mardi 29 septembre 2009

Punkitude - 4e partie

Mutilations et violences corporelles font également partie de la culture punk. Le signe le plus connu est l’épingle de nourrice qu’on arbore sur les vêtements déchirés, mais qu’on s’enfonce également dans la joue. Lors des fêtes par exemple, la perforation de la joue revêt un caractère rituel. Rite d’initiation, seuls les plus concernés s’y soumettent, mais aussi préliminaire : en début de soirée, trois ou quatre copains se serrent devant la glace de l’appartement bourgeois où ils sont invités pour s’enfiler leur épingle à nourrice dans la joue.

La célèbre coiffure, qui en France s’appelle « un iroquois », est au Canada « un mohawk » (dénominations différentes qui dénotent peut-être l’éloignement des Indiens pour les Européens, la rencontre avec un groupe proche pour les Canadiens), peut s’analyser comme une quasi-mutilation : on se rase tout le crâne, à l’exception d’une bande de cheveux dressés sur le milieu. Si dans notre société la mise à nu du crâne dénote une certaine violence symbolique, il faut pourtant remarquer que le rasage de la chevelure ne présente aucun caractère définitif. Renouvelé aussi longtemps qu’on le désire, il ne laissera aucune trace quand l’adolescent décidera de cesser. Par contre, les tatouages resteront les témoins corporels d’une rébellion passée. Nous ne les considérons pourtant pas ici en tant que trait spécifique de la sous-culture punk : ils ne sont que le fait de quelques individus, mais surtout ils sont largement employés par d’autres groupes de marginaux : motards, délinquants…

Enfin, les pratiques de sévices corporels se déroulent souvent lors de fêtes, l’alcool agissant alors comme facteur désinhibant. Dans toutes les scènes dont j’ai été témoin ou qui m’ont été rapportées, un garçon était la victime, se faisant fouetter dans la salle de bains (le choix du lieu qui impliquait une certaine intimité autorise à parler de transgression contrôlée), écraser des mégots de cigarettes sur la peau, ou couper la main avec des débris de verre par la fille avec qui il passait la nuit.

La sauvagerie est une dimension de la punkitude qui recoupe partiellement le thème des mutilations. C’est un véritable masque de sauvage que se compose le punk, grimé à la manière des sauvages qui s’ornent visage et corps de peintures rituelles. C’est aussi un art de l’ornementation dont l’outrance est à l’opposé des principes du maquillage des gens « normaux » ou « straight » : non pas cacher ses défauts et mettre en valeur ses yeux ou ses lèvres, mais bien donner à voir le décor en tant que tel, soi-même caché derrière le masque.

La coiffure surtout évoque le sauvage par excellence, l’Indien : une crête de cheveux dressés sur la tête, tous les côtés étant rasés. La hauteur des cheveux dressés sur la tête peut aller, surtout en Angleterre où l’outrance est maximale, jusqu’à dix à quinze centimètres. Les cheveux sont mouillés et enduits de savon, produit que l’on se procure facilement et gratuitement. Plus rarement, on utilise de la laque ou du gel.

Même si l’on ne se « fait pas un iroquois », les cheveux dressés sont un signe de la punkitude. On les teint aussi de plusieurs couleurs et l’on peut aller jusqu’à se constituer un véritable damier sur la tête, fait de carrés de couleurs contrastées, ou élaborer d’autres formes géométriques.

Ces dernières versions toutefois sont souvent le début de la récupération de l’art brut capillaire des punks, pour en faire un « punk art » plus consommable. Le « punk de base », limité par sa propre habileté, va rarement plus loin qu’un mélange barbare de couleurs, changeant de couleur de chevelure à chaque fois que l’envie lui en prend, c’est-à-dire for souvent.

Alors que la normalité tend à « ar-ranger », sa chevelure, la chevelure punk se présente dé-rangée, hirsute, coupée, symbolisant une fois de plus le défi, affichant le mépris des normes. On peut également provoquer le dégoût, en exhibant ce qui se cache, en enfreignant un tabou, en simulant quelque rite effroyable par une mise en scène sur le thème du sang menstruel. Les bijoux, et en particulier les boucles d’oreilles, fabriquées par le porteur ou un ami, se composent toujours du matériel le plus hétéroclite et insolite : lames de rasoir, tournevis, porte-clefs publicitaires détournés de leurs usages habituels. Le plus beau fleuron que j’aie pu admirer consistait en un tampon périodique, coloré du plus beau rouge sanglant (en le trempant dans l’éosine) et porté par un jeune garçon homosexuel.

Une nouvelle version dérisoire du combat écologique :
Se vêtir de déchets industriels.

Le style « poubelle » consiste à porter n’importe quel vêtement, en lambeaux de préférence, amis aussi tout à fait littéralement, à se vêtir de sacs-poubelle en plastique en pratiquant des ouvertures pour la tête et les bras.
Quelques garçons, dont l’un au moins était issue de la punkitude la plus pure, mais qui glissait dangereusement sur la pente de la création ont un jour dans un club parisien organisé un défilé de « basse couture ». Ce concept, créé par opposition à la « haute couture », était essentiellement axé sur la récupération des déchets. Tous les vêtements éphémères présentés avaient été créés à partir de matériaux uniquement récupérés dans les poubelles de la ville.

