dimanche 30 septembre 2012

LITTÉRATURE HAÏTIENNE - 13e partie


Francophile et négrophile

Sylvain écrit au gré de l’inspiration.  N’attendez pas un ordre logique de son recueil.  D’ailleurs, il n’en est pas question pour cet éclectique qui veut prouver qu’une poésie peut être consistante et originale sans pour cela être “patriotique”.  Dans LA MORT DE VICTOR HUGO, il rend hommage à ce phare qu’il a connu et apprécié, et qui a exercé une influence considérable sur la littérature haïtienne du XIXème siècle.  À ces yeux, Hugo est un géant que le temps a terrassé pour “rajeunir son immortalité”.  Ailleurs, dans “Frères d’Afrique” Sylvain s’émeut au souvenir des douleurs, et des i injustices dont sont victimes nos aieux sur la terre africaine.  Il nous les présente, humiliés par la sapratie blanche et supportant avec peine leur ignoble condition.  S’ils pouvaient à loisir s’instruire et profiter comme nous des bienfaits de la civilisation blanche, ils seraient aussi savants et plus sincèrement bons que la plupart de nous.  Nous les appelons nos frères et nous ne faisons rien pour les délivrer de la servitude.  Sylvain pense à une nouvelle croisade.  Il convie les haïtiens à déposer leur fardeau de haines imbéciles, de cesser les guerres civiles et de partir au pays des ancêtres leur dire:

Vos cris désespérés, en dépit de vos maîtres
Ont retenti vers nous : Ô frères, nous voici!

Le préfacier de Georges Sylvain, Justin Devot pense que “Frères d’Afrique” est de la bonne poésie.  Telle n’est pas notre opinion.   Le texte est plutôt monotone,  Cependant il doit retenir l’attention.  Il est un témoignage.  Georges Sylvain dans ses écrits rejoint poètes, dramaturges, doctrinaires du XIX siècle haïtien qui ont défendu la patrie et la race parce qu’ils se sentaient solidaires des humiliations dont elles étaient l’objet.  La pièce ne reste pas moins pâle à côté de morceaux écrits dans la suite par des nègres pour leurs frères éparpillés et vivants en refoulés dans l’univers (Black Soul de Jean Brierre, Altitude de Regnor C. Bernard, par exemple).

Poète de la nature
Sylvain poète de la nature n’a pas la palette rutillante d’un peintre tropical.  Ces descriptions imagées sont toutes en demi-teinte.  À travers tout le recueil, la nature haïtienne est présente.  Enfant, il l’a fait la sieste au bord de ses mornes verts et de ses longs cocotiers; et admiré “les palmistes sous le frisson des brises” qui balancent lentement leur front silencieux”.  Adulte, il a rêvé quand “le crépusucule étend sa brume violette sur la ville dans la molle langueur des tièdes soirs d’été, et promené sa belle dans des “bateaux pêcheurs, papillons de mer” (Aubade).

  • au bord de l’eau, dans la chaleur du jour”, contemplé l’île de la Tortue dans la splendeur des ses mornes....

Il a chanté également l’hiver parisien : le vent de bise qui couvre tous les bruits de sa voix, les arbres vides de leurs nids, le jour blafard et terne, les flocons de neige blancs comme laine, les feuilles aux tons jaunis que le vent émiette.

Voici en quels termes Justin Devot parle de la façon propre à Sylvain de comprendre et de peindre le paysage : “Son style n’est pas précisément pitoresque, et s’il répugnait d’établir, même métaphoriquement, des rapports de similitude entre des arts naturellement distincts et qui doivent rester tels, nous dirions que sa palette n’est pas chargée de couleurs.  Il peint le paysage comme le voulait Renan, par des états moraux plutôt que par des traits qu’on pourrait appeler matériels. Il s’éloigne par là comme on voit, de la poésie purement descriptive et des procédés dont les littérateurs de l’école naturaliste ont tant abusé. Ceux-ci, on ne l’ignore pas, procèdent pas accumulation de petits traits particuliers, de menus faits, ne laissant rien de côté, tout comme ferait un géomètre traduisant exactement par une épure la coupe d’un édificie, ou un officier ministériel dressant un inventaire...

“Tandis que Sylvain “par quelques caractères généraux bien choisis et qui sont en rapport avec la tonalité du morceau, il fait apparaître à notre esprit le paysage qu’il a eu en vue et qui, harmonieusement, se mêlent aux éléments moraux de la pièce.  Et cette façon de comprendre le paysage permet, il me semble d’attribuer son vrai sens au mot d’Amiel. “Un paysage est un état d’âme”.

Et Devot réfère le lecteur à certaines pièces comme “Mélancolie”, Perspective” et “Crépuscule”

  1. Sylvain n’embouche pas la trompette épique à la manière de ses devanciers pour clamer son amour de la patrie.  Mais, à travers son oeuvre, cet amour est constant et exprimé avec fereur et discrétion.  C’est la matière même du poète.  Dans PRIÈRE c’est un chrétien et un patriote conscient des malheurs et des déboires d’Haïti qui implore le Très Haut et offre sa vie en holocauste pour que des jours nombreux et triomphants luisent sur ses descendants.

Conclusion 
Le Dr Jean Price Mars qui a connu Georges Sylvain porte le jugement suivant sur ses oeuvres:

“Ses oeuvres écrites?  Mais, elles sont insignifiantes en comparaison des dons qu’il eut en partage....Et d’abord, il  possédait d’une façon merveilleuses les qualités du grand écrivain : choix heureux de l’expression, atticisme du discours, magnificence de l’idée et enfin ce je ne sais quoi qui pouvait faire dire, en lisant une page de lui : “C’est un maître de la langue”.  Et, C’est muni de telles qualités qu’il  se présenta devant les Lettres Françaises en Ambassadeur de la spiritualité haïtienne...” (Une étape de l’évolution haïtienne, par le Dr J. Price Mars).

Ce jugement du critique est particulièrement valable pour Confidences et Mélancolies” qui est comme une synthèse de l’inspiration des dons du poète.

samedi 29 septembre 2012

LITTÉRATURE HAÏTIENNE - 12e partie


GEORGES SYLVAIN ÉCLECTIQUE

CONFIDENCES ET MÉLANCOLIES (1901)

Quand Georges Sylvain publie en 1901 son premier et unique recueil de vers français, “Confidences et Mélancolies”, il a 35 ans et une réputation solide d’intellectuel et de chef de file de la nouvelle génération d’écrivains haïtiens.  Journaliste, conférencier, critique littéraire, il rêve de faire de la littérature haïtienne une “branche détachée du vieux tronc gaulois...” Il est de cette tendance de la génération de la Ronde qui lutte pour une littérature humano-haïtienne à contre courant de la poésie pompeuse et déclamatoire de l’École Patriotique.

Ses critiques pertinentes, ses prises de position dans le passé obligeaient ses adversaires à attendre de lui une oeuvre d’une conception forte, hardie, originale et hautement édifiante.  Ils ont été déçus par CONFIDENCES ET MÉLANCOLIES qui, d’après eux, n’était qu’un recueil de la plus pure tradition romantique française.

