mardi 30 novembre 2010

INTERVENTION POUR CONJOINTS - 11e partie

Auprès de qui doivent être effectuées les collectes de données?

Dans les recherches portant sur l’évaluation de l’efficacité des groupes de traitement, la collecte des données se fait principalement auprès de l’homme violent lui-même. On remet cependant en question la validité des informations ainsi recueillies. En effet, plusieurs auteurs ont fait la démonstrationi empirique que les taux de violence rapportés par les hommes sont inférieurs à ceux rapportés par les femmes (Shepard; Edleson & Brygger; Edler; Edleson & Gruszsnki; Eisikovitz & Edleson). Ces dernières seraient aussi plus sensibles à détecter la violence psychologique et les menaces. En effet, il ne faut pas perdre de vue que la violence maritale n’est pas seulement socialement indésirable, elle est aussi illégale et peut entrâiner des poursuites judiciaires (Rosenbaum). Le fait de questionner le répondant sur ce sujet entraîne chez celui-ci un problème de désirabliité sociale qui affecte sa volonté à rapporter ses propres comportements agressifs (Dutton).

Ce probème de désirabilité sociale a aussi une influence sur le mode d’administration des instruments. Ainsi, Dutton considère que la violence conjugale étant un problème social sévèrement jugé par la société, le recours aux entrevues, spécialement pour amener l’homme à faire état de ses comportements de violence, peut générer des problèmes d’influence de l’interviewer sur l’interviewé. D’autre part, les travaux d’Edler ont démontré que les taux de violence rapoprtés par les hommes ou leur conjointe ne varient pas en fonctioni du sexe de l’interviewer. Toutefois, ils augmentent dramatiquement chez les femmes lorsqu’elles sont rencontrées seules plutôt qu’en couple. Mentionnons cependant que le fait de procéder à une collecte des données auprès des femmes n’exlut pas la possiblité que la désirabilité sociale interfère dans les réponses de ces dernières. En effet, la femme peut hésiter à faire état de l’ensemble des comportements de violence de son partenaire, que ce soit pour le protéger, parce qu’elle se sent responsable de cette violence ou parce que cette situation lui fait honte.

L’ensemble de ces constats a tout de même amené plusieurs chercheurs à tenter de recueillir les données portant sur le comportement de l’homme violent à partir d’autres sources d’information, dont les conjointes de ces hommes. Tous ne sont cependant pas d’accord avec cette façon de procéder. Ainsi, Rosenbaum considère que de rechercher la collaboration des femmes sur cette question peut être perçu comme infantilisant pour l’homme que l’on tente d’intégrer dans une démarche de responsabilisation.

Nous avons cependant constaté un plus grand courant de recherches allant à l’encontre de la position de Rosenbaum. Dans ces études, on juge que la priorité doit être mise sur la validité des informations obtenues. Ainsi, on considère qu’il est essentiel de recueillir des données auprès des conjointes, notamment parce que les hommes sous-estiment leur violence, ce qui rend difficile l’évaluation de la dangerosité de ces derniers (Edleson & Brygger; Edler; Ouellet et al. Sous presse), tout en risquant de surestimer les effets d’un programme de traitement (Edleson & Brygger).

Notons ainsi que dans la majorité des études où l’on procède à une collecte d’informations auprès des femmes, on effectue quand même une mesure des comportements de l’homme selon ses propres dires. Ceci permet donc de comparer les taux de violence rapportés par les deux membres du couple. Lorsque les chercheurs se voient confrontés à des informations différentes, il est fréquent qu’ils optent pour la version de la femme. Ces chercheurs justifient leur choix en indiquant qu’il est moins hasardeux pour la sécurité des conjointes de prendre le risque de surestimer la violence de l’homme que de la sous-estimer.

Finalement, certains chercheurs ont souligné que l’analyse des données provenant de deux sources distinctes aurait avantage à être traitée différemment. En effet, il est courant que l’on présente le taux moyen de violence rapporté par les hommes et qu’on le compare à celui fourni par les femmes (utilisation de données réunies). Pour Rosenbaum, cette façon de faire peut donner une illusion de changement, puisque les déclarations de chaque personne se fondent dans l’ensemble. On souligne donc qu’il est souhaitable de procéder à une comparaison des résultats obtenus sur une base individuelle plutôt que sur une moyenne de groupe (Dutton; Rosenbaum).


* à suivre *

lundi 29 novembre 2010

INTERVENTION POUR CONJOINTS - 10e partie

Comment allier science et éthique?

Une recherche évaluative appelle généralement un devis expérimental ou une mesure « avant » le programme, une autre « après », les résultats étant comparés à ceux d’un groupe de contrôle (i.e. des individus non soumis à l’expérimentation). Toutefois, en ce qui concerne l’évaluation des programmes aupres des conjoints violents, il est fréquent que l’on ait recours à un devis non expérimental (i.e. sans groupe de contrôle). Plusieurs auteurs ont signalé que l’absence d’un groupe de contrôle diminuait la portée des résultats obtenus. L’on doit cependant concéder que cette limite est plus liée à l’éthique et à la nature du problème qu’à des questions de contraintes budgétaires ou de temps. En effet, la dangerosité du problème à l’étude a fait dire à certains chercheurs qu’il vaut mieux travailler avec cette limite que de prendre un risque qu’aucune recherche ne justifierait (Edleson & Grusznski).

La nature du problème à l’étude ne nous empêche pas de recourir à des groupes de contrôle équivalents ou, à tout le moins, à des groupes de comparaison. Ainsi, l’utilisation des listes d’attente est une façon de se composer un groupe de contrôle (Saunders). On peut aussi penser à certaines sélections qui sont faites par les juges, orientant tantôt l’homme violent vers un traitement et tantôt vers d’autres types de pénalités (Chen et al.). D’autres chercheurs (Dutton) ont aussi examiné et comparé les rapports de police générés pour des hommes ayant ou n’ayant pas suivi un programme de traitement. Finalement, on peut aussi penser comparer les résultats obtenus par des individus ayant complété un programme de traitement aux résultats obtenus par ceux qui ont abandonné en cours de route. La sélectioni des personnes n’étant pas laissée au hasard, il demeure cependant important de contrôler le plus précisément possible la sélection « naturelle » qui aurait pu se faire entre les groupes que l’on désire comparer.


* à suivre *

vendredi 26 novembre 2010

INTERVENTION POUR CONJOINTS - 9e partie

D’autre part, définir l’efficacité d’un programme de ce type nous amène également à revoir la définition même du problème auquel nous cherchons une solution, soit la violence. Pour certains auteurs, on n’a qu’une vision partielle de la violence lorsqu’on ne tient pas compte des menaces de violence et de la peur qui peut subsister chez la conjointe. À ce sujet, Eisikovitz et Edleson questionnent la signification de la cessation de la violence pour une conjointe qui a vécu peu d’événements de violence mais des événements sévères. Mais, on a pu le constater dans la première partie de cet artcile, les recherches les plus récentes, tout en ne tenant pas encore compte des craintes qui peuvent subsiter chez la conjointe, présentent maintenant les taux de succès en distinguant la diminution de la violence physique des autres formes de violence, telles que le contrôle.

Edleson et Grusznski, dans une de leurs études, ont observé que les deux tiers des hommes, 9 mois après la fin du traitement, sont demeurés non violents mais que, parmi eux, 43% ont proféré des menaces. Pour ces auteurs, il s’agit là de résultats encourageants, mais la persistance des menaces de violence est inquiétante. Il semblerait que, dans certains cas, l’homme a appris à contrôler sa violence, spécialement la plus visible et la plus condamnable. Toutefois, il continuerait d’avoir des comportements plus subtils de contrôle puisque les menaces, et la peur qu’elles entraînent chez la femme, sont une forme puissante de domination. Pour Edleson et Grusznski, la persistance des menaces signifie l’exercice d’un contrôle mieux acceptable légalement.

