-cinq ans n’indique pas toujours que les individus sont prêts à se retirer. Certains chercheurs croient en fait que la nouvelle génération de travailleurs âgés n’est plus aussi pressée que la précédente à se désengager parce qu’elle est plus saine, plus vigoureuse et moins meurtrie par un travail harassant. Les progrès médicaux ne seraient pas étrangers à ce renversement de même que le désir de participation sociale qui est plus grand aujourd’hui. En fait l’engagement dans la vie active pour les travailleurs âgés symbolise le prestige et la dignité que l’on veut redonner à nos aînés. Lentement mais sûrement, on assiste à un effort de revalorisation du statut du retraité qui l’éloignera du désengagement.

Enfin, au caractère trop universel de la théorie du désengagement, Maddox (1973) fait valoir l’idée qu’il n’y a pas qu’une seule façon de vieillir et que les événements de l’existence affectent de façon différente chaque individu. Plusieurs chercheurs ont d’ailleurs orienté leurs efforts vers d’autres avenues tablant sur une approche plus globale de la problématique du vieillissement.

vendredi 22 janvier 2010

LA PERSONNALITÉ - 69e partie

LA THÉORIE DU DÉSENGAGEMENT

La théorie du désengagement a pris naissance vers la fin des années 1950, à la suite d’une recherche transversale intitulée Kansas City Study of Adult Life, mais n’a été vraiment lancée qu’au début des années 60. Cumming et Henry (1961) on été les premiers auteurs à préciser le cadre de cette théorie. Par la suite, à la lumière de certaines critiques, cette même théorie a été reformulée (Cumming, Dean et al., 1960; Cumming, 1963, 1964 et 1975). Notons que le désengagement a longtemps été considéré comme la véritable façon de vieillir.

En bref, la théorie est que, dans ces conditions, le vieillissement normal
s’accompagne d’un éloignement ou désengagement réciproque de la personne qui
vieillit et des autres membres du système social dont elle fait partie –
éloignement provoqué soit par l’intéressé lui-même, soit par d’autres membres de
ce système. Une fois le désengagement achevé, l’équilibre qui existait
pendant l’âge mûr, entre l’individu et la société, a fait place à un nouvel
équilibre caractérisé par un éloignement plus grand et par une solidarité fondée
sur une base différente (Cumming, 1963, p. 393).


La théorie du désengagement repose essentiellement sur le principe voulant qu’une adaptation harmonieuse à la retraite tient à une diminution des interactions entre l’individu et son milieu. Pour ce faire, le retraité doit renoncer progressivement à la vie sociale. Ce désengagement apparaît comme l’aboutissement d’une double expectative. D’une part, la société force le désengagement parce qu’elle a besoin d’insérer les jeunes dans les positions qu’occupent les travailleurs âgés moins rentables et moins performants selon certaines croyances populaires, pour maintenir l’équilibre et l’efficacité du système. D’autre part, la personne âgée se retire parce qu’elle prend de plus en plus conscience que ses capacités diminuent et qu’elle arrive au terme de sa vie.

Cette théorie met l’accent sur l’intégration des personnes âgées afin de favoriser leur adaptation optimale à la retraite. Lauzon, 1980, p. 4. nous dit à ce propos que :

Selon cette théorie, le nombre des activités et des rôles sociaux d’un individu
diminue, et les liens affectifs qui l’unissent à ses univers sociaux perdent
leur intensité à mesure qu’il avance en âge. Ce processus de
marginalisation de la personne vieillissante s’effectue sans heurts ni
difficultés, car il est perçu comme normal et bénéfique tant par l’individu
concerné que par son entourage.


Selon Guillemard et Lenoir, 1974, p. 65
Une des manifestations de ce désengagement sera la moindre cohésion du réseau
des relations sociales dans lequel est inséré le retraité, Cette modification
qualitative accompagnera la réduction quantitative des échanges sociaux
s’effectuant entre la personne âgée et la société.


C’est pourquoi l’on assiste, lors de la retraite, à un rétrécissement de l’univers social conditionné par des facteurs individuels et culturels. Les principaux tenants de cette théorie, Cumming et Henry (1961), signalent que l’homme éprouve une crise d’identité plus marquée que la femme, lors de la retraite, à cause des nombreux rôles qui lui ont été dévolus comme travailleur et auxquels il s’est longtemps identifié contrairement à la femme qui a presque toujours été tenue à l’écart du marché du travail (Dulude), 1978 et 1981). Néanmoins, l’état psychologique de l’homme à la retraite peut demeurer stable s’il trouve à exercer des activités de substitution gratifiantes. Cependant, ces activités de remplacement ne constituent, selon les auteurs, qu’un palliatif temporaire.

* à suivre *

jeudi 21 janvier 2010

LA PERSONNALITÉ - 68e partie

Cette théorie s’applique également à la situation du travailleur qui perd son emploi ou encore de la personne qui se trouve confrontée à la solitude après le départ de ses enfants. Les psychologues ont identifié ce phénomène comme le syndrome du nid vide. Donc, que ce soit en raison de la retraite, de la solitude éprouvée dans une maison vide ou de la perte d’un emploi, l’activité apparaît comme une compensation pour maintenir une image positive de soi et se garder en forme psychologiquement. Plusieurs théoriciens croient qu’en gardant les gens actifs, ils resteront socialement et psychologiquement en forme. Par conséquent, plus il sera possible au retraité de choisir des activités compensatoires, de jouer un rôle social, mieux il résistera aux effets néfastes du retrait des rôles dévolus traditionnellement au travailleur durant sa vie active.

Pour comprendre toute l’importance du rôle social pour l’équilibre de l’être humain, il faut voir que l’homme établit son identité à partir d’expériences valorisantes. Depuis son enfance, il s’est donné des valeurs sociales, a justifié ses actions et a constitué sa personnalité en assumant différents rôles sociaux. L’individu atteint souvent le sommet de son processus de socialisation vers la fin de sa vie active, période qui coïncide souvent avec le retrait du marché du travail. Du jour au lendemain, il est obligé de laisser tomber une partie des rôles qui constituaient jusque-là le pivot de son existence. Cette réalité entraîne souvent un choc psychologique, celui de la remise en question de sa propre identité.

Cette théorie de l’activité ne fait pas l’unanimité et elle a fait l’objet de nombreuses critiques. Premièrement, il n’est pas étonnant que le retraité se retrouve exclu, dans notre société, d’un bon nombre d’activités sociales valorisantes car les attentes à son égard ne sont pas clairement définies. Sans consensus social quant aux rôles des retraités et en l’absence de lignes de conduite régissant l’activité des personnes âgées, il n’est pas surprenant qu’elles s’intègrent difficilement à un nouveau style de vie, à un environnement humain en marge de la vie active. Si l’on évitait l’exclusion sociale des retraités, il serait sans doute possible de valoriser la période de la retraite comme toute autre étape du cycle de la vie. Lauzon, 1980, p. 5, dit à ce sujet : « Le bonheur à la retraite est fonction de l’engagement et de la participation du retraité à la vie de la société ».

Deuxièmement, la perte du pouvoir financier ne permet plus au retraité de s’engager dans des activités dispendieuses. Il s’agit là d’une réalité qui a toute son importance. De la même manière, le déclin de la santé des personnes âgées les incite souvent à abandonner ou à diminuer certaines activités, ce qui est particulièrement le cas de retraités issus des classes défavorisées. En effet, comme le soulignait Guillemard, 1977, p.81 : « La très faible espérance que ces retraités ont d’actualiser d’autres conduites que la retraite-retrait condamne les retraités des classes populaires à une vieillesse échec. »

En troisième lieu, signalons qu’une étude, effectuée auprès des résidents d’un village du sud de la Californie et dirigée par Bengston, Lemon et Peterson en 1972, montrait que seules les activités sociales entre amis étaient source de satisfaction dans la vie de ces personnes. Le fait d’avoir un confident entraînant aussi des effets positifs sur leur bonne forme psychologique. Mais l’étude révélait aussi que le maintien d’uns relation intime était plus important que de simples interactions sociales ou le maintien d’anciens rôles sociaux dans la prédiction de la bonne forme psychologique. Les chercheurs Havighurst, Neugarten et Tobin (1975) ont contesté la théorie de l’activité dans sa formulation initiale, alléguant que la dimension personnalité y avait été complètement négligée. Ils ont souligné que le fait d’être seul et isolé constitue, pour certaines personnes, un mode de vie, et que la retraite ne suscite pas de changements sur ce plan. Pour eux, la vie continue et apparaît tout aussi satisfaisante après le début de la retraite qu’avant.

