lundi 31 janvier 2011

LA NOTION DU DÉSIR CHEZ LE COUPLE 26 partie

J’ai mieux compris le point de vue des personnes ressentant un fort désir pour le sexe après avoir écouté un groupe d’hommes parler de ce qu’ils éprouvaient face à la leurs partenaires qui repoussaient constamment leurs avances. Leur douleur et leur frustration étaient « palpables » :


Léo : « Quand ma femme ne montre aucun intérêt pour le sexe, je me sens vide, triste, laissé pour compte, rejeté, séparé…. »

Bertrand : « J’ai l’impression de n’avoir aucune valeur, et ceci dans tous les domaines de mon être. »

Frank : « Je me sens frustré, en colère, irrité. »

Marc : « Je me sens embarrassé. »

Jean : « Je me sens repoussé, rejeté. C’est comme une castration. »

Bertrand : « Je me sens humilié. »

Marc : « Vous savez, le manque de réaction ne débute pas systématiquement au lit!
Quand elle affiche le signal « non » inutile d’insister, et je n’ai pas besoin d’arriver au lit pour m’en apercevoir! Je le sais dès le matin, et cela me déprime pour toute la journée. »

Daniel : « Je me sens inutile et impuissant. Quand je sais que ma femme va me tourner le dos, je suis incapable de faire quoi que ce soit. C’est une sensation très désagréable. »

Simon : « J’éprouve un réel désir pour ma femme. J’aimerais qu’elle me désire aussi. Est-ce trop demander? »

Dans ce groupe d’hommes, l’intensité de leur colère ou de leur sentiment de rejet semblait dépendre, jusqu’à un certain point, de la durée de leur relation avec leur partenaire. Contrairement aux autres, l’un des hommes a dit que cela ne le dérangeait pas quand sa petite amie n’avait pas envie de faire l’amour. En fait, il considérait cela un peu comme un défit, a-t-il dit dans un large sourire.

« Ah oui? », a dit l’homme assis à côté de lui. « Et depuis quand vivez-vous ensemble? ».
« Deux ans », a répondu l’autre.
« Eh bien, revenez m’en parler quand vous aurez treize ans de mariage derrière vous. Nous verrons si vous souriez toujours autant. »

Les hommes ne sont pas les seuls à faire l’expérience de la frustration. Les femmes ayant un fort taux de désir, avec un partenaire en ayant un faible, peuvent se sentir tout autant mal aimées, rejetées et même désespérées. Une de mes patientes actuelles est profondément déprimée du manque d’activité sexuelle au sein de son couple. « Je vais avoir 40 ans au mois d’août », m’a-t-elle dit. « Je me trouvais seule dans une chambre d’hôtel, lors d’un récent voyage d’affaires. Je me demandais depuis combien de temps mon mari ne m’avait pas fait d’avances sexuelles. Puis je me suis dit : ‘Je ne ferai plus jamais l’amour’. Je me suis souvenue avec nostalgie des premiers temps de notre relation, quand nous faisions ensemble des choses folles et sauvages. Si je faisais ça maintenant, il me dirait : ‘Laisse-moi tranquille, ne me casse pas les pieds’. Il n’y a rien d’excitant dans notre mariage. Aucune passion. Et plus je réfléchissais à tout cela, plus je devenais malheureuse. Finalement, j’ai pleuré à gros sanglots pendant une heure et demie! »

* à suivre *

vendredi 28 janvier 2011

LA NOTION DU DÉSIR CHEZ LE COUPLE 25 partie

Après avoir obtenu son bacc, elle a pris un appartement avec Frank, un garçon dont le désir était encore plus vif que le sien. Au début, elle considérait leur vie à deux comme un festin permanent à la gloire de la sensualité. Dès qu’elle avait envie de sexe, son désir s’assouvissait. Mais au bout d’un an de vie commune, elle a commencé à se sentir submergée par le désir incessant de Frank : « Le sexe m’était offert, que je le veuille ou non, le matin et le soir. Je me suis mise à souhaiter des coupures ». Après trois ans passés avec lui, elle se sentait complètement envahie. « J’en étais arrivée au point où je n’éprouvais plus aucun désir du tout. D’ailleurs comment en aurais-je eu le temps puisqu’il passait son temps à me sauter dessus? « Écarte-toi de moi! » J’ai commencé à le repousser de plus en plus souvent. Le sexe est rapidement devenu le principal problème dans notre relation. Il n’était jamais rassasié et moi je me sentais au contraire assaillie »….Son partenaire et elle s’étaient laissé prendre dans les filets et la polarisation.

Il est plus facile de comprendre la réaction de Jeannette si on l’extrait du contexte sexuel. Imaginez comment vous réagiriez si votre partenaire vous servait à manger sur un plateau, systématiquement, une heure avant que vous ayez faim? Au début, vous seriez touché(e) par ses marques d’affection. Il est toujours agréable d’avoir à ses côtés quelqu’un qui sait devancer vos désirs. Mais à la longue, cela vous énerve un peu. Le plateau de nourriture vous est servi, que vous le vouliez ou non. Vous commencez à le repousser. S’il continue à vouloir vous nourrir alors que vous n’avez pas faim, vous allez commencer à lui en vouloir. Vous aimez manger, vous avez besoin de manger, vous ne pourrez survivre sans nourriture, mais vous ne voulez pas que ce soit votre partenaire qui détermine quand, et à quelle fréquence, vous devez manger! Vous êtes tous deux polarisés sur le problème de la nourriture.

La même dynamique s’applique au sexe. Si quelqu’un vous sollicite constamment avant que vous éprouviez du désir, vous perdrez votre appétit sexuel. Vous commencez à vous sentir comme un outil permettant d’assouvir le désir de l’autre.

Très vite, vous commencez à dresser des barrières entre vous dès qu’il est question de faire l’amour : « Oui, chéri(e), je serais très content(e) de faire l’amour, mais à condition qu’il fasse assez chaud dans la chambre, qu’il ne soit pas trop tard, que la vaisselle soit faite, que j’aie fini mon travail pour le bureau, que le chien ait été sorti,… » Malheureusement, peu à peu, vous avez perdu de vue que vous aussi éprouviez du désir, et preniez énormément de plaisir aux joies du sexe.

À présent, examinons la situation depuis l’autre côté du lit. Elle vous apparaît radicalement différente si c’est vous qui éprouvez un fort désir. Au début de votre relation, votre partenaire semble aussi motivé(e) que vous par le sexe. La nouveauté de la relation ajoutée à la contagion de l’amour romantique rendent vos rapports amoureux aussi merveilleux que passionnés. Puis, au bout de quelques mois, de quelques années, ou à la naissance d’un bébé, l’intérêt de votre partenaire pour le sexe s’émousse. Vous avez l’impression que c’est toujours vous qui prenez l’initiative. À votre grand regret, votre partenaire a de plus en plus de mal à se laisser porter par l’excitation. Du coup, vos rapports sexuels se passent sans grande passion car vous vous sentez retenu(e) par l’inertie de votre partenaire. (Je me souviens de ce que m’a dit un de mes clients : « Quand ma femme et moi faisons l’amour, j’ai la sensation de la pousser en brouette, inerte, en haut de la montagne. C’est moi qui fais tout le travail »).