Selon la recension d’Edleson et Syers, les résultats présentés dans les différentes recherches évaluatives signalent des taux de réussite du programme variant de 59% à 84%. Mais ils ont aussi noté que la plupart des études signalent qu’une majortié d’hommes ayant suivi ces programmes ont recours à des menaces de violence au moment du suivi. Ces résultats parlent en faveur d’un examen plus attentif de la transformation ou de la persistance de certaines formes de violence qui semblent fréquentes chez les hommes ayant suivi un programme de traitement. Il serait donc hasardeux, nous semble-t-il, de limiter la mesure de l’efficacité d’un tel programme à la diminution de la violence physique.

Enfin, une mesure d’efficacité est également tributaire du facteur temps. Une des limites, peut-être la plus importante des recherches portant sur l’efficacité des traitemetns pour conjoints violents, concerne les mesures de suivi qui sont menées trop peu de temps après la fin du traitement et avec des taux de participation très bas. À ce sujet, l’Ontario Medical Association Committee on Wife Assault (cité dans Frankel-Howard) soulignait que :
« les études à court terme révèlent une diminution appréciable de la fréquence
et de la gravité des attaques, mais on n’a entrepris aucune évaluation à long
terme de l’efficactié des groupes de traitement dans le cas des maris agresseurs».

La recension des écrits que nous avons effectuée a fait ressortir que, dans la majorité des études, les périodes de suivi ne dépassent que rarement, 6 mois, alors que les effets d’un programme diminuent rapidement après une période de 8 à 14 mois (Gondolf). Tolman et Bennett soulignent par ailleurs qu’une bonne proportion des hommes se retrouve sans partenaire durant et après le traitement; à court terme, il est ainsi moins probable de retrouver un comportement violent. Ils mentionnent aussi qu’il ne faut pas attribuer trop rapidemnet aux programmes de traitement les succès enregistrés. En effet, une partie de ce succès serait imputable à la « périodicité » de la violence, les mesures de suivi étant prises trop rapidement après la fin du traitement.


* à suivre *

jeudi 25 novembre 2010

INTERVENTION POUR CONJOINTS - 8e partie

QUELQUES QUESTIONS PERTINENTES POUR L’INTERVENANT

Évidemment, une entreprise d’évaluation de l’efficacité d’une intervention conduit à se poser des questions, tant sur l’intervention elle-même que sur le processus d’évaluation! Nous avons ainsi tenté de regrouper ces différents niveaux de difficultés autour de trois thèmes : la définition même de ce qu’est un programme efficace, l’éthique de la recherche et les sources de données.

Qu’est-ce qu’un programme efficace?

On dit qu’un programme de toute nature est efficace lorsqu’il atteint les objectifs préalablement implique nécessairement une révision des objectifs de l’intervention ou, à tout le moins, une focalisation. Or, dans la recension des écrits sur ce sujet, les études traitant des programmes d’intervention auprès de conjoints violents ont principalement porté sur deux aspects. Si un certian nombre de chercheurs ont tenté d’évaluer l’efficactié des traitements offerts à ces personnes, d’autres se sont plutôt centrés sur les caractéristiques propres à ces individus. On examinera dans certains cas l’efficactié du programme en termes de sa capacité à faire diminuer ou cesser la violence, mais aussi de son impact sur la modification de certains traits individuels ou caractéristiques de l’homme. C’est principalement sur ce dernier élément que les auteurs ne s’entendent pas. En effet, on considère tantôt que l’efficacité d’un programme de traitement ne se base que sur son influence à faire diminuer ou cesser la violence, tantôt sur sa capcité à modifier certains traits individuels. D’autres, finalement, indiqueront qu’un programme de traitement efficace est celui qui fait cesser ou diminuer de façon importante toutes les formes de violence et non uniquement la violence physique comme c’est souvent le cas.

On invoque plusieurs raisons pour s’opposer aux études mettant beaucoup d’emphase sur les caractéristiques de l’homme violent. On indique notamment qu’une telle approche sous-tend une explication de la violence comme un phénomène relié aux caractéristiques personnelles d’un individu, ce qui lui retire sa dimension socio-politique. D’autres considèrent qu’il vaut mieux mettre de l’énergie à faire cesser l’abus que de chercher à comprendre ce qui caractérise l’abuseur. Gondolf a pour sa part émis une réserve quant à l’utilisation des tests psychologiques administrés avant et après le programme. Il souligne que si ces tests nous renseignent sur certains facteurs pouvant prédisposer à l’abus, rien ne nous dit par ailleurs qu’ils sont adéquats dans l’évaluation du succès d’un traitement. Aussi, bien qu’il puissse être intéressant de mieux comprendre qui est l’homme violent, ce qu’il pense ou ce qu’il ressent, ces tests ne sauraient se substituer à une mesure directe des comportements de violence de ce dernier. Ceci repose sur une logique d’évaluation qui précise qu’un traitement « X » est jugé efficace dans la mesure où il permet d’atteindre l’objectif principal du traitement. Or, aucune étude à ce jour n’a permis d’établir de lien de causalité entre les caractéristiques d’un individu et l’adoption d’un comportement violent.


* à suivre *

mercredi 24 novembre 2010

INTERVENTION POUR CONJOINTS - 7e partie

AUTRES EFFETS DES PROGRAMMES

Finalement, il apparaît que les programmes de traitement pour conjoints violents ont un impact qui ne se limite pas aux aspects comportementaux. Saunders et Hanusa ont à ce sujet noté, chez des hommes ayant participé à un tel programme, différents changements positifis s’exprimant par une diminution du niveau de la colère, de la jalousie, de la dépression et des attitudes stéréotypées au sujet des rôles des femmes. Farley et Magill, de leur côté, ont noté qu’avant de débuter le programme de traitement, les participants sont en crise, ceci se réflétant notamment par une surabondance de frustrations en comparaison du niveau de satisfaction. Les résultats obtenus à la fin du groupe suggèrent que les hommes ayant participé au programme obtiennent des résultats comparables à ceux enregistrés auprès d’une population normale. Ils vivent moins de frustrations, de même qu’une diminution probable de la dépression et du sentiment d’abandon, ce qui selon les chercheurs permet de supposer que ces hommes ont trouvé des alternatives à des situations auparavant frustrantes. Les travaux de Kriner et Waldron ont par ailleurs permis de déterminer que le fait de participer à un programme de traitement a un impact sur l’estime de soi des participants. Le fait d’assister à un tel programme fait hausser le niveau d’estime de soi.


* à suivre *

mardi 23 novembre 2010

INTERVENTION POUR CONJOINTS - 6e partie

LES DIFFÉRENTES MODALITÉS D’INTERVENTION

Au-delà de certaines caractéristiques individueles des participants, quelques chercheurs ont émis l’hypothèse que les approches utilisées dans le traitement des conjoints violents ont un impact sur l’arrêt des comportements abusifs.

Ainsi, Shepard a voulu mesurer les résultats obtenus par un groupe de traitement offrant un programme combinant une approche thérapeutique (12 semaines) et une approche éducative (12 autres semaines). Les résultats démontrent que les taux d’abus (rapportés par les hommes ou par les femmes) sont plus bas dans les dernières phases du programme. La plus grande diminution des abus a été observée durant la phase de thérapie. Par ailleurs, l’incidence d’abus ne varie pas lorsque l’on compare les hommes qui ont suivi uniquement la phase de thérapie à ceux ayant aussi participé à la partie éducative du programme. De plus, l’histoire de violence de l’homme (incluant 16 indicateurs dont le fait d’avoir été témoin ou victime de violence dans son enfance) ne prédit pas des taux plus élevés d’abus. Finalement, lorsque l’on compare les informations provenant des hommes et des femmes, on observe que ces dernières rapportent plus d’abus psychologiques que les hommes à tous les moments du programme, sauf au moment de la mesure de suivi.

