jeudi 31 décembre 2009

LA PERSONNALITÉ - 47e partie

L’APPORT DE MASLOW

INTRODUCTION

De nombreux chercheurs ont tenté de déterminer quels sont les principaux besoins que l’homme cherche à satisfaire. Abraham H. Maslow (1908-1970) a particulièrement réussi. C’est lui qui a élaboré une théorie de la personnalité et de la motivation humaine à partir des besoins tout en se faisant le promoteur d’une psychologie de la santé. Sa théorie mise beaucoup sur la liberté humaine et la capacité qu’a l’homme de s’auto-actualiser. Voyons maintenant qui est cet homme et qu’elle est sa théorie.

Données bibliographiques

Maslow a grandi dans la ville de New York, mais c’est à l’Université du Wisconsin qu’il effectuera ses études universitaires en psychologie expérimentale pour revenir ensuite à New York où il enseignera une bonne partie de sa vie au Brooklyn College et à Brandeis University. Il est attiré d’abord, à cause de sa formation, par le behaviorisme et le comportement des primates face au temps, au choix de nourriture et aux patterns de dominance et de soumission. Il laisse graduellement ce champ de recherche pour se consacrer à l’analyse des liens existants entre les comportements des primates et les comportements des hommes au plan sexuel et affectif.

Maslow publie en 1943 un article fort intéressant sur la motivation humaine, article qui retient l’attention du public universitaire. Cette même année marque pour lui le début d’une longue réflexion sur la motivation humaine et l’actualisation de soi. C’est cette dernière contribution qui retient notre attention. À partir de 1954, l’orientation de ses travaux porte désormais sur l’analyse de la personnalité saine et épanouie par opposition aux études et recherches des autres psychologues qui s’intéressent surtout à l’aspect pathologique de la personnalité. Maslow dégage les motivations et les caractéristiques propres aux individus pour pouvoir aider ceux qui se sentent arrêtés dans leur développement de l’actualisation de soi. Plus spécifiquement, il définit les étapes que l’homme doit nécessairement parcourir pour arriver à son plein épanouissement.

L’œuvre de Maslow est considérable, nous avons répertorié plus de 150 titres. Goble (1970) lui consacre un ouvrage entier où il analyse la contribution maslowienne. De son côté, Lowry (1973) dresse un portrait intellectuel et dégage les grades lignes de la pensée et de la contribution de Maslow à la psychologie humaniste. En revanche, la veuve de Maslow, Bertha Maslow (1972) essaie, à titre d’éditrice, de synthétiser les faits marquants de sa carrière universitaire à travers les témoignages de ses confrères dans un ouvrage commémoratif. Ce sont là des sources fort utiles pour ceux qui veulent de bonnes pistes de lecture et une vue d’ensemble de l’œuvre de Maslow.

En psychologie contemporaine, c’est à Maslow qu’on doit l’expression troisième force. En fait, Maslow est un des pionniers de la psychologie humaniste. Non seulement est-il considéré comme le père de ce courant, mais aussi comme un de ses leaders intellectuels. St-Arnaud (1982) nous dit que :

Historiquement la troisième force a permis le regroupement, à partir des
insatisfactions de tous ceux qui ne trouvaient pas dans les modèles
traditionnels de la psychologie les outils appropriés pour l’étude de l’activité
humaine (p.21).


La théorie de Maslow est largement expliquée dans Toward a psychology of being (1968b), œuvre traduite en français sous le titre de Vers une psychologie de l’être (1968a et 1972b). Cet ouvrage dégage bien que sa théorie de la personnalité est en définitive une théorie de la motivation humaine. Regardons maintenant de plus près cette théorie.
* à suivre *

mercredi 30 décembre 2009

LA PERSONNALITÉ - 46e partie

CONCLUSION

Il y a peu de théoriciens qui ont présenté une approche du développement de la personnalité et du moi en y englobant tout le cycle de la vie et en y joignant des données biologiques, psychologiques, sociales et culturelles. L’approche ériksonnienne semble la première qui présente le moi dans tout le cycle de la vie.

Erikson nous a permis de reconnaître que l’homme, de l’enfance à l’âge avancé, expérimente des changements dans le développement du moi et que cet enrichissement se fait tout au cours du cycle de la vie dans une perspective de développement continu. Le comportement humain et la personnalité sont de nature interactive, et le moi joue le rôle d’agent interne dans cette interaction.

Pour l’école psychanalytique, et en particulier avec Freud et Erikson, un postulat demeure; l’enfance est la clé dans le développement du moi. Comme nous l’avons déjà signalé, les cinq premières phases d’Erikson sont la reformulation et l’expansion des cinq stades psychosexuels de Freud alors que les trois autres phases s’attardent au développement de l’adulte. C’est donc de l’enfance qu’émaneront la plupart des processus du développement et de la formation du moi. Aujourd’hui cependant, ce même postulat est fortement remis en question, en particulier par Baltes, Reeves et Lipsitt (1980) de même que par Brim (1980). En revanche Monge (1975) soutient de son côté qu’il n’y a pas de modification de la perception de soi dans le vieillissement. Costa et McCrae (1977), Costa et al. (1980), Leon et al. (1979) et McCrae et al. (1980) de même que Siegler et al. (1979) soutiennent encore, et avec des faits précis pour appuyer les résultats de leurs recherches, que la personnalité de l’adulte et de la personne âgée est relativement stable. Quant à Gilligan (1982), elle enregistre une dissidence quant aux schèmes masculins utilisés par Erikson.

Pour bien comprendre ce qui se passe en vieillissant et devant toutes ces contradictions, une recherche nous apparaît de mise. Nous pensons qu’il serait opportun de consulter un autre auteur classique dans le domaine de la psychologie humaniste, Abraham Maslow, qui s’est aussi penché sur le développement du moi et de la personnalité. Nous conclurons avec Erikson que :

Plus on écrit sur ce thème (l’identité) et plus les mots s’érigent en limite
autour d’une réalité aussi insondable que partout envahissante. On peut
seulement l’explorer en constatant, dans toutes sortes de contextes à quel point
elle est indispensable (Erikson, 1972, p.5).

En fait, comme le démontre Clayton (1975) le modèle d’Erikson est trop vague et laisse songeur. Selon lui, très peu de personnes âgées atteindraient la prudence et la sagesse qu’Erikson décrit au huitième stade de développement.
* à suivre *

mardi 29 décembre 2009

LA PERSONNALITÉ - 45e partie

À l’âge de l’apparition des incapacités qui affectent la perception de soi, peut-on parler d’un stade de développement?


Les personnes du troisième âge essaient, à ce moment précis de leur existence, de donner un sens à leur vie. La vie est alors perçue comme un tout. L’intégrité personnelle nous dira Erikson, 1974, p. 179 »…c’est l’acceptation de son seul et unique cycle de vie comme quelque chose qui devrait être et qui ne permettait pas de changement ».

Une vie individuelle est la coïncidence d’un cycle de vie unique avec un segment
d’histoire unique et toute intégrité humaine s’installe ou se perd dans le style
d’intégrité des vies auxquelles elle prend part (Erikson, 1982, pp 65-66, cité
par Houde, 1986, p.37).


Erikson, particulièrement dans Insight and responsiblity 1964, pp. 111 à 113 a cherché à nous présenter des forces internes du moi ou vertus avec une prédominance de la partie positive sur la partie négative à chaque étape du développement psychosocial. Le vocabulaire d’Erikson pour décrire le moi est le suivant : ego strength, inherent strength, certain human qualities of strength, an increase in the strength and slaying power on the patient’s concentration on pursuits which are somehow right, etc.

En somme, ce tableau des 8 étapes dans le développement de l’homme nous présente les résidus du moi après chaque crise psychososiale.

Freud vs Erikson

Erikson en est venu à penser que le cadre freudien du développement de la personne était trop étroit. La croissance du moi uniquement en terme d’investissement libidinal tel qu’avancé par Freud lui parut comme trop restrictif. Pour Erikson, le moi se structure aussi à l’âge adulte et non pas seulement durant les premières années de la vie comme semble le proposer Freud à travers ses stades de développement. Il y a des aspects à considérer dans le développement de la personnalité que Freud a ignoré :

1. Au niveau somatique, il y a des forces physiques et des faiblesses qui interviennent, en particulier en vieillissant.
2. Au niveau personnel, il y a l’histoire des événements de l’existence et la manière dont les stades de développement sont vécus.
3. Au plan social, il y a des forces sociales, historiques et culturelles à considérer.

En effet, Erikson insiste beaucoup sur les modalités socio-culturelles qui ont une influence sur le développement du moi. A chacun des stades, Erikson ajoute des éléments du conditionnement socio-culturel. Ces éléments influencent le développement du moi et ils modèlent l’homme, y compris durant la dernière partie de son existence.
La théorie du développement d’Erikson est bâtie sur la théorie de Freud. Freud y parle de l’homme et de sa sexualité alors qu’Erikson y parle de l’homme et de la société. Signalons certaines divergences :
1. Erikson met l’accent sur l’égo plutôt que sur l’id;
2. Freud a établi le triangle père-mère-enfant; Erikson voit l’enfant dans la famille et la famille dans la société;
3. Freud a voulu montrer l’existence et le fonctionnement de l’inconscient; Erikson tente de démontrer l’existence de certains facteurs de développement;
4. Freud s’est appliqué à résoudre des problèmes pathologiques alors qu’Erikson tente de trouver une solution positive aux crises de développement.