En somme, la documentation pertinente à la théorie de l’activité permet d’établir l’existence d’un lien plus ou moins étroit entre la forme psychologique et le niveau d’activités. Cependant, elle ne permet pas d’affirmer que l’activité est un moyen qui garantit automatiquement l’adaptation à la retraite et au vieillissement.
* à suivre *

mercredi 20 janvier 2010

LA PERSONNALITÉ - 67e partie

LA THÉORIE DE L’ACTIVITÉ

Première théorie psychosociale expliquant le processus d’adaptation à la retraite, la théorie de l’activité a été développée par Cavan et al. (1949) et Havighurst et Albrecht (1953). En fait, la théorie de l’activité représente la somme des connaissances accumulées dans ce domaine vers la fin des années 1950 aux État-Unis. Elle met en évidence l’importance de l’activité sociale et des rôles joués par les individus pour jouir d’un meilleur équilibre psychologique à la retraite. Partant du principe qu’il existe des liens de causalité entre la santé et le bien être psychologique, les tenants de cette théorie ont cherché à évaluer les effets bénéfiques de différents niveaux d’activités sociales sur l’état psychologique de l’adulte. Ainsi, il est apparu qu’une réduction du nombre d’activités dans une sphère donnée entraîne inévitablement une baisse dans un autre champ d’action. De plus, les personnes qui sont capables de rester actives socialement seraient plus aptes à conserver une image positive d’elles-mêmes notamment à cause de leur facilité à s’intégrer à de nouveaux rôles.

De nombreuses recherches concourent à renforcer cette relation entre un taux levé d’activités et une bonne forme psychologique chez les retraités. En vieillissant, les individus tirent une source de satisfaction appréciable de leurs activités quotidiennes. Il importe donc pour les gens à la retraite de continuer à s’engager socialement comme ils le faisaient lorsqu’ils travaillaient. Ainsi, la création de rôles sociaux valorisants et reconnus peut faciliter grandement l’adaptation au vieillissement. Selon les tenants de la théorie de l’activité, l’absence d’activités gratifiantes peut donc constituer un danger pour la santé mentale des retraités, car leur équilibre psychique dépendrait étroitement de leur engagement social.

mardi 19 janvier 2010

LA PERSONNALITÉ - 66e partie

Vers la fin de la retraite forcée

La société actuelle ne pourra sans doute pas continuer bien longtemps à se payer le luxe de mettre en rancart des gens ayant la capacité et le désir de travailler, sous le prétexte qu’ils ont atteint l’âge honorable de 65 ans. La loi 15 au Québec en est un exemple.

Appelés à devenir un segment important de la population les travailleurs âgés seront en mesure de faire des pressions sur leur milieu de travail et d’amener ainsi la société à composer avec eux. En outre, il ne faut pas perdre de vue que les coûts des subsides à verser aux retraités vont devenir exorbitants. Dans cette perspective, encourager la retraite anticipée ne fera qu’alourdir le fardeau fiscal des jeunes travailleurs. Cette situation est susceptible d’élargir le fossé qui sépare les jeunes de vieux. Elle pourrait même provoquer un affrontement entre les différents groupes d’âges. La citation suivante reflète bien cette problématique.

Lorsqu’on ne prouve par toutes sortes de statistiques qu’il y a sept personnes
qui travaillent pour me faire vivre actuellement, parce que je suis vieille,
sept personnes anonymes que je ne peux même pas remercier chaque matin quand
elles sont en file sur le pont Jacques-Cartier ou le Victoria ou le Champlain ou
le Cartier-ville ou le Papineau, j’ai envie de mourir dans mon lit car je me
sens surnuméraire. Je voulais vieillir libre et voilà qu’on me rend
dépendante et coupable d’exister (Blackburn, M., 1983, p.42).


NÉCESSITÉ D’UN CHANGEMENT

Pour bâtir un mieux-être face à la réalité du vieillissement, il est nécessaire d’apporter certains changements. Voici quelques uns des plus urgents :

-une meilleure préparation à la retraite;
-un assouplissement des tâches;
-une réaffectation à d’autres tâches;
-un réaménagement de la semaine de travail;
-l’occasion d’entreprendre une deuxième et même une troisième carrière;
-un programme de formation continue pour les travailleurs âgés.

C’est un agissant sur tous ces aspects que la situation des travailleurs âgés pourra s’améliorer.

LES THEORIES PSYCHOSOCIALES RELIÉES AUX PHASES DU VIEILLISSEMENT ET À L’ADAPTATION À LA RETRAITE

INTRODUCTION

Nous venons de constater que la situation psychologique et sociale des personnes âgées n’est pas toujours ce que l’on qualifierait d’âge d’or pour un bon nombre de personnes qui ne sont pas préparées à cette nouvelle phase de leur vie. Allons voir maintenant, du côté de la gérontologie sociale, les principales théories qui pourraient nous aider à mieux comprendre le vieillissement et le phénomène du passage à la retraite sur le plan psychosocial.
* à suivre *

lundi 18 janvier 2010

LA PERSONNALITÉ - 65e partie

Le dilemme du travailleur âgé

On a vu comment la situation présente dans le monde du travail, avec le chômage et l’apport de la technologie, a contribué à éliminer bon nombre de salariés âgés. En France, les nombreux écrits de Gaullier (1982) de Guillemard (1984, 1983, 1980, 1972) et de Sullerot (1986) corroborent l’universalité de cette tendance. Plusieurs facteurs sociaux expliquent en fait la tendance actuelle d’utiliser la retraite comme une solution de mise au rancart mais comme le mentionne Andréani (1986) « il va falloir apprendre à payer pour sa retraite ».

Le travailleur âgé se trouve devant un dilemme. D’une part, il vit dans un contexte où les pressions d’ordre social et économique l’amènent à écourter sa vie, parce qu’il travaille dans un climat de stress, de surmenage ou dans des conditions insalubres. D’autre part, les ressources financières générales qu’il touche à la retraite sont insuffisantes pour qu’il profite au maximum des belles années de détente et de loisir que laisse entrevoir une espérance de vie accrue. D’ailleurs, les progrès de la technologie médicale moderne, couplés à une meilleure qualité de vie et d’alimentation, permettent de croire que l’espérance de vie va continuer de s’accroître. La question est de savoir de quelle façon nous pourrons pleinement en profiter?

Le statut social du retraité

Le passage du travail à la retraite est perçu comme un symbole du vieillissement, car la retraite est synonyme d’arrêt, d’incapacité. Cette perception négative peut causer de l’appréhension, de l’anxiété chez l’ex-travailleur, et même le traumatiser. En effet, comment un individu peut-il se sentir encore jeune et bien portant quand la société reconnaît qu’il est trop vieux pour continuer à travailleur? Ainsi, la retraite perçue comme une mise au rancart reste une idée profondément ancrée chez plusieurs personnes.