Dans une récente étude, Edleson et Syers ont examiné et comparé les effets de six programmes de traitement pour conjoints violents. Ces programmes se distinguaient par le type de modèle mis de l’avant (d’éducation, d’entraide, et une combinaison des deux), de même que par leur intensité (la durée des groupes pouvant être de 12 ou 32 semaines). Les résultats font ressortir que le taux de violence au moment du suivi est de 10% inférieur chez les hommes ayant suivi un programme de 12 semaines comparativement à 32 semaines. Cette différence n’est cependant pas statistiquement significative. Par ailleurs, si l’on examine les résultats obtenus en fonction du type de modèle mis en place, on constate que plus le groupe est structuré et éducatif, plus bas est le taux de récidive au moment du suivi, sans égard à la durée du programme. Plus spécifiquement, on observe que 32% des hommes du groupe d’éducation ont récidivé, 34% dans le groupe combiné et, enfin, 54% dans le groupe d’entraide. Il faut encore noter que ces différences ne sont pas statistiquement significatives.

En examinant l’ensemble des variables à la fois, on constate que ce sont les hommes qui ont suivi le programme d’éducation ou le programme combiné, d’une durée de 12 semaines, qui ont obtenu les taux les plus bas de récidive.

Un autre objectif de cette étude avait trait à l’effet de ces programmes sur les menaces terrorisantes. On constate dans un premier temps que les programmes de 12 semaines font diminuer de 6% l’incidence de celles-ci. D’autre part, ce sont les hommes qui ont participé au groupe d’éducation qui semblent le moins portés à utiliser ce type de menaces. Si l’on examine les deux variables à la fois, on constate que 33% des hommes ayant suivi les programmes d’éducation de 12 semaines font usage de menaces terrorisantes. Ce pourcentage s’élève à 75% chez les hommes ayant suivi le programme d’entraide de 32 semaines.

En résumé, le groupe d’éducation de courte durée semble le modèle le plus efficace. Il n’en demeure pas moins cependant qu’un nombre important d’hommes continent de faire usage de menaces de violence. À ce sujet, il faut mentionner le point de vue de Jennings qui considère que les attentes entretenues face au programme de traitement pour conjoints violents sont quelque peu démesurées. Par ailleurs, compte tenu du nombre de semaines que comprend une thérapie, on attend des changements au plan du comportement (souvent appris depuis plusieurs années) et on s’attend aussi à une modification des attitudes, ce qui est très difficile à réaliser. D’un autre côté, les résultats de l’étude D’Edleson et Syers tendent à démontrer une certaine saturation au-delà d’une intervention que l’on pourrait qualifier d’à court terme. Ainsi, allonger la période de traitement n’apparaît pas améliorer les résultats. Donc, si d’une part, il est impossible de modifiier l’ensemble des comportements et attitudes menant à la violence par l’entremise des groupes de traitement actuels et que, d’autre aprt, un traitement plus intensif ne semble pas augmenter les résultats, il faut croire en la nécessité de miser sur des interventions combinant un traitement et d’autres interventions de nature différente.

Quoique ces résultats jettent un premier éclairage sur l’efficacité comparée de différentes modalités de traitement, nous devons nous rallier au point de vue de Sonkin et de Gondolf qui ont indiqué que les recherches actuelles ne permettent pas de déterminer quelle modalité de traitement est la plus efficace.



* à suivre *

lundi 22 novembre 2010

INTERVENTION POUR CONJOINTS - 5e partie

L’ABANDON DU TRAITEMENT

Une autre caractéristique des groupes de traitement pour conjoints violents est que l’on y observe des taux d’abandon assez élevés. Cette question apparaît d’autant plus importante que, dans certaines études, on a observé des niveaux plus élevés de récidive chez les hommes abandonnant avant la fin du traitement. Par exemple, Edleson et Grusznski ont observé que 67% des hommes ayant complété le programme sont signalés comme non violents par leur conjointe et ce, 4 mois après le traitement. Ce pourcentage est de 54% pour les hommes ayant abandonné (le suivi ayant été fait en moyenne 9 mois après l’abandon). Une autre étude des mêmes auteurs n’a cependant pas fait ressortir de résultats aussi différents. En effet, on a enregistré que 59% des hommes ayant complété le programme et 52% des décrocheurs sont demeurés non violents, 1 an après la prise de contact, selon les déclarations des conjointes. Finalement, les travaux de Chen et al. Ont mis en lumière que le fait de suivre un programme a un impact sur la récidive à condition que l’homme ait assisté à au moins 75% des rencontres prévues au programme.

Aussi, certains chercheurs ont tenté de mettre en évidence des facteurs permettant de distinguer les hommes qui abandonnent de ceux qui complètent l’ensemble de la démarche. À ce sujet, Grusznski et Carrillo ont tout d’abord constaté que les hommes ayant complété l’ensemble de la démarche font preuve de moins de violence indirecte, tout de suite après la fin de la thérapie. Ils sont par ailleurs davantage scolarisés et plus nombreux à travailler à temps plein. D’autre part, ces hommes ont été plus souvent témoins d’abus dans leur enfance, mais moins souvent violentés eux-mêmes que l’autre groupe. Les chercheurs ont aussi observé que ces hommes obtiennent un score plus élevé à la mesure du « contrôle », tel qu’observé à l’aide du Fundamental Interpersonal Relations Orientation-Behavior Scale (Schultz cité dans Grusznski et Carillo). Enfin, les hommes qui complètent le programme sont aussi ceux qui ont plus d’enfants. Pour Gruzsnski et Carillo, ce dernier résultat laisse croire qu’il y a peut-être un lien entre le fait de compléter le traitement et la durée de la relation avec la conjointe. Les travaux d’Hamberger et Hastings font ressortir que les décrocheurs ont des dossiers criminels davantage chargés. Par contre, les hommes sous ordonnance du tribunal sont moins portés à abandonner. L’analyse discriminante des différentes variables à l’étude fait ressortir que le statut de volontaire, la race, l’emploi, le fait de posséder un dossier criminel avant d’intégrer le programme et le résultat obtenu à l’échelle de consommation d’alcool, sont les indicateurs les plus déterminants dans la prédiction de la poursuite ou de l’abandon du programme. Cette combinaison de facteurs permet de prédire correctement l’abandon ou la poursuite du programme dans 74% des cas.

Saunders et Parker ont eux aussi cherché à mieux comprendre les facteurs associés à la poursuite ou non d’un programme de traitement. Les résultats démontrent que pour les hommes faisant preuve de violence sévère à l’endroit de la conjointe, le fait d’ëtre sous ordonnance de la Cour est associé à la poursuite du programme chez les hommes jeunes et n’ayant pas fréquenté le collège. À l’opposé, la poursuite du programme chez les hommes âgés de plus de 25 ans était associée au fait de posséder au moins une scolarité de niveau collégial et de s’être présentés volontairement au programme. Finalement, la participation volontaire au programme de traitement est la variable la plus fortement associée à la poursuite du programme chez les hommes n’ayant pas rapporté user de violence sévère. Dans une seconde étude, ces mêmes auteurs (Saunders & Parker) ont tenté d’expliquer l’abandon du programme en examinant différentes caractéristiques psychologiques et attitudes de l’homme violent. L’analyse de régression multiple comprenant ces variables a fait ressortir que le manque d’accord dans le couple est le facteur de prédiction le plus important de la poursuite du programme. Pour ces chercheurs, ce dernier résultat, quoique surprenant, laisse supposer que ces hommes sont davantage conscients du travail qu’ils doivent faire pour régler leurs problèmes et, ainsi, sont plus enclins à demeurer dans le programme. De plus, lorsque l’on a ajouté à ces variables psychologiques les données socio-démographiques, le fait d’avoir un emploi est demeuré un facteur important dans l’explication de la poursuite du programme. Finalement, il faut noter que le taux le plus bas de poursuite du programme se retrouve chez les hommes en probation. Pour les auteurs, ceci s’explique statistiquement par les facteurs démographiques, notamment le fait d’ëtre sans emploi, ce qui corrobore les résultats obtenus précédemment par Carrillo.