* à suivre *

lundi 28 décembre 2009

LA PERSONNALITÉ - 44e partie

Erikson, 1974, p. 178, nous dira que :
….pour avoir une signification sociale durable, l’utopie de la génitalité devrait inclure :

1. la mutualité de l’orgasme;
2. avec un partenaire aimé;
3. de l’autre sexe;
4. dont on peut et veut partager la confiance
5. et avec lequel on peut et veut accorder son cycle de :
travail
procréation
récréation
6. afin d’assurer aussi aux enfants un développement satisfaisant.

Se refuser à de telles expériences par crainte de perdre sa propre identité peut conduire à l’isolement. L’identité du moi doit être acquise pour permettre de s’adonner sans crainte à l’intimité avec la ou les personnes significatives autour de soi. C’est la première étape de la vie adulte qui exige l’acquisition de sa propre identité et demande en fait que le moi soit bien structuré. C’est ici que l’identité de l’égo atteint son stade final de développement.

La phase de maturité (le mitan de la vie, donc de 40 à 60 ans) est celle qu’Erikson appelle la période de générativité par opposition à la stagnation. Être adulte c’est être capable d’aimer les autres, être capable de s’engager adéquatement dans l’expérience de la paternité ou de la maternité (la générativité). Être adulte c’est être productif, c’est-à-dire produire un travail gratifiant et valorisant. La septième phase dans le développement en est donc une acquisition d’un sens de productivité en évitant l’égocentrisme.

Erikson, 1974, pp. 178-179 conçoit la générativité ainsi :
…la capacité à se perdre dans la rencontre des corps et des esprits doit conduire à l’expansion graduelle des intérêts personnels et des charges libidinales, vers ce qui a été ainsi créé et dont on a accepté la responsabilité. La générativité est essentiellement l’intérêt pour la génération suivante et son éducation.

Un mariage bien équilibré devrait emmener un sens de productivité; celui-ci sera suivi par un intérêt pour la seconde génération. L’adulte voudrait voir se développer chez ceux de la jeune génération ses espoirs ainsi que les vertus et la sagesse accumulées. L’adulte veut aussi se réaliser pleinement dans un travail créateur, dans des responsabilités, etc.


La générativité comprend la procréativité, la productivité et la créativité par
conséquent, la génération de nouveaux êtres comme celle de nouveaux produits et
de nouvelles idées, ce qui inclut une sorte de génération de soi dans la
préoccupation de son identité ultérieure (Erikson, 1982, p. 67, cité par Houde,
1986, p. 34).


Si cet engagement n’a pas lieu, il y a régression et s’installe alors un sentiment d’inactivité de stagnation. Il y a également un appauvrissement de la relation interpersonnelle.


Lorsqu’un tel enrichissement n’a pas lieu, il y a risque de stagnation.
Les personnes qui ne développent pas le sens de la générativité peuvent se
retrouver absorbées par elles-mêmes, concernées avant tout par leur propre
confort, ce qui leur laisse un sentiment de vide (Houde, 186, p. 35).


La phase de l’intégrité personnelle ou du désespoir. La dernière étape du cycle de vie est celle de l’acquisition d’un sens de l’intégrité en évitant un sentiment de désespoir (la réalisation de la sagesse). Elle concerne la façon dont on affronte la fin. La vieillesse devient alors un temps de réflexion qui permet un retour sur les événements d’une vie.

Dans la mesure où l’on a réussi à disposer efficacement des problèmes qui s’étaient posés à chacune des étapes de la vie, on a acquis un sens d’achèvement et de plénitude c’est-à-dire, le sentiment d’une vie bien remplie.

Lorsque la personne âgée jette un regard sur sa vie passée et la perçoit comme une suite d’occasions ratées et d’échecs, les dernières années sont alors remplies de désespoir (Hilgard et al, 19980, p. 18).

À cette phase, on devrait pouvoir accepter l’homme en tant qu’individu et en tant que société. L’individu doit pouvoir opposer son intégrité au désespoir et au dégoût face aux différents types de vie, à une vie incomplète et à la mort. À ce stade l’homme projette une sagesse et une philosophie de la vie hors de son propre cycle de vie vers les cycles futurs.

Cette huitième étape dans le développement de l’homme est caractérisée par une forme d’évaluation de sa vie et de ses accomplissements. Si l’évaluation s’avère être positive, il y a intégrité et continuité. C’est donner place à la sagesse pour les années à venir. En revanche, si le bilan est négatif, on assiste alors à une détérioration du moi sous plusieurs formes. Il y a d’abord la perte du sens de l’existence et puis la naissance du sentiment d’une vie perdue qui aurait pu être différente. La peur de la mort, l’alcoolisme, le suicide, la dépression et le désespoir sont du lot de ceux qui arrivent à une telle évaluation négative. Le désespoir naît des regrets, des remords et du sentiment que la vie n’a pas de sens. Il reste maintenant trop peu de temps pour changer la situation et se permettre de réaliser son intégrité. La mort alors occupe une place prépondérante dans l’existence de ces personnes.


On aura compris que la sagesse émerge du conflit entre l’intégrité et le
désespoir. Opposée à cette force de base qu’est la sagesse se trouve le
dédain ou le dégoût de soi. L’éventail des relations significatives
s’étend à l’humanité et à sa propre bienveillance cependant que l’ensemble des
principes d’ordre social est relié à la sagesse (Houde, 1986, p.38).


* à suivre *

dimanche 27 décembre 2009

LA PERSONNALITÉ - 43e partie

La phase de puberté et d’adolescence (de 12 à 18 ans) est une période d’identité ou bien de diffusion de rôle. C’est l’âge de la remise en question de l’identité sexuelle avec l’apparition de la maturité génitale et physique, qui débouche sur de nouvelles possibilités. L’acquisition d’un sens d’identité est indispensable pour prendre les décisions d’adulte, c’est-à-dire un choix de vocation et un choix de partenaire. Dans cette quête d’identité, le jeune ne veut pas savoir qui il est, mais ce qu’il sera et dans quel contexte. C’est pourquoi il remet en question la société et recherche l’approbation de ses semblables qui eux aussi veulent être approuvés.

En amour l’adolescence idéalise. C’est âge des idoles et des héros, une période de saute d’humeur, d’oppositions violentes et de mise en valeur. Les adolescents se préoccupent aussi de la façon dont ils sont vus et perçus par les autres. Une nouvelle quête d’identité apparaît. Le rôle ainsi que l’identité sexuelle et l’identité professionnelle sont sources de préoccupations autant pour les parents que pour les adolescents. Les changements biologiques et psychologiques remettent en question l’identité de l’adolescent. Qui est-il à travers ces changements?

Dans la théorie d’Erikson sur le développement socio-émotif, l’adolescence représente la période de résolution des problèmes d’identité. L’idée d’être un individu dans un monde appartenant aux autres, avec des responsabilités mutuelles et indépendantes, ne semble devenir une caractéristique saillante de la vie que vers la fin de l’adolescence (Krech et al., 1979, p. 484).

La présence d’adultes compréhensifs et capables de relations positives favorise la confiance en soi et la naissance d’une identité solide pour l’adolescent. Erikson accorde une grande importance à l’adolescence parce que c’est à cette période critique que le jeune acquiert son identité définitive, son moi. C’est à ce moment précis que l’adolescent a besoin de sentir qu’on a confiance en lui et qu’il est capable d’être responsable de ses propres attitudes et de ses propres valeurs.

Comme nous venons de le voir très succinctement, les cinq premières étapes dans le développement du moi d’Erikson suivent d’assez près les stades du développement psychosexuel freudien. On retrouve à cet effet de bons tableaux comparatifs du développement humain selon Freud et Erikson dans Krech et al., 1979, p. 399, de même que dans Hilgard et Atkinson, 1980, p. 115. Ces auteurs dégagent bien la contribution d’Erikson dans l’étude de l’influence de l’environnement et de la société sur le développement de l’organisme humain et de ses potentialités.

La phase de jeune adulte est une période d’intimité par opposition à l’isolement. L’identité étant bien acquise, elle permet maintenant d’établir des rapports adultes avec les autres. La sixième phase en est une d’acquisition du sens d’intimité et de la solidarité en évitant un sentiment d’isolement. L’auteur insiste cependant : il faut que cette identité soit bien acquise. À cette période, le jeune adulte cherchera l’amitié et l’amour avec l’autre, ce qui implique le désir et la tendresse. Le jeune adulte est alors capable de donner tout autant que de recevoir. Il est capable d’intimité sans craindre de perdre son identité. Il peut s’exprimer en une mutualité hétérosexuelle. Si l’individu peut partager une confiance mutuelle et s’il est apte à régler les cycles de travail, de procréation et de participation dans la société, il est prêt à se marier.