Le statut social d’un individu correspond à un rang, à une position, qui le situe dans l’échelle des valeurs à un rang. Que cela soit au sein de la famille ou d’un groupe, au bureau ou à l’usine, les responsabilités et le rôle attribués à chaque individu lui confèrent un statut social. En perdant les attributs associés au travail, le retraité est confronté du même coup à une perte ou à un changement de statut social. En outre, prendre sa retraite signifie le plus souvent une diminution de revenu appréciable, ce qui peut se traduire par une baisse du niveau de vie et une détérioration des relations sociales avec l’entourage, qui perçoit parfois la situation du retraité comme une dégradation sociale, une déchéance peu enviable. Les retraités pourront difficilement exiger le droit au maintien d’un revenu convenable tant qu’ils ne constitueront pas une force politique unifiée et tant que la société ne prendra pas les moyens pour reconnaître et faire respecter les droits des personnes âgées.
* à suivre *

dimanche 17 janvier 2010

LA PERSONNALITÉ - 64e partie

La dévalorisation du travailleur âgé

Il semble que le monde du travail accorde une importance démesurée à l’aspect négatif du vieillissement, soit le déclin de certaines facultés comme la rapidité, la flexibilité, la force ainsi que la capacité de concentration. Ces changements ne justifient pas la mise au rancart des travailleurs âgés. Les multiples qualités des travailleurs âgés comme l’honnêteté, la ponctualité, la qualité du travail et l’expérience peuvent contrebalancer avantageusement l’avance en âge (Côté, 1981). C’est d’ailleurs ce qui encourage certains employeurs à garder leurs employés plus âgés. Les différents milieux de travail peuvent se montrer plus ou moins disposés envers les travailleurs âgés.

Parmi les types d’entreprises les plus sympathiques à leur cause,
notons :
-la fonction publique, qui a, à son service, beaucoup de
travailleurs qualifiés ou professionnels;
-les petites entreprises qui ont un
personnel ayant une formation hautement technique, telles les firmes
d’ingénieurs-conseils;
-les entreprises où la gestion du personnel est peu
rigoureuse et le rendement peu élevé, comme dans les grands magasins à
rayons;
-le monde de l’enseignement, en particulier les universités où le
corps professoral est de plus en plus vieillissant.


Par ailleurs, trois types d’entreprises se montrent nettement défavorables :
-l’industrie automobile qui a un grand nombre d’employés qui travaillent à la chaîne;
-les secteurs minier et forestier qui embauchent beaucoup d’ouvriers, spécialisés ou non, et qui travaillent dans des conditions difficiles;
-enfin, signalons toute l’industrie de la construction qui fait beaucoup appel à la force physique de ses travailleurs.


* à suivre *

samedi 16 janvier 2010

LA PERSONNALITÉ - 63e partie

LES ATTITUES SOCIALES À L’ÉGARD DES TRAVAILLEURS ÂGÉS

Le nombre croissant de personnes âgées va peut-être contribuer à remettre en question notre conception du vieillissement, conception associée pour le moment à toute une série de préjugés défavorables, qui entraîne une certaine forme de ségrégation, souvent involontaire, que l’on nomme l’âgéisme ou plus généralement agisme.

Selon les recherches de Côté (1981), de Bacon (1982) de même que Hendricks (1982) et comme l’évoque le film DON’T STOP THE MUSIC, de façon générale, certaines images négatives nous viennent à l’esprit lorsque l’on pense à quelqu’un de vieux, et ce, uniquement en raison de l’âge, car il existe des stéréotypes reliés au vieillissement, comme la maladie, l’impuissance, le risque d’accident, l’absentéisme etc. Mais, comme nous l’avons déjà mentionné, il ne faut pas oublier que le vieillissement, en plus d’être personnalisé, dépend de facteurs comme l’environnement, l’hérédité et le stress. Qu’en est-il vraiment des attitudes de la société quant au vieillissement des travailleurs?

La problématique du vieillissement des travailleurs

Afin de mieux situer la problématique du vieillissement des travailleurs sur le plan social, soulignons à cet effet l’importante contribution de Zay et Zay (1984). Dans cet ouvrage, les auteurs tracent un portrait assez complet de la problématique du vieillissement des travailleurs dans nos sociétés occidentales. Examinons maintenant de façon plus particulière divers points reliés à cette problématique sociale.

Le rejet des travailleurs âgés

De nombreuses entreprises mettent carrément au rancart les travailleurs âgés, d’une part, à cause du salaire élevé, qui va de pair avec l’expérience et d’autre part, afin de réduire leur personnel avec la nouvelle technologie (Côté, 1981). Il n’y a pas si longtemps, on utilisait pour ce faire la méthode du licenciement des derniers embauchés ou des salariés sans responsabilité familiale. Cette politique de mise à pied était moins discriminatoire envers le travailleur âgé. Aujourd’hui, les personnes de 55 à 65 ans sont bien souvent les premières à rejoindre le groupe des chômeurs, groupe qui s’accroît sans cesse dans certains secteurs d’activités.


Dans le régime capitaliste, partout dans le monde occidental, comme l’accent est
mis sur l productivité, dès qu’un travailleur est ou risque d’être moins
productif, on l’écarte, on préfère le remplacer par quelqu’un de plus jeune
qu’on paiera moins cher. Les patrons n’ont pas d’autres objectifs que le
profit maximum (FTQ, 1981, p. 14).


Comme on l’a vu précédemment, le vieillissement est souvent associé, du moins dans l’esprit de certains employeurs, à une baisse de productivité (Côté, 1981). C’est la principale raison que l’on invoque pour la mise à la retraite. Certaines recherches, en particulier, celles de l’équipe de Côté (1981), tendent à démontrer qu’il s’agit là d’un préjugé bien entretenu à l’égard des travailleurs âgés. Ces résultats sont aussi évoqués par Côté, lors de propos sur le sujet dans un récent vidéo (Aumond, M. et Bourdages L., 1985). Dans son volume (1981) Côté traite de l’âge et de la motivation en rapport avec la satisfaction et les valeurs, de la santé de l’individu, des pratiques dans l’entreprise, de la gérance en actif et passif, de la dimension collective en fonction des régimes de pensions et de retraites, du marché du travail et des revenus, de l’entreprise et du gouvernement.

On pourrait croire que le taux élevé de chômage qui sévit actuellement justifie les entreprises d’instaurer une politique d’incitation à la retraite afin de permettre à une main-d’œuvre dynamique, plus jeune et instruite, d’accéder aux postes détenus par les travailleurs âgés. La situation se présentera cependant de façon très différente d’ici 30 ans. Plus la génération du baby boom va vieillir, moins cette tendance à inciter les plus âgés à prendre une retraite anticipée pour faire place aux jeunes se fera sentir. Deux facteurs expliquent bien ce phénomène. Premièrement, le taux de natalité étant actuellement assez faible (1,4), le nombre de jeunes travailleurs susceptibles de prendre la relève sera également assez faible. Deuxièmement, le fardeau économique constitué d’un nombre toujours croissant de personnes âgées sera difficile à supporter par la société, de sorte que la pression se fera moins forte pour évincer les travailleurs âgés du marché du travail. Tout laisse croire que les critères utilisés pour la prise de la retraite ne seront plus déterminés uniquement en fonction de l’âge chronologique.



* à suivre *

vendredi 15 janvier 2010

LA PERSONNALITÉ - 62e partie

Le loisir

Lorsque tous les membres d’une société bénéficient de huit heures de temps libre pour accomplir différentes activités en dehors de leur travail, on peut d’ores et déjà parler de l’émergence d’une civilisation du loisir (Dumazedier, 1969). Une fois les besoins fondamentaux satisfaits, la société reconnaît le droit à l’individu de prendre du temps libre pour accomplir des activités qui lui plaisent. Mishara et Riedel (1984, p.82) ont défini les loisirs de la façon suivante :

À l’heure actuelle, on entend souvent par loisirs des activités libres dont
l’objectif est de procurer une satisfaction immédiate plutôt que de tendre vers
un but strictement utilitaire et éloigné. Autrement dit, ces activités trouvent
leur fin en elles-mêmes.