Si malgré vos efforts la situation ne s’améliore pas, vos allez peut-être vous sentir irrité(e) ou rejeté(e). Peut être allez-vous vous inquiéter de ce que votre partenaire n’est plus amoureux(se) de vous, qu’il(elle) a une aventure avec quelqu’un d’autre ou que vous ne l’attirez plus physiquement.

* à suivre *

jeudi 27 janvier 2011

LA NOTION DU DÉSIR CHEZ LE COUPLE 24 partie

UNE POLARISATION EXCESSIVE

Qu’en est-il de la majorité des couples qui ont un taux hormonal normal ou qui ne veulent pas prendre d’hormones sexuelles ? Que peuvent-ils faire pour rétablir l’équilibre entre leurs taux de désir respectifs? Il y a quelques années de cela, j’ai eu recours à toutes sortes de moyens autodestructeurs pour affronter les bagarres nocturnes continuelles avec mon partenaire : j’ai fait semblant d’être excitée, j’ai trouvé toutes les excuses possibles, je lui a fait honte, j’ai généré des disputes, j’ai simulé l’orgasme et j’ai évité autant que possible les rapports sexuels avec lui. Si j’en avais su davantage sur la biologie du désir, je me serais sentie moins inadéquate au sujet de ma sexualité, et j’aurais mieux compris celle de mon partenaire. Cela nous aurait aidés à appréhender la situation d’une manière constructive.

Cependant, pour trouver des solutions efficaces, je crois qu’il nous aurait aussi fallu en savoir plus sur la psychologie du désir. Et en particulier, sur la dynamique troublante de la polarisation. Au début que nous étions ensemble, le désir sexuel de mon partenaire était à peine plus prononcé que le mien. Mais au fil du temps, son désir à lui a semblé augmenter tandis que le mien s’est atténué. Finalement, nous ressemblions aux personnages du film. « Annie Hall », de Woody Allen : il trouvait que nous ne faisions presque jamais l’amour, et moi je trouvais que nous le faisions « tout le temps ». Nous nous étions chacun polarisés sur la fréquence de nos rapports sexuels, ce qui accentuait encore nos différences physiques.

Un très grand nombre des couples venus me consulter pour une thérapie ont prêté le flanc à la polarisation. Il me vient toujours en tête un exemple frappant. Il y a plusieurs années, j’ai travaillé avec une jeune femme du nom de Jeannette, qui avait une libido exacerbée. Elle m’a dit qu’au cours d’une de ses aventures à l’université, son désir était tel qu’elle devait se masturber pour assouvir ses appétits, bien qu’elle fasse déjà l’amour tous les jours avec son partenaire. Après une séance particulièrement « hot » sur le siège arrière de la voiture du jeune homme, elle était tellement excitée qu’elle a eu du mal à rejoindre le dortoir. « Mes genoux s’entrechoquaient, comme dans les romans à l’eau de rose », m’a-t-elle dit.

* à suivre *

mercredi 26 janvier 2011

LA NOTION DU DÉSIR CHEZ LE COUPLE 23 partie

Pourquoi tant d’hésitation? Il se peut que certains médecins ne soient pas bien informés au sujet du rôle de la testostérone dans la sexualité féminine. D’autres ne considèrent pas le manque d’intérêt des femmes pour le sexe comme un problème sérieux. Un grand nombre de femmes ont subi toute leur vie toutes sortes d’examens médicaux mais n’ont jamais été questionnées sur leur sexualité. Une femme m’a rapporté les propos de son médecin traitant alors qu’elle s’était plainte à lui de son manque de désir : « Ne vous plaignez pas! Au contraire, soyez heureuse, déjà, de pouvoir simuler! Votre mari ne le peut pas, lui. »

Certains médecins préfèrent éviter de prescrire des hormones à cause de leurs effets secondaires possibles. Par exemple, un apport important de testostérone peut favoriser l’apparition de poils sur la figure, rendre la voix un peu plus grave, provoquer de l’acné et les modifications du cycle menstruel. Même si les femmes qui ont participé aux recherches menées par Barbara Sherwin n’ont eu à subir que de faibles effets secondaires, tous réversibles, de nombreux médecins continuent de s’inquiéter des effets virilisants de la testostérone sur une femme, et des éventuelles poursuites judiciaires qui pourraient s’en suivre.

Quand une personne se plaint d’un taux anormalement bas de désir sexuel, je pense qu’il faut lui fair subir une série complète d’examens physiques. Un généraliste peut attribuer un faible taux de désir à des causes extérieures telles qu’une dépression, la prise de médicaments qui ont pour effets secondaires d’atténuer le désir sexuel, un problème d’alcool et certaines maladies chroniques. Mais si les tests sanguins révèlent une déficience hormonale, le médecin doit mettre son patient en relation avec un endocrinologue pour des investigations plus approfondies, et un traitement approprié. (Les femmes auront peut-être à consulter plusieurs spécialistes avant d’en trouver un qui a l’habitude de prescrire de la testostérone à ses patientes).

* à suivre *

mardi 25 janvier 2011

LA NOTION DU DÉSIR CHEZ LE COUPLE 22 partie

J’ai trouvé que cette brève introduction à la biologie du désir balayait en grande partie la confusion que ressentent certains couples. Un homme a dit : « Vous avez tendance à croire que votre partenaire a le même intérêt pour le sexe que vous. Et si elle ne veut pas faire l’amour avec vous, vous vous dites que c’est parce qu’elle ne vous aime plus ou ne vous trouve plus attirant. Savoir qu’il existe une autre explication est un réel soulagement! » Une femme, au début de la soixantaine, est arrivée aux mêmes conclusions :
« Je comprends maintenant que la constitution de mon mari est en rapport direct
avec sa baisse d’intérêt pour le sexe. Il a moins de testostérone. Je pensais
que je ne lui plaisais plus. » Lors d’une pause entre deux séances de travail,
une femme m’a dit : « Je n’ai jamais éprouvé beaucoup de désir en matière de
sexe. Mais depuis que je vous ai écoutée, je me sens enfin ‘normale’ pour la
première fois de ma vie. C’est pour moi un immense soulagement. »


Mais l’information et la connaissance sont rarement suffisantes. La plupart des couples cherchent à minimiser leurs différences au lieu de chercher à mieux se comprendre mutuellement. Un homme a dit franchement : « Super! Maintenant, je sais pourquoi ma femme est si peu attirée par le sexe! Mais je veux quand même qu’elle change à ce sujet. »

On me pose régulièrement la question de savoir s’il est possible d’augmenter son degré de désir grâce à un apport supplémentaire de testostérone. Ma réponse est « oui », à condition qu’il s’agisse d’un homme ayant un taux d’hormones sexuelles anormalement bas. Depuis quelque temps déjà, les médecins prescrirent des injections de testostérone aux hommes qui commencent à prendre de l’âge ou qui ont un taux anormal d’hormones. Mais maintenant que cette hormone peut être administrée grâce à un petit timbre à coller sur la peau le traitement est beaucoup plus agréable. Cependant, si l’apport d’hormones ne s’emploie pas plus couramment, c’est qu’il reste certaines zones d’ombre en ce qui concerne la relation entre la testostérone et le cancer de la prostate.