* à suivre *

vendredi 19 novembre 2010

INTERVENTION POUR CONJOINTS - 4e partie

FACTEURS ASSOCIÉS À LA RÉCIDIVE

Les programmes de traitement ne semblant pas avoir les mêmes effets chez tous les individus, plusieurs chercheurs ont tenté de déterminer quels pouvaient être les facteurs associés à la récidive ou à la réussite de ces interventions. À ce sujet, Demaris et Jackson ont noté que les taux de récidive sont plus élevés lorsque les hommes vivent en couple (42% contre 18%), alors que les hommes ayant une nouvelles conjointe ont moins récidivé que ceux étant toujours avec la même conjointe (25% contre 42%). Le fait d’avoir été référé par la Cour ou d’être venu volontairement n’a pas eu d’impact sur le taux de récidive. Par ailleurs, on n’a observé que peu de différences dans le taux de récidive des hommes ayant suivi quatre rencontres et moins (36%) ou plus de quatre rencontres (32%).

Dans cet échantillon, la consommation d’alcool a été associée à de la récidive, ce qui n’a pas été le cas pour l’usage de drogues. On a aussi observé un lien très important entre la récidive et le fait d’avoir été témoin de violence durant son enfance. Les hommes ayant été témoins de cette violence ont un taux de récidive deux fois supérieur à ceux qui ne l’ont pas été(50% contre 20%), ce qui entre en contradiction avec les résultats obtenus précédemment par Shepard. Cependant, et tout comme dans cette dernière étude, le fait d’avoir été abusé durant l’enfance n’influence pas la récidive.

Poynter, de son côté, a examiné les attitudes et l’environnement social d’hommes participant à un groupe de traitement pour conjoints violents. Elle a constaté que les hommes violents appartenaient à des familles rigides dans l’établissement des règles, non soutenantes, portées à exprimer de la colère et l’agressivité et à être structurées de manière rigide. Le groupe semble cependant avoir amélioré cette situation, notamment au plan de l’expression, des sentiments dans la famille. Finalement, on a observé une légère modification dans l’attitude des hommes à l’endroit des rôles sexuels. Cependant, on n’a pas encore fait la démonstration que ce type d’attitude permet de distinguer les hommes violents des non-violents.

* à suivre *

jeudi 18 novembre 2010

INTERVENTION POUR CONJOINTS - 3e partie

TAUX DE SUCCÈS ET DE RÉCIDIVE OBSERVÉS

Une première série d’études a examiné les effets des programmes de traitement sur l’arrêt des comportements de violence. Il ressort par exemple des travaux de Stacey et Shupe qu’un tel programme a pour effet de faire diminuer de manière significative la violence et ce, tel qu’enregistré tout de suite après la fin de la thérapie. En effet, dans cette étude, 16% des hommes et 25% des femmes ont déclaré que la violence persistait au-delà du programme. Waldo, de son côté, a observé que le nombre d’abus physiques passait de 5,1 abus commis dans les 3 mois précédant le programme à 0,3 abus durant le 4e, 5e, 6e mois suivant la thérapie. Le taux de récidive observé par DeMaris et Jackson qui ont utilisé la Conflict Tactics Scale (Straus) en moyenne 20 mois après la fin d’un programme de traitement, a été de 35%. Ce pourcentage de récidive, plus élevé que les pourcentages présentés jusqu’à maintenant, s’explique par le fait qu’il s’agit d’une mesure faite à long terme et que l’on a utilisé la CTS, ce qui permet de tenir compte de la violence verbale et de certains indicateurs de violence psychologique.

Par ailleurs, lorsque l’on élargit la notion de violence à des concepts tels que les menaces ou la violence psychologique, on enregistre des taux de succès un peu plus faibles. Par exemple Edleson et Grusznski ont constaté que 9 mois après la fin d’un programme de traitement, 24% des hommes ne sont ni violents, ni menaçants. Par contre, 43% des participants sont menaçants et 32% ont été violents au moins une fois. Notons enfin que de ces 32%, 19% ont utilisé de la violence directe et de 14% de la violence sévère. Oynter, pour sa part, a observé une diminution significative de la violence, quelle soit physique ou non, telle que rapportée par les hommes ou par leur partenaire tout de suite après un programme de traitement. Par ailleurs, elle n’a noté aucun changement significatif dans la dimension du contrôle de l’homme sur sa conjointe. En effet, les femmes ont signalé des taux de contrôle très élevés, que ce soit avant ou après le programme.

De tels résultats ont aussi été observés, cette fois dans des études menées au Québec. En effet, Farley et Magill ont noté, 3 mois après la fin du traitement, qu’aucun sujet n’avait été violent physiquement envers sa conjointe, mais que 58% des hommes avaient signalé de l’abus verbal. Simpson et al. Ont évalué qu’au moment de l’entrée dans le programme, 82% des hommes ont indiqué avoir fait usage de violence physique, contre 15% au moment du suivi (6 mois après la fin du traitement). Ces pourcentages passent respectivement de 83% à 53% pour ce qui est de la violence verbale et psychologique, de 77% à 23% pour la violence envers les objets et, enfin, de 21% à 0% pour la violence sexuelle.

Ainsi, il ressort de ces premières études que les groupes de traitement ont un impact positif sur l’arrêt des comportements violents, même s’ils ne les éliminent pas complètement. On constate d’autre part que ces groupes ne réussissent pas à enrayer toutes les formes de violence et qu’ils ont des effets qui semblent varier selon les individus. Ces constats ont donc donné lieu à une série de recherches qui ont tenté de faire ressortir différents facteurs associés à la réussite ou à l’échec des dits programmes.

* à suivre *

mercredi 17 novembre 2010

INTERVENTION POUR CONJOINTS - 2e partie

L’ÉVALUATION DE L’EFFICACITÉ DES PROGRAMMES D’INTERVENTION POUR CONJOINTS VIOLENTS

Nous avons à ce jour recensé plus d’une trentaine d’études portant, de près ou de loin, sur les groupes de traitement pour conjoints violents. Plusieurs de ces études sont de nature évaluative et ont cherché à mesurer l’efficacité de ces groupes en termes de non-récidive du comportement violent (Werk; Eisikovitz & Edleson). D’autres études, tout en s’intéressant parfois à la cessation du comportement violent, ont aussi examiné l’impact de ces groupes sur le changement de différents comportements et attitudes. Certaines de ces études sont descriptives (mesure après seulement), alors que d’autres sont évaluatives utilisant des devis de type quasi-expérimental (Avec groupe de contrôle équivalent) ou non expérimental (sans groupe de contrôle). Il faut cependant noter que la diversité des définitions de la violence et des instruments de mesure utilisés dans ces études rend toute généralisation des taux de succès obtenus impossible.