* à suivre *

samedi 26 décembre 2009

LA PERSONNALITÉ - 42e partie

La phase anale (de 18 mois à 2 ans et demi) est une période d’autonomie ou bien de honte et de doute. Avec la maturation anale et musculaire naissent deux nouvelles modalités sociales, celles de retenir et de laisser aller. C’est l’âge de l’opposition initiale aux parents et aussi la première manifestation de la volonté : l’enfant veut agir seul. Avec ces premières manifestations d’autonomie, les parents exercent un contrôle extérieur pour rassurer l’enfant et non pour le punir. Un contrôle trop rigide serait de nature à amplifier les sentiments de honte, d’être petit, de doute et d’incapacité d’acquérir sa propre identité.

Durant cette période du développement de l’enfant, le milieu doit encourager celui-ci à être auto-suffisant, à être capable c’est-à-dire être propre, marcher et parler. Une relation équilibrée entre la mère, avec son mode de contrôle extérieur, et l’enfant, avec son mode d’élimination ou de rétention, sera nécessaire à l’acquisition d’un premier sens de l’autonomie du moi. Le moi s’affirme dans cette seconde crise à travers des expériences d’autonomie.

La phase phallique (de 2 ans et demi à 6 ans) est la période d’initiative ou de culpabilité. Le jeune enfant est capable de relations plus grandes. Il connaît mieux son corps et observe davantage. Son identité sexuelle se bâtit. Des variantes apparaîtront dans le développement de la personnalité en fonction du sexe mais aussi en fonction du milieu et de la culture environnante. À la phase oedipienne, si cette étape est bien franchie, le garçon souhaitera grandir pour ressembler davantage à son père et plaire à sa mère alors que chez la fille, la culpabilité de la rivalité avec la mère sera remplacée par une identification à la mère. Le moi se manifeste à travers la résolution du détachement progressif des parents, de la relation de réciprocité, de l’initiative de l’enfant, de ses désirs d’accomplissement et de ses possibilités.


La phase de latence (de 6 à 12 ans). La phase de latence est une période dite de travail ou d’infériorité. C’est une période de grand calme et d’oubli. L’enfant manifeste un intérêt pour le monde extérieur. Il sent le besoin de connaître tant au plan intellectuel que social. « Il apprend à acquérir du prestige en produisant des choses » (Erikson, 1974, p. 175). C’est la phase de l’acquisition d’un sens de l’industrie en éliminant un sentiment d’infériorité par la réalisation de compétence. À cette période donc, l’enfant est occupé à apprendre comment être compétent et productif; à défaut, il y a danger que naisse un sentiment d’inadéquation et d’infériorité. Son développement est alors troublé. L’enfant qui a déjà acquis une certaine expérience, se voit différent des adultes; il n’est ni capable de les suivre, ni, du reste, inviter à le faire; alors il se compare à ceux de son âge et tâche d’y trouver sa place. S’il ne peut entrer en compétition avec ceux de son âge, il en découlera chez lui un sentiment.

Le moi se retrouve dans le conflit entre le travail et l’infériorité. L’enfant s’identifie à travers ses succès scolaires comme quelqu’un de capable et de compétent. À défaut, il naît chez lui un sentiment d’incompétence et d’infériorité qui entraîne une confusion dans l’identité.



* à suivre *

vendredi 25 décembre 2009

LA PERSONNALITÉ - 41e partie

Les stades psychosociaux de développement selon Erikson

Les écrits d’Erikson insistent sur la phase critique de chacune des étapes dont la réussite ou l’échec dépend du résultat dans les stades antérieurs. À chacune des étapes, il a identifié des résultats qui serviront d’indicateurs de réussite ou d’échec. Le développement du moi lui apparaît à travers les points tournants de chacune de ces stades. L’auteur insiste sur l’importance du succès obtenu à chaque étape.


What the child acquires at a given stage is a certain ratio between the positive
and the negative, which, if the balance is toward the positive will help him to
meet later crises with a predisposition toward the sources of vitality (Erikson,
1968c, p. 325).


Regardons maintenant ce qu’Erikson (1963) dans Enfance et société appelle les 8 étapes de l’homme.

La phase orale (elle s’étend de la naissance à 18 mois). C’est une période de confiance ou de méfiance fondamentale. De 0 à 6 ou 8 mois, c’est la phase orale-sensitive. L’enfant éprouve du plaisir ou de la frustration pour la nourriture et le confort qui lui est donné. C’est de la nature de cette expérience que dépendra son sentiment de confiance dans la vie ou pas. De 8 mois à 18 mois, c’est la phase orale-agressive. L’enfant, avec ses premières dents, devient plus actif. Il peut mordre ou s’incorporer des objets. Le désir de mordre peut correspondre au besoin de se soulager lors de la poussée des dents. Ce faisant, l’enfant peut être repoussé par sa propre mère ou par la personne qui en est la victime. L’atteinte de ses besoins peut être accompagnée de douleur comme, par exemple, celle de la perte de l’objet ou de la personne qu’on lui soustrait de sa vue. C’est une première épreuve. La confiance aveugle est mise en doute et si la méfiance s’installe, elle pourra se présenter plus tard dans le développement de la personnalité. C’est le chemin d’un premier sentiment rudimentaire d’identité du moi. En ce sens, Erikson, (1974, p .169) nous mentionne que :

… la première réussite sociale du bébé est donc son acceptation de laisser la
mère s’éloigner de sa vue sans manifester d’anxiété ou de colère exagérée, parce
qu’elle est devenue une certitude intérieure autant qu’une prédictabilité
extérieure.


Le moi se façonne dans la résolution de ce premier conflit, entre la naissance et la méfiance. Une relation équilibrée et satisfaisante entre la mère, avec sa façon de donner ou de se donner, et l’enfant, avec sa manière de recevoir et de prendre est nécessaire pour l’acquisition d’un sens de confiance en soi et en autrui.

* à suivre *

jeudi 24 décembre 2009

LA PERSONNALITÉ - 40e partie

L’APPORT D’ERIKSON

INTRODUCTION
Parmi les adeptes de Freud, Erik Erikson (1902-1980) a formulé une théorie touchant au développement humain composée de huit stades échelonnés sur tout le cycle de la vie. Dans ces huit phases de la recherche d’identité, Erikson a tenté de dégager et de préciser les racines du moi dans l’organisation sociale de l’individu. Son modèle recouvre tout le cycle de la vie où chaque stade est caractérisé par un enjeu fondamental qui se définit comme un conflit entre deux pôles. Les conséquences de cet enjeu se prolongeront durant toute la vie. Mais avant de s’attarder aux divers stades de développement, et plus particulièrement à celui de la vieillesse sur lequel nous insisterons davantage, élaborons sur le fondement de cette théorie et son auteur.

Données biographiques

Erik Erikson est né Francfort, il a vécu son enfance en Allemagne et son adolescence dans divers pays d’Europe. Jeune adulte, on le retrouve au côté de Sigmund Freud à Vienne tant comme étudiant que comme patient. C’est également à Vienne que débuta sa carrière de psychanalyste avec Peter Blos comme mentor. Puis, certains professeurs et chercheurs américains de l’université Harvard, en particulier Henry Murray, l’initieront à la théorie de la personnalité. Erikson quitte alors définitivement l’Europe pour devenir citoyen américain en 1933. Dès lors, il passera le reste de sa vie dans le monde de l’enseignement et de la recherche aux universités Harvard, Stanford et finalement à l’université de la Californie.

Ses toutes premières expériences de recherches se font avec les enfants d’une école américaine à Vienne. Erikson travaillera par la suite avec des étudiants diplômés d’Harvard, des anciens combattants de la deuxième guerre, des défenseurs des droits civils du sud des Etats-Unis, de même qu’avec des indiens Sioux et Yurok. De plus, il collabore fréquemment avec différentes équipes de chercheurs de multiples disciplines. Ses nombreux travaux dans des champs pluridisciplinaires, lui permettent de côtoyer quelques grands anthropologues comme Mead, MeKeel, Benedict, Bateson, etc.

Erikson a reçu en 1933 un diplôme du Vienna Psychoanalytic Institue. Toutefois, il a passé presque toute sa vie dans le monde universitaire sans avoir reçu, au préalable, une formation universitaire formelle. Encore aujourd’hui, c’est un auteur beaucoup lu, et plus particulièrement par les gens s’intéressant au counselling et aux sciences de l’éducation; ceux-ci continuent de se pencher sur ce qu’est l’étape de l’adolescence et sur la question de la maturité (Erikson, 1972, 1974 et 1980). C’est sa théorie de la personnalité comprenant huit stades de croissance dans le développement humain qui a retenu l’attention du public universitaire.

La théorie d’Erikson

La théorie d’Erikson repose sur trois assertions. La première est que le moi est façonné par la société; la seconde est que l’individu vit dans un processus continu de croissance et de changement, et la troisième affirme que l’individu est pré-programmé dans sa capacité à traverser ses stades de développement. Décortiquons maintenant ces trois assertions afin d’obtenir une meilleure compréhension de celles-ci; ce qui est, à notre avis une étape fondamentale, nous permettant de mieux pénétrer la pensée d’Erikson.