Une approche positive du loisir pourrait aider les travailleurs âgés à effectuer une transition moins radicale entre leur travail et la retraite. Pourtant, selon une étude menée aux Etats-Unis par Streib et ses collaborateurs (1971 et 1977), il semble que les retraités orientent peu leur temps libre vers des activités de loisir, alors que le manque d’activités est précisément identifié comme une des difficultés de la retraite. Mais pourquoi en est-il ainsi? Les activités de loisirs sont-elles appropriées pour les personnes âgées? Sont-elles préparées pour le temps libre? Ont-elles été sensibilisées à cette période de temps libre? Les chercheurs n’ont pas réussi à mettre vraiment le doigt sur le problème mais, chose certaine, le manque d’argent ou la mauvaise santé ne peuvent, selon eux, être les seules facteurs qui expliquent le phénomène.

Sans élaborer davantage sur le sujet, mentionnons simplement un excellent chapitre dans le livre de Côté (1981) dans lequel divers co-auteurs expliquent de quelle façon ont évolué les concepts de travail et de loisir au cours des dernières décennies.


* à suivre *

jeudi 14 janvier 2010

LA PERSONNALITÉ - 61e partie

LES ASPECTS SOCIAUX RELIÉS AUX PHASES DU VIEILLISSEMENT ET À L’ADAPTATION À LA RETRAITE

INTRODUCTION

Le phénomène du vieillissement entraîne des répercussions importantes sur le plan du travail dans la vie de tout individu. Dans les pages qui suivent, nous verrons comment ce phénomène du vieillissement des travailleurs et la perspective de la retraite sont perçus dans notre société. Examinons d’abord brièvement le sens et la valeur du travail dans notre société.

LA SIGNIFICATION ET LA VALEUR DU TRAVAIL DANS LA SOCIÉTÉ

Symbole et sens du travail

Le travail symbolise, par les revenus qu’il génère, la période de vie active d’un individu et lui confère un statut social qui lui permet de s’identifier aux autres membres de la communauté. La force de travail d’un individu est en fait évaluée en fonction de production économique et de rendement. Ainsi, une réduction de la capacité de travail d’un salarié peut se traduire par une diminution de ses revenus, ce qui donne lieu, en général, à une baisse du rang qu’il occupe dans une entreprise. Mais, dans les pays capitalistes, le salaire que l’on reçoit reflète aussi la façon dont la société perçoit une occupation et la valorise.

Dans une société encore attachée à l’éthique du travail, le fait d’accomplir un
travail productif occupe une place importante dans la hiérarchie des valeurs et
certains considèrent le chômage ou le fait de n’avoir pas d’activité productive
comme le plus grave de tous les péchés, celui qu’il faut éviter à tout prix
(Mishara et Riedel, 1984, p. 71).


Le travailleur retire, pour sa part, un plaisir plus ou moins conscient de son travail. L’impression de se sentir indispensable lui donne un sentiment d’appartenance à la communauté. Cet aspect du travail le sécurise et facilite son insertion sociale ne le confirmant dans son rôle de citoyen responsable dont la société a grand besoin.

On peut dès lors comprendre qu’un individu trouve dans le travail une source de satisfaction importante à tel point que les gens âgés, qui sont forcés de se retirer du monde du travail et de prendre leur retraite, se sentent un peu perdus, souvent même angoissés.

En fait, le sentiment d’avoir bien fait son travail et d’avoir accompli une tâche à la mesure de ses capacités permet à tout individu de se réaliser socialement et contribue à donner un sens à sa vie. En outre, il accède, grâce au travail, à une certaine indépendance économique, ce qui lui permet de jouer son rôle de citoyen à part entière.

Le travail est autre chose qu’un gagne-pain, il forme une partie du tissu de
notre vie. Chacune de nos journées s’organise en fonction de notre emploi
car c’est lui qui dicte l’heure du lever, des repas, du retour à la maison et,
si nos heures de travail viennent à changer, c’est tout notre emploi du temps
qui s’en trouve modifié. Le travail nous force donc à structurer le temps;
il nous impose également, du moins dans une certaine mesure, le choix du costume
que nous portons, du lieu que nous habitons, ainsi que de la classe
socio-économique à laquelle nous appartenons (Mishara et Riedel, 1984, p. 76).


Cependant, une étude effectuée par Powers (1971) indique que le travailleur âgé est en mesure de trouver d’autres sources de satisfaction à l’extérieur de son travail. Les résultats de cette recherche, confirmés par les travaux de Dulude (1978 et 1981), montrent que la retraite ne susciterait pas autant d’anxiété si le revenu alors disponible était à un seuil minimum acceptable. En effet, plus du tiers des travailleurs prendraient une retraite anticipée s’il n’y avait cet écart de revenu entre le travail et la retraite et s’ils pouvaient maintenir un niveau de vie raisonnable. Certains individus consacreraient leur temps libre au bénévolat, champ d’activité où les tensions sont moindres comparativement au travail rémunéré. D’autres, jugeant avoir assez travaillé durant leur vie active, désireraient passer à autre chose. Cette vision nous démontre en quelque sorte la relativité de la valeur symbolique du travail dans la société nord-américaine.
* à suivre *

mercredi 13 janvier 2010

LA PERSONNALITÉ - 60e partie

LA STRUCTURE DE LA CRISE DE LA RETRAITE



Source : Plamondon, Louis, et Plamondon, Gilles « Pour une problématique de la crise de la retraite », La santé mentale au Québec, vol. 5 no 2, novembre 1980, p. 20.

mardi 12 janvier 2010

LA PERSONNALITÉ - 59e partie

Les modifications des relations avec la famille

La famille proche

La disponibilité et le type d’accueil que la famille réserve au retraité sont fonction de la solidarité familiale. Plus les intérêts des parents et des enfants seront complémentaires, plus l’intégration de la famille sera forte. Il faut voir que les personnes âgées dépendent beaucoup de l’intérêt que la famille immédiate leur porte.

Bien que le développement industriel et l’urbanisation aient contribué à la disparition de la famille étendue et à l’émergence de la famille nucléaire, ils n’ont pas pour autant fait disparaître la solidarité familiale. On peut cependant observer des différences importantes d’une famille à l’autre.

Il peut y avoir des familles dans lesquelles ce sont les membres plus âgés qui
aident les plus jeunes et d’autres où ce sont les personnes âgées qui viennent
en aide aux autres et ne reçoivent rien en échange. Enfin, il y a
certainement aussi des familles où l’entraide et la communication sont à peu
près inexistantes (Mishara et Riedel, 1984, p. 66).

Les enfants

La garde d’un parent âgé exige une planification et une adaptation de part et d’autre. Des conflits peuvent survenir surtout si cette personne âgée est totalement dépendante de la famille. La grande difficulté pour les enfants qui travaillent réside dans la quasi-impossibilité de trouver un gardien responsable, particulièrement si la personne âgée est en perte d’autonomie. La tolérance exercée envers les aînés peut dégénérer en agressivité lorsque la vie affective et l’univers social de la famille se trouvent perturbés et déréglés.

Les petits-enfants

La relation qui s’établit entre grands-parents et petits-enfants se trouve la plupart du temps limitée au plan affectif. N’ayant pas à s’occuper eux-mêmes de l’éducation des petits, ils se montrent moins sévères à leur égard qu’ils ne l’étaient envers leur propre progéniture. Il arrive souvent que les grands-parents les gâtent trop, ce qui peut occasionner des conflits au sein de la famille. On remarque également que les grands-parents sont sollicités, quelquefois de façon abusive, par leurs enfants pour agir comme gardiens. Ce ne sont pas tous les retraités qui se plaisent à jouer aux gardiens et aux grands-parents-gâteaux.