Et pour ce qui est de prescrire de la testostérone aux millions de femmes qui ont un faible taux de désir? À la publication des résultats fracassants des études de Barbara Sherwin sur la testostérone et les femmes, elle a été littéralement assaillie de questions. Quels médicaments prescrivait-telle? À quel dosage? Quels étaient les effets secondaires?

Malgré l’effervescence et l’excitation générées par ces découvertes, les médecins ont mis longtemps avant de se décider à prescrire de la testostérone aux femmes. Lors d’un colloque sur les troubles du désir sexuel, un médecin généraliste a dit qu’il avait passé plus de cinq heures au téléphone pour trouver un endocrinologue qui veuille bien ne serait-ce qu’écouter son désir de prescrire de la testostérone à l’une de ses patientes.

* à suivre *

lundi 24 janvier 2011

LA NOTION DU DÉSIR CHEZ LE COUPLE 21 partie

LA TESTOST/RONE, LES HOMMES ET LE DÉSIR SEXUEL

Pendant longtemps, on a cru que seules les femmes avaient ces fluctuations hormonales, mais les hommes aussi ont leurs marées internes. Le taux de testostérone d’un homme peut doubler aux premières heures du jour, un rythme circadien qui tend à diminuer avec l’âge. Des courbes ont d’ailleurs pu être établies. En effet, en observant un groupe d’hommes enfermés pour plusieurs mois dans un sous-marin nucléaire, des chercheurs ont remarqué qu’à certaines périodes, leur barbe se mettait à pousser plus vite tandis que leur humeur oscillait entre l’euphorie et une dépression de fabile intensité. Ils ont attribué ces changements à un cycle de testostérone, sur quatre à six semaines, non encore observé jusqu’alors.

Les événements de la vie (même les événements relativement mineurs tels que gagner ou perdre à une activité sportive) peuvent également influer sur le taux de testostérone d’un homme. Une étude a été réalisée sur les joueurs de tennis de six universités, pendant toute une année scolaire. Après un match, le taux de testostérone des gagnants était supérieur à celui des perdants. Curieusement, on a pu observer la même montée de testostérone chez les gagnants de parties d’échecs.

Mais ces montées de testostérones se traduisent-elles par un intérêt plus grand pour le sexe? Nous ne le savons pas avec certitude. Cependant, il semble que le taux moyen de testostérone, chez un homme, influe effectivement sur son désir. Une étude réalisée sur un groupe d’hommes jeunes a montré que les hommes ayant un fort taux de testostérone avaient une activité sexuelle (y compris la masturbation) plus grande que ceux en ayant un taux plus faible. Elle a aussi démontré, chez les premiers, un comportement sexuel plus prononcé que chez les seconds.

Est-ce qu’une chute temporaire du taux de testostérone d’un homme peut amoindrir son intérêt pour le sexe? Probablement pas. La plupart des hommes ont assez de testostérone, même dans les parties les plus basses de leur cycle, pour maintenir en éveil leur intérêt pour le sexe. La plulpart des hommes ne voient un déclin notable de leur activité sexuelle qu’à la chute de la production de testostérone. Un pour cent des hommes, seulement, entre 20 et 40 ans, souffre d’une déficience en testostérone notable. Ils sont ensuite cinq pour cent entre 40 et 65 ans, et vingt pour cent après 65 ans.

Les choses semblent se passer différemment pour les femmes. Les chercheurs pensent que le taux de testostérone de nombreuses femmes chute au-delà d’un seuil critique, à intervalles réguliers dans le mois, diminuant ou éliminant carrément leur intérêt pour le sexe. D’autres femmes ont un taux de testostérone si bas qu’elles n’éprouvent jamais le moindre désir sexuel, même au plus haut de leur cycle.

* à suivre *

vendredi 21 janvier 2011

LA NOTION DU DÉSIR CHEZ LE COUPLE 20 partie

UN DEGRÉ DE DÉSIR SEXUEL FLUCTUANT

Le désir sexuel varie considérablement d’une femme à l’autre, mais il peut aussi varier, chez une même femme, d’un jour à l’autre. Certaines femmes se sentent plus excitées sexuellement lorsqu’elles sont en période ovulatoire, ce qui correspond au moment où leur organisme produit le plus de testostérone. D’autres, notamment celles appartenant au groupe « P+ », se sentent davantage d’humeur sensuelle juste avant ou pendant leurs règles. (La montée du désir à ce moment-là du mois est une caractéristique tellement fréquente chez les femmes appartenant au groupe « P+ » qu’elle peut suffire à révéler un taux de testostérone important chez une femme. En effet, les femmes ayant un taux de testostérone plus bas ont des réactions moins marquées tout au long du cycle menstruel). D’autres encore semblent être plus attirées par le sexe dans la première moitié de leur cycle, peut-être à cause de la sensation de bien-être qui accompagne tous les mois la montée d’estrogène. En plus de ces fluctuations périodiques, les femmes ont tendance à avoir de plus longs cycles de désir qui correspondent aux changements hormonaux dus à une grossesse, à l’allaitement ou à la ménopause. Une de mes amies m’a confié qu’elle avait eu des envies sexuelles particulièrement prononcées lors de sa dernière grossesse. « Il m’arrivait de me jeter sur mon mari ! », m’a-t-elle dit. « Il ne savait pas ce qui était en train de m’arriver, mais jamais je ne l’ai entendu se plaindre! » Puis, dès que le bébé est né, son désir s’est émoussé. « La seule explication que je vois, c’est que soudain, je me suis sentie totalement comblée, en plénitude. À un moment, j’étais d’une sensualité torride, et le moment d’après, le sexe était le cadet de mes soucis. Je ne ressentais plus aucun besoin, quel qu’il soit ». Quand le bébé a eu 4 mois, son mari s’est finalement énervé et lui a demandé ce qui n’allait pas. « Il avait envie de faire l’amour, mais il se sentait négligé et dans une grande confusion », m’a dit mon amie.