Duraciné Vaval nous apprend que “cet ouvrage dès son apparition fit couler des flots d’encre...Les critiques...pratiquèrent à coups de pioches répétés des trous béants dans l’édifice poétique de M. Sylvain”  (essais critiques, page 155).

Et jusque de nos jours certains critiques faisant la chaine, reprochent à Sylvain son évasion et affirment qu’il écrivait” ses poésies pour la haute société raffinée, précieuse, à la recherche  du subtil, du vague et des illusions perdues” (Hénock Trouillot, les Origines sociales de la Littérature Haïtienne).

L’influence de la poésie patriotique était encore grande en 1901.  On conçoit aisément pourquoi les contemporains de Sylvain n’ont pas su, tous, apprécier “Confidences et Mélancolies”.  Mais, avec le recul, comment ne pas reconnaître que fort de l’éclectisme dont il se prévaut, Sylvain en fin lottré, a fait le tour de toutes les idées et de tous les courants littéraires de son temps pour présenter un livre de poèmes réussi.

Amour et piété filiale, souvenirs d’enfance, nostalgie du pays natal, dégoût des êtres et des choses, aveux timides à la fiancée, mélancolie en face du sort fait aux artistes, aux noirs d’Afrique, au pays haïtien, élan de ferveur vers Dieu, influence des grands maîtres du romantisme, du parnasse, du symbolisme, et de l’impressionisme français, influence de C. Ardouin, D’Oswald Durand, et de T. Guilbaud, tout passe et s’exprime avec un art délicat et varié dans les 29 textes qui composent le livre.

Amour filial et souvenirs d’enfance

Le poète Sylvain est un orphelin qui se souvient des routes fleuries, et des contes de son enfance de l’oeil candide et de l’âme familière de sa mère.  Et le temps n’a pas apaisé le regret de cette mère qui a 35 ans “s’en allait pour jamais reposer sous la terre. “De cette époque, ces vers ont cessé de sourire.  Ce sont des confidences mélancoliques qui donnent naissance à de très beaux textes comme “À deux voyageurs” et “L’Âme des noms”.  Tous les noms qui ont parfumé ses jeunes ans, s’avancent comme un cortège “vêtu de souvenirs”.

“Que de noms endormis au seuil de ma mémoire!
À l’heure où l’on entend frissoner les roseaux
Je les vois se dresser du fond de la nuit noire
Comme ces feux follets qui dansent sur les eaux. 
(L’Âme des noms)

Il accorde dans son oeuvre une place importante à toutes les manifestations simples de la vie.  Il a le culte de la famille.  Et loin du sol natal il sait se souvenir.  Voici la longue galerie qui servait de lieu de réunion le soir, les fruits de la voisine qu’il dérobait en cachette, la blonde fillette aux yeux plein de douceur qu’il adorait.  Ce sont des “complices bienveillants d’une jeunesse ardente”.  Ces souvenirs chassent sa tristesse, refoulent ses pleurs, le relève de son désespoir. (Souvenir).

Tendre amitié et amour dans espoir

Georges Sylvain confesse que le sort n’a pas toujours été tendre envers lui. Et en l’absence de sa mère, il rêve d’une amitié de soeur, une soeur dont l’amour l’eut sans cesse réconforté de sa tiède douceur (La grande soeur).

Il a écrit sur l’amour et la femme des poèmes délicats, jamais sensuels, toujours mélancoliques.  Est-ce un état d’âme? N’a-t-il jamais été heureux en amour?

Il refuse de dire le secret fol et tendre qui palpite dans son coeur.  Il a la pudeur de ses sentiments.  Quand il aura neigé sur son front, il dira mais ce sera trop tard, et il s’entendra reporché:

....”Que n’avez-vous parlé!
Et cet aveu tardif d’un coeur qui s’abandonne
Passera sur mon coeur toujours inconsolé.
Mélancolique et doux comme un souffle d’automne.
(Non je ne dirai pas)

Il est resté toute sa vie l’ami de vieille date, que par goût et par habitude on gâte, qui aspire à mieux et qui n’ose se dévoiler.  Et sage, il ne court pas après  l’amour triomphant.  Un silence prolongé, c’est parfois une destinée qui se noue ou se dénoue. Ces rêves ébauchés sont pour lui de doux souvenirs car le bonheur humain n’est autre chose qu’un “flocon de rêve au fil bleu des flots.... “ (Aubaude).

Douce et pénétrante mélancolie.

Sylvain est mélancolique.  Le titre du livre est suggestif.  Sa mélancolie nait autant de ses souvenirs que des problèmes politiques et sociaux qui se posent à son attention, lui dont “la génération portait le deuil de maintes illusions”.  (Initiation).  Découragé, désespéré, pessimiste, il nie l’utilité des choses et des êtres (Leçons de choses).  Il rêve de voguer vers l’inconnu sans espoir ni souci.  Il a trop pleuré sur la fiancée morte (La Ronde des Chouettes), sur les artistes incompris (Les vagabonds), sur les morts, “hotes errants des cimetières” qu’affligent l’abandon des vivants (le jour des morts sur la patrie en proie aux affres de la guerre civile (La Prière).

Sylvain est de la même famille que Coriolan Ardouin, Massilon Coicou et Etzer Vilaire.  Il aurait pu faire sienne cette confession du poète Charles Baudelaire “sa mère”.  Ce que je sens, c’est un immense découragement, une sensation d’isolement insupportable, une peur perpétuelle d’un vague malheur, une défiance complète de mes forces, une absence totale de désir, une impossibilité de trouver un amusement quelconque.... Je me demande sans cesse : À quoi bon ceci?  À quoi bon cela?...”

La pièce MÉLANCOLIE rend bien compte et explique quelques raisons de cet état d’âme : éloigner les soucis, oublier les trahisons passées et les rêves déçus, avoir le son des feuilles qui tombent, roulent, tournent et s’envolent.

Oh! quelle volupté
De s’en aller ainsi, par le vent emporté
Au-dessus des rumeurs lointaines de la foule!
                                                 (Mélancolie)

La plupart des textes de “Confidences et Mélancolies” sont écrits à Paris.  Le poète souffre de nostalgie.  Comme Ignace Nau s’il chante la nature, les moeurs et coutumes françaises c’est pour établir la comparaison au profit de notre douce nature tropicale.  Dans SOIR D’HIVER, il se penche avec attendrissement sur de pauvres écoliers exilés trop tôt.  “Dans ce grand Paris distrait et sonore”.  Quand tombe la neige, ils ont froid, ils ont le spleen, ils ont le mal du pays natal.  Et Sylvain de se demander : 

Oh!  qui leur rendra le sol des aieux
D’où l’âme des fleurs s’exhale embaumée
Dans la splendeur gaie et calme des cieux!
Oh!  Qui leur rendra la patrie aimée
La rivière au doux murmure argentin;
Et la rade avec ses cents voiles blanches;
Et l’oiseau qui fuit au ras du chemin;
Et les manguiers lourds du poids de leurs branches!...
                                                      (Soir d’Hiver)

LITTÉRATURE HAÏTIENNE - 11e partie


GEORGES SYLVAIN ÉCLECTIQUE

CONFIDENCES ET MÉLANCOLIES (1901)

Quand Georges Sylvain publie en 1901 son premier et unique recueil de vers français, “Confidences et Mélancolies”, il a 35 ans et une réputation solide d’intellectuel et de chef de file de la nouvelle génération d’écrivains haïtiens.  Journaliste, conférencier, critique littéraire, il rêve de faire de la littérature haïtienne une “branche détachée du vieux tronc gaulois...” Il est de cette tendance de la génération de la Ronde qui lutte pour une littérature humano-haïtienne à contre courant de la poésie pompeuse et déclamatoire de l’École Patriotique.