* à suivre *

mardi 16 novembre 2010

INTERVENTION POUR CONJOINTS - 1e partie

Au Canada, une enquête menée il y a quelques années par les professeurs F. Ouellet, M-C Saint-Jacques et Jocelyne Lindsay, a fait ressortir que 18% des hommes âgés de plus de 18 ans, mariés ou conjoints de fait, ont déclaré avoir commis au moins un acte de violence physique à l’endroit de leur conjointe, durant l’année précédant l’enquête. De plus, lorsque l’on a interrogé les hommes séparés ou divorcés par rapport à leur dernière année de vie commune, 30% d’entre eux ont signalé avoir usé, au moins une fois, de violence physique face à leur partenaire. Il est par ailleurs inquiétant de constater que « plus de la moitié des répondants de sexe masculin qui ont déclaré avoir malmené leur partenaire avaient 291 as ou moins. »

Qu’en est-il aujourd’hui? Il est difficile d’évaluer si la violence conjugale prend de l’ampleur. Chose certaine cependant, elle est de moins en moins tolérée et différentes approches ont été développées afin d’en diminuer l’occurrence. Parmi les nouvelles formes d’intervention, on retrouve le traitement des conjoints violents. Les recherches menées à ce jour font ressortir trois éléments justifiant le traitement de l’agresseur. Tout d’abord, il faut considérer qu’une majorité de femmes violentées retournent ou continuent de vivre avec leur conjoint (Browning; Saunders; Gondolf; Farley & Magill; Nations Unies). D’autre part, la violence survit au-delà de la séparation. Ainsi, «84% des femmes qui n’ont jamais repris la vie commune après avoir quitté la maison d’hébergement signalent au moins un incident violent avec leur ex-conjoint » (Giles-Sims cité dans MacLeod). Finalement, il semble que la violence, loin de cesser avec la fin d’une union, se déplace d’une conjointe à une autre (Browning; Farley; Magill; Rondeau). Si l’intervention à privilégier auprès de ces hommes soulève plusieurs débats, l’idée de leur offrir un traitement, qu’il y ait ou non action légale, est de plus en plus admise. Ces constats ont donc favorisé au Québec l’émergence de plusieurs programmes de traitement pour conjoints violents. À ce sujet, l’étude de Rondeau a permis de dénombrer l’existence de 16 organismes québécois, dont 15 offrent un programme d’aide aux conjoints violents. On sait cependant peu de choses de l’efficacité de ces programmes.

Le présent article s’inscrit dans le cadre plus large d’un projet de recherche portant sur l’évaluation de l’efficacité de deux groupes de traitement pour conjoints violents. Il s’agit des groupes G.A.P.I. et S.A.H.A.R.A.S. Au moment où se développait cette étude, nous avons eu à examiner les résultats obtenus par d’autres chercheurs. Ainsi, le premier objectif de cet article est de rendre compte des principaux thèmes que nous avons rencontrés dans les écrits portant sur l’évaluation des groupes de traitement pour conjoints violents. Le second objectif vise à faire état du contexte particulier dans lequel s’exerce l’évaluation de l’efficacité de ce type de programme. Ce contexte de recherche est fortement modelé par la nature du problème à l’étude, notamment à cause de son caractère de dangerosité et d’illégalité.

* à suivre *

lundi 15 novembre 2010

ENFANTS ET LE DIVORCE - 6e partie

Conclusion

Donner une place à l’enfant ne signifie pas bien sûr « parentiser » celui-ci en l’impliquant trop dans les décisions. En aucun cas l’enfant ne doit porter seul le poids des choix relatifs à la garde et à l’accès ou toute autre décision le concernant.

Il s’agit plutôt de donner à l’enfant une place pour exprimer ses besoins, ses inquiétudes, ses doutes, ses peurs, ses récriminations, de l’aider à communiquer à ses parents ce qu’il pense et ressent (par exemple : arrêter la chicane, raccourcir les visites, voir son père ou sa mère sans la présence de l’autre conjoint). Il s’agit de donner à l’enfant le soutien dont il a besoin pour s’adapter à sa nouvelle situation. Il s’agit aussi de pouvoir signaler aux parents les signes de détresse des enfants afin qu’ils puissent trouver dans un autre service l’aide dont ils ont besoin.

L’implication de l’enfant dans le processus de médiation peut amener une dépolarisation du problème. Le conflit dyadique fortement chargé d’hostilité devient alors un problème où plusieurs perspectives entrent en ligne de compte, chacune pouvant être objectivée pour être située par rapport aux autres.

Les parents qui divorcent sont préoccupés et ont besoin de discuter des besoins des enfants et de leur propre attitude à leur égard. C’est au médiateur à se positionner dans le sens d’une intervention systémique préventive à l’égard des besoins des enfants et de leurs parents.

Évidemment, si l’on veut introduire l’enfant comme participant à la médiation, on devra lutter contre la résistance des adultes qui veulent à tout prix protéger l’enfant des conflits parentaux. Nous devrons considérer l’enfant comme une ressource dynamique au sein du système familial plutôt que comme une victime du système parental.

Une telle conception nous amènera sûrement à développer de nouvelles stratégies d’intervention systémique en médiation.

vendredi 12 novembre 2010

ENFANTS ET LE DIVORCE - 5e partie

Présence de l’enfant en médiation

Comme nous l’avons vu précédemment, les enfants ont des besoins particuliers dont il faut tenir compte dans le processus de médiation. Le médiateur a comme tâche de veiller aux intérêts des enfants et il doit être en mesure de définir ces intérêts et d’intervenir ensuite pour s’assurer qu’ils sont reconnus et respectés des parents. Il peut intervenir avec les parents seuls ou impliquer l’enfant à un moment ou l’autre dans le processus de médiation. C’est cette dernière alternative que nous privilégions.

a) Présence symbolique
Dans la pratique, les médiateurs ont tendance à travailler avec le couple seul. Il est évident que l’enfant est alors au centre des préoccupations et des négociations du couple en ce qui concerne la garde, l’accès et la responsabilité financière. Le médiateur mise alors sur l’autonomie et les capacités parentales d’aider leur enfant. Il aborde alors avec eux l’aspect des besoins et des réactions de l’enfant. Il peut utiliser la carte familiale pour sensibiliser les parents à la nécessité de maintenir les liens de l’enfant avec ses deux lignées parentales. Il peut aussi utiliser du matériel audio-visuel pour aborder un aspect spécifique des besoins des enfants et favoriser le déblocage des impasses.

b) Présence réelle
Impliquer l’enfant en médiation ne signifie pas lui laisser tout le poids de la décision. C’est plutôt, au même titre que pour tous les participants de la famille, lui permettre d’exprimer ses besoins, de générer des alternatives et d’en arriver à une décision commune.

Évidemment, les modalités de ce choix tiennent compte de l’intensité du conflit entre les parents et de l’âge des enfants, les enfants d’âge préscolaire n’étant habituellement jamais vu en médiation.

Certains médiateurs impliquent les enfants dès la première ou la deuxième entrevue ou encore lors de la remise du projet d’entente. L’enfant peut être rencontré seul ou avec sa famille.

c) La rencontre de l’enfant seul
La rencontre de l’enfant seul nous apparaît importante dans les cas très litigieux où il y a violence familiale et des conflits très polarisés entre les parents. Toutefois, ce choix est délicat car le risque de triangulation est grand. Le médiateur doit savoir exactement pourquoi il veut voir l’enfant et comment il traitera l’information reçue. Cette approche vise davantage à aider l’enfant à se décoincer émotivement en parlant avec ses parents avec l’aide du médiateur.

d) La rencontre familiale
L’objectif de cette approche n’est pas d’aider à modifier, au sens thérapeutique du terme, une structure de communication dysfonctionnelle dans le système familial.

La rencontre familiale peut permettre de corriger des perceptions et de favoriser l’expression de réflexions ou de questions du genre : « Tu veux que j’aille chez papa, tu ne seras pas fâchée »? ou encore : « Pourquoi as-tu consulté un avocat si tu veux régler à l’amiable? »

La rencontre peut également permettre de discuter ou de modifier au besoin certaines décisions parentales. Elle peut aussi permettre aux parents qui ne l’ont pas fait d’expliquer ensemble le pourquoi de leur séparation et de rassurer les enfants sur la solidité de leur attachement à leur égard. De plus, les parents peuvent également rassurer les enfants sur leurs projets d’avenir.

Cette rencontre donne place aux questions et inquiétudes des enfants et confirme leur droit à l’expression de la tristesse et de la colère. Elle peut, dans certains cas, diminuer le fantasme de réconciliation qui habituellement habite l’enfant de nombreuses années après la séparation de ses parents.