Ce que ce couple ne savait pas, c’est que la plupart des femmes constatent une chute spectaculaire de leur intérêt pour le sexe pendant toute la période de l’allaitement. Ce phénomène peut être dû à la montée de la prolactine (l’hormone qui stimule la production de lait) ou à la baisse de la testostérone. Cette diminution temporaire de l’attirance pour le sexe fait office de planning familial, permettant de laisser un temps nécessaire entre deux grossesses. Mais il peut aussi créer une distance involontaire entre le mari et la femme. Un grand nombre de couples que je reçois à mon cabinet estiment que leurs problèmes sexuels ont débuté à la naissance de leur premier enfant. Il est facile de comprendre comment les choses se passent. Quand un bébé arrive dans la famille, la femme doit affronter les demandes incessantes qu’exigent d’elle sa tâche de mère, le manque de sommeil et une chute soudaine de son désir sexuel. Si les deux époux ne savent pas que cette perte du désir peut être due aux modifications hormonales, ils peuvent se dire que leur amour est en train de s’éteindre.

Il est communément admis que le taux de désir sexuel d’une femme augmente vers le milieu de sa vie active. C’est vrai pour beaucoup de femmes, mais pas pour toutes. En fait, la plupart des femmes ressentent une diminution de leur désir dès que leurs ovaires cessent de produire de la testostérone. Une étude, portant sur un groupe de femmes ayant été suivies pendant toute la période de leur ménopause, a montré qu’après l’arrêt de leurs règles, les femmes ressentaient moins de pulsions sexuelles, laissaient moins leur esprit s’échapper dans des rêveries érotiques, avaient une lubrification vaginale moindre et étaient moins satisfaites, sexuellement, de leur partenaire. Elles ont aussi rapporté que leurs rapports sexuels étaient moins fréquents.

* à suivre *

jeudi 20 janvier 2011

LA NOTION DU DÉSIR CHEZ LE COUPLE 19 partie

Shreiner-Engel a aussi noté des différences surprenantes de personnalité entre les femmes appartement au groupe « P+ » et celles appartenant au groupe « P- ». Les premières sont plus sûres d’elles, plus curieuses, posent de nombreuses questions et occupent généralement des fonctions à haute responsabilité. Inversement, celles appartenant au groupe « P- » sont moins curieuses de tout et occupent des postes moins curieuses de tout et occupent des postes moins importants. Paradoxalement, néanmoins, bien qu’ayant un intérêt pour le sexe beaucoup plus élevé, les femmes du groupe « P+ » ont plus de difficultés dans leurs relations amoureuses que les femmes du groupe « P-». Pour être plus précise, deux femmes seulement, parmi celles appartenant au groupe « P+ », avaient une relation amoureuse stable et satisfaisante. La testostérone, qui produit à la fois le désir sexuel chez l’homme et lui donne son côté entreprenant, peut avoir le même effet chez la femme.

Une autre étude sur la testostérone et le désir sexuel, réalisée grâce à la participation de cinquante-deux femmes ménopausées, a elle aussi donné des résultats surprenants. Les chercheurs ont découvert que les femmes ayant un taux de testostérone plus élevé étaient non seulement plus actives en matière de sexe, mais aussi pesaient en moyenne neuf kilos de moins que les autres, et avaient des revenus plus importants. Il est évident que la testostérone produit sur les femmes, des effets inimaginables que nous allons maintenant commencer à comprendre.



* à suivre *

mercredi 19 janvier 2011

LA NOTION DU DÉSIR CHEZ LE COUPLE 18e partie

Le docteur Barbara Sherwin, professeur de psychologie d’obstétrique et de gynécologie à l’université McGill, nous a appris beaucoup de choses quant à la testostérone chez les femmes. Aux cours de ses recherches, Sherwin a donné différentes préparations hormonales à des femmes ayant un taux de désir très peu élevé du fait de l’ablation de leurs ovaires. Elle a mené une expérience sur quarante-quatre femmes qu’elle a séparées en trois groupes. Aux femmes du premier groupe, elle a donné de l’œstrogène, une hormone que l’on prescrit couramment aux femmes en phase de ménopause, naturelle ou chirurgicale. Aux femmes du second groupe, elle a donné un mélange d’œstrogène et de testostérone. Et les femmes du troisième groupe, elles, ont reçu un placébo. Sherwin, ensuite, a scrupuleusement répertorié les activités sexuelles de chacune des femmes participant à l’expérience Celles qui avait eu de l’œstrogène ou un placebo n’ont assisté à aucun changement dans leur vie sexuelle. Mais en revanche, celles qui avaient eu le mélange; œstrogène-testostérone avaient senti une montée importante de leur taux de désir.

Mais peu d’études proposent des résultats aussi tranchés. Et d’ailleurs, Sherwin a reçu très peu d’appels de maris ronchons se plaignant de ce que leur femme soit devenue trop « hot »! « Cela fait rire tout le monde », dit-elle, « mais quand un homme dépasse la cinquantaine, il n’a pas forcément envie d’augmenter la fréquence de ses rapports sexuels ». Quant aux femmes, la plupart choisissent de poursuivre le traitement. « En effet », commente Sherwin, « mis à part le fait que la progestérone restaure leur sens du désir, elle leur procure aussi un meilleur bien-être. Les oestrogènes peuvent également influer favorablement sur leur humeur amoureuse ». Quant au mélange œstrogène-testostérone, il semble vraiment avoir un effet tonique puissant sur les femmes.

Et la testostérone naturellement produite par l’organisme féminin? Quel effet a-t-elle sur la sexualité de la femme? Pour le savoir, le docteur Patricia Shreiner-Engel, officiant à l’hôpital du Mont-Sinaï, à New York, responsable de toute la partie psychologique du service de gynéco-obstétrique, a étudié la relation entre la progestérone et l’éveil du désir sexuel sur un groupe de trente jeunes femmes en parfaite santé. Tout d’abord, elle a mesuré le taux de testostérone présent en chacune d’entre elles, et elle s’est aperçue qu’il y avait des différences significatives parmi elles. Les femmes ayant un fort taux naturel de testostérone, elle les a mises dans un groupe qu’elle a appelé « P+ », et celles ayant un faible taux dans le groupe appelé « P- ». Puis, sur une période de quelques semaines, elle a pris note des relations sexuelles de chacune. Elle a découvert que les femmes appartenant au groupe « P+ » avait le taux de désir et d’excitation sexuelle le plus élevé, et pouvaient aussi maintenir leur excitation en éveil le plus longtemps. Que la testostérone soit naturellement présente dans le corps de la femme ou qu’elle le soit artificiellement, elle semble avoir un effet significatif sur ses élans sexuels.