Ses critiques pertinentes, ses prises de position dans le passé obligeaient ses adversaires à attendre de lui une oeuvre d’une conception forte, hardie, originale et hautement édifiante.  Ils ont été déçus par CONFIDENCES ET MÉLANCOLIES qui, d’après eux, n’était qu’un recueil de la plus pure tradition romantique française.

Duraciné Vaval nous apprend que “cet ouvrage dès son apparition fit couler des flots d’encre...Les critiques...pratiquèrent à coups de pioches répétés des trous béants dans l’édifice poétique de M. Sylvain”  (essais critiques, page 155).

Et jusque de nos jours certains critiques faisant la chaine, reprochent à Sylvain son évasion et affirment qu’il écrivait” ses poésies pour la haute société raffinée, précieuse, à la recherche  du subtil, du vague et des illusions perdues” (Hénock Trouillot, les Origines sociales de la Littérature Haïtienne).

L’influence de la poésie patriotique était encore grande en 1901.  On conçoit aisément pourquoi les contemporains de Sylvain n’ont pas su, tous, apprécier “Confidences et Mélancolies”.  Mais, avec le recul, comment ne pas reconnaître que fort de l’éclectisme dont il se prévaut, Sylvain en fin lottré, a fait le tour de toutes les idées et de tous les courants littéraires de son temps pour présenter un livre de poèmes réussi.

Amour et piété filiale, souvenirs d’enfance, nostalgie du pays natal, dégoût des êtres et des choses, aveux timides à la fiancée, mélancolie en face du sort fait aux artistes, aux noirs d’Afrique, au pays haïtien, élan de ferveur vers Dieu, influence des grands maîtres du romantisme, du parnasse, du symbolisme, et de l’impressionisme français, influence de C. Ardouin, D’Oswald Durand, et de T. Guilbaud, tout passe et s’exprime avec un art délicat et varié dans les 29 textes qui composent le livre.

Amour filial et souvenirs d’enfance

Le poète Sylvain est un orphelin qui se souvient des routes fleuries, et des contes de son enfance de l’oeil candide et de l’âme familière de sa mère.  Et le temps n’a pas apaisé le regret de cette mère qui a 35 ans “s’en allait pour jamais reposer sous la terre. “De cette époque, ces vers ont cessé de sourire.  Ce sont des confidences mélancoliques qui donnent naissance à de très beaux textes comme “À deux voyageurs” et “L’Âme des noms”.  Tous les noms qui ont parfumé ses jeunes ans, s’avancent comme un cortège “vêtu de souvenirs”.

“Que de noms endormis au seuil de ma mémoire!
À l’heure où l’on entend frissoner les roseaux
Je les vois se dresser du fond de la nuit noire
Comme ces feux follets qui dansent sur les eaux. 
(L’Âme des noms)

Il accorde dans son oeuvre une place importante à toutes les manifestations simples de la vie.  Il a le culte de la famille.  Et loin du sol natal il sait se souvenir.  Voici la longue galerie qui servait de lieu de réunion le soir, les fruits de la voisine qu’il dérobait en cachette, la blonde fillette aux yeux plein de douceur qu’il adorait.  Ce sont des “complices bienveillants d’une jeunesse ardente”.  Ces souvenirs chassent sa tristesse, refoulent ses pleurs, le relève de son désespoir. (Souvenir).

Tendre amitié et amour dans espoir

Georges Sylvain confesse que le sort n’a pas toujours été tendre envers lui. Et en l’absence de sa mère, il rêve d’une amitié de soeur, une soeur dont l’amour l’eut sans cesse réconforté de sa tiède douceur (La grande soeur).

Il a écrit sur l’amour et la femme des poèmes délicats, jamais sensuels, toujours mélancoliques.  Est-ce un état d’âme? N’a-t-il jamais été heureux en amour?

Il refuse de dire le secret fol et tendre qui palpite dans son coeur.  Il a la pudeur de ses sentiments.  Quand il aura neigé sur son front, il dira mais ce sera trop tard, et il s’entendra reporché:

....”Que n’avez-vous parlé!
Et cet aveu tardif d’un coeur qui s’abandonne
Passera sur mon coeur toujours inconsolé.
Mélancolique et doux comme un souffle d’automne.
(Non je ne dirai pas)

Il est resté toute sa vie l’ami de vieille date, que par goût et par habitude on gâte, qui aspire à mieux et qui n’ose se dévoiler.  Et sage, il ne court pas après  l’amour triomphant.  Un silence prolongé, c’est parfois une destinée qui se noue ou se dénoue. Ces rêves ébauchés sont pour lui de doux souvenirs car le bonheur humain n’est autre chose qu’un “flocon de rêve au fil bleu des flots.... “ (Aubaude).

Douce et pénétrante mélancolie.

Sylvain est mélancolique.  Le titre du livre est suggestif.  Sa mélancolie nait autant de ses souvenirs que des problèmes politiques et sociaux qui se posent à son attention, lui dont “la génération portait le deuil de maintes illusions”.  (Initiation).  Découragé, désespéré, pessimiste, il nie l’utilité des choses et des êtres (Leçons de choses).  Il rêve de voguer vers l’inconnu sans espoir ni souci.  Il a trop pleuré sur la fiancée morte (La Ronde des Chouettes), sur les artistes incompris (Les vagabonds), sur les morts, “hotes errants des cimetières” qu’affligent l’abandon des vivants (le jour des morts sur la patrie en proie aux affres de la guerre civile (La Prière).

Sylvain est de la même famille que Coriolan Ardouin, Massilon Coicou et Etzer Vilaire.  Il aurait pu faire sienne cette confession du poète Charles Baudelaire “sa mère”.  Ce que je sens, c’est un immense découragement, une sensation d’isolement insupportable, une peur perpétuelle d’un vague malheur, une défiance complète de mes forces, une absence totale de désir, une impossibilité de trouver un amusement quelconque.... Je me demande sans cesse : À quoi bon ceci?  À quoi bon cela?...”

La pièce MÉLANCOLIE rend bien compte et explique quelques raisons de cet état d’âme : éloigner les soucis, oublier les trahisons passées et les rêves déçus, avoir le son des feuilles qui tombent, roulent, tournent et s’envolent.