Finalement, cette rencontre donne l’heure juste sur le portrait de la famille. Qu’il y ait un grand fossé entre eux ou non, la rencontre familiale amorce une réponse à cette question primordiale : « Comment chacun peut-il se retrouver le plus satisfait possible dans ce nouveau fonctionnement familial? » Il vaut mieux constater le fossé existant que d’élaborer, par exemple, des ententes de visites qui n’en tiendraient pas compte et qui aboutiraient à un échec.

La remise du projet d’entente est une occasion de souligner en famille le nouveau départ et d’expliquer aux enfants les ententes qui les impliquent. Des plus, le cas échéant, l’enfant doit savoir que toutes ces ententes peuvent être renégociées plus tard selon les besoins de l’un ou l’autre des membres de la famille.


* à suivre *

jeudi 11 novembre 2010

ENFANTS ET LE DIVORCE - 4e partie

Neuf (9) stratégies utilisées par l’enfant ont été répertoriées :

1 - Stratégie de réconciliation
Peut s’exprimer par le développement de comportements symptomatiques ou par des comportements de régression. L’enfant recherche ainsi à maintenir ses parents ensemble dans une interaction le concernant.

2 - Stratégie pour réduire la détresse de la séparation
L’enfant peut avoir de fortes réactions émotives lors des visites de ses parents car il réexpérimente à chaque fois l’anxiété de la séparation. Le parent peut très bien interpréter cela comme un refus de voir l’autre parent alors que c’est l’expression d’une détresse psychologique.

3 – Stratégie pour déclencher les tensions. Souvent la tension entre des parents séparés hostiles est ressentie par l’enfant comme un volcan en attente d’éruption. L’enfant, inconsciemment ou non, s’offre alors lui-même temporairement comme bouc émissaire afin d’absorber l’hostilité existant entre ses deux parents.

4 – Stratégie pour vérifier l’amour
Wallerstein et Kelly ont démontré combien les parents sont peu présents pendant la première année qui suit le divorce. L’enfant a peur de perdre ses parents et il sera porté à tester l’amour qu’ils éprouvent pour lui.

5 – Stratégie pour vérifier la loyauté
L’enfant peut se sentir terriblement tiraillé entre ses deux parents et penser qu’il ne peut les aimer tous les deux étant donné qu’ils ne s’aiment pas mutuellement. L’enfant sacrifiera alors un parent au profit de l’autre. Il développera un lien dysfonctionnel très proche avec un parent et un lien dysfonctionnel distant avec l’autre parent. L’émotion sous-tendue est la peur de perdre les deux parents.

6 – Stratégie de recherche d’équilibre et de justice absolue
Les enfants de presque tous les âges vont essayer de rendre les choses égales entre les deux parents. Ils pensent devoir garder la paix entre les deux parents et partager également des concessions entre les deux. Ils cherchent ainsi à éviter le conflit.

7 – Stratégie pour protéger l’estime de soi des enfants
Les enfants sont souvent des cibles faciles pour exprimer la rancœur des parents. L’enfant trouvera une façon de prendre une distance vis-à-vis el parent qui lui cause ce malaise. Par exemple : espacer les visites au père pour éviter les critiques de ce dernier; développer une maladie psychosomatique pour éviter la visite.

8 – Stratégie pour protéger l’estime de soi des parents
Les enfants sont souvent conscients de la fragilité de l’estime de soi des parents, surtout après la séparation. Les enfants plus sensibles aux sentiments de leurs parents feront des efforts pour les soutenir (par exemple : un enfant peut dire à chacun de ses parents qu’il veut vivre ave chacun d’eux). Au fond, l’enfant a peur de vivre un abandon émotif et veut les renforcer pour qu’ils prennent soin de lui.

9 – Stratégie pour encourager un style de vie permissif
Un médiateur peut rencontrer des adolescents et des enfants plus âgés qui manipulent le divorce à leur avantage immédiat. Ces enfants semblent manifester peu de détresse émotionnelle. Ceci peut exprimer un manque de lien particulier avec un parent ou un degré exceptionnel de manipulation ou qu’ils savent se retirer du piège du conflit parental. Par exemple : l’enfant qui choisit de vivre avec le conjoint dont la vie est plus confortable. (Saposnek).

Finalement, Saposnek est clair sur ce sujet : les enfants participent activement au divorce des parents. Ils peuvent, sans le vouloir, contribuer activement au conflit par des comportements qui sèment la confusion et provoquent les parents de façon non intentionnelle. Pourtant ce qu’ils expriment par-dessus tout, c’est leur besoin de garder l’amour des deux enfants.

Face à ces stratégies, le médiateur qui analyse et intervient de manière systémique a un rôle très important à jouer auprès des familles.

« Le médiateur est dans une position pour utiliser cette information afin de
réduire l’aigreur entre les parents. En offrant une explication détaillée de la
nature générale des stratégies des enfants et en discutant celle utilisée
particulièrement par leur enfant, le médiateur peut aider les parents à démêler
la séquence des événements qui conduisent à la dispute sur la garde ou la
visite. » (Saposnek, traduction libre).



* à suivre *

mercredi 10 novembre 2010

ENFANTS ET LE DIVORCE - 3e partie

L’expression des besoins de l’enfant – stratégies utilisées

Les enfants ont souvent des façons très confuses, détournées et limitées d’exprimer leurs besoins, compte tenu de leur âge et de la qualité de communication de la famille. Ceci rend difficile pour les parents de comprendre et de satisfaire ces besoins. Par exemple, un enfant me dit qu’il travaille plus fort à l’école et il ajoute : « Mon cadeau, c’est que papa revienne à la maison ». Face aux bons résultats scolaires, les parents peuvent déduire à tort que leur enfant n’est pas affecté par leur divorce.

Dans une perspective systémique, tous les membres de la famille sont vus comme des collaborateurs du processus interactif. Le comportement de l’enfant a pour fonction d’exprimer ses propres besoins mais vise aussi à communiquer la détresse de la famille, à élever le conflit pour provoquer sa résolution.

Dans les familles intactes, il y a certaines occasions où l’enfant provoque volontairement un conflit avec l’un de ses parents. À d’autres moments, il est la victime innocente des disputes de ses parents. Toutefois, il y a une troisième situation plus commune, en accord avec la théorie des systèmes familiaux, où l’enfant participe au conflit entre ses parents. Saposnek le nomme : « un collaborateur innocent mais fonctionnel ». Par exemple, l’enfant dit à chacun de ses parents qu’il veut demeurer avec lui. Chacun croira que l’autre lui monte la tête alors que l’enfant exprime sa peur de les perdre. Il est en plein conflit de loyauté.

« De ce point de vue, il appert que l’enfant, en essayant de combler ses besoins, initie et participe dans une séquence comportementale qui résulte dans un conflit parental déclaré. » (Saposnek, traduction libre).

Ces stratégies sont pour l’enfant des tentatives d’adaptation et il les choisira en fonction de ses besoins émotifs, de ses habiletés sociales, de son tempérament, de son niveau de conscience et aussi de ce qui risque de toucher émotivement ses parents. Les stratégies sont fonctionnelles mais non rationnelles. Plus jeune est l’enfant et plus ambiguës sont les significations de ses comportements, plus le champ des interprétations est ouvert et vulnérable au climat de méfiance des parents.


* à suivre *

mardi 9 novembre 2010

ENFANTS ET LE DIVORCE - 2e partie

Besoin des enfants

Notre réflexion sur ce thème provient de notre pratique ne thérapie familiale et de notre expérience en médiation. Les écrits de Françoise Dolto nous ont également inspiré, entre autres Quand les parents se séparent, paru en 1988.