* à suivre *

mardi 18 janvier 2011

LA NOTION DU DÉSIR CHEZ LE COUPLE 17e partie

QU’EST-CE QUI PROVOQUE LE DÉSIR SEXUEL?

Poursuivant l’étude de J. Robinson il s’est rendu compte que tous les couples sans exception, qu’ils aient ou non de fortes divergences en matière de désir, bénéficiaient largement d’une information plus complète sur la science du désir. C’est un des domaines où une petite information peut faire un long parcours dans les esprits. J’aurais énormément apprécié que cette connaissance soit à ma portée dans mes jeunes années.

Jusqu’aux années 70, la plupart des discussions sur le désir sexuel tournaient autour des facteurs psychologiques tels que le problème du mariage et des restrictions « imposées » avant. Ces facteurs, effectivement, ont une influence sur le désir. Il est difficile d’avoir de sains appétits sexuels si, étant enfant, vous aviez honte de votre curiosité sexuelle, ou si votre partenaire et vous ne cessez de vous disputer. Les conditionnements liés au sexe jouent également un rôle significatif. Notre société a longtemps accordé aux hommes une plus grande tolérance, pour explorer leur sexualité, qu’aux femmes. Et ceci explique en partie le plus grand intérêt pour le sexe qu’ont les hommes par rapport aux femmes. Aujourd’hui, tandis que la société lève tout doucement ses restrictions envers la sexualité féminine, on voit de plus en plus de femmes qui affirment franchement leur désir sexuel.

Cependant, les facteurs psychologiques et sociaux ne suffisent pas à expliquer totalement les différences entre la sexualité masculine et la sexualité féminine. Même si les jeunes femmes d’aujourd’hui ont Madonna pour modèle et ont été élevées par des parents de génération « Woodstock », les études montrent que leur désir sexuel est toujours inférieur à celui des jeunes gens de leur âge.

Pour avoir une image complète de la chose, il faut examiner le rôle que tiennent les hormones sexuelles. Par des mesures extrêmement sophistiquées, mises au point dans les années 60, les chercheurs sont maintenant capables, en milliardièmes de gramme, de calculer le taux d’hormones circulant dans notre organisme. Ils ont découvert que les hommes et les femmes avaient les six mêmes hormones sexuelles, mais en quantité différente. La testostérone, qui a longtemps été considérée comme l’hormone « masculine », est l’hormone responsable du désir, pour les deux sexes. Le fait que les hommes disposent de dix à vingt fois plus de testostérone que les femmes est l’une des principales raisons de leur taux de désir plus élevé.


* à suivre *

lundi 17 janvier 2011

LA NOTION DU DÉSIR CHEZ LE COUPLE 16e partie

SEXE ET IDENTITÉ

Une identité mal définie peut aussi être cause de problèmes sexuels. « Qui suis-je donc? » se demande encore Suzanne, tandis qu’elle me raconte sa vie de caméléon du sexe. Garçon manqué durant l’enfance, elle refusait sa féminité au point d’enrager à la vue de ses seins qui poussaient trop vite. À quinze ans elle est une véritable Messaline, menant de front plusieurs relations. Elle veut vérifier le fonctionnement de sa sexualité, comme s’il s’agissait de sa seule raison d’être. Fidèle pendant huit ans à un garçon doux et intelligent, qui conclut pourtant un peu trop vite leurs rapports sexuels, elle n’atteint l’orgasme qu’en pensant à l’une de ses compagnes de classe. Ce furent les prémices d’une expérience homosexuelle unique et peu satisfaisante.

Elle porte toujours les signes de ce passé mouvementé. Le refus de sa féminité l’empêche encore de porter des robes. Elle vit depuis un an une relation avec un homme plus âgé qui l’excite, mais avec qui elle n’a pas d’orgasme. Elle y pourvoit seule, par la masturbation. Tout comme Thérèse, Suzanne a besoin de tout contrôler. Non seulement l’autre n’a pas de place dans son imaginaire et sa sexualité, mais elle est de plus incapable de définir complètement son identité. Une thérapie sexuelle n’est pas suffisante. Il faut que Suzanne apprenne à concilier la part masculine et la part féminine de son être. Seule une psychanalyse classique peut l’aider à y parvenir.

* à suivre *

vendredi 14 janvier 2011

LA NOTION DU DÉSIR CHEZ LE COUPLE 15e partie

UNE LIBIDO PLATE

Si Suzanne a du mal à atteindre l’orgasme, d’autres ne connaissent pas le désir. En apparence, du moins. En effet, la sexologue moderne considère qu’il n’existe pas de désir absent et que l’absence de pulsions sexuelles est due à un excès de contrôle de soi. Les raisons de cette anomalie sont parfois liées à un événement précis : une grossesse mal vécue, un avortement culpabilisant, la mort d’un être cher. Mais la cause peut être plus difficile à trouver, même si la question est simple et, qu’elle résonne, prononcée par une voix féminine, à peu près de cette façon : « De quoi suis-je lasse? Du sexe, des hommes ou de cet homme en particulier? »

Il peut s’agir, dans le premier cas, d’un excès de prolactine, cette hormone dont le taux monte en cas de stress, ou d’une dépression. Dans le deuxième cas, d’un problème d’identité ou d’une homosexualité latente. Quant au dernier cas, il est évident qu’il exprime un conflit de couple, dont le motif peut être l’existence d’un autre objet de désir, réel ou imaginaire. L’énergie sexuelle existe, elle est seulement inhibée. Certains facteurs culturels peuvent être responsables de cette inhibition : il suffit de voir à quel point la sexualité des minorités érotiques ou des femmes âgées suscite des réserves. On ne peut pourtant pas imputer ces problèmes aux seuls obstacles physiologiques. C’est parfois sur des blocages mentaux que trébuche l’expression de comportements sexuels.

Il peut s’agir de pulsions violentes dont l’origine n’est pas strictement sexuelle. Patricia, par exemple, ressent une forte répulsion pour les hommes qui lui font la cour. Dans ses rêves elle passe son temps à essayer de les castrer, résidu d’une tentative de viol. Du reste, Patricia refuse d’exprimer ses tendances hostiles et réprime toutes ses pulsions, aussi bien agressives que sexuelles. Derrière ces masques se cache le désir sexuel. Il faut se persuader qu’il est une énergie et une force, que l’histoire personnelle bloque ou dévie. Il faut que chaque être humain trouve le juste canal de son érotisme qui est, selon le cas, visuel, tactile, olfactif, auditif ou imaginaire. Une femme tactile n’aura que faire d’un film érotique; un massage californien sera bien plus efficace. Les exercices d’expression corporelle ne seront pas très utiles avec un partenaire dont l’excitation passe par l’imagination. Si on excepte les prétendus aphrodisiaques alimentaires et pharmacologiques, il reste deux alternatives : la gestion de son corps ou celle de son imaginaire. Les deux peuvent donner un second souffle à l’énergie du désir.