Le moi est façonné par la société

Dans la théorie freudienne, le moi se développe au sein même d’une interaction, entre le ça et le surmoi alors que dans la théorie d’Erikson le moi est considéré comme une fonction autonome surtout façonnée par la société dans laquelle l’individu se trouve et se développe. Erikson n’attribue pas seulement à l’instinct biologique l’unique responsabilité comme l’affirmait Freud. La conceptualisation, selon la théorie d’Erikson, s’explique par le fonctionnement de la personnalité en rapport avec la société, incluant parents, amis et environnement. Erikson ne croit pas que la personnalité d’un individu soit déjà toute tracée et arrêtée dès l’âge de quatre ou cinq ans. Il affirme, au contraire, qu’elle émerge et se développe en relation avec les rapports qui s’établissent avec la société et ses diverses composantes (Erikson, 1974, 47-49).

L’individu vit dans un processus continu de croissance et de changement
L’individu traverse des moments de crises tout au long de son existence, d’où le façonnement de sa personnalité suivant la manière et les réactions que l’individu a à ces diverses difficultés ou étapes dans son développement. Erikson croit à la valeur intrinsèque de l’homme, le décrivant comme un être responsable de son destin. Dans une certaine mesure, il présente une vision plus positive de l’homme.

L’individu est pré-programmé dans sa capacité à traverser ses stades de développement

Ce sont les huit stades de croissance suivant la théorie d’Erikson. Comme nous l’avons déjà mentionné, c’est cette contribution qui a surtout fait connaître Erikson. Ce dernier nous dit que l’individu mature, l’individu qui est réalisé, c’est celui qui a bien franchi ces étapes de développement. Cela implique qu’il a passé de la bonne manière à travers les crises de chaque stade.

Ses théories définissent l’influence que produit la société sur le processus de maturation individuelle et démontrent également comment la personne progresse en passant d’une crise à l’autre en espérant toujours trouver la réponse au « Qui suis-je » et « Qu’est-ce que je devrais faire »?
Les stades psychosociaux d’Erikson décrivent les difficultés et les crises qui sont liées aux relations sociales. Ce sont des situations, des problèmes ou des crises auxquels l’individu est confronté à un moment ou à un autre de son existence.



* à suivre *

mardi 22 décembre 2009

LA PERSONNALITÉ - 39e partie

Les cinq stades de Freud correspondent à l’enfance et à l’adolescence; qu’en est-il pour l’âge adulte et de la vieillesse? Freud nous donne, dans le style concis de ses dernières années de vie, cette réponse : « To love and to work ». Ce serait le but d’une vie adulte réussie. Comme le signalait Engelberts 1984, p.4 :

Les œuvres de S. Freud ne contiennent aucun développement important concernant
la psychodynamique du vieillissement.


Dans ce même article, l’auteur soulève des éléments de compréhension de l’attitude négative de Freud vis-à-vis le vieillissement, et présente des indications et des contre-indications aux psychothérapies analytiques possibles avec les personnes âgées.

Cette réponse de Freud paraît donc peu éclairante pour une bonne compréhension de ce qui se passe durant toutes ces années de l’existence qui restent. Il faudra attendre les écrits de Neugarten, (1969, 1970, 1973 et 1976), Sheehy (1977 et 1982), Levinson (1978), Artaud (1978 et 1979), Bédard (1981, 1983 et 1984), pour comprendre davantage ce qui se passe au niveau adulte, mais, même avec l’émergence de ces recherches sur le développement de l’adulte, le champ du troisième et du quatrième âge est largement ouvert puisqu’il s’y fait tellement peu de recherches comparativement aux autres périodes du cycle de vie.

CONCLUSION

Nous pouvons affirmer suivant la pensée freudienne que la maîtrise de soi, ce contrôle du moi, prend forme dès la prime enfance. C’est à ce moment que les dés sont jetés. Pourtant la personnalité adulte est dynamique et s’adapte comme le démontrent les recherches des auteurs ci-haut mentionnés. Les mécanismes de défense utilisés par les personnes âgées en témoignent. Freud n’a pas élaboré là-dessus. Pour comprendre l’homme, le thérapeute doit saisir toutes les particularités psychologiques à travers son histoire et, surtout, bien saisir son inconscient. L’une des grandes contributions de Freud a été de nous faire saisir toute l’importance des premières expériences de l’enfance, là où le moi prend sa source.

Nous nous sommes limités aux seuls faits qui permettent une vision d’ensemble de la perception de soi dans la pensée freudienne. Pour les besoins de notre recherche, les théories freudiennes ont leurs limites. Signalons ici deux excellents articles sur le sujet; le premier, de Hale (1980), porte sur les réflexions de Freud sur le travail et l’amour alors que le second, d’Erikson (1980), présente les thèmes de l’adulte dans la correspondance entre Freud et Jung.

Aussi devons-nous questionner d’autres auteurs susceptibles d’apporter plus de lumières sur ce qui se passe avec le moi et les besoins non-satisfaits durant les dernières années de l’existence.

* à suivre *

lundi 21 décembre 2009

LA PERSONNALITÉ - 38e partie

FREUD ET LES STADES DE DÉVELOPPEMENT PSYCHO-SEXUELS

Les stades du développement humain dans l’approche freudienne se confondent avec les étapes psycho-sexuelles. Ces étapes sont le résultat de poussées, de pulsions inconscientes et instinctuelles. Ces poussées sont perçues comme le moteur de l’agir et de la pensée humaine. On le retrouve dans les moindres gestes de l’existence, dans le quotidien comme dans les grandes décisions à prendre. La perception de soi dans chacun de ces stades de développement joue un rôle important dans la construction de la personnalité et le développement du moi.

À travers sa pratique, Freud a élaboré une théorie de la sexualité infantile ou chaque stade de développement est associé à un centre d’intérêt sexuel relié à une partie du corps, en particulier la bouche, l’anus, le pénis ou les parties génitales. Le texte ci-dessous présente les stades de développement psycho-sexuel tels que Freud les a élaborés, mais aucun de ces stades ne concerne l’âge adulte ou le grand âge. Freud y associe cependant des traits de personnalité selon le vécu des individus à chacun des stades.

Le stade oral :
Le premier stade de développement psycho-sexuel de l’individu a lieu durant la première année de la vie. Il se situe à l’époque où le bébé est centré exclusivement sur des zones érogènes, en particulier la bouche. Il cherche le plaisir que lui procure la stimulation des lèvres et l’acte de se faire nourrir, de téter, de mordre et de sucer. L’allaitement est une gratification sensuelle. L’enfant de cet âge s’incorpore le monde en se mettant tout dans la bouche. La bouche est son lieu de plaisir et l’allaitement en est la source de stimulation.

Le stade anal : ce deuxième stade est celui de l’apprentissage de l’expérience et de l’imposition d’un contrôle sur l’enfant par les parents. Durant sa deuxième et troisième année d’existence, l’enfant demeure centré sur son corps et en particulier, sur ses selles. C’est l’âge où les parents apprennent à l’enfant un premier contrôle, celui des sphincters. Par l’excrétion et la rétention, l’enfant prend conscience qu’il existe comme une entité différente de ses parents. L’apprentissage de l’entraînement à la propreté est le fait marquant de cette période.

Le stade phallique :
Ce troisième stade est marqué par le plaisir sensuel relié aux organes génitaux. C’est entre trois et cinq ans que l’enfant découvre la différence entre les hommes et les femmes. C’est aussi à cet âge que l’enfant montre un intérêt pour les organes génitaux et qu’il s’identifie comme étant différent de l’autre sexe. Et c’est à cet âge aussi que l’enfant commence à se masturber. Cela du reste semble un fait universellement reconnu maintenant. La gratification est associée à la stimulation des organes sexuels. Le stade phallique correspond aussi à la période oedipienne où l’attachement sexuel est dirigé vers le parent du sexe opposé. Les enfants des deux sexes éprouvent des fantaisies au sujet des parents.

Le stade de latence :
Ce stade se situe entre cinq et six ans et dure en moyenne jusqu’à l’âge de l’adolescence. Durant cette période, qu’on appelle aussi moyenne enfance, l’enfant est moins préoccupé par son propre corps, ce qui lui permet de passer à l’apprentissage d’un savoir-faire. Freud appelle cette période latence parce qu’il ne se produit rien sur le plan personnalité à cet âge. Selon lui, les pulsions sexuelles et agressives sont dans un état d’incubation.

La période génitale :
Ce stade serait dans la pensée freudienne la phase ultime dans le développement psycho-sexuel de l’être humain. Les désirs hétérosexuels se manifestent comme chez l’adulte. Cette période constitue la dernière poussée vers la maturité sexuelle. Il y a alors tentative d’établir une relation affective véritable avec un partenaire de sexe opposé, l’issue de cette relation étant l’union sexuelle complète des deux partenaires. C’est à l’âge de l’adolescence que l’on découvre que certaines sensations de plaisir viennent par les parties génitales. Dès lors, les jeunes cherchent les occasions de stimulations et de satisfactions sexuelles.
* à suivre *

dimanche 20 décembre 2009

LA PERSONNALITÉ - 37e partie

Vaillant (1977) dans Adaptation to life, présente également d’autres variables aux mécanismes de défense chez les personnes âgées : la projection, c’est-à-dire le rejet hors de soi, vers le monde extérieur, des sentiments, pulsions, tendances et désirs que le moi se refuse à reconnaître comme siens. La projection permet de se libérer d’affects. C’est une façon d’éviter et d’avoir à reconnaître certains sentiments ou désirs conflictuels. L’absence de vie sexuelle active chez les personnes âgées en est un exemple.