Plamondon et Plamondon (1980) présentent schématiquement les différents éléments décrits précédemment sur les impacts psychologiques du passage du travail à la retraite.
* à suivre *

lundi 11 janvier 2010

LA PERSONNALITÉ - 58e partie

La communication dans le couple

Certains travailleurs âgés appréhendent avec anxiété le moment de la retraite. Chez plus d’un couple, naît cette peur de n’avoir plus rien à se dire. La retraite entraîne en effet la disparition d’une source importante d’expériences qui remplissaient la vie quotidienne grâce à la diversité des contenus et des échanges que la situation de travail procurait. Si les deux conjoints vivent leurs difficultés d’adaptation comme un indice de détérioration de leur relation, il peut s’en suivre un comportement d’isolement. Ces tensions peuvent même provoquer à la limite l’éclatement du couple.

La restructuration du temps et de l’espace.

Les éléments temps et espace se trouvent également modifiés à l’arrivée de la retraite. L’absence de temps structuré par le travail et la privation du territoire habituel (le lieu de travail) peuvent aussi faire surgir ce sentiment d’étrangeté au monde qu’éprouve parfois le retraité.

Avant la retraite, l’aménagement de la vie de couple et du quotidien était structuré en fonction des rôles sociaux traditionnels, c’est-à-dire, l’homme au travail, la femme à la maison. Tout d’un coup, les règles du jeu sont changées et cela crée une situation conflictuelle pour le couple. Étant plus souvent à la maison, le retraité peut être tenté de donner une touche toute personnelle à l’espace qui l’entoure. Il se trouve par le fait même à empiéter sur le territoire réservé à sa conjointe. L’attribution et le partage des tâches ménagères sont également influencés par l’arrivée du retraité à la maison. On assiste souvent à des manifestations de tension dans le couple. Le nouveau retraité n’est pas nécessairement au courant de l’horaire de son épouse, ce qui peut donner lieu à des confrontations. Il est probable aussi que le conjoint du retraité vive cette présence nouvelle et constante comme une violation de son espace, de son univers.

Il y a un autre genre de femme pour qui la présence constante du mari est une
intrusion dans son domaine. Elle ne peut plus suivre son programme
habituel, ni passer toute une journée dans les magasins quand elle en a
envie, Ni rencontrer ses amies à l’heure du lunch; il faut aussi
qu’elle s’occupe de préparer un repas de plus. Il se peut même qu’elle ait
la malchance d’avoir un mari du genre organisateur qui veut réorganiser son
travail de maison pour le rendre plus efficace (Streib cité par Dulube, 1978, p.
34).

Enfin, comme la retraite peut entraîner une baisse substantielle des revenus du ménage, la question financière peut devenir épineuse pour le couple. L’épouse peut se voir contrainte à faire un budget et à rendre compte de ses dépenses. Mais, fort heureusement, semble-t-il, tous les couples ne vivent pas cette situation.

Pour certains couples, c’est une période de grande joie et de
camaraderies. Ils voyagent au gré de leur fantaisie. Ils ont des tas
de projets. Ils font tout ensemble y compris les emplettes, la
cuisine, le ménage et le jardinage (Streib cité par Dulude, 1978, p. 34).


* à suivre *

dimanche 10 janvier 2010

LA PERSONNALITÉ - 57e partie

L’impact de la retraite sur la vie de couple

Le retour à la maison

Habitué à sa routine de travail, le retraité a souvent le sentiment d’être un étranger dans sa propre maison. Le domicile familial représente pour le travailleur âgé le lieu de repos. Mais, il correspond aussi implicitement au territoire réservé à la femme. En se retrouvant dans un espace qui ne lui appartient pas vraiment, le retraité a l’impression d’être là où il n’a pas d’affaire. Le couple doit alors s’adapter à de nouvelles conditions de vie. Les conjoints doivent s’habituer à une véritable vie en commun. Pour beaucoup, c’est le début d’une nouvelle étape dans leur vie de couple, car les pratiques relationnelles se trouvent affectées et même chambardées. Ce passage du travail à la retraite engendre une nouvelle dynamique dans l’équilibre du couple et parfois de sérieux malentendus.

Les rôles homme-femme

Traditionnellement, le rôle de l’homme consistait à être le pourvoyeur et il revenait à la femme d’assumer le rôle d’éducatrice et de reine du foyer. Cette perception des rôles a de bonnes chances de ne pas avoir changé chez un couple de gens âgés de 65 ans et plus, et ce, même si la femme participe ou participait au monde du travail en tant que salariée. Le fait de demeurer de façon continue à la maison favorise l’appropriation possible par le nouveau retraité de certaines tâches jusque-là assumées par sa femme. Dans une telle situation, les deux partenaires vivront conjointement la perte d’une partie des attributions de leur rôle habituel.

Cette restructuration pourra autant instaurer que confirmer soit une relation de
dépendance, soit une relation d’autonomie partagée mutuel (Plamondon et
Plamondon, 1978, p.43).


Les générations actuelles vivront sans doute de façon différente cette situation puisque les rôles sexuels tendent maintenant vers le partage et l’égalité des tâches.
* à suivre *

samedi 9 janvier 2010

LA PERSONNALITÉ - 56e partie

L’isolement problème clé de la retraite.

Zay (1981, p.301) présente deux sens à l’isolement :


1.comme une « situation objective d’une personne dans l’impossibilité
temporaire, absolue ou relative d’entretenir des rapports avec son
environnement » et
2.comme « résultat de cette situation ».


L’isolement constitue un problème de taille pour les travailleurs à la retraite (Delisle, 1984). Dans une culture orientée vers la jeunesse, peu de gens peuvent accepter l’idée même de vieillir et encore moins les problèmes liés au vieillissement. On veut bien vivre longtemps, mais pas vieillir.

Pour leur part, les dirigeants ne semblent guère préoccupés de la qualité de vie de cette partie de la population. Il va de soi que cette façon d’envisager le vieillissement contribue encore davantage à isoler le retraité. Ses possibilités de partager ou d’échanger avec d’autres se trouvant réduites, le retraité a l’impression de vivre seul ses problèmes et sent très bien qu’on le pousse vers un ghetto, qu’on le place sur une voie d’évitement. La plus part d’entre eux n’iront pas chercher d’aide morale ou financière de crainte de déranger la vie de leur famille, de leurs enfants ou de leurs amis.

L’adaptation aux problèmes de l’isolement varie sensiblement d’un individu à l’autre. Le retraité au tempérament solitaire et introverti ne changera pas à 65 ans. Néanmoins, il apparaît que beaucoup de retraités souffrent de solitude.



* à suivre *

vendredi 8 janvier 2010

LA PERSONNALITÉ - 55e partie

LES ASPECTS PSYCHOLOGIQUES RELIÉS AUX PHASES DU VIEILLISSEMENT ET À L’ADAPTATION À LA RETRAITE

INTRODUCTION

Qu’arrive-t-il à une personne qui prend sa retraite? Comment organise-t-elle son temps libre? Qu’elle soit voulue ou non, anticipée ou retardée, la retraite signifie pour tout individu le début d’un nouveau style de vie. Les changements qui découlent de la mise à la retraite touchent intimement le retraité et bouleversent tout autant son conjoint, sa famille que son entourage. Il s’ensuit une modification du réseau familial, des relations parents-enfants et parfois même une transformation de la relation de couple par le biais d’une remise en question des rôles traditionnels homme-femme et d’un réaménagement du temps et de l’espace.

Les impacts psychologiques reliés aux phases du vieillissement et de la retraite.

La retraite : début d’une nouvelle vie…

Pour la majorité des travailleurs, la retraite signifie une modification de leur
réseau social dans le sens d’un amoindrissement de leurs possibilités d’échanges
sociaux. Nous avons identifié quatre facteurs qui déterminent le degré
d’exclusion des interactions sociales que produit la mise à la retraite :
la perte des contacts sociaux associés à la situation de travail, l’absence de
champs de relations hors travail, la diminution brutale de revenu et la
situation de pauvreté imposée à la majorité des plus de 65
ans.