Oh! quelle volupté
De s’en aller ainsi, par le vent emporté
Au-dessus des rumeurs lointaines de la foule!
                                                 (Mélancolie)

La plupart des textes de “Confidences et Mélancolies” sont écrits à Paris.  Le poète souffre de nostalgie.  Comme Ignace Nau s’il chante la nature, les moeurs et coutumes françaises c’est pour établir la comparaison au profit de notre douce nature tropicale.  Dans SOIR D’HIVER, il se penche avec attendrissement sur de pauvres écoliers exilés trop tôt.  “Dans ce grand Paris distrait et sonore”.  Quand tombe la neige, ils ont froid, ils ont le spleen, ils ont le mal du pays natal.  Et Sylvain de se demander : 

Oh!  qui leur rendra le sol des aieux
D’où l’âme des fleurs s’exhale embaumée
Dans la splendeur gaie et calme des cieux!
Oh!  Qui leur rendra la patrie aimée
La rivière au doux murmure argentin;
Et la rade avec ses cents voiles blanches;
Et l’oiseau qui fuit au ras du chemin;
Et les manguiers lourds du poids de leurs branches!...
                                                      (Soir d’Hiver)

LITTÉRATURE HAÏTIENNE - 10e partie


GEORGES SYLVAIN ÉCLECTIQUE

CONFIDENCES ET MÉLANCOLIES (1901)

Quand Georges Sylvain publie en 1901 son premier et unique recueil de vers français, “Confidences et Mélancolies”, il a 35 ans et une réputation solide d’intellectuel et de chef de file de la nouvelle génération d’écrivains haïtiens.  Journaliste, conférencier, critique littéraire, il rêve de faire de la littérature haïtienne une “branche détachée du vieux tronc gaulois...” Il est de cette tendance de la génération de la Ronde qui lutte pour une littérature humano-haïtienne à contre courant de la poésie pompeuse et déclamatoire de l’École Patriotique.

Ses critiques pertinentes, ses prises de position dans le passé obligeaient ses adversaires à attendre de lui une oeuvre d’une conception forte, hardie, originale et hautement édifiante.  Ils ont été déçus par CONFIDENCES ET MÉLANCOLIES qui, d’après eux, n’était qu’un recueil de la plus pure tradition romantique française.

Duraciné Vaval nous apprend que “cet ouvrage dès son apparition fit couler des flots d’encre...Les critiques...pratiquèrent à coups de pioches répétés des trous béants dans l’édifice poétique de M. Sylvain”  (essais critiques, page 155).

Et jusque de nos jours certains critiques faisant la chaine, reprochent à Sylvain son évasion et affirment qu’il écrivait” ses poésies pour la haute société raffinée, précieuse, à la recherche  du subtil, du vague et des illusions perdues” (Hénock Trouillot, les Origines sociales de la Littérature Haïtienne).

L’influence de la poésie patriotique était encore grande en 1901.  On conçoit aisément pourquoi les contemporains de Sylvain n’ont pas su, tous, apprécier “Confidences et Mélancolies”.  Mais, avec le recul, comment ne pas reconnaître que fort de l’éclectisme dont il se prévaut, Sylvain en fin lottré, a fait le tour de toutes les idées et de tous les courants littéraires de son temps pour présenter un livre de poèmes réussi.

Amour et piété filiale, souvenirs d’enfance, nostalgie du pays natal, dégoût des êtres et des choses, aveux timides à la fiancée, mélancolie en face du sort fait aux artistes, aux noirs d’Afrique, au pays haïtien, élan de ferveur vers Dieu, influence des grands maîtres du romantisme, du parnasse, du symbolisme, et de l’impressionisme français, influence de C. Ardouin, D’Oswald Durand, et de T. Guilbaud, tout passe et s’exprime avec un art délicat et varié dans les 29 textes qui composent le livre.

Amour filial et souvenirs d’enfance

Le poète Sylvain est un orphelin qui se souvient des routes fleuries, et des contes de son enfance de l’oeil candide et de l’âme familière de sa mère.  Et le temps n’a pas apaisé le regret de cette mère qui a 35 ans “s’en allait pour jamais reposer sous la terre. “De cette époque, ces vers ont cessé de sourire.  Ce sont des confidences mélancoliques qui donnent naissance à de très beaux textes comme “À deux voyageurs” et “L’Âme des noms”.  Tous les noms qui ont parfumé ses jeunes ans, s’avancent comme un cortège “vêtu de souvenirs”.

“Que de noms endormis au seuil de ma mémoire!
À l’heure où l’on entend frissoner les roseaux
Je les vois se dresser du fond de la nuit noire
Comme ces feux follets qui dansent sur les eaux. 
(L’Âme des noms)

Il accorde dans son oeuvre une place importante à toutes les manifestations simples de la vie.  Il a le culte de la famille.  Et loin du sol natal il sait se souvenir.  Voici la longue galerie qui servait de lieu de réunion le soir, les fruits de la voisine qu’il dérobait en cachette, la blonde fillette aux yeux plein de douceur qu’il adorait.  Ce sont des “complices bienveillants d’une jeunesse ardente”.  Ces souvenirs chassent sa tristesse, refoulent ses pleurs, le relève de son désespoir. (Souvenir).

Tendre amitié et amour dans espoir

Georges Sylvain confesse que le sort n’a pas toujours été tendre envers lui. Et en l’absence de sa mère, il rêve d’une amitié de soeur, une soeur dont l’amour l’eut sans cesse réconforté de sa tiède douceur (La grande soeur).

Il a écrit sur l’amour et la femme des poèmes délicats, jamais sensuels, toujours mélancoliques.  Est-ce un état d’âme? N’a-t-il jamais été heureux en amour?

Il refuse de dire le secret fol et tendre qui palpite dans son coeur.  Il a la pudeur de ses sentiments.  Quand il aura neigé sur son front, il dira mais ce sera trop tard, et il s’entendra reporché:

....”Que n’avez-vous parlé!
Et cet aveu tardif d’un coeur qui s’abandonne
Passera sur mon coeur toujours inconsolé.
Mélancolique et doux comme un souffle d’automne.
(Non je ne dirai pas)

Il est resté toute sa vie l’ami de vieille date, que par goût et par habitude on gâte, qui aspire à mieux et qui n’ose se dévoiler.  Et sage, il ne court pas après  l’amour triomphant.  Un silence prolongé, c’est parfois une destinée qui se noue ou se dénoue. Ces rêves ébauchés sont pour lui de doux souvenirs car le bonheur humain n’est autre chose qu’un “flocon de rêve au fil bleu des flots.... “ (Aubaude).

Douce et pénétrante mélancolie.

Sylvain est mélancolique.  Le titre du livre est suggestif.  Sa mélancolie nait autant de ses souvenirs que des problèmes politiques et sociaux qui se posent à son attention, lui dont “la génération portait le deuil de maintes illusions”.  (Initiation).  Découragé, désespéré, pessimiste, il nie l’utilité des choses et des êtres (Leçons de choses).  Il rêve de voguer vers l’inconnu sans espoir ni souci.  Il a trop pleuré sur la fiancée morte (La Ronde des Chouettes), sur les artistes incompris (Les vagabonds), sur les morts, “hotes errants des cimetières” qu’affligent l’abandon des vivants (le jour des morts sur la patrie en proie aux affres de la guerre civile (La Prière).

Sylvain est de la même famille que Coriolan Ardouin, Massilon Coicou et Etzer Vilaire.  Il aurait pu faire sienne cette confession du poète Charles Baudelaire “sa mère”.  Ce que je sens, c’est un immense découragement, une sensation d’isolement insupportable, une peur perpétuelle d’un vague malheur, une défiance complète de mes forces, une absence totale de désir, une impossibilité de trouver un amusement quelconque.... Je me demande sans cesse : À quoi bon ceci?  À quoi bon cela?...”