Le déplacement est un autre mécanisme de défense opportun pour les personnes âgées; il s’agit d’une répartition nouvelle des intensités psychiques d’une représentation à une autre se trouvant associées entre elles par des relations superficielles. Émotions et pulsions sont transférées sur des éléments substitutifs. Souvent déçue de son corps qui vieillit, la personne âgée se plaint que le monde est à l’envers. La relation est donc tout à fait superficielle et secondaire.

La formation réactionnelle (ou tendances contraires) est une haine inconsciente qui est cachée par un amour conscient. Par ce mécanisme, la personne développe des attitudes ou des traits de caractère. C’est le cas du grand père qui se montre froid et distant avec ses petits-enfants alors que dans son cœur, il voudrait exprimer tout le contraire.

L’isolation consiste à dépouiller une expérience douloureuse ou un fait traumatisant de son affect et de prévenir toutes relations associatives. En se coupant de ses émotions, de sa sexualité, la personne âgée discute sous une forme neutre. C’est une forme d’intellectualisation. Pour Vaillant (1977), il s’agit là d’un mécanisme de défense d’utilisation courante chez les personnes âgées.

Plusieurs auteurs dont Schaie et Geiwitz, 1982, p. 117 présentent aussi l’activité comme un mécanisme de défense :

We have already mentioned, for example, that some of the most successful
retirement are engineered by people who base their whole program on
activity : building things, getting involved in church activities, etc.
Activity is a form of mediation; it keeps your mind too busy to think about
problems.


Un autre mécanisme de défense souvent utilise par les personnes âgées est la prudence. Comme le souligne Botwinick (1978), les personnes âgées sont poussées plus par le désir d’éviter des erreurs que de réussir une tâche. Cette forme de prudence excessive se retrouve dans les réponses du type pas d’opinion dans les différentes enquêtes faites auprès des aînés. Gergen et Back (1978) ont étudié le phénomène de prudence excessive devant le défi présenté par un nouveau poste ou une nouvelle promotion en perspective chez les travailleurs âgés. Le défi du gain ne l’emporte pas sur le risque de succès ou d’échec; le travailleur âgé préfère se maintenir dans sa position.

En compétition, le vieux travailleur qui voit sa rapidité et son habileté à répondre adéquatement dépassées par celles de jeunes travailleurs ambitieux, utilisera alors la compensation comme mécanisme de défense. Il changera ses priorités, par exemple, en mettant plus l’accent sur la qualité du travail bien fait que sur la rapidité dans l’exécution de ce même travail (Côté, 1981; Organ, 1977; Phillips et al, 1978; de même que Wright et al., 1978). Ces auteurs ont laissé d’excellents écrits sur le vieillissement et la satisfaction au travail.

Cette prudence excessive entraîne une baisse de rendement dans les tests d’habilité chez les personnes âgées. Birkill et Schaie (1975) ont étudié ce phénomène en fonction des performances intellectuelles chez les personnes âgées. De leur côté Rees et Botwinick (1971) invitent les orthophonistes et audiologistes à être prudents dans leurs analyses des résultats aux tests de surdité avec les personnes âgées. Trop prudentes, les personnes âgées hésitent avant de répondre et faussent ainsi les résultats. Souvent, les spécialistes surestiment les pertes auditives engendrées par la prudence excessive de leurs patients dans leur discrimination des sons.
* à suivre *

samedi 19 décembre 2009

LA PERSONNALITÉ - 36e partie

FREUD ET LES MÉCANISMES DE DÉFENSE

Pour Freud et son école, il y a conflit intrapsychique uniquement lorsque le surmoi et le ça deviennent intolérables. Des tensions, des malaises et de l’anxiété peuvent naître si les pulsions du ça sont trop fortes. Également, une censure du surmoi trop sévère produit le même effet. On assiste alors à l’utilisation des mécanismes de défense. On en dénombre une bonne douzaine. Ceux-ci agissent comme des régulateurs que l’homme peut utiliser si besoin est; ce qui donne une allure distinctive à chaque personnalité. On utilise les mécanismes de défense de façon automatique afin de calmer sa frustration, pour réduire sa tension ou encore pour résoudre ses conflits émotionnels. Les mécanismes de défense permettent une solution aux problèmes et à l’angoisse qu’ils suscitent.

L’utilisation des mécanismes de défense est un réflexe normal qui n’a rien de pathologique en soi. Notre équilibre émotionnel est donc maintenu par cette utilisation et sans eux, notre vie serait insoutenable. Ils agissent comme soupapes pour maintenir l’équilibre. S’ils sont insuffisants, inadéquats ou mal utilisés, la personnalité devient perturbée et le comportement en est affecté.

Le mécanisme de défense le plus fréquemment utilisé par les personnes âgées est le déni, une forme de répression, c’est-à-dire un acte volontaire par lequel on rejette les représentations et les sentiments désagréables ou jugés inappropriés pour réduire la tension qu’ils entraînent. La personne âgée renonce donc à la satisfaction d’un désir qui ne se trouve plus en accord avec le surmoi. Elle rejette de son champ, par force et habitude, ce qui lui paraît indésirable ou inaccessible. À titre d’exemple, dénier le fait de vieillir est une manière de s’adapter à l’incertitude et à l’anxiété que provoque le vieillissement. Bultena et Powers (1978) ont démontré dans une recherche effectuée auprès de personnes âgées de plus de 70 ans, q’un tiers d’entre elles déniaient le fait qu’elles étaient vieilles. Dans cette même étude, les auteurs faisaient ressortir le fait que, malgré leur âge avancé, les personnes âgées déniaient également l’éminence de la mort malgré son inéluctabilité… Les résultats des recherches de l’équipe de Côté (1981) abondent dans le même sens.

On constate aussi une autre forme de répression chez les personnes âgées, celle de mémoire sélective. Les personnes âgées se rappelleront les moments plaisants de l’existence et élimineront les déplaisants. D’après Geiwits et Moursund (1979) Freud, en vieillissant, aurait personnellement eu de la difficulté à se rappeler ses expériences de cocaïne pendant sa période de jeune adulte.

On observe chez certaines personnes âgées, l’utilisation d’un autre mécanisme de défense : la régression. Il s’agit d’un retour à un comportement témoignant d’une maturité amoindrie. Ces personnes se confinent dans un rôle passif. Elles redeviennent dépendantes, un peu à la façon des jeunes enfants. Neugarten, Moore et Lowe (1968) démontrent bien cette théorie par une régression observable chez environ 10% de leurs patients qui sont âgés entre 70 et 79 ans.
* à suivre *

vendredi 18 décembre 2009

LA PERSONNALITÉ - 35e partie

Freud (1920) dans Au-delà du principe du plaisir, a également associé au ça un instinct de mort et d’agressivité. Cette tendance innée qu’il prétend que nous avons tous en nous et qui nous pousserait inconsciemment vers notre propre destruction est contestée par certains auteurs qui y voient plutôt un désir d’attaquer et de s’opposer à tout ce qui pourrait nous contrarier. Il ne s’agirait plus alors d’un instinct d’agression, mais plutôt d’un instinct de protection et de préservation de l’individu envers lui-même.

Le moi est le dirigeant de la personnalité. C’est l’étape de la conscience humaine qui se développe dès l’âge du nourrisson jusqu’à l’âge du jeune adulte. C’est l’étape de la prise de conscience du monde environnant, les autres existent et l’on ne peut pas toujours obtenir une réponse gratifiante à ses diverses pulsions. Le moi se forme de l’interaction du ça avec le milieu. Le moi devient le principe de la réalité et de l’agir. Le moi doit apprendre à tenir compte des exigences de la réalité. C’est à cette étape précisément que l’enfant apprend, par le système de récompense et de punition, ce qu’il peut faire et ce qu’il ne peut pas faire, c’est-à-dire sa limite d’action. Le moi interagit beaucoup sur le contrôle moteur volontaire. Dans la pensée freudienne, les rapports entre le ça et le moi sont influencés par la manière de faire que les parents utilisent pour amener leurs enfants à acquérir le contrôle des sphincters et de la propreté. Plusieurs psychanalystes reviendront souvent à cette période de l’apprentissage lors du traitement, en thérapie, de leurs patients.

Le moi occupe une fonction de coordination dans la personnalité. Il représente la synthèse, la logique et l’unité chez la personne au comportement normal. Le moi est donc conscient contrairement au ça qui lui, est tout à fait inconscient. Dans la division tripartite de la structure du psychisme humain, c’est le moi qui correspond le plus étroitement au soi, c’est-à-dire à la perception de soi.

