vendredi 12 novembre 2010

ENFANTS ET LE DIVORCE - 5e partie

Présence de l’enfant en médiation

Comme nous l’avons vu précédemment, les enfants ont des besoins particuliers dont il faut tenir compte dans le processus de médiation. Le médiateur a comme tâche de veiller aux intérêts des enfants et il doit être en mesure de définir ces intérêts et d’intervenir ensuite pour s’assurer qu’ils sont reconnus et respectés des parents. Il peut intervenir avec les parents seuls ou impliquer l’enfant à un moment ou l’autre dans le processus de médiation. C’est cette dernière alternative que nous privilégions.

a) Présence symbolique
Dans la pratique, les médiateurs ont tendance à travailler avec le couple seul. Il est évident que l’enfant est alors au centre des préoccupations et des négociations du couple en ce qui concerne la garde, l’accès et la responsabilité financière. Le médiateur mise alors sur l’autonomie et les capacités parentales d’aider leur enfant. Il aborde alors avec eux l’aspect des besoins et des réactions de l’enfant. Il peut utiliser la carte familiale pour sensibiliser les parents à la nécessité de maintenir les liens de l’enfant avec ses deux lignées parentales. Il peut aussi utiliser du matériel audio-visuel pour aborder un aspect spécifique des besoins des enfants et favoriser le déblocage des impasses.

b) Présence réelle
Impliquer l’enfant en médiation ne signifie pas lui laisser tout le poids de la décision. C’est plutôt, au même titre que pour tous les participants de la famille, lui permettre d’exprimer ses besoins, de générer des alternatives et d’en arriver à une décision commune.

Évidemment, les modalités de ce choix tiennent compte de l’intensité du conflit entre les parents et de l’âge des enfants, les enfants d’âge préscolaire n’étant habituellement jamais vu en médiation.

Certains médiateurs impliquent les enfants dès la première ou la deuxième entrevue ou encore lors de la remise du projet d’entente. L’enfant peut être rencontré seul ou avec sa famille.

c) La rencontre de l’enfant seul
La rencontre de l’enfant seul nous apparaît importante dans les cas très litigieux où il y a violence familiale et des conflits très polarisés entre les parents. Toutefois, ce choix est délicat car le risque de triangulation est grand. Le médiateur doit savoir exactement pourquoi il veut voir l’enfant et comment il traitera l’information reçue. Cette approche vise davantage à aider l’enfant à se décoincer émotivement en parlant avec ses parents avec l’aide du médiateur.

d) La rencontre familiale
L’objectif de cette approche n’est pas d’aider à modifier, au sens thérapeutique du terme, une structure de communication dysfonctionnelle dans le système familial.

La rencontre familiale peut permettre de corriger des perceptions et de favoriser l’expression de réflexions ou de questions du genre : « Tu veux que j’aille chez papa, tu ne seras pas fâchée »? ou encore : « Pourquoi as-tu consulté un avocat si tu veux régler à l’amiable? »

La rencontre peut également permettre de discuter ou de modifier au besoin certaines décisions parentales. Elle peut aussi permettre aux parents qui ne l’ont pas fait d’expliquer ensemble le pourquoi de leur séparation et de rassurer les enfants sur la solidité de leur attachement à leur égard. De plus, les parents peuvent également rassurer les enfants sur leurs projets d’avenir.

Cette rencontre donne place aux questions et inquiétudes des enfants et confirme leur droit à l’expression de la tristesse et de la colère. Elle peut, dans certains cas, diminuer le fantasme de réconciliation qui habituellement habite l’enfant de nombreuses années après la séparation de ses parents.

Finalement, cette rencontre donne l’heure juste sur le portrait de la famille. Qu’il y ait un grand fossé entre eux ou non, la rencontre familiale amorce une réponse à cette question primordiale : « Comment chacun peut-il se retrouver le plus satisfait possible dans ce nouveau fonctionnement familial? » Il vaut mieux constater le fossé existant que d’élaborer, par exemple, des ententes de visites qui n’en tiendraient pas compte et qui aboutiraient à un échec.

La remise du projet d’entente est une occasion de souligner en famille le nouveau départ et d’expliquer aux enfants les ententes qui les impliquent. Des plus, le cas échéant, l’enfant doit savoir que toutes ces ententes peuvent être renégociées plus tard selon les besoins de l’un ou l’autre des membres de la famille.


* à suivre *

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