La pièce MÉLANCOLIE rend bien compte et explique quelques raisons de cet état d’âme : éloigner les soucis, oublier les trahisons passées et les rêves déçus, avoir le son des feuilles qui tombent, roulent, tournent et s’envolent.

Oh! quelle volupté
De s’en aller ainsi, par le vent emporté
Au-dessus des rumeurs lointaines de la foule!
                                                 (Mélancolie)

La plupart des textes de “Confidences et Mélancolies” sont écrits à Paris.  Le poète souffre de nostalgie.  Comme Ignace Nau s’il chante la nature, les moeurs et coutumes françaises c’est pour établir la comparaison au profit de notre douce nature tropicale.  Dans SOIR D’HIVER, il se penche avec attendrissement sur de pauvres écoliers exilés trop tôt.  “Dans ce grand Paris distrait et sonore”.  Quand tombe la neige, ils ont froid, ils ont le spleen, ils ont le mal du pays natal.  Et Sylvain de se demander : 

Oh!  qui leur rendra le sol des aieux
D’où l’âme des fleurs s’exhale embaumée
Dans la splendeur gaie et calme des cieux!
Oh!  Qui leur rendra la patrie aimée
La rivière au doux murmure argentin;
Et la rade avec ses cents voiles blanches;
Et l’oiseau qui fuit au ras du chemin;
Et les manguiers lourds du poids de leurs branches!...
                                                      (Soir d’Hiver)

LITTÉRATURE HAÏTIENNE - 9e partie


GEORGES SYLVAIN ÉCLECTIQUE

CONFIDENCES ET MÉLANCOLIES (1901)

Quand Georges Sylvain publie en 1901 son premier et unique recueil de vers français, “Confidences et Mélancolies”, il a 35 ans et une réputation solide d’intellectuel et de chef de file de la nouvelle génération d’écrivains haïtiens.  Journaliste, conférencier, critique littéraire, il rêve de faire de la littérature haïtienne une “branche détachée du vieux tronc gaulois...” Il est de cette tendance de la génération de la Ronde qui lutte pour une littérature humano-haïtienne à contre courant de la poésie pompeuse et déclamatoire de l’École Patriotique.

Ses critiques pertinentes, ses prises de position dans le passé obligeaient ses adversaires à attendre de lui une oeuvre d’une conception forte, hardie, originale et hautement édifiante.  Ils ont été déçus par CONFIDENCES ET MÉLANCOLIES qui, d’après eux, n’était qu’un recueil de la plus pure tradition romantique française.

Duraciné Vaval nous apprend que “cet ouvrage dès son apparition fit couler des flots d’encre...Les critiques...pratiquèrent à coups de pioches répétés des trous béants dans l’édifice poétique de M. Sylvain”  (essais critiques, page 155).

Et jusque de nos jours certains critiques faisant la chaine, reprochent à Sylvain son évasion et affirment qu’il écrivait” ses poésies pour la haute société raffinée, précieuse, à la recherche  du subtil, du vague et des illusions perdues” (Hénock Trouillot, les Origines sociales de la Littérature Haïtienne).

L’influence de la poésie patriotique était encore grande en 1901.  On conçoit aisément pourquoi les contemporains de Sylvain n’ont pas su, tous, apprécier “Confidences et Mélancolies”.  Mais, avec le recul, comment ne pas reconnaître que fort de l’éclectisme dont il se prévaut, Sylvain en fin lottré, a fait le tour de toutes les idées et de tous les courants littéraires de son temps pour présenter un livre de poèmes réussi.

Amour et piété filiale, souvenirs d’enfance, nostalgie du pays natal, dégoût des êtres et des choses, aveux timides à la fiancée, mélancolie en face du sort fait aux artistes, aux noirs d’Afrique, au pays haïtien, élan de ferveur vers Dieu, influence des grands maîtres du romantisme, du parnasse, du symbolisme, et de l’impressionisme français, influence de C. Ardouin, D’Oswald Durand, et de T. Guilbaud, tout passe et s’exprime avec un art délicat et varié dans les 29 textes qui composent le livre.

Amour filial et souvenirs d’enfance

Le poète Sylvain est un orphelin qui se souvient des routes fleuries, et des contes de son enfance de l’oeil candide et de l’âme familière de sa mère.  Et le temps n’a pas apaisé le regret de cette mère qui a 35 ans “s’en allait pour jamais reposer sous la terre. “De cette époque, ces vers ont cessé de sourire.  Ce sont des confidences mélancoliques qui donnent naissance à de très beaux textes comme “À deux voyageurs” et “L’Âme des noms”.  Tous les noms qui ont parfumé ses jeunes ans, s’avancent comme un cortège “vêtu de souvenirs”.

“Que de noms endormis au seuil de ma mémoire!
À l’heure où l’on entend frissoner les roseaux
Je les vois se dresser du fond de la nuit noire
Comme ces feux follets qui dansent sur les eaux. 
(L’Âme des noms)

Il accorde dans son oeuvre une place importante à toutes les manifestations simples de la vie.  Il a le culte de la famille.  Et loin du sol natal il sait se souvenir.  Voici la longue galerie qui servait de lieu de réunion le soir, les fruits de la voisine qu’il dérobait en cachette, la blonde fillette aux yeux plein de douceur qu’il adorait.  Ce sont des “complices bienveillants d’une jeunesse ardente”.  Ces souvenirs chassent sa tristesse, refoulent ses pleurs, le relève de son désespoir. (Souvenir).

Tendre amitié et amour dans espoir

Georges Sylvain confesse que le sort n’a pas toujours été tendre envers lui. Et en l’absence de sa mère, il rêve d’une amitié de soeur, une soeur dont l’amour l’eut sans cesse réconforté de sa tiède douceur (La grande soeur).

Il a écrit sur l’amour et la femme des poèmes délicats, jamais sensuels, toujours mélancoliques.  Est-ce un état d’âme? N’a-t-il jamais été heureux en amour?

Il refuse de dire le secret fol et tendre qui palpite dans son coeur.  Il a la pudeur de ses sentiments.  Quand il aura neigé sur son front, il dira mais ce sera trop tard, et il s’entendra reporché:

....”Que n’avez-vous parlé!
Et cet aveu tardif d’un coeur qui s’abandonne
Passera sur mon coeur toujours inconsolé.
Mélancolique et doux comme un souffle d’automne.
(Non je ne dirai pas)

Il est resté toute sa vie l’ami de vieille date, que par goût et par habitude on gâte, qui aspire à mieux et qui n’ose se dévoiler.  Et sage, il ne court pas après  l’amour triomphant.  Un silence prolongé, c’est parfois une destinée qui se noue ou se dénoue. Ces rêves ébauchés sont pour lui de doux souvenirs car le bonheur humain n’est autre chose qu’un “flocon de rêve au fil bleu des flots.... “ (Aubaude).

Douce et pénétrante mélancolie.