Pour le travailleur, le travail est le principal lieu de
pratiques relationnelles et il constitue le flot quasi exclusif de relations en
dehors de la famille; en effet, le travail offre à l’individu un lieu de
rencontres sociales, un temps structuré qu’il partage avec d’autres et une
organisation d’activités spécifiques qui le relient à une communauté; par la
retraite, on le prive brusquement de ce lieu de pratique; la perte des contacts
du travail représente la disparition d’une réalité profondément inscrite dans
l’expérience quotidienne (Plamondon et Plamondon, 1980, p.16).

La maison et la famille deviennent pour certains retraités les seuls points de références à la société. La maison devient alors un lieu de rencontres où il leur est possible de partager des activités et, par le fait même, d’approfondir leurs liens avec leur conjoint et leurs enfants. En se rapprochant de sa famille, l’ex-travailleur espère en effet trouver un milieu générateur d’échanges nécessaires à son équilibre. Si la famille rejette sa tentative d’unification, il devra combler ce besoin d’échanges sociaux par d’autres ressources.

Certaines possibilités, tel le travail bénévole, peuvent aussi contribuer à combler la perte du réseau social lié au travail. Cependant, une occupation bénévole ne fait pas toujours le poids avec le travail rémunéré, quel qu’il soit. Pour bien des gens, le bénévolat apparaît comme une occupation plus ou moins valorisante destinée aux femmes et aux personnes âgées. Ainsi, une personne récemment mise à la retraite, donc particulièrement sensible aux commentaires et préjugés sociaux, envisage le bénévolat d’un œil critique et le considère comme une solution de dernier recours. Lavoie (1985) a élaboré longuement sur la pratique du bénévolat chez les retraités au Québec dans un ouvrage exhaustif en se penchant plus particulièrement sur l’évaluation d’un programme de bénévolat pour les personnes âgées.

Dans les faits, les diverses réactions au passage à la prise de la retraite dépendront de la perte que représente pour le retraité le réseau du travail et des possibilités qu’il entrevoit pour le compenser. Une participation plus grande à d’autres réseaux de socialisation que celui qui était relié au travail est plus ou moins nécessaire selon le cas. En somme, le retraité voit brusquement se rétrécir son univers social. Ce sentiment est ressenti avec d’autant plus d’acuité que les rôles et fonctions qui le définissaient socialement n’existent plus. En général la majorité des retraités cherchent alors à intensifier leurs relations avec la famille, ce qui ne se fait pas sans soulever certains problèmes et sans entraîner bien des changements dans la dynamique familiale.
* à suivre *

jeudi 7 janvier 2010

LA PERSONNALITÉ - 54e partie

CONCLUSION

La théorie de la personnalité de Maslow contraste beaucoup avec d’autres conceptions de la personnalité. Pour Maslow l’homme est bon, plein de potentiel, il recherche la stimulation pour s’auto-actualiser. Ce processus, propre à l’homme, est conscient et non rigide. Cependant, seule une petite minorité d’entre eux arrive à avoir des expériences de pointe. Ces expériences de pointe n’arrivent que rarement chez les jeunes. Évidemment, dans cette théorie, l’attention est centrée sur la personne en bonne santé, tant physique que mentale, et ne porte pas du tout sur la personne qui a peu de moyens ou qui a des carences comme c’est le cas pour beaucoup de personnes âgées.

En fait, nous n’avons pas trouvé de véritable expérimentation fondée sur la théorie de Maslow et sa hiérarchie des besoins appliquée avec des personnes âgées. C’est donc vers les théories psychosociales que nous allons nous tourner pour essayer de comprendre ce que les personnes âgées vivent.
* à suivre *

mercredi 6 janvier 2010

LA PERSONNALITÉ - 53e partie

Les personnes actualisées trouvent toujours joie et appréciation dans la vie de tous les jours comme s’il s’agissait d’un perpétuel recommencement dans la joie.

Self-actualized people have the wonderful capacity to appreciate again and
again, freshly and naively, the basic goods of life- with awe, pleasure, wonder,
and even extasy, however stale these experiences may have become to others.
Thus for such people every sunset is as beautiful as the first one, any
flower may be of breathtaking loveliness even after he has seen million
flowers. The thousand the baby he sees is jus as miraculous a product as
the first one he saw. He remains as convinced of his luck in marriage
thirty years after his marriage and is as surprised by his wife’s beauty when
she is sixty as he was forty years before. For such people even the
casual, workaday, moment-moment business of living can be thrilling, exciting,
and ecstatic (Maslow, 1956, p. 177).


En revanche, Lugo et Hershey (1981, p.471) s’interrogent en ces termes sur les limites de l’actualisation de soi dans nos sociétés post-industrielles :

When the history of man in the twentieth century is written it may be said that
our greatest tragedies were not the terrible earthquakes, the series of wars, or
even the dropping of the atomic bomb on Hiroshima, but that so many millions of
persons lived an died without even realizing the tremendous human potential that
lay undeveloped within themselves; that so much of modern man’s life centered
around being safe, having enough food, and having his senses stimulated by
television serials and cartoons; that so many of us never knew who we were or
what we could become; that so many of us died without ever having achieved full
psychological and social birth.


ÉVALUATION ET CRITIQUE

Les énoncés de Maslow n’ont pas fait l’objet de vérification scientifique, mais représentent une hypothèse de travail acceptée par un nombre important de scientifiques et de collègues du courant humaniste et de la psychologie existentielle.

De toute évidence, l’étape suivante pour cette psychologie et cette philosophie est la recherche et encore la recherche – pas seulement en laboratoire mais, de façon plus importante sur le terrain, dans la société, les usines, les maisons, les hôpitaux, les communautés, les nations même (Maslow, in avant-propos à Goble, 1970, p. viii et cité par St-Arnaud, 1982, p.15).

On reproche beaucoup à Maslow d’être parti d’entrevues, de collectes de données, de questionnaires, d’autobiographies ou de biographies de gens qui ont réussi, d’hommes ou de femmes célèbres, d’amis, de bons étudiants, de figures publiques et historiques pour élaborer sa théorie. Son échantillonnage s’est limité à des gens provenant de sociétés occidentales et qui ont en commun une caractéristique : la réussite. La généralisation des résultats de ses recherches est donc difficile. Les gens à problèmes ne sont pas du tout représentés dans les résultats de ses travaux. De la liste des critères et des caractéristiques de ceux qui parviennent à l’actualisation de soi, il se dégage uniquement des gens qui ont réussi et qui jouissent d’une bonne santé physique et mentale. Les résultats des recherches de Maslow sont donc beaucoup trop fragmentaires et informels.

Il n’y a aucune preuve qu’il y ait seulement cinq (5) étapes dans la réalisation de soi et l’actualisation de soi (Mathes and Edwards, 1978). Le passage d’un échelon à un autre est aussi contesté. Est-il vraiment nécessaire de maîtriser tout ce qu’il y a d’impliqué dans un échelon avant de passer à un autre? Voilà autant de questions qui sont demeurées sans réponse. Ce ne sont donc pas tous les aspects de la hiérarchie des besoins de Maslow qui sont acceptés (Lawler et Suttle, 1972; Wahba et Bridwell, 1976; Paston et Turner, 1978; Rizzoet Vinacke,1975).

Child (1973) est des plus sévères à l’égard de l’approche de Maslow;

With a background in experimental psychology, he clearly had the competence to
carry out well-planned research that might lead to a testing of his ideas
(p.20).

He seemed to suggest, for example tat self-actualizing persons are especially
prone to report many peak experiences. Had he retained along with his humanistic
orientation a great concern for testing ideas against, fact, it should have been
relatively easy for him to pursue the research tat could have tested his
suggestion. Though obviously master of the necessary skills, he seemed not
greatly interested in applying them (p.21).


Cependant, dès 1956 Maslow avait précisé les limites à ses recherches:

The study to be reported here is unusual in various ways. It was not
planned as an ordinary research; it was not a social venture but a private one,
motivated by my own curiosity and pointed toward the solution of various
personal moral, ethical, and scientific problems. I sought only to
convince and to teach myself (as is quite proper in a personal quest) rather
than to prove or to demonstrate to others. Fort his reason, it has no
design (pp. 160-161).