Entre quatre et cinq ans naît le surmoi. C’est l’âge de l’éveil de la conscience de l’enfant. Cette conscience s’éveille sous l’influence du milieu et surtout des parents. Le surmoi devient la représentation intériorisée des valeurs et des principes moraux de la société. L’enfant de cet âge s’identifie progressivement aux barèmes, aux standards et à la morale des parents. Le surmoi devient l’implacable conscience qui distinguera le bien du mal. La conscience punit en créant chez l’enfant un sentiment de culpabilité alors que le moi idéal récompense l’enfant par une réaction de fierté. À l’âge scolaire, les enfants sont imprégnés des notions de bien et de mal transmises par les parents, et ceux-là les intégreront dans leur action. Plus tard dans le développement de l’enfant, les parents seront remplacés par le milieu scolaire et ses agents, les professeurs et les animateurs pédagogiques. Les influences, tant du milieu scolaire que du milieu parental, s’exerçant sur l’individu au niveau inconscient, agissent sur la perception de soi, sur la façon d’être et d’agir de l’enfant.

En vieillissant, le surmoi devient une espèce de contrôle interne qui remplace celui des parents et du milieu. C’est la conscience et le sens moral chez l’adulte. En ce qui a trait au surmoi des personnes âgées, Freud en dit peu sinon que l’âge avancé est un handicap au traitement psychanalytique.



L’âge des malades entre en ligne de compte lorsqu’on veut établir leur aptitude
à être traités par la psychanalyse. En effet, les personnes ayant atteint
ou dépassé la cinquantaine ne disposent plus de la plasticité des processus
psychiques sur laquelle s’appuie la thérapeutique – les veilles gens ne sont
plus éducables – et, en outre, la quantité de matériaux à déchiffrer augmente
indéfiniment la durée du traitement (Freud, cité par Engelberts, 1984, p.5).



On peut résumer ainsi le fonctionnement du psychisme humain :
Ça – la recherche du plaisir
Moi = la vérification de la réalité
Surmoi = l’aspiration à la perfection

Dans la pensée freudienne, ces trois pôles forment une cohérence chez l’individu normal et le pousse à adopter une conduite logique. En revanche, s’il y a des conflits intérieurs, la personne utilisera alors des mécanismes de défense qui sont indispensables à une bonne adaptation dans la vie quotidienne.



* à suivre *

jeudi 17 décembre 2009

LA PERSONNALITÉ - 34e partie

FREUD ET LA STRUCTURE DU PSYCHISME

Freud a développé une théorie de la personnalité et du comportement humain qui repose entièrement sur cette structure du psychisme qui prend racine dans le monde de l’enfance. La personnalité de l’individu émerge du résultat de l’interaction des trois composantes du psychisme ci-haut évoquées. En définitive, la perception du soi est intimement liée à ces trois niveaux.

Le premier niveau est le ça. C’est le siège de l’instinct de vie, des pulsions naturelles et de l’instinct sexuel. On appelle cette instance le réservoir des pulsions. Le ça, dans la pensée freudienne, est le moteur central de toute la vie psychique. C’est la région la plus profonde et la plus obscure du psychisme humain. Le ça est le véritable inconscient.

Dans la pensée freudienne, l’instinct sexuel se ramène à la libido, qui est la source des pulsions du plaisir. Celle-ci recherche le plaisir par la gratification du besoin et l’évitement de la douleur. Freud accordera une importance capitale à cette recherche du plaisir particulièrement durant l’enfance. À ce stade de la vie, l’être cherche à satisfaire ses besoins et ses pulsions biologiques primaires en associant des plaisirs spécifiques aux fonctions d’alimentation, d’élimination et de mouvement. Au niveau du monde adulte, cette recherche du plaisir se retrouve dans les manifestations d’amour et dans l’expression d’une sexualité active.

Le ça est le véritable inconscient. Chez le jeune enfant, en particulier le nourrisson, le psychisme humain se limite à cet inconscient. En effet, le nourrisson ne recherche qu’uniquement la gratification de ses besoins fondamentaux tels la faim et l’amour. Il n’y a pas vraiment conflit, à cet âge, lorsque ces besoins sont satisfaits par le milieu. Il en va tout autrement en vieillissant et ces problèmes deviennent plus aigus avec le grand âge.
* à suivre *

mercredi 16 décembre 2009

LA PERSONNALITÉ - 33e partie

FREUD ET LES NIVEAUX DE CONSCIENCE

Il existe dans la pensée freudienne trois niveaux de conscience : le conscient, le préconscient, et l’inconscient. C’est la structure psychique décrite par Freud que l’on utilise encore aujourd’hui pour la compréhension des comportements humains et l’évaluation de la personnalité.

La vie psychique ne se limite pas au conscient, c’est-à-dire à ce qui est perçu sans effort, immédiatement, de façon certaine. En effet, une grande partie de la vie mentale échappe à notre conscience. Les représentations, c’est-à-dire les idées, les images, les perceptions, peuvent disparaître aussi rapidement qu’elles sont arrivées.

Par préconscient, les freudiens désignent tout élément psychique qui peut devenir conscient dans certaines conditions. C’est le cas, lors d’associations libres où le thérapeute ramène à la conscience des éléments inconscients.

L’inconscient constitue la partie restante de la vie mentale. Pour les freudiens comme pour les néo-freudiens, l’inconscient est la partie la plus importante du psychisme humain. Cet inconscient est présent et actif surtout dans nos motivations et nos actions. Ses éléments sont ancrés dans le psychisme de l’individu, d’où une certaine difficulté à les ramener à la conscience. Attardons-nous sur cette structure de psychisme humain dans la pensée freudienne pour mieux comprendre la personne âgée.



* à suivre *

mardi 15 décembre 2009

LA PERSONNALITÉ - 32e partie

L’APPORT DE FREUD

Données biographiques

Freud a écrit plus d’une vingtaine d’ouvrages scientifiques au cours de sa carrière. Quelques-uns sont posthumes. Nous nous appliquerons maintenant à dégager l’essentiel de sa réflexion sur le fonctionnement du moi à travers son œuvre et nous insisterons en particulier sur le moi de la personne âgée.

Au tout début de sa carrière de psychanalyste, vers 1886, Freud (1856-1939) a entrepris le traitement de ses patients par hypnose. Il s’agit d’une technique provoquant un sommeil artificiel à l’aide de suggestions. Freud procédait alors à l’analyse systématique des événements et sensations émanant des propos de ses patients lors des séances sous hypnose. Il cherchait à établir des relations de cause à effet entre ce que ses patients relataient et leurs malaises. Suite à de nombreuses séances, certains patients ressentaient souvent une atténuation, une réduction, voire-même dans certains cas, la disparition complète des malaises qui les avaient conduits au cabinet du thérapeute.

Freud ne fut cependant pas entièrement satisfait de ses premiers résultats et il lui semblait que la technique de l’hypnose était imparfaite. Il entreprit alors une nouvelle approche, celle de l’association libre. Ses patients furent invités à exprimer sans restriction et sans omission certains de leurs rêves, leurs peurs, leurs fantasmes et désirs, même les plus personnels et saugrenus. En analysant les propos libres de ses patients, Freud en vint à découvrir les conflits profonds qui paralysaient certains de leurs comportements. La résultante l’amena vers une meilleure compréhension de l’inconscient et des perceptions de soi chez l’humain. Sa technique du talking cure lui permit d’entrevoir dans les problèmes émotionnels de ses patients, des désirs sexuels inconscients qui émergeaient presque toujours du monde de l’enfance.

Ses talking cures permirent de guérir des maux que la médecine conventionnelle n’arrivait pas à enrayer. Ainsi est née la théorie psychanalytique qui influença et qui continue toujours à influencer la psychiâtrie et la psychologie humaine. Pour mieux comprendre la personne humaine, y compris la personne âgée, il faut s’attarder sur les motifs inconscients qui orientent sa conduite et la poussent à agir.


* à suivre *

lundi 14 décembre 2009

LA PERSONNALITÉ - 31e partie

Depuis de nombreuses années, beaucoup de penseurs ont élaboré des théories concernant la perception de soi et la conscience de soi. En ce sens, les théories les plus anciennes remontent aux Grecs, mais le véritable envol a été donné par le philosophe René Descartes avec ses interrogations sur la relation entre le corps et l’esprit. Descartes découvrit sa propre existence par induction et déduction. Il s’agissait, en effet, des premiers jalons expérienciels portant sur la connaissance de soi.

Pierce (1868) et Wundt (1880) ont été les premiers à affirmer l’existence de la conscience de soi et à réfléchir sur son origine. James (1890) a identifié deux approches afin de mieux comprendre le soi, l’une considérant le soi comme élément de connaissance et l’autre comme un objet connu. James fut également le premier à faire une distinction entre le soi spirituel, le soi matériel, le soi social et le soi corporel. Il observa que la façon d’être et d’agir d’une personne dépend entièrement de la manière dont on se perçoit. Il en vint à conclure que nos sentiments de valeur de soi et d’estime de soi se développent à partir de la perception que l’on a de soi en comparaison avec les personnes aux habiletés, aux talents et aux aptitudes semblables aux nôtres (Baulu-MacWillie, 1981, p.11).