Sylvain est mélancolique.  Le titre du livre est suggestif.  Sa mélancolie nait autant de ses souvenirs que des problèmes politiques et sociaux qui se posent à son attention, lui dont “la génération portait le deuil de maintes illusions”.  (Initiation).  Découragé, désespéré, pessimiste, il nie l’utilité des choses et des êtres (Leçons de choses).  Il rêve de voguer vers l’inconnu sans espoir ni souci.  Il a trop pleuré sur la fiancée morte (La Ronde des Chouettes), sur les artistes incompris (Les vagabonds), sur les morts, “hotes errants des cimetières” qu’affligent l’abandon des vivants (le jour des morts sur la patrie en proie aux affres de la guerre civile (La Prière).

Sylvain est de la même famille que Coriolan Ardouin, Massilon Coicou et Etzer Vilaire.  Il aurait pu faire sienne cette confession du poète Charles Baudelaire “sa mère”.  Ce que je sens, c’est un immense découragement, une sensation d’isolement insupportable, une peur perpétuelle d’un vague malheur, une défiance complète de mes forces, une absence totale de désir, une impossibilité de trouver un amusement quelconque.... Je me demande sans cesse : À quoi bon ceci?  À quoi bon cela?...”

La pièce MÉLANCOLIE rend bien compte et explique quelques raisons de cet état d’âme : éloigner les soucis, oublier les trahisons passées et les rêves déçus, avoir le son des feuilles qui tombent, roulent, tournent et s’envolent.

Oh! quelle volupté
De s’en aller ainsi, par le vent emporté
Au-dessus des rumeurs lointaines de la foule!
                                                 (Mélancolie)

La plupart des textes de “Confidences et Mélancolies” sont écrits à Paris.  Le poète souffre de nostalgie.  Comme Ignace Nau s’il chante la nature, les moeurs et coutumes françaises c’est pour établir la comparaison au profit de notre douce nature tropicale.  Dans SOIR D’HIVER, il se penche avec attendrissement sur de pauvres écoliers exilés trop tôt.  “Dans ce grand Paris distrait et sonore”.  Quand tombe la neige, ils ont froid, ils ont le spleen, ils ont le mal du pays natal.  Et Sylvain de se demander : 

Oh!  qui leur rendra le sol des aieux
D’où l’âme des fleurs s’exhale embaumée
Dans la splendeur gaie et calme des cieux!
Oh!  Qui leur rendra la patrie aimée
La rivière au doux murmure argentin;
Et la rade avec ses cents voiles blanches;
Et l’oiseau qui fuit au ras du chemin;
Et les manguiers lourds du poids de leurs branches!...
                                                      (Soir d’Hiver)

mercredi 26 septembre 2012

LITTÉRATURE HAÏTIENNE - 8e partie


L’ÉCOLE ÉCLECTIQUE

GEORGES SYLVAIN (1866-1925)

INTRODUCTION

Élevé dans une famille pieuse, riche et aisée, frotté de culture ancienne qu’il puisa dans un des plus grands collèges puis à la faculté de Droit de Paris.  Georges Sylvain fut d’abord un joyeux étudiant et un homme de plaisir.  Rentré au pays, ses études achevées, il devient un animateur culturel de premier ordre.  Découragé par l’absence de liberté et de démocratie vraie dans le pays, il devient un indifférent.  Lorsque l’instabilité politique aboutit à l’occupation américaine de 1915, l’homme qui semblait se détacher de certaines réalités haïtienne se révéla un grand patriote qui lutta jusqu’à l’épuisement pour la libération de son pays.

Patriote tour à tour enthousiaste, indifférend et exalté, écrivain critique, journaliste, moraliste et poète, Sylvain a chevauché toute sa vie entre son amour pour la littérature française et les réalités de notre littérature nationale.

Il a réuni dans son oeuvre, plus vaste qu’on ne le souligne souvent, la somme des idées de son temps.  Et, par son art et son inspiration qui ont contribué à enrichir et à remplir notre patrimoine littéraire, il demeure l’un des écrivains les plus remarquables de sa génération.

Georges Sylvain naquit à Puerto Plata (Réplique Dominicaine) où ses parents s’étaient réfugiés après le bombardement du Cap par deux croiseurs anglais de “Bull Dog” et le Galathea (Le consulat du Cap fut violé par des opposants au gouvernement de Geffrard.  Les deux croiseurs bombardèrent la ville et Geffrard qui avait établi son quartier général à l’Acul pour combattre les révolutionnaires, en profita pour attaquer le Cap par terre et s’en emparer (novembre 1865).

Sylvain fit ses études primaires chez les frères de l’instruction Chrétienne de Port-de-Paix, ville d’origine de ses parents, ses études secondaires au Petit-Séminaire Collège St-Martial et après 1880, à Paris au Collège Stanislas. Il fit ses études supérieures, toujours à Paris à la faculté de droit.

Dès cette époque, il écrit des poèmes qui paraîtront dans CONFIDENCES ET MÉLANCOLIES.  Il fréquente des cercles culturels, fait provision de remarques et d’observation.  Rentré dans le pays il tenta d’instaurer une activité littéraire semblable à celle qui l’avait séduit à Paris.

Il fait du journalisme, fonde l’École de Droit, la Société de Législation et l’oeuvre des écrivains pour encourager les jeunes talents et donner un essor définitif à nos lettres.  Il ouvre des cercles culturels, organise des tournées de conférences en province, crée l’Alliance Française en Haïti tandis....qu’il commence la publication de son oeuvre.

En 1901, il donne CONFIDENCE ET MÉLANCOLIES (poèmes français) et CRIC CRAC (fables en langue créole). En 1904, en collaboration avec Solon Ménos, Dantès Bellegarde, il publie pour marquer le centenaire de notre indépendance une Anthologie en deux tomes des poètes et prosateurs haïtiens.  L’ouvrage est couronné par l’Académie Française. En 1908, il édita la LECTURE, recueil de dix causeries prononcées en tant que Délégué-Général de l’Alliance en Haïti.

Il collabore particulièrement à la Ronde, à l’Essor, à Haïti Littéraire et Sociale, Haïti Littéraire et Scientifique où il donne une série d’Articles critiques sur les ouvrages de Hannibal Price, Frédéric Marcelin, Etzer Vilaire, Solon Ménos etc.  Ces articles réunis en volume donneraient vraiment une idée du talent de notre premier grand critique littéraire : “insisive et élégante, sa prose se nuançait d’une certaine ironie souriante aussi exempte d’amertume que de méchanceté”.

Sylvain occupa avec compétence les fonctions les plus diverses : avocat militant, professeur à l’École de Droit, Juge au Tribunal de Cassation, Ministre Plénipotentiaire à Paris et auprès du St-Siège.

Puis vint l’occupation américaine d’Haïti en 1915.

Il lance dans l’arène le journal LA PATRIE, crée l’Union Patriotique, association de nationalistes intransigeants, qui groupe 41 filiales en province.  L’éminence de son talent, l’immensité de sa foi patriotique désignent Sylvain comme le premier administrateur délégué de l’Union Patriotique.  Sa vie se confondit désormais avec cette lutte pour la libération du territoire.  Et durant dix années (1915-1925) “ce fut un apostolat au service duquel Sylvain mit une constante ténacité, une belle énergie et une grande capacité de travail”.