Comme le mentionnaient Lugo et Hershey, 1981, p.9:

Maslow was fully aware of the need to check and to confirm his theory of
actualization before it could be considered a reliable model of what human kind
could become under ideal circumstances.


Sa théorie de la personnalité comme la pyramide des besoins sont difficilement vérifiables. Ses concepts d’actualisation de soi (195), d’expériences de pointe (1976) et de métamotivation (1968c) sont très mal définis et se prêtent peu à une vérification expérimentale. Voilà pourquoi cette théorie n’a pas généré beaucoup de recherches malgré l’espoir que fondaient sur elle Maslow et ses adeptes.

Nevertheless, there is no doubt that his theories will provide the stimulus for
a new era in personality research (Mathes and Edwards, 1978,
p.76).

Certains psychologies pensent même que sa théorie est
beaucoup plus près de la religion et de la philosophie qe de la science à cause
de la grande subjectivité qui y est sous-jacente. C’est toute l’approche
de la psychologie humaniste qui est remise en question.

To be
effective to fulfill its own potential, the humanistic approach must be guided
by scientific principles (Weiner et als, 1977, p.446).


* à suivre *

mardi 5 janvier 2010

LA PERSONNALITÉ - 52e partie

Les caractéristiques et conduites de ceux qui parviennent à l’actualisation de soi.

Les caractéristiques de ces personnes.

-ont une perception adéquate de la réalité et sont capables de tolérer l’incertitude,
-montrent de la spontanéité dans leur pensée et leur conduite,
-sont orientées vers les problèmes plutôt que vers le soi,
-ont un bon sens de l’humour,
-sont très créatrices,
-résistent aux pressions d’uniformisation exercées par le milieu culturel, sans toutefois se montrer délibérément non-conformistes,
-se préoccupent du bien-être de l’humanité,
-sont capables d’apprécier profondément les expériences essentielles de la vie,
-entretiennent des relations interpersonnelles profondes et satisfaisantes avec quelques individus seulement de préférence à un grand nombre,
-sont capables de regarder la vie d’un point de vue objectif.

Ces mêmes auteurs dégagent aussi les conduites de ceux qui parviennent à l’actualisation de soi.

Les conduites
-découvrir la vie comme le fait l’enfant, avec une concentration entière.
-essayer quelque chose de nouveau plutôt que de s’en tenir à la sécurité des sentiers battus,
-se mettre à l’écoute de ses propres sentiments dans l’évaluation des expériences au lieu de prêter l’oreille à la voix de la tradition, de l’autorité ou de la majorité,
-être honnête, éviter de jouer la comédie ou de se prêter à des jeux,
-accepter d’être impopulaire quand son point de vue ne coïncide pas avec celui de la plupart des gens,
-prendre des responsabilités,
-travailler fort à ce que l’on a choisi de faire,
-essayer d’identifier les mécanismes derrière lesquels on s’abrite et avoir le courage de les abandonner (Maslow, 1954 et 1967).

Maslow trouve que les personnes en bonne santé mentale ont tendance à s’accepter telles qu’elles sont et ont un sens de l’amour propre; elles ont également une image positive d’elles et ont tendance à se voir comme acceptables et capables, de contribuer au monde dans lequel elles vivent.

Les gens actualisés acceptent plus facilement les autres même s’ils sont très différents.

They can accept their own human nature with all its shortcoming, with all its
discrepancies from the ideal image, without feeling real concern. It would
convey the wrong impression to say that they are self-satisfied. What we
must say rather is that they can take the frailties and sins, weaknesses, and
evils of human nature in the same unquestioning spirit that one takes or accepts
the characteristics of nature. One does not complain about water because
it is wet, or about rocks because they are hard, or about trees because they are
green. As the child looks out upon the world with wide, uncritical,
innocent eyes, simply noting and observing what is the case, without either
arguing the matter or demanding that it be otherwise so does the
self-actualizing person look upon human nature in himself and in others (Maslow,
1956, p. 168).

* à suivre *

lundi 4 janvier 2010

LA PERSONNALITÉ - 51e partie

Le besoin d’estime

Les besoins d’estime se manifestent par la recherche d’une certaine reconnaissance de soi, de ses qualités et de son travail par les autres. Le besoin d’estime implique aussi le fait d’être aimé et estimé par l’entourage. Lorsqu’ils sont satisfaits, les exigences d’estime se traduisent par une plus grande confiance en soi et d’amour de soi. Ces besoins, même non exprimés, sont très souvent à l’origine de l’intégration à un groupe d’appartenance.

Les besoins d’être respecté par les autres et d’avoir le respect de soi font partie de ce quatrième niveau. Ce besoin domine seulement quand les trois (3) premiers besoins de la hiérarchie sont satisfaits. Il y a deux (2) aspects à ces besoins. Le premier est le désir de force, de réalisation, de compétence, de confiance, d’indépendance et de liberté; le second est le désir de prestige ou de réputation, de considération, d’attention, d’importance ou d’appréciation.

Le progrès vers la satisfaction de ce besoin donne naissance à des sentiments de confiance en soi, de valeur, de force et d’utilité. En revanche, quand ce besoin est prédominant et que l’individu n’entrevoit aucune possibilité de faire des progrès vers sa satisfaction, il éprouve des sentiments d’infériorité, de faiblesse et d’impuissance, d’où la grande vulnérabilité des personnes âgées.

Les besoins d’autoréalisation

Au sommet de la pyramide, se situent les besoins d’autoréalisation fondés sur la recherche de l’épanouissement personnel et, de ce fait, ces besoins sont extrêmement diversifiés; besoins de réaliser ses possibilités, besoins d’apprendre, de connaître et de maîtriser son environnement, de développer ses facultés physiques, intellectuelles et affectives, de participer aux décisions collectives, etc.

Même après avoir satisfait ces quatre premiers besoins fondamentaux, il peut y avoir encore un mécontentement si, par exemple, nous croyons que nous ne faisons pas le travail pour lequel nous sommes le mieux qualifiés, parce que nous sentons que notre créativité est brimée. Notre premier but, c’est de devenir ce que nous sommes capables de devenir. C’est ce qui pousse un bon scientifique à devenir un inventeur de renom, un athlète étoile à devenir champion et un retraité à s’impliquer davantage dans la société.

Pour que ce cinquième besoin d’autoréalisation se manifeste, il faut que les quatre (4) autres besoins soient satisfaits, du moins en grande partie. Pour réaliser ces besoins, la situation exige souvent la présence d’autres personnes, et là où les conditions sociales et économiques le permettent, ces besoins sont là à l’origine d’un très grand éventail d’associations.

Quiconque progresse vers la satisfaction de ce cinquième besoin est une personne hautement motivée dont on peut attendre des réalisations les plus créatrices et les plus productives à travers ses expériences de pointe.

….Maslow décrit l’expérience de pointe comme une extase, un émerveillement et un mystère, accompagnés d’un genre d’oubli de soi. Ces moments de pointe
peuvent être causés par des circonstances très diverses et, bien que tous les
gens connaissent certains d’entre eux, les individus qui sont psychologiquement
sains et qui sont parvenus à l’actualisation de soi les connaissent souvent
(Krech et al., 1981, p.282).