Lorsqu’on ne parvient pas à découvrir où le désir, il faut retourner sur les lieux qui l’ont vu mourir.

Par ailleurs, le désir, comme l’appétit, connaît des intermittences. Comme une vaccination, il faudrait donc le renouveler périodiquement. Mais le désir meurt le plus souvent dans le monde des sentiments négatifs, là où règnent la rancœur et l’estime perdue. (SIC - Willy Pasini).

* à suivre *

jeudi 13 janvier 2011

LA NOTION DU DÉSIR CHEZ LE COUPLE 14e partie

Quand une femme, ayant un taux de désir bien supérieur à la moyenne de ses congénères, vit avec un homme ayant une sexualité classique, leurs séances amoureuses ont toutes les chances d’être particulièrement passionnées. Si votre partenaire et vous-même correspondez à cette description, estimez-vous heureux! Un couple dont les deux membres ont un taux de désir élevé est une exception et non pas chose courante. Non sans ironie, les statistiques montrent que beaucoup de femmes, ayant un taux de désir élevé, vivent en célibataires, ou sont mariées à un homme dont le taux de désir est bas.

Quand une femme a un taux de désir supérieur à celui de son partenaire, les différences entre eux sont parfois particulièrement troublantes. Lola, justement, est en lutte avec ce problème. Elle aimerait faire l’amour une fois par jour avec Robert, son mari, mais pour lui, une fois par semaine suffit. Lola a finalement décidé d’aller dormir dans la chambre d’amis car elle éprouve des difficultés à être au lit près de Robert sans être excitée sexuellement. Et quand effectivement ils dorment dans le même lit, elle attend qu’il fasse le premier pas. « Mais il est tellement réservé et facilement intimidable », dit-elle, « que je crains de le submerger par la force de mon désir ». Non seulement elle se sent frustrée par un manque de sexualité, mais ne plus, elle craint d’avoir un effet émasculatoire sur son mari. Les petites marques d’affection sont également très rares dans leur couple. « Les seules fois où Robert me prend la main, c’est en public », soupire-t-elle. « Peut-être parce qu’il sait que dans ces circonstances, les choses ne peuvent aller plus loin. »

* à suivre *

mercredi 12 janvier 2011

LA NOTION DU DÉSIR CHEZ LE COUPLE 13e partie

Effectivement, ce n’est pas « logique », en tout cas pas si l’on suit la logique masculine type. Pour ma part, j’ai éprouvé peu de difficultés à comprendre le manque de désir de Eureka car j’ai moi-même eu toute ma vie un taux de désir assez bas. Les gens ne réaLolant pas qu’il existe sur terre des millions de femmes comme Eureka et moi qui ne ressentent pratiquement jamais l’aiguillon du désir. Il faut nous insuffler de l’énergie pour arriver à l’éveiller. Peut-être éprouvons-nous du plaisir à faire l’amour et à atteindre l’orgasme. Les résultats de certaines études montrent qu’un tiers de la gent féminine mondiale n’éprouve de désir spontané suffisamment fort pour prendre l’initiative de l’acte sexuel.

Je voudrais ajouter, pour être tout à fait claire, que s’il existe un grand nombre de femmes ayant un taux de désir bas, il en existe encore un plus grand nombre dont le taux de désir est très fort et qui, régulièrement, font preuve de leurs besoins sexuels et prennent l’initiative des préliminaires. En fait, beaucoup de femmes se plaignent que leur emploi du temps surchargé ne leur permet pas de faire l’amour aussi souvent qu’elles le voudraient. Et même dans ces cas-là, il y a toutes les chances pour que le désir de leur partenaire masculin soit encore plus fort que le leur. En effet, dans la majorité des relations hétérosexuelles, le taux de désir de l’homme est plus fort que celui de la femme. Un certain degré de « divergence du désir » semble être inhérent à la condition humaine.

Récemment, alors que j’exposais cette réalité à l’un de mes clients, il a soupiré : « Mais alors, n’existe-t-il aucune femme réellement attirée par le sexe? » Je l’ai immédiatement rassuré. Il existe un nombre significatif de femmes qui éprouvent un désir sexuel particulièrement fort. Lola, une de mes clientes récentes, appartient à cette catégorie de femmes. Dans ses premières années d’université, elle a rencontré un garçon qui voulait faire l’amour trois ou quatre fois par jour. Elle m’a dit dans un large sourire : « Je n’avais aucun mal à suivre! » Aujourd’hui, vingt ans plus tard, ses appétits sont toujours aussi ardents. En fait, à 43 ans, son intérêt pour le sexe ressemble à celui d’un jeune homme fougueux. « Le désir sexuel est toujours latent en moi », a-t-elle expliqué. « Je dois le restreindre ou il s’impose à moi. Un intérêt sexuel non spécifique est toujours présent en moi. C’est presque comme si j’arrivais à capter l’aura sexuelle des personnes qui m’entourent. Je ne sais pas comment décrire ce phénomène autrement. Mais il est là en permanence ».


* à suivre *

mardi 11 janvier 2011

LA NOTION DU DÉSIR CHEZ LE COUPLE 12e partie

Quand il n’y a pas trop de différence entre le taux de désir de l’homme et celui de la femme, le couple peut aisément combler le fossé qui les sépare. L’un des deux accepte de faire l’amour un peu moins souvent, et l’autre accepte de faire un effort pour être plus souvent d’humeur sensuelle. C’est lorsque la différence entre les deux est profondément marquée que les problèmes surviennent. Ils ont alors des difficultés à trouver un compromis.

Quand la situation se présente, j’ai remarqué qu’il était très bénéfique, pour le couple, que chacun de ses membres se penche attentivement sur la façon de voir de l’autre. Au cours d’un des premiers entretiens avec Eureka et Doris, j’ai demandé à Doris s’il souhaitait décrire à Eureka ce qu’il ressentait lorsqu’il était plein d’énergie sexuelle. « Que ressent votre corps? Quelles pensées vous assaillent? », ai-je demandé.