Dolto parle de la nécessité de maintenir trois continuums dans la vie du jeune enfant (0 – 8 ans) lors du divorce de ses parents :
- Le continuum du corps, ce qui correspond à son être intime. La maison fait partie de ce continuum dans le sens où le corps de l’enfant s’identifie à la maison dans laquelle il vit. Son corps s’est construit dans un certain espace avec ses parents qui étaient là. Si l’espace change, l’enfant ne s’y retrouve plus dans ses repaires spatiaux et temporels.

- Le continuum de l’affectivité, c’est-à-dire pouvoir maintenir des liens avec ses deux parents. Ce n’est pas l’enfant qui divorce mais bien les parents. Il a besoin de sentir qu’il a le droit d’aimer et d’être aimé de ses deux parents. Les parents peuvent dire à l’enfant qu’ils ne regrettent pas leur mariage à cause de sa naissance et surtout qu’ils continueront à l’aimer, entièrement, même dans sa partie qu’il a hérité de l’autre conjoint.

L’enfant a aussi besoin d’avoir accès à ses deux lignées parentales même lorsqu’un des parents a disparu. L’enfant a besoin de plusieurs modèles d’identification féminine et masculine présentés par ses parents, grands-parents, oncles et tantes. L’enfant est issu de ses deux lignées et il a besoin de ses racines pour continuer à grandir.

- Le continuum de la vie sociale, ce qui correspond à son être social – les amis, l’école, le quartier. Plus l’enfant a investi son être social, plus le parent devra être attentif à l’impact sur l’enfant d’une trop grande demande d’adaptation sociale, surtout dans une période de crise où le jeune a justement besoin du soutien de ses amis. (Dolto).

D’autres besoins peuvent aussi être invoqués : celui d’informer les enfants des projets de séparation de leurs parents, y compris les tout-petits. Il est aussi nécessaire que cette annonce se fasse dans une situation triangulée, c’est-à-dire conjointement par le père et par la mère. L’enfant a besoin pour se déculpabiliser d’entendre les raisons de la séparation de ses parents. Il n’a pas besoin de réentendre les blâmes mutuels. Ce qui est motif de divorce, c’est que chacun veut retrouver sa liberté, soit sa liberté sexuelle, soit sa liberté d’action, soit sa liberté pécuniaire, parce qu’il n’y a plus d’amour, qu’il n’y a plus de désir de rester ensemble.

Françoise Dolto insiste par-dessus tout pour que l’enfant soit entendu, ce qui n’implique nullement qu’on fasse ensuite tout ce qu’il demande. Il est nécessaire pour que l’enfant humanise son vécu qu’il passe par l’expression verbale de ses sentiments.

« Il faut soutenir chez un jeune la liberté de penser et de s’exprimer sur
la situation qui lui est faite. Comme il aura pu en parler, il sera reconnu
comme quelqu’un qui a le droit de penser et il ne sera plus dans le désespoir de
la solitude. »


* à suivre *

lundi 8 novembre 2010

ENFANTS ET LE DIVORCE - 1e partie

Le divorce n’est pas obligatoirement traumatisant pour l’enfant. Il peut souffrir, avoir de la peine, vivre de la colère, avoir peur, ce sont des sentiments humains. Dans la mesure où il peut s’exprimer sur ses propres sentiments et ses besoins, où il voit que ses parents règlent leurs différends avec une attitude de collaboration et maintiennent tous deux des liens aimants envers leur enfant, ce dernier pourra vivre le divorce de ses parents comme une expérience de maturation sociale et personnelle et poursuivre son développement normal.

La médiation nous apparaît comme un lieu privilégié pour aider les familles à vivre cette étape dans l’esprit d’une expérience de maturation.

Ce texte apporte une réflexion sur certains éléments présents dans le processus de divorce : la difficulté d’assumer le rôle de parents lors d’un divorce, les besoins des enfants et les stratégies qu’ils utilisent pour exprimer leurs besoins et leur détresse. Finalement, nous aborderons la place nécessaire qu’on doit faire aux enfants dans le processus de médiation afin de les aider à verbaliser et humaniser en eux cette expérience cruciale du divorce de leurs parents.

La difficulté d’assumer le rôle de parents au moment du divorce

Plusieurs auteurs, tels Wallerstein et Kelly, Saposnek et Dolto, s’accordent à dire que les parents, en période de conflit et de divorce, voient diminuer temporairement leur capacité parentale de veiller au meilleur intérêt de leurs enfants.

En effet, le conflit conjugal et la crise menant à l’éclatement du couple submergent les parents d’émotions puissantes. Chacun se retrouve souvent en position de survie affective où les besoins de l’enfant en peuvent trouver une écoute satisfaisante.

Selon Saposnek, le stress du divorce rétrécit la perception parentale des besoins de leurs enfants. L’intensité de la colère et de la peine peut limiter leurs capacités de séparer leurs propres besoins de ceux des enfants. Par exemple : un père qui s’oppose à la demande de divorce de sa femme et qui n’avait pas revu sa fille depuis un mois nous dit : « Je ne suis pas ne train de me rapprocher de ma fille mais plutôt d’essayer de me séparer de ma femme ».

En médiation, les parents ont besoin d’être sensibilisés et confrontés lorsque des situations de négligence affective des enfants sont évidentes. Songeons à la situation où l’enfant est triangulé dans le conflit parental, porte-parole des messages et des règlements de comptes de ses parents (pension non payée, droit de visite non respecté). Les parents ne saisissent souvent pas toute l’importance du conflit de loyauté dans lequel un enfant se retrouve lors du divorce de ses parents. Ils ignorent totalement ce conflit lorsqu’ils demandent à l’enfant de choisir entre papa et maman.

Les enfants ressentent la détresse des parents et vivent souvent leur propre détresse dans l’isolement. Les expériences de groupes par des intervenants sociaux auprès d’enfants de parents divorcés témoignent de ce silence qui leur est imposé. Comme ils n’ont pas de lieu où parler de ce qu’ils vivent, ils s’expriment en « acting out », en régression ou en maladie psychosomatique, en troubles de comportement de toutes sortes.

La culpabilité des parents qui divorcent est grande à l’égard de l’enfant et ce sentiment peut limiter la capacité du parent à entendre la souffrance de l’enfant.

À notre sens, le médiateur joue un rôle important pour favoriser un dialogue entre parents et enfants et suggérer à la famille une aide thérapeutique complémentaire si nécessaire. Dans notre expérience en médiation, les parents ont exprimé un grand besoin d’être aidés à comprendre le vécu et les besoins de leurs enfants au moment de la séparation et du divorce.

* à suivre *

vendredi 5 novembre 2010

CONFLITS ET MÉDIATION - 12e partie

Conclusion

Le conflit interpersonnel existe toujours en médiation puisque deux parties poursuivent des objectifs opposés. La question est de savoir ce que l’on fait avec le conflit. Comment le gère-t-on? Comment l’utilise-t-on? Les conflits font partie de la vie et sont des occasions de façonner de nouveaux rapports entre les individus et d’inventer de nouveaux moyens de gérer les problèmes quotidiens. Le défi est de savoir comment les utiliser d’une façon productive. Les individus trouvent des nouvelles avenues lorsque l’on cesse de voir le conflit comme une bataille à gagner mais plutôt comme un problème à régler. Une conception positive des conflits et l’utilisation de la médiation pour les gérer sont les éléments de la médiation pour les gérer sont les éléments-clés d’une intervention qui vise à promouvoir le bien-être individuel et social.