Ce n’est véritablement qu’à partir de Freud (1923) que l’on retrouvera dans la littérature un lien entre la vie psychologique, le comportement et la perception de soi. Il nous apparaît nécessaire et utile de consacrer une bonne partie de cette partie à l’étude de sa pensée sur le sujet, ainsi que sur la perception de soi, l’âge et la personnalité en nous attardant plus spécifiquement aux contributions d’Erikson et de Maslow. En fait, tout le courant des humanistes, issu de la pensée psychanalytique, accorde une place prépondérante aux expériences infantiles dans le développement du moi. Luborsky (1964) nous explique que, dès l’enfance, l’être est pris dans une forme d’immobilisme où il n’y a pas d’issue. Pour Baltes et Goulet (1971), le développement s’arrête avec la fin de l’adolescence, alors que pour Lefebvre-Pinard, 1980, p.58, l’adolescence marque un état terminal, un genre de plateau, de relative stabilité.

Analysons la notion de la perception de soi en regard de la grille d’évaluation soit l’échelle des âges (l’expression est de Michel Phillibert) selon Freud, Erikson et Maslow.

La perception de soi a toujours eu une place prépondérante dans l’histoire de la psychanalyse. Dans l’œuvre de Sigmund Freud en particulier, elle est associée au moi qu’il distingue bien du ça et du surmoi; aujourd’hui cependant, les nouveaux théoriciens de la psychanalyse ont laissé partiellement de côté la pathologie pour véhiculer une conception plus normale de la personnalité. L’accent est mis sur la survie de l’individu et les fonctions innées d’adaptation. La psychanalyse s’élabore différemment suivant la personnalité et les recherches de certains auteurs. Quelques uns vont insister sur les pulsions libidinales, d’autres sur l’environnement ou les tendances innées d’adaptation, etc.

Nous brosserons dans les pages qui suivent un tableau d’ensemble de l’importance et de l’évolution des perceptions de soi en fonction du critère âge et des besoins fondamentaux selon Freud, Erikson et Maslow.


* à suivre *

dimanche 13 décembre 2009

LA PERSONNALITÉ - 30e partie

LE MOI ET LA PERSONNALITÉ EN PHASE DE VIEILLISSEMENT

Plusieurs théoriciens accordent à la perception de soi un rôle prépondérant dans l’intégration de la personnalité (Erikson, 1968; Fromm, 1962) et la motivation du comportement (Maslow, 1954; Rogers, 1951). De plus Rogers (1968) dégage de ses observations cliniques toute l’importance que l’individu accorde à son portrait, l’acceptation de soi ainsi qu’aux conséquences du rejet de soi.

La perception de soi a toujours été associée avec le développement de la personnalité. Le tableau suivant nous indique, dans un ordre chronologique, certains auteurs qui ont fait le rapprochement entre les deux. Les voici : Cooley, 1902; Mead, 1934; Lewin, 1935; Koffka, 1935; Angyal, 1941; Bertocci, 1945; Cattell, 1950; Sullivan, 1953; Lecky 1956; Fromm, 1962; etc.

Quant à l’apport de Freud, d’Erikson et de Maslow, nous leur consacrerons sous peu plusieurs pages dans cette partie, mais voyons d’abord les grandes lignes des différentes approches de la perception de soi comme facteur d’intégration de la personnalité dans un tableau synoptique que nous présente Baulu-MacWillie, 1981 :

-La perception de soi se développe par interaction avec des personnes significatives, et reflète en partie la perception que les autres ont de nous-même (Cooley, 1902; Erikson, 1968; Mead, 1934; Sullivan, 1953).

-La perception de soi comprend un aspect central relativement permanent qui donne unité, consistance et organisation à l’ensemble de la personnalité (Cattell, 1950; Erikson, 1968; Koffka, 1935; Lecky, 1956 et Lewin, 1935).

-La perception de soi est objet de connaissance (Angyal, 1941; Erikson, 1968 et Koffka, 1935).

-La perception de soi est active dans le processus de compréhension interpersonnelle (Fromm, 1962).

-La perception de soi représente une intégration de valeurs et de normes qui dirigent le comportement (Bertocci, 1945; Erikson, 1968; Sullivan, 1953).

* à suivre *

samedi 12 décembre 2009

LA PERSONNALITÉ - 29e partie

CONCLUSION

Ces quelques issues appliquées aux différents stades nous montrent bien le processus évolution de l’individu.

Dans le processus de maturation intellectuelle Kohlberg a déterminé au cours de ses recherches six stades de développement moral. Ils sont tous qualitativement différents les uns des autres et constituent entre eux une séquence progressive. Ils s’engendrent les uns dans les autres dans une perspective développementale.

Ces stades de développement moral font référence à des structures (les schémas de Piaget) et non au contenu moral (aux valeurs elles-mêmes). Les quatre premiers stades de Kohlberg corresponderaient à « l’hétéronomie » de Piaget alors que les stades 5-6 corresponderaient à « l’autonomie de Piaget ».

Chaque individu s’intègre dans le premier stade et poursuit, à un rythme qui lui est propre, la marche vers l’autonomie qu’il n’atteindra peut-être….jamais.

PRÉLIMINAIRES
Depuis des centaines d’années que les humanistes s’efforcent de construire un système de valeurs naturelles et psychologiques, qui puisse dériver de la nature même de l’homme. Et pourtant, la plupart n’ont pas encore réglé un mieux être, un bien-vivre, puisque nous avons encore aujourd’hui autant de névrosés, d’inadaptés.

Si elles ont échoué, ce n’est pas par manque d’affirmations psychologiques, mais c’est beaucoup plus parce qu’elles sont inadéquates, fausses, incomplètes, ou encore présentent des lacunes.

« Comme chacun défend son territoire moral et surestime le « bien » dont il a la charge » (Rostand), l’humanité est moins menacée par l’indigence morale que par la pluralité de ses idéaux. Nous faisons face à un antagonisme de dévouement.

Afin de mieux comprendre ce que nous sommes, le monde dans lequel l’on vit, le cheminement que nous devons parcourir, il faudrait faire appel à toutes les perspectives d’étude présentes qui nous donneraient un éclairage multidisciplinaire. On percevrait le recoupement et le cloisonnement de certaines sciences et théories, l’archaïsme de d’autres. La portée de ce travail ne nous le permettrait pas. Si l’approche biologique, (Money), l’approche psychanalytique (Freud), l’approche anthropologique (Margaret Mead) ouvrent des dimensions, nous aimerions présenter un travail de synthèse sur deux auteurs contemporains qui nous intéressent :
Erik H. Erikson et Kohlberg.


* à suivre *

jeudi 10 décembre 2009

LA PERSONNALITÉ - 28e partie

NIVEAU III (Post-conventionnel)
(autonomie - principes)



lundi 7 décembre 2009

LA PERSONNALITÉ - 26e partie

Dans le tableau qui suit, nous présenterons d’une façon très schématique quelques « issues » et le choix qu’effectueraient les individus placés en situation conflictuelle selon leur stade respectif.



* à suivre *

dimanche 6 décembre 2009

LA PERSONNALITÉ - 25e partie

III-NIVEAU POST-CONVENTIONNEL ‘AUTONOME’ NIVEAU DES PRINCIPES

À ce niveau, l’on retrouve des efforts marqués pour définir les valeurs morales et les principes valides sans que désormais la validité ne dépende de la qualité des personnes constituées en autorité ni de la profondeur de l’identification d’un individu avec son milieu.

Stade 5

Orientation légaliste de type : contrat social


À ce stade, le style général est utilitariste. Le bien y est définit au terme de droits individuels et de règles admises par l’ensemble de la société. Le relativisme des valeurs et des opinions personnelles y existe : on mettra ici l’accent sur la procédure pour aboutir à un consensus. Mis à part ce qui est constitutionnellement et démocratiquement admis, le « bien » est une question de valeur et d’opinion personnelle. D’où insistance sur le point de vue légal sans pourtant refus de la possibilité de changer les lois, selon des démarches rationnelles et en vertu de l’utilité sociale. Hors du champ légal, les ententes et les pactes deviennent éléments d’obligations morales. Cette structure morale est celle de la moralité « officielle » des états démocratiques.

Stade 6

Orientation dite des principes éthiques

Bien défini selon la décision de la conscience individuelle appliquant au concret une éthique. Système éthique choisi en fonction de sa pertinence, cohérence, et « universalité ». Ces principes sont abstraits et ne constituent pas des règles morales. Ils ont les principes universels de justice, d’égalité, respectant la dignité humaine. À ce stade on pourrait parler d’autonomie.

Les aspects ou « issues »
Lorsque nous examinons une situation conflictuelle où des valeurs morales sont en cause, il convient d’examiner cette situation sous différents aspects.
Ces aspects, au sens de Kohlberg, représentent une série de questions fondamentalement morales, d’idées ou de fonctions qui jouent un rôle dans le jugement moral et à partir desquelles une théorie morale ou un modèle moral peut prendre forme.

On peut examiner ces aspects soit au moyen des principes généraux cachés derrière les valeurs concrètes (ce que Kohlberg appelle les catégories) ou encore par les « issues », définies par les intérêts (valeurs) concrets-immédiats entre lesquels un individu doit faire des choix dans une situation concrète. Les « issues » cernent un conflit moral.

Comme pour les besoins du travail on ne se servira que des « issues », nous en apportons la définition.

Kohlberg définit l’issue comme un champs d’application des valeurs morales, ou encore, l’angle sous lequel on peut examiner une valeur morale en jeu dans une situation donnée :
La loi, la conscience, l’affection, l’autorité, la justice, la punition, la vie, la propriété, la franchise et honnêteté, la sexualité-amour...