Doris s’est tourné vers Eureka et lui a dit : « En toute honnêteté, je peux te dire que rares sont les moments de ma vie où je n’éprouve pas de désir sexuel. Le plus petit encouragement suffit à l’éveiller, une femme marchant dans le hall ou montant l’escalier. C’est instantané. Au début de notre mariage, ces sensations étaient encore plus violentes. Faire l’amour était alors pour moi la seule activité vraiment valable. Maintenant, j’ai plus de 40 ans et je ne pense plus au sexe à chaque instant. Pour la première fois de ma vie, je peux me concentrer sur autre chose! Mais il est toujours là, omniprésent et sous-jacents, prêt à s’éveiller. Est-ce que tu comprends? »

Mais Eureka ne comprenait pas. Du moins pas en se référant à sa propre expérience. Elle lui a dit qu’elle avait eu quelques brèves périodes dans sa vie où elle avait été très attirée par le sexe, notamment dans sa jeunesse, et qu’elle avait un souvenir très agréable de ces périodes. Mais la plupart du temps, elle n’a eu que peu d’intérêt spontané pour le sexe. « A présent, j’y pense rarement », a-t-elle avoué à Doris. « Pour être franche, je crois que si tu ne mettais pas la pression sur moi, il pourrait très bien se passer une semaine sans que j’aie la moindre pensée sexuelle. Dès que tu sens l’éveil de ton désir, tu commences avec moi tes travaux d’approche; moi, c’est l’éveil de ma culpabilité qui m’incite à prendre l’initiative. »


« Comme tout cela est difficile à comprendre », a dit Doris en hochant la tête.
« Puisque tu gardes un souvenir agréable des périodes de ta vie où tu étais plus
débridée sexuellement et puisqu’aujourd’hui tu atteins facilement et
régulièrement l’orgasme, pourquoi ne veux-tu pas faire l’amour plus souvent? Je
ne comprends pas. Ce n’est pas logique. »

* à suivre *

lundi 10 janvier 2011

LA NOTION DU DÉSIR CHEZ LE COUPLE 11e partie

Son mari, lui, vit différemment leur sexualité. Il aimerait faire l’amour tous les soirs et y pense des dizaines de fois au cours de la journée. Son esprit s’allume dès qu’il croise une jolie femme à son bureau ou qu’il part dans ses rêveries. Eureka se moque gentiment de lui en disant qu’un simple déplacement d’air suffit à le mettre en érection. Doris adore faire l’amour, et dès que Eureka et lui en sont aux préliminaires, une vive sensation de plaisir envahit tout son corps. Mais presqu’aussitôt après avoir joui, il se demande quand aura lieu leur prochaine séance amoureuse. La seule chose qu’il sache avec certitude, c’est que ce sera dans trop longtemps, de toute façon. « Doris a toujours la sensation que je le rationne sexuellement », dit Eureka, « et il a horreur de ça ».

Quand ils sont venus me voir la première fois, tous deux pensaient que le problème venait de Eureka. Si l’on considère les préoccupations de notre société en matière de sexe, il n’y a là rien d’étonnant. De nos jours, il faudrait avoir un intérêt immuable pour le sexe depuis l’adolescence jusqu’à la sénilité! Mais si Eureka et Doris avaient vécu un siècle auparavant, la société aurait considéré différemment leur situation. On aurait chanté les louanges de Eureka et de son « noble caractère », et on aurait indiqué sévèrement à Doris qu’il devait apprendre à modérer sa « luxure immorale ».

Même si la société peut être amenée à changer de point de vue sur la sexualité, il semble toutefois qu’il y ait certaines constantes biologiques. Des études sur la sexualité humaine, réalisées dans le monde entier, au sein de toutes les cultures, montrent qu’en général, la plupart des hommes pensent plus souvent au sexe que les femmes, qu’ils s’excitent plus facilement, qu’ils veulent avoir des rapports sexuels plus fréquents, qu’ils ont un taux de désir plus fort que leurs partenaires, et qu’ils se masturbent plus souvent que la plupart des femmes. Et même actuellement où toutes les occasions sont bonnes pour rééquilibrer les différences entre sexes, les experts continuent à maintenir que les hommes sont plus « sexuels que les femmes, d’un point de vue biologique. La sexologue de renom, Helen Singer Kaplan, a dit en s’appuyant sur ses dizaines d’années d’expérience clinique : « Toutes les différences qui existent entre la sexualité d’un homme et celle d’une femme sont dues à la force du désir masculin, qui semble être bien supérieur au désir féminin. Toutes les autres différences dérivent de celle-ci.

* à suivre *

vendredi 7 janvier 2011

LA NOTION DU DÉSIR CHEZ LE COUPLE 10e partie

LA NOTION DU DÉSIR SEXUEL

Avant d’en arriver au désir sexuel chez le couple, reformulons notre définition du désir : Désir, tendance devenu consciente de son objet : la faim par exemple est un besoin que je cherche à satisfaire et mon désir de manger, né de celui-ci, est la conscience que j’ai de cette situation. Si je mange avant que ma faim s’affirme, le désir n’aura pas le temps de naître; pour qu’il apparaisse, il est nécessaire qu’un obstacle surgisse. Le désir naît de la frustration. Il donne à la vie affective sa tonalité, suscite les sentiments et les passions, est à la base de la vie active. Cependant, s’il est vrai que la volonté ne s’exerce pas sans désir préalable, celui-ci n’implique pas automatiquement l’acte volontaire. En effet, je peux être conscient de ma faim, désirer manger et, pourtant, ne rien faire pour satisfaire mon besoin. Voyons l’approche de Jacobson sur le désir.

Le désir, qui est la première étape, peut être défini comme « une envie spontanée d’engager le processus d’une expérience sexuelle. Vous êtes, par exemple, en train de lire votre journal, et d’un seul coup, votre esprit s’envole dans des sphères érotiques. Peut-être est-ce une petite annonce qui a déclenché ces fantasmes, ou peut-être une pensée vagabonde, ou encore un coup d’œil à votre partenaire en partie dénudé(e). Quelle qu’en soit la raison, vous vous sentez en excellentes dispositions pour faire l’amour. Si vous incitez votre partenaire à vous suivre dans la chambre et si vos sentez de sa part une stimulation suffisante, vous atteignez la deuxième étape : l’excitation. Maintenant, vous n’en êtes plus à laisser des images sexuelles éveiller votre désir, mais devenez physiquement excité(e). Si vous êtes un homme, votre pénis se met en érection. Si vous êtes une femme, votre sexe se gonfle de sang et votre vagin se lubrifie. Tous deux commencez à respirer plus vite et votre peau devient plus moite. Et si l’excitation continue à bien se dérouler, vous allez finalement arriver à la troisième étape : l’orgasme. Vous allez ressentir une grosse bouffée de plaisir, parfois plus douce, parfois intense, due à la contraction des muscles agissant pour chasser l’afflux sanguin de la zone pelvienne.