De plus en plus, la médiation s’impose dans le champ des relations humaines. Des expériences de médiation ont été tentées avec succès dans les écoles pour minimiser l’impact négatif des conflits interpersonnels et permettre des relations harmonieuses entre les différents groupes. Les conflits entre les parents et les enfants peuvent également bénéficier des mécanismes de collaboration suggérés par la médiation. Elle favorise l’utilisation formelle ou informelle d’une tierce personne pour gérer efficacement les différends interpersonnels. Elle présuppose des habiletés de communication, un contrôle du processus et une transformation des éléments du conflit. Le recours à une tierce personne pour gérer les litiges n’est pas la seule solution possible. Cependant, lorsque les ponts sont brisés et que la communication interpersonnelle est inefficace, la médiation offre des possibilités d’une gestion constructive des conflits.

jeudi 4 novembre 2010

CONFLITS ET MÉDIATION - 11e partie

Le médiateur doit aussi diriger activement l’entrevue. Il assume le contrôle de la structure et du processus; il crée l’atmosphère, donne le rythme, facilite les échanges interpersonnels, interrompt un discours inapproprié et permet aux individus de se sentir à l’aise pour exprimer leurs points de vue. Son questionnement direct et précis fera surgir les informations manquantes et contribuera à générer les informations et les clarifications essentielles à la compréhension de la situation.

Une autre technique importante à la portée du médiateur est le recadrage. Elle consiste à changer la signification ou la charge émotive d’une interaction. Cette technique consiste à rediriger l’action dans un contexte « normalisé » et positif et à resituer une interaction dans un contexte où le changement devient possible. Changer le blâme en requête est une technique très efficace. Cette reformulation permet de s’éloigner d’un comportement répétitif basé sur la désapprobation et d’identifier les changements susceptibles de faire disparaître les causes du conflit.

Donald Saposnek a développé une technique qu’on peut appeler le désamorçage. Elle consiste à verbaliser les comportements destructifs et les nommer de façon à les décourager. En d’autres termes, il s’agit d’identifier un comportement indésirable en prédisant son avènement et en suggérant des façons plus efficaces de gérer la difficulté.

L’utilisation des métaphores est une autre technique à la disposition du médiateur. Elle lui permet de persuader indirectement par une anecdote ou un récit dramatisé. En faisant allusion d’une façon subtile aux changements possibles ou réalisés ou en décrivant une choses en utilisant des termes qui s’appliquent à une autre, le médiateur permet de sensibiliser les individus à une réalité différente et à un comportement plus constructif.

Prescrire des tâches et donner des informations précises ont pour but d’identifier les « devoirs à faire » et de clarifier ainsi les possibilités d’action. Le médiateur fournira les renseignements ignorés par le client et lui facilitera l’utilisation d’une ressource méconnue.

Enfin, le médiateur saura utiliser à bon escient les techniques de confrontation. Elles consistent à amener les individus à faire face au décalage entre ce qui est dit et ce qui est fait; c’est une invitation à examiner sa propre conduite et la modifier selon la situation.

Cette liste des techniques n’est pas exhaustive mais elle représente des outils efficaces pour gérer les conflits interpersonnels. Ces habiletés doivent demeurer congruentes avec les principes de base de la médiation qui sont de redonner le pouvoir aux personnes et leur permettre de prendre elles-mêmes les décisions qui les concernent. Elles doivent permettre d’utiliser les compétences individuelles au maximum.


* à suivre *

mercredi 3 novembre 2010

CONFLITS ET MÉDIATION - 10e partie

Les techniques de la programmation neurolinguistique suggèrent des outils de communication efficaces. Elles permettent aux individus de comprendre le système de représentation de l’autre. Ces techniques mettent l’accent sur le déroulement de la communication et non sur le contenu. Elles permettent de développer une acuité sensorielle, une flexibilité de comportement et une congruence. Elles visent à aider les individus à utiliser à fond leurs compétences personnelles plutôt que de se limiter à des comportements répétitifs qui restreignent leur liberté d’expression. Soulager l’individu des obstacles à une vision objective de la difficulté à surmonter, le mettre en contact avec ses désirs les plus profonds et lui permettre d’être à l’écoute de lui-même et des autres sont les objectifs de ces techniques.

Le médiateur utilisera également d’autres techniques d’entrevue qui sont susceptibles de faire progresser la négociation des conflits interpersonnels. Les techniques énumérées ici pourraient être utiles.

La première est l’écoute active. Le médiateur saura non seulement démontrer une compréhension empathique de l’expérience des participants mais il fera ressortir la démarche concrète qui s’impose; il utilisera les techniques de reflet, de paraphrases, du maintien du contact, etc. Ici la connotation positive, l’acceptation et le respect de la personne humaine sont des éléments essentiels. L’observation des comportements permettra une compréhension du vécu émotif des personnes. Par l’utilisation appropriée des questions ouvertes et fermées, le médiateur pourra reconnaître les enjeux importants d’une situation.


* à suivre *

mardi 2 novembre 2010

CONFLITS ET MÉDIATION - 9e partie

Les techniques de communication

La communication est le véhicule de l’expression du conflit. La reconnaissance du conflit et l’expression de celui-ci sont les premiers pas vers sa gestion. On sait que les conflits non exprimés sont impossibles à gérer et résultent en des frustrations qui conduisent à la rupture de la relation interpersonnelle. En plus d’une capacité à évaluer les éléments d’un conflit, à identifier les intérêts en jeu et à susciter la motivation à une meilleure gestion des conflits, le médiateur se doit d’être un communicateur habile qui sait utiliser le processus et le contenu de l’échange pour favoriser une interaction constructive. Sans craindre le conflit, il doit naviguer dans des eaux troubles et utiliser toutes ses ressources pour permettre aux parties de dépasser le désir de vengeance et d’agressivité pour les centrer sur la tâche à accomplir. Les principes exprimés précédemment seront précieux. Le rôle du médiateur n’est pas de manipuler les individus ou de réduire le conflit mais bien d’en faciliter la gestion immédiate et d’établir des procédures pour la gestion de tels conflits dans le futur. La tâche du médiateur est de favoriser un climat où les parties seront dans une disposition d’esprit qui leur permettra de s’ouvrir aux possibilités qui s’offrent à eux. Les techniques de communication doivent être utilisées pour réduire les obstacles à une compréhension des enjeux et à une recherche des intérêts mutuels. Il existe plusieurs approches et techniques de communication qui peuvent susciter cette coopération. Le défi est de concilier les intérêts personnels et les intérêts communs. Le médiateur doit être en mesure d’influencer le processus pour faire avancer le débat et promouvoir une gestion des conflits qui tiendra compte des besoins, des valeurs et des intérêts de tous les acteurs concernés.


* à suivre *

lundi 1 novembre 2010

CONFLITS ET MÉDIATION - 8e partie

Le cheminement d’une négociation

Le graphique 2 illustre le mode d’établissement d’une position au moment d’un conflit ou d’une négociation. La personne émet une prise de position basée sur ses perceptions de ce qui est réalisable. Cette perception s’est développée à partir de l’hypothèse ou des hypothèses que l’on a identifiées comme susceptibles de répondre d’une manière satisfaisante à ses besoins, de tenir compte de ses valeurs ou d’être à la mesure de ses intérêts. En d’autres termes, on bâtit sa position en partant, par exemple, d’une valeur ou d’un besoin suivi par une hypothèse sur la façon de satisfaire ce besoin; cette hypothèse conduit à une perception qui à son tour se convertit en position. Comme les positions sont trop polarisées et impossibles à changer et que les besoins, les valeurs et les intérêts sont difficilement changeables, le négociateur ou le médiateur se concentrera sur les hypothèses émises et créera des doutes sur la valeur d’une seule hypothèse pour rencontrer les besoins identifiés. Il existe d’autres hypothèses qui peuvent également être envisagées et qui comporteront une capacité d’incorporer les besoins mutuels des parties. Le médiateur devient un générateur d’idées capable de présenter des options nouvelles de façon à agrandir la gamme des possibilités.


Le médiateur doit connaître les besoins, les intérêts et les valeurs qui se cachent derrière les positions rigides des individus et travailler à identifier les intérêts qui pourront faciliter le compromis et la collaboration. Le principal outil à la disposition du médiateur est la communication.