* à suivre *

samedi 5 décembre 2009

LA PERSONNALITÉ - 24e partie

II-NIVEAU CONVENTIONNEL
À ce niveau, l’action qui satisfait aux attentes du milieu familial ou social est perçue comme valable en soi, indépendamment de ses conséquences. Il s’agit ici moins d,Une conformité aux expectatives des milieux auxquels l’individu appartient, que d’une loyauté envers elles. Cette loyauté est doublée d’une volonté de maintenir et de supporter les attentes des personnes ou du groupe concerné.

Stade 3
Orientation dite du « bon petit garçon » et de la « gentille petite fille » Stade de l’approbation des autres et des bonnes relations.

Le « bon » comportement est ici celui qui plaît qui est utile aux autres, celui que les autres approuvent. L’action est « bonne » si elle se conforme aux images stéréotypées du comportement « de la majorité » ou de la conduite dite « naturelle ». L’action est souvent jugée selon l’intention qui la sous-tend. Le « il a voulu bien faire » sert de critère de base.

Stade 4
Orientation dite de la loi et de l’ordre
On retrouve ici une disposition à soutenir l’autorité, les règles définies et l’ordre social. L’action « bonne » devint celle qui permet de faire son devoir, de respecter l’autorité et de maintenir l’ordre social. Le devoir, le respect de l’autorité et le maintien de l’ordre deviennent ici des fins en elles-mêmes.
* à suivre *

vendredi 4 décembre 2009

LA PERSONNALITÉ - 23e partie

Les stades de jugement moral

I-NIVEAU PRÉ-CONVENTIONNEL
À ce niveau, l’individu réagit aux règles de « bon et de mauvais ». Une action est bonne en fonction du caractère égocentrique et en fonction des conséquences de celle-ci. Elles sont liées au pouvoir de coercition physique de ceux qui les énoncent ou les font respecter.

Stade 1
Orientation dite de la punition ou obéissance simple

C’est en terme de punition/récompense que l’individu détermine la bonté ou la malice d’une action, ignorant la signification humaine ou la valeur des conséquences de l’action. Éviter la punition ou obéir aveuglément au pouvoir sont ici valorisés eux-mêmes et non pas pour respecter un ordre moral sous-adjacent à la punition ou à l’autorité.

Stade 2
Orientation instrumentaliste relativiste

L’action droite est ici celle qui, par sa méfiance, peut satisfaire des besoins personnels et occasionnellement les besoins des autres. Les relations humaines s’organisent ici comme les relations strictement commerciales d’une place de marché. On peut retrouver à ce stade des éléments de réciprocité, de sincérité et de partage, mais ils sont toujours envisagés sous l’angle pragmatique; même la gratitude s’avérera du « donnant-donnant ».

* à suivre *

jeudi 3 décembre 2009

LA PERSONNALITÉ - 22e partie

Explication générale de la théorie de Kohlberg

Dans le sillon de Piaget, Kohlberg (1958) distingue trois niveaux dans le développement du jugement moral :
1-le niveau d’une morale pré-conventionelle
2-le niveau d’une morale conventionnelle
3-le niveau d’une morale post-conventionnelle

À chacun de ces niveaux, Kohlberg greffe deux stades totalisant une séquence de six stades, possédant les caractères suivants :

a) universel
Tous et chacun nous passons par le premier stade et franchissons le suivant selon notre rythme, peu importe la race, la nationalité, ou la culture. Il faut toutefois observer que dans certaines cultures, les gens passent plus rapidement à des niveaux plus avancés ou les atteignent en plus grand nombre.

b) conséquenciel
Le concept de stade fait référence à une organisation structurale équilibrée. Un stade subséquent représente une version plus complexe de la structure du stade antérieur et plus qualitativement différente de la précédente et capable de mieux résoudre les problèmes de la réalité. L’existence de chacun est fondée sur la présence du précédent.

c) invariable
Le passage d’un stade à un autre se fait toujours selon la même séquence. Les régressions sont impossibles parce que le processus n’est pas seulement d’une addition mais d’une intégration.

d) irréversible
La direction du processus se fait toujours vers une plus grande complexité de la structure.

e) structural
La théorie de Piaget considère le cognitifs comme un processus développemental qui évolue de façon ordonnée à travers une série de stades qualitativement différent et reliés entre eux. Kohlberg s’en inspire.

Dans les pages qui suivront, nous allons maintenant définir ces niveaux dont parle Kohlberg et les différents stades qui s’y rattachent.

* à suivre *

mercredi 2 décembre 2009

LA PERSONNALITÉ - 21e partie

APPROCHE EXISTENTIELLE
Kohlberg

La théorie du développement du jugement moral de Kolhberg, ou, typologie des motivations, se situerait à notre avis, comme un pont, un trait d’union entre
1-les sciences expérimentales, par sa méthode
2-les sciences philosophiques, dans sa façon de voir l’existence, i.e., le développement du MOI par rapport au monde extérieur.

Nous qualifions la théorie de Kohlberg « d’existentielle » parce qu’elle rejoint la philosophie socratique du pourquoi en tant que jugement de valeur, et parce que, en second lieu, elle se rapproche beaucoup de la psychologie existentielle dans le développement de l’humain, par l’observation des personnes actualisées qui présentent des valeurs fort semblables.

Plusieurs auteurs parlent ainsi de leurs découvertes empiriques des valeurs universelles (Roger, Rolo May, Dabrowski, Maslow) pour identifier chez les personnes accomplies :
-l’autonomie dans les décisions personnelles
-une morale personnelle ferme
-des perceptions éveillées
-la compréhension empathique
-la capacité d’aimer
-l’engagement à une tâche de vie utile aux autres
-la créativité
-les expériences transcendantales
-l’usage de la solitude positive
-la préséance des personnes et des liens interpersonnels sur la possession et satisfactions matérielles

Si nous situons encore la théorie de Kohlberg en « psychologie expérimentale » c’est aussi parce que la méthode de recherche est empirique, i.e. une analyse de la réalité du développement humain.

Ses recherches dans sa thèse de doctorat se basent sur une donnée factuelle et sur l’analyse de nombreuses entrevues avec des sujets bien humains. Tout comme Piaget, les énoncés de Kolhberg se fondent sur des observations, et ne sont pas les considérations d’un seul esprit interprétant les hypothèses possibles.
Pour Kohlberg, notre façon « d’être au monde » et d’interagir avec la réalité est directement proportionnel au « cognitif de Piaget ». Il approfondit cette théorie « cognitive » en isolant six stades plus discriminants que ceux de Piaget mais non contraires à ces derniers.

Avant de clore ce préambule, il est à préciser que le développement individuel ne procéderait pas seulement chez Kolhberg, de changements quantitatifs mais aussi de changements qualitatifs. Ce processus de changement est alimenté :
-par le dynamisme de l’interaction entre les forces externes et les forces internes
-par l’équilibre que veut établir un individu devant les sollicitations conflictuelles de la réalité environnante.

L’individu se développe ainsi selon son propre rythme, et chacun passera par la même séquence de stades allant d’un stade sensori-moteur vers le stade de l’opération abstraire.
* à suivre *

mardi 1 décembre 2009

LA PERSONNALITÉ - 20e partie

CONCLUSION
L’ensemble des étapes du développement humain démontre que toutes les étapes de la vie sont reliées entre elles, pour aboutir à une crise constante de l’identité. Tout se ramène en définitive à une question d’identité, et l’identité est assurée à chaque étape grâce à l’équilibre des adultes.

Seul un sentiment qui s’accroît graduellement fondé sur l’expérience de santé sociale et de solidarité culturelle à la fin de chaque crise majeure de l’enfance, promet cet équilibre périodique dans la vie humaine qui donne un sentiment d’humanité par l’intégration des stades du moi.

Mais partout où ce sentiment est perdu, partout où l’intégrité se change en désespoir et en dégoût, partout où la générativité se change en stagnation l’intimité en isolement et l’identité en confusion, un ensemble de peurs infantiles associées se réveillent : car seule une identité sûrement annexée dans le « patrimoine » d’une identité culturelle peut produire un équilibre psycho-social réalisable. (Childhood p. 402).

Pour mieux comprendre l’adolescent d’aujourd’hui, il faut connaître l’identité et son importance dans l’ensemble de la vie humaine. Elle est d’abord confiance au début de la vie et devient intégrité à l’âge adulte.

BIBLIOGRAPHIE
1950, Childhood and Society
Cet ouvrage établit ce fondement et la structure générale de l’œuvre d’Erikson
On retrouve l’identité située dans son contexte psycho-social.

1958, Young Man Luther
Ce volume est une étude psycho-historique. À travers ce personnage de Luther replacé dans son milieu et son époque Erikson étudie les relations entre l’identité et l’idéologie.

1959, Identity and the Life Cycle
Trois articles réunis sous un même titre où il s’explique sur le concept d’identité, comme dans ses autres ouvrages.
Erikson veut montrer dans cette monographie , l’unité du cycle humain tout en insistant sur l’adolescence.

1964, Insight and Responsibility
Il étudie les implications éthiques de l’approche psychanalytique de l’homme.
* à suivre *