“Il porta, nous dit Perceval Thoby, avec une virile et invicible fermeté la bataille partout où il pouvait atteindre l’ennemi, l’attaquant sans merci, mais loyalement, avec les armes courtoises du chevalier.  Georges Sylvain n’a rien négligé pour faire triompher la cause de la nation.  Conférences, Meetings populaires, manifestations nationales, poésies, chansons articles de journaux, discussions juridiques, controverses constitutionnelles, mémoires adressées au Sénat et au gouvernement des États-Unis...voyages, tournées patriotiques dans les départements, tel fut l’effort immense, l’effort surhumain que le patriotisme, désintéressé arracha à ce laborieux courbé du matin au soir, sur le problème angoissant de notre libération....” (Dix Années de Lutte pour la Liberté, Tome I, page XVII).

Épuisé, il mourut le 2 août 1925 sans la consolation d’assister au départ des troupes d’occupation qui devait avoir lieu neuf ans plus tard, en 1934.

Il est mort au service de la patrie, il eut des funérailles grandioses, imposantes.  Même les journaux américains firent le salut de l’épée en rendant hommage au nationalisme farouche de “l’adversaire du régime américain en Haïti.”

Trente ans après sa mort, ses héritiers réunirent en deux volumes, sous le titre de “Dix années de lutte pour la liberté 1915-1925” tous les textes (discours, conférences, articles de journaux) écrits par le leader pour combattre l’occupation.

LITTÉRATURE HAÏTIENNE - 7e partie


L’ÉCOLE ÉCLECTIQUE

GEORGES SYLVAIN (1866-1925)

INTRODUCTION

Élevé dans une famille pieuse, riche et aisée, frotté de culture ancienne qu’il puisa dans un des plus grands collèges puis à la faculté de Droit de Paris.  Georges Sylvain fut d’abord un joyeux étudiant et un homme de plaisir.  Rentré au pays, ses études achevées, il devient un animateur culturel de premier ordre.  Découragé par l’absence de liberté et de démocratie vraie dans le pays, il devient un indifférent.  Lorsque l’instabilité politique aboutit à l’occupation américaine de 1915, l’homme qui semblait se détacher de certaines réalités haïtienne se révéla un grand patriote qui lutta jusqu’à l’épuisement pour la libération de son pays.

Patriote tour à tour enthousiaste, indifférend et exalté, écrivain critique, journaliste, moraliste et poète, Sylvain a chevauché toute sa vie entre son amour pour la littérature française et les réalités de notre littérature nationale.

Il a réuni dans son oeuvre, plus vaste qu’on ne le souligne souvent, la somme des idées de son temps.  Et, par son art et son inspiration qui ont contribué à enrichir et à remplir notre patrimoine littéraire, il demeure l’un des écrivains les plus remarquables de sa génération.

Georges Sylvain naquit à Puerto Plata (Réplique Dominicaine) où ses parents s’étaient réfugiés après le bombardement du Cap par deux croiseurs anglais de “Bull Dog” et le Galathea (Le consulat du Cap fut violé par des opposants au gouvernement de Geffrard.  Les deux croiseurs bombardèrent la ville et Geffrard qui avait établi son quartier général à l’Acul pour combattre les révolutionnaires, en profita pour attaquer le Cap par terre et s’en emparer (novembre 1865).

Sylvain fit ses études primaires chez les frères de l’instruction Chrétienne de Port-de-Paix, ville d’origine de ses parents, ses études secondaires au Petit-Séminaire Collège St-Martial et après 1880, à Paris au Collège Stanislas. Il fit ses études supérieures, toujours à Paris à la faculté de droit.

Dès cette époque, il écrit des poèmes qui paraîtront dans CONFIDENCES ET MÉLANCOLIES.  Il fréquente des cercles culturels, fait provision de remarques et d’observation.  Rentré dans le pays il tenta d’instaurer une activité littéraire semblable à celle qui l’avait séduit à Paris.

Il fait du journalisme, fonde l’École de Droit, la Société de Législation et l’oeuvre des écrivains pour encourager les jeunes talents et donner un essor définitif à nos lettres.  Il ouvre des cercles culturels, organise des tournées de conférences en province, crée l’Alliance Française en Haïti tandis....qu’il commence la publication de son oeuvre.

En 1901, il donne CONFIDENCE ET MÉLANCOLIES (poèmes français) et CRIC CRAC (fables en langue créole). En 1904, en collaboration avec Solon Ménos, Dantès Bellegarde, il publie pour marquer le centenaire de notre indépendance une Anthologie en deux tomes des poètes et prosateurs haïtiens.  L’ouvrage est couronné par l’Académie Française. En 1908, il édita la LECTURE, recueil de dix causeries prononcées en tant que Délégué-Général de l’Alliance en Haïti.

Il collabore particulièrement à la Ronde, à l’Essor, à Haïti Littéraire et Sociale, Haïti Littéraire et Scientifique où il donne une série d’Articles critiques sur les ouvrages de Hannibal Price, Frédéric Marcelin, Etzer Vilaire, Solon Ménos etc.  Ces articles réunis en volume donneraient vraiment une idée du talent de notre premier grand critique littéraire : “insisive et élégante, sa prose se nuançait d’une certaine ironie souriante aussi exempte d’amertume que de méchanceté”.

Sylvain occupa avec compétence les fonctions les plus diverses : avocat militant, professeur à l’École de Droit, Juge au Tribunal de Cassation, Ministre Plénipotentiaire à Paris et auprès du St-Siège.

Puis vint l’occupation américaine d’Haïti en 1915.

Il lance dans l’arène le journal LA PATRIE, crée l’Union Patriotique, association de nationalistes intransigeants, qui groupe 41 filiales en province.  L’éminence de son talent, l’immensité de sa foi patriotique désignent Sylvain comme le premier administrateur délégué de l’Union Patriotique.  Sa vie se confondit désormais avec cette lutte pour la libération du territoire.  Et durant dix années (1915-1925) “ce fut un apostolat au service duquel Sylvain mit une constante ténacité, une belle énergie et une grande capacité de travail”.

“Il porta, nous dit Perceval Thoby, avec une virile et invicible fermeté la bataille partout où il pouvait atteindre l’ennemi, l’attaquant sans merci, mais loyalement, avec les armes courtoises du chevalier.  Georges Sylvain n’a rien négligé pour faire triompher la cause de la nation.  Conférences, Meetings populaires, manifestations nationales, poésies, chansons articles de journaux, discussions juridiques, controverses constitutionnelles, mémoires adressées au Sénat et au gouvernement des États-Unis...voyages, tournées patriotiques dans les départements, tel fut l’effort immense, l’effort surhumain que le patriotisme, désintéressé arracha à ce laborieux courbé du matin au soir, sur le problème angoissant de notre libération....” (Dix Années de Lutte pour la Liberté, Tome I, page XVII).

Épuisé, il mourut le 2 août 1925 sans la consolation d’assister au départ des troupes d’occupation qui devait avoir lieu neuf ans plus tard, en 1934.

Il est mort au service de la patrie, il eut des funérailles grandioses, imposantes.  Même les journaux américains firent le salut de l’épée en rendant hommage au nationalisme farouche de “l’adversaire du régime américain en Haïti.”