À partir de Maslow (1954 et 1967) Hilgard, Atkinson et Atkinson (1980., p. 456) ont synthétisé et adapté une grille des caractéristiques et des conduites de ceux qui accèdent à ces expériences de pointe, autrement dit, qui parviennent à l’actualisation de soi.
* à suivre *

dimanche 3 janvier 2010

LA PERSONNALITÉ - 50e partie

Les besoins d’amour et d’appartenance

Au-delà des besoins axés sur la survie, surgissent des besoins d’amour et d’appartenance qui sont reliés à la vie en société. Pour l’enfant, ce besoin s’exprime dans le désir d’avoir des frères et des sœurs, de faire partie d’un clan, d’une famille, alors que pour l’adulte, il s’agit fondamentalement du besoin de s’insérer dans un milieu de vie pour échanger avec ses semblables, partager ses expériences et créer des liens de solidarité et d’affectivité. Pour les personnes âgées, ce besoin s’exprime dans l’appartenance à un milieu de vie, à une société, à des racines. Comme nous le verrons un peu plus loin à travers les théories psychosociales, le besoin de ne pas se sentir rejeté se fait beaucoup plus lourd après la prise de la retraite.

Lorsque les deux premiers besoins sont satisfaits en grande partie, nous commençons alors à rechercher des satisfactions qui proviennent de l’amour, de l’affection et du fait d’appartenir à un groupe. Nous voulons des relations plaisantes avec notre famille, notre groupe de travail, notre groupe de retraités et les gens en général. Nous voulons avoir une place dans la société. En supposant que les deux premiers besoins de la hiérarchie soient satisfaits, on peut facilement avancer que la recherche d’affection et d’amour est un des désirs les plus profonds de l’homme.

Pendant très longtemps la famille, cellule de base de la société, a satisfait le besoin d’appartenance. Mais, au fur et à mesure que le travail, l’école, les loisirs, etc., se substituent à la famille comme milieu de vie, d’autres groupes prennent la relève. C’est ainsi qu’un très grand nombre d’associations comme les clubs d’âge d’or pour les retraités, dont le but premier est de favoriser les rencontres sociales, constituent, en fait, une réponse au besoin d’appartenance lors de la retraite.

De sérieux problèmes peuvent découler de la non-satisfaction de ce besoin d’appartenance, en particulier à la retraite. De nombreuses personnes âgées se déprécient parce qu’elles se sentent rejetées par l’ensemble de la société qui les sous-estime.
* à suivre *

samedi 2 janvier 2010

LA PERSONNALITÉ - 49e partie

Les besoins physiologiques

Au bas de la hiérarchie, les premiers besoins sont les exigences physiologiques c’est-à-dire les besoins pour se maintenir en vie; plus fondamentaux que tous les autres, ils se situent à la base de la pyramide. Il est primordial que les besoins physiologiques soient comblés pour assurer l’existence et la survie de l’homme. Ce sont, entre autres, les besoins de boire, de manger, de dormir, le besoin sexuel, le besoin d’éprouver des plaisirs sensoriels. Ce sont les premiers besoins que l’homme cherche à satisfaire.

Si une personne meurt de faim ou de soif, si elle est constamment préoccupée par la recherche de nourriture nécessaire à sa survie, ou si encore son existence est constamment menacée, elle ne peut parvenir à la pleine réalisation de son potentiel, car toute son énergie vitale se concentre sur la résolution de ces problèmes fondamentaux pour se garder en vie.

Maslow insiste sur les motivations et sur le désir qu’a l’individu de parvenir à la maturité psychologique. L’homme qui atteint une certaine plénitude de son être peut dorénavant affronter et résoudre des conflits plus facilement. En revanche, quand ces premiers besoins ne sont pas satisfaits, les besoins en tête de liste, comme la sécurité, l’amour et l’estime, reçoivent peu d’attention. Ils sont soit inexistants ou relégués au second plan.

Les besoins situés au bas de la hiérarchie (voir la pyramide précédente) doivent être au moins partiellement satisfaits avant que ceux situés plus haut puissent devenir des sources importantes de motivation.

Une caractéristique particulière à l’être humain, c’est que sa conception et sa philosophie de l’avenir tendent aussi à changer lorsqu’il est dominé par un certain besoin. Pour l’affamé qui n’a jamais assez à manger, le comble de l’existence c’est simplement une place où il y a beaucoup de nourriture. L’homme qui a faim a tendance à penser que s’il avait suffisamment de nourriture, il serait parfaitement heureux et ne désirerait jamais autre chose. Tout le reste, la liberté, l’amour, le respect, le prestige, est écarté puisque cela ne le nourrit pas.

Les besoins de sécurité

Une fois satisfaits, les besoins physiologiques font naître des besoins de sécurité dont le dénominateur commun est la recherche d’une protection contre les dangers et les risques de l’existence c’est-à-dire la maladie, les accidents etc., qui sont succeptibles de menacer la satisfaction des besoins physiologiques eux-mêmes.

Le besoin de se sentir en sûreté se situe immédiatement après les besoins physiologiques. Nous voulons être protégés contre les maux corporels, contre les risques à long terme de la vie. Ces besoins de sécurité et de protection sont certainement importants pour nous tous puisque nous prenons diverses mesures pour obtenir une telle protection.

Aujourd’hui, tant au Québec qu’au Canada, de nombreuses mesures sociales comme l’assurance-maladie, l’assurance-automobile, l’assurance-retraite et autres, garantissent partiellement la satisfaction de ces besoins de sécurité. Ils peuvent néanmoins être à l’origine de la motivation à s’associer chez certaines catégories de citoyens parmi les plus vulnérables : tant chez les travailleurs (les syndicats, les corporations) que chez les malades chroniques, les assistés sociaux, les retraités, les personnes âgées, c’est-à-dire des citoyens dont les conditions de vie sont telles que même la satisfaction des besoins physiologiques n’est que partiellement assurée.

Dans nos sociétés, ces besoins sont en grande partie satisfaits, mais la réponse à ces besoins est parfois menacée surtout en période de crise intense comme une dépression économique, un chômage excessif, une vague de crimes, une guerre. Ce besoin de sécurité est parfois menacé avec la prise de la retraite. Dans ces périodes de crises, les besoins physiologiques et de sécurité deviennent encore plus dominants et nous oublions temporairement les besoins de troisième, de quatrième et de cinquième niveaux.



* à suivre *

vendredi 1 janvier 2010

LA PERSONNALITÉ - 48e partie

La théorie de Maslow

La théorie de la motivation et de la hiérarchie des besoins de Maslow repose sur le principe que tout comportement vise à satisfaire un besoin, et qu’un besoin satisfait n’est plus un besoin et cesse d’être un facteur de motivation. Ce besoin est immédiatement remplacé par un autre besoin, d’un niveau plus élevé. Maslow conçoit une liste hiérarchique des nécessités que l’homme doit satisfaire au cours de son développement.
Maslow définit cinq (5) grandes catégories de besoins. Il nous dit qu’il existe une hiérarchie d’importance dans ces besoins. Dans le tableau qui suit, Maslow nous présente sa pyramide des besoins; nous essayerons de dégager les lignes directrices de chacun des échelons.

Figure 1

Pyramide des besoins, d’après A.H. Maslow



Maslow explique que les besoins inférieurs doivent être satisfaits avant que le besoin suivant, de niveau plus élevé, prenne de l’importance aux yeux de l’individu. Une fois satisfait, un besoin peut être oublié temporairement. Toute opposition à la satisfaction de ces besoins humains fondamentaux, est considérée comme une menace psychologique entraînant des conflits et de la frustration.

Il faut se souvenir d’un facteur important dans l’examen de ces besoins. Ils sont disposés dans un ordre de progression, c’est-à-dire que certains besoins sont plus fondamentaux que d’autres; le premier est plus important que le deuxième, le deuxième plus important que le troisième et ainsi de suite. Pour qu’un besoin domine, comme l’amour par exemple, cela signifie que les autres besoins, situés plus bas dans la pyramide, doivent d’abord être satisfaits en grande partie.
Dans la pensée de Maslow, l’homme est un animal à qui il manque perpétuellement quelque chose. Dès qu’un besion est satisfait, au autre survient. Maslow fait aussi remarquer que tout besoin ne peut et ne doit pas être traité comme s’il était isolé. Tout besoin est relié à un état de satisfaction ou d’insatisfaction des autres besoins. Voici, dans l’ordre, ces besoins.

* à suivre *