Je travaille actuellement en thérapie avec un couple, Doris et Eureka, qui, comme beaucoup de couples, a des problèmes avec cette première étape : le désir. Paméla se satisferait de faire l’amour trois ou quatre fois par mois. Elle atteint facilement l’orgasme, elle appartient même à une minorité de femmes qui arrivent à jouir sans stimulation clitoridienne, mais malgré tout, elle éprouve rarement de désir pour le sexe. Une des raisons de son manque d’intérêt est qu’il lui faut un assez long moment pour être assez excitée, comme beaucoup de personnes ayant un faible taux de désir. Elle m’a dit en toute franchise : « Pendant les quinze ou vingt premières minutes, je pourrais très facilement me débrancher car je n’éprouve alors aucune sensation forte. C’est seulement lorsque l’orgasme devient imminent que je suis réellement excitée. C’est alors que je me dis soudain ‘N’arrête pas! Ne t’arrête pas!’ Mais je ne me sens réellement impliquée dans l’acte sexuel que pendant deux minutes sur les vingt, environ, qu’il dure. Le reste du temps, je pourrais tout aussi bien passer à autre chose. »
* à suivre *

jeudi 6 janvier 2011

LA NOTION DU DÉSIR CHEZ LE COUPLE 9e partie

L’attirance sexuelle donne sur le moment l’illusion d’être uni, mais il n’empêche que, sans amour, cette « union » laisse les personnes aussi étrangères, aussi isolées qu’auparavant – parfois dans la honte, ou même dans la haine, dans la mesure où l’illusion s’étant dissipée elles ressentent leur distance avec plus d’acuité encore qu’au départ. Faisons remarquer que, contrairement à ce que pensait Freud, la tendresse n’est nullement une sublimation de l’instinct sexuel; elle découle directement de l’amour fraternel et se trouve présente dans toutes les formes d’amour, qu’elles impliquent ou non une participation charnelle.

À la différence de l’amour fraternel et de l’amour maternel, l’amour érotique se veut exclusif. Ce point mérite considération. C’est à tort que l’on interprète souvent l’exclusivité de l’amour érotique comme une sorte d’attachement possessif. Reconnaissons-le, il est fréquent de rencontrer deux personnes « amoureuses » qui, par ailleurs, ne ressentent d’amour pour qui que ce soit. Mais en fait, leur amour est un égoïsme à deux (x); elles s’identifient l’une à l’autre et résolvent le problème de la séparation en élargissant à la mesure du couple leur isolement respectif. Bien qu’elles aient le sentiment de surmonter leur solitude, leur union n’en est pas moins illusoire : se coupant du reste de l’humanité, elles restent étrangères l’une à l’autre et aliénées vis-à-vis, d’elles-mêmes. Sans doute l’amour érotique est-il exclusif, mais il implique qu’à travers l’autre, nous aimions l’ensemble de l’humanité, tout ce qui est vivant. S’il est exclusif, c’est uniquement en ce sens qu’une fusion complète et intense n’est possible qu’avec une seule personne.

* à suivre *

mercredi 5 janvier 2011

LA NOTION DU DÉSIR CHEZ LE COUPLE 8e partie

Pour E. Fromm

Le désir sexuel recherche la fusion – et ne se réduit nullement à un appétit physique, à la décharge d’une tension pénible. Mais le désir sexuel peut être stimulé par l’angoisse de la solitude, par l’espoir de conquérir ou d’être conquis, par vanité, par le souhait de blesser et même de détruire, tout autant qu’il peut l’être par l’amour. Il semble que toute émotion forte, l’amour n’en étant qu’une parmi d’autres, ait le privilège de stimuler le désir sexuel et de se l’incorporer. Parce que la plupart des gens associent en esprit le désir sexuel et l’idée de l’amour, ils en arrivent facilement à la conclusion erronée qu’ils sont mutuellement amoureux lorsqu’ils se désirent physiquement. Certes, l’amour peut susciter le désir de s’unir sexuellement; dans ce cas, la relation sexuelle est dépourvue de toute convoitise, de toute propension à conquérir ou à être conquis, mais se révèle empreinte de tendresse. Par contre, si le désir de s’unir sexuellement n’est pas animé par l’amour, si l’amour érotique n’est pas en même temps fraternel, il ne fonde pas une union véritable, sinon dans un sens orgiaque, donc transitoire.

* à suivre *

mardi 4 janvier 2011

LA NOTION DU DÉSIR CHEZ LE COUPLE 7e partie

TOMBER DANS LE BONHEUR COMME ON GOÛTE LE CIEL

Ce lâcher prise autour de certains besoins ne se fait pas sans errances, sans impasses, sans désarroi. Denis Vaysse a su trouver les mots pour exprimer cette part d’indicible qui nous tenaille : « La sortie de l’illusion du besoin ne se fait pas latéralement par transgression d’une limite inerte, comme coureur sort de son couloir pendant l’épreuve. Elle est bientôt plutôt de l’ordre de l’éclosion du besoin qui, dans l’enclos de son espace, vient à mourir à lui-même. Lorsque la tige du besoin renonce à son indéfinie croissance, éclot la fleur du désir. C’est en laissant se développer le besoin jusqu’au bout, en découvrant qu’il porte en lui le germe de sa propre mort, que l’homme renaît. »

En partageant avec un être proche ces quelques réflexions, je crois que nous pouvons revitaliser nos échanges, diminuer les possibilités de terrorisme relationnel et échapper à la tentation de laisser croire à l’autre que nos désirs sont des besoins.

* à suivre *

lundi 3 janvier 2011

LA NOTION DU DÉSIR CHEZ LE COUPLE 6e partie

DEMANDER L’IMPOSSIBLE

Denis Vaysse parlera aussi d’une demande que l’homme formule au monde : « De requête en requête, poussé par la nécessité du besoin, l’homme formule à l’adresse du monde une demande impossible pour laquelle il n’aura aucune réponse adéquate. Il demande quelque chose comme la persistance d’une présence, qui témoignerait de la vérité de son être, ce qu’aucun objet, aucune personne ne peut lui assurer. L’objet est voué à la disparition dans la consommation, l’autre, la personne à la mort. La sécurité qu’il croit trouver dans le monde le renvoie au désert de sa soif, là où il n’a rien ni personne. Le désert, l’absence, est ce qui nous ouvre à autre chose que la chose (…) C’est aussi de lui (le désert) et d’elle (l’absence) que nous avons peur. Nous cherchons souvent à les éviter à tout prix en nous figeant dans le besoin qui nous crispe sur la chose. Nous en arrivons parfois, plus ou moins consciemment à refuser d’accéder au désir, au renoncement qui avoue la mort du besoin d’avoir. » Nous demandons ainsi trop souvent aux autres, au monde, quelque chose qui témoignerait de la vérité de notre être. Nous nous crispons sur besoin d’une chose ou d’une personne, « tout en sachant que nous ne trouverons là ni la paix ni la réponse souhaitée ». Nous avons peur de renoncer au besoin, comme si celui-ci nous donnait une illusion d’existence. Et pourtant, si nous lâchons cette peur, nous pouvons découvrir une grande plage de calme et de beauté où il sera enfin possible de naître, où déjà nous sommes nés de multiples fois! Mais ces images de bien-être sont trop souvent brouillées par l’écran de nos angoisses et de nos illusions.

* à suivre *