Trente ans après sa mort, ses héritiers réunirent en deux volumes, sous le titre de “Dix années de lutte pour la liberté 1915-1925” tous les textes (discours, conférences, articles de journaux) écrits par le leader pour combattre l’occupation.

dimanche 23 septembre 2012

LITTÉRATURE HAÏTIENNE - 6e partie


Tendance Nationale

Dantès Bellegarde, Pétion Gérome, Frédéric Marcelin, Justin Devot sont les représentants de la tendance nationale de la Ronde.

Pour Pétion Gérome, la littérature doit être l’impression de notre société.  Cependant pas de formules qui entravent l’inspiration de l’écrivain.  L’artiste est libre de produire selon son coeur.  C’est également le point de vue de Bellegarde.

Justin Devot lutte pour la réforme de la mentalité haïtienne. Il demande aux sciences sociales des techniques de recherches.  En dépit du ton national de ses écrits, il s’appuie sur le positivisme d’Auguste Comte pour faire valoir ses points de vue.  Et Bellegarde et Gérome et Devot sont partisans d’un nationalisme large qui s’appuie à l’occasion sur la littérature universelle, sans perdre de son originalité.

Pour Frédéric Marcelin la littérature sera nationale où elle ne sera pas.  Ses théories littéraires sont explicites à cet égard.

Deuxième Tendance : Une littérature Nationale avec :

L’ÉCOLE NATIONALE

La deuxième tendance de la génération de la ronde est représentée par l’École Nationale.  Le mot ÉCOLE étant pris ici, comme pour la première fois dans son sens le plus restreint : groupe d’écrivains d’une même époque et d’une même tendance.

Frédéric Marcelin est le chef de fil et le premier théoricien de cette école.

L’Instablitlié politique : guerre civile, comportement rétrograde des gouvernements ont porté au dégout les intellectuels de la première tendance.

“Un beau mouvement national qui a voulu porter à la présidence d’Haïti un intellectuel capable (Firmin) a enfanté au contraire deux régimes de répression : ceux de Nord Alexis et d’Antoine Simon”.

Mais, bien avant la jeunesse consciente du danger a voulu prendre “contact plus direct avec les réalités....avoir une vue plus nette du milieu social dans lequel elle vivait” et préparer ainsi l’Haïti de demain”.

Cela a été le rôle des écrivains de la deuxième tendance de la génération de la ronde : romanciers, dramaturges, théoriciens.

Soulignons qu’il ne faut jamais les dissocier d’avec les poètes de la première tendance.  Ce qui les différencie c’est peut être et pas toujours, leur manière d’appréhender la réalité et leur conception de l’art.

Des fois, les dillettantes d’hier, deviennent de rudes lutteurs, des patriotes qui se  connectent avec la réalité pour la libération du pays. Georges Sylvain, par exemple.

Les écrivains de l’École patriotique ont exprimé en des vers sonores leurs colères, leurs indignations à la suite des humiliations nationales.  Ils ont montré la grandeur de la patrie souillée, fait revivre son histoire et connaître ses héros.  Cela a été plus que nécessaire.

Mais, au moment où débute la quatrième période de la littérature haïtiene, on ne pouvait plus se consacrer à l’exhaltation du sentiment de la patrie.

Le danger de voir sombrer le pays haïtien était imminent.  Il fallait trouver en soi, autour de soi, et non dans le passé des raisons de vivre et de lutter.

Les écrivains de l’École Nationale vont aborder l’étude des problèmes sociaux et tenter de perfectionner la société haïtienne par la transformation de sa mentalité.

Comme les jeunes de l’École Éclectique, les écrivains de l’École Nationale rejettent une partie des thèses des écrivains de l’École Patriotique, leur optimisme facile et naïf, leur langage pompeux. (voir sixième manifeste)

Les écrivains de l’École patriotique exaltent les aïeux, chantent la nature haïtienne.  Ceux de l’École nationale observent et décrivent le milieu social haïtien dans son ensemble et dans sa diversité.

Les patriotes montrent les beautés et s’appuient sur un passé chargé de gloire pour bâtir le présent et assurer l’avenir.

Les nationaux dénoncent les tares.  Ils s’appuient sur le présent par l’étude scientifique pour transformer l’avenir.  Ils sont critiques et peintres du milieu social haïtien.  Ils sont des réalistes.

Si l’École Nationale continue et élargit l’École Patriotique, c’est plus vraisemblablement en renouant avec l’École de 1836.

En effet, elle condamne le goût de l’exotisme, réclame une littérature haïtienne qui doit être le tableau de nos passions, de nos préjugés, de nos vices et de nos vertus.

Pourtant, l’École nationale doit beaucoup à la littérature française et aux écrains français.

La diffusion de la doctrine positiviste d’Auguste Comte, en Haïti, par Justin Devot la lecture des romanciers réalistes français : Sthendal, Balzac, Flaubert n’ont pas été sans influencer Marcelin, Hibbert et Hérisson.

Les meilleurs poètes sont éclectiques. Le théâtre continue à suivre la voie tracée par Faubert et Coicou. Mais, pour saisir la réalité haïtienne dans toute sa crudité les écrivains choisirent le roman, à l’encontre de ceux de l’École Patriotique qui avaient opté pour la poésie et le théâtre.

“Cette école va se présenter comme un vaste réservoir où tout s’entasse : foi patriotique, moeurs locales, sentiments de la nature, satire sociale, africanisme.  L’imitation des maîtres français n’est pas exclu.  Mais, cette imitation se bornera à exploiter l’immense fonds de contradictions, de mélanges, d’originalité dont se compose le fait social haïtien”.  (G. Gouraige, page 104, Histoire de la Littérature Haïtienne).

Les principaux représentants de l’École Nationale sont :

Romanciers : Marcelin, Hibbert, Lhérisson, Antoine Innocent, Amédée Brun.
Historiens : écrivains politiques et sociaux : Hannibal Price, Justin Devot,
Critiques : G. Sylvain, F. Marcelin, Pétion Gérome.
Dramaturges : V. Ducasse, Charles Moravia...

Conclusion Générale : 

Si en littérature, la crise de croissance se caractérise par une rupture avec les écoles passées et un besoin de faire neuf et mieux; si elle est le fait par lequel une littérature se met à changer, par ses oeuvres et plus encore par ses doctrines, les caractères qu’elle avait présenté jusqu’alors, en diffusant des idées qui ouvrent des horizons nouveaux pour le plein épanouissement des genres cultivés, on peut affirmer que les oeuvres de la Ronde sont l’expression d’une crise de croissance.

Les écrivains ont refusé de renouveler l’expérience des aînés qui, d’après eux s’est soldée par un échec et ils n’arrivent pas à se mettre d’accord sur une esthétique commune.  D’où au sein d’un même mouvement de libération deux tendances opposées qui se rejoignent quant au but à atteindre : élargir et enrichir la matière littéraire; imposer au public haïtien et au monde la littérature haïtienne.

Il a fallu un certain recul pour apprécier le bond prodigieux accompli par notre littérature en moins d’un quart de siècle (1898-1915) grâce à des jeunes gens épris d’idéal.  À certains égards on peut dire qu’ils sont faits écoles.  Les indigénistes de 1927 n’ont pas renié Antoine Innocent, Justin Devot et Frédéric Marcelin comme ancêtres de leur mouvement.  Les écrivains contemporains qui ne pratiquent pas un nationalisme chauvin découvrent en vilaire un des leurs.