* à suivre *

lundi 28 septembre 2009

Punkitude - 3e partie

L’excentricité vestimentaire et corporelle

Chez les Punks

Sexualité perverse, sado-masochisme

Les filles « punks » empruntent leur vocabulaire vestimentaire au stéréotype de la prostituée et de la vulgarité. Yeux faits, bouche peinte, juchées sur des talons ou, au contraire, portant des bottes militaires, elles déambulent, provocantes, en collants résille et mini-jupe, ou moulées dans des pantalons à impression panthère, leurs cheveux décolorés ou de couleurs agressives, crêpés et laqués, ces modernes gorgones évoquent l’image de la femme « à acheter ». Mais gare au « Monsieur tout le monde » qui tombe dans le piège tendu et se laisse aller à des commentaires trop crus à des invites directes. Il ne recevra en retour que quolibets, insultes, tutoiement de mépris, regards méprisants.

La chanteuse et comédienne Madonna a vulgarisé cette image créée par les petites filles « punks » de la fin des années 70 : chaînes « rockers », mais surtout prote-jarretelles et sous-vêtements sexy apparents. Inversion symbolique, dessus dessous, intimité qui se donne à voir.

Plusieurs images se mêlent, femme-enfant décorée comme un arbre de Noël, femme fatale, femme dominatrice, jeux sur l’image. Fin des années 70, début des années 80, l’amour romantique n’était pas de mise chez les punks (alors que les nouveaux punks des années 83-85 se tiennent par le cou dans la rue). On pouvait voir dans la rue une jeune fille tirant un homme en laisse, un collier de chien autour du cou.

De manière générale, garçons et filles portent de nombreux éléments vestimentaires qui connotent habituellement la sexualité sadomasochiste : ceintures et bracelets de force en cuir noir cloutés, colliers de chien, cuir et skaï noir, casquettes de cuir à haute coiffe évoquant le spectre nazi. Une partie de ces éléments se retrouve dans le milieu homosexuel S.M. (sado-maso), dont la plupart des membres, tout en goûtant cette imagerie, hommes virils, fantasme de domination, tiennent à affirmer, qu’ils ne se sentent rien de commun avec les milieux néo-fascistes. Les punks allaient plus loin en portant des croix gammées et autres symboles nazis par surenchère à la provocation. Ayant compris que toute provocation, dès lors qu’elle est connue et identifiée comme telle, est acceptée et même récupérée, les punks se devaient d’afficher ce qui était inacceptable aux yeux de tous. Cette démarche de sémiologue nihiliste jouait sur l’arbitraire du signe, sur la connotation des signes empruntés : quand rien n’a plus de sens, tous les signes sont équivalents et renvoient au néant.

* à suivre *

dimanche 27 septembre 2009

Punkitude - 2e partie

Le dandy baudelairien était précédé par les romantiques qui, déçus par la médiocrité du monde d’ici bas, le remplaçaient par un idéal de passion et de beauté, par l’amour de la Nature. L’identité de Baudelaire s’est constituée à la fois en opposition à l’idéologie dominante de la bourgeoisie, alors obsédée par le progrès technique, mais également en opposition aux engouements romantiques. De même, l,e punk des années 77 a été précédé par des mouvements visionnaires, de tendances diverses, politiques ou philosophiques, mais qui avaient en commun une croyance à un monde meilleur, l’amour de la Nature, un certain rousseauisme.

De quelques éléments comparés de dandysme.
Dans une première partie, nous tenterons une analyse comparative de traits culturels du dandysme baudelairien et de la sous-culture punk. Les uns comme les autres affichent un dégoût et un refus de la médiocrité du monde existant, qu’ils partagent avec les mouvements de révolte de tous les temps. Ce que nous appelons ici dandysme, et qui constitue la spécificité de ce type de révolte, c’est avant tout un certain nihilisme, issu de la prise de conscience de l’inutilité de tout projet, idéaliste ou réformiste. Ce nihilisme a pour corollaire l’insolence comme mode de relation avec les autres, et l’adoption de l’ennui (le spleen baudelairien) comme philosophie.

* à suivre *

samedi 26 septembre 2009

Punkitude - 1e partie

Moi Punk! Vous blaguez?

Voyons l'histoire des Punks sous la plume de Marie Roué

Nous intéressant à la punkitude, c’est-à-dire à une forme de culture marginale, nous avons choisi, plutôt que de l’envisager seulement dans ses rapports d’opposition avec la société globale, de nous pencher sur ses rapports avec les autres mouvements marginaux. Cette perspective d’opposition structurelle entre les différentes cultures juvéniles contemporaines, mais surtout avec la culture de la classe des jeunes immédiatement antérieure, nous a été suggéré d’abord par l’analyse du discours et des actes des punks. Elle nous place résolument dans une perspective diachronique. Intriguée par de nombreuses analogies avec un autre mouvement esthète et nihiliste, le dandysme de Baudelaire et de ses proches, nous nous demanderons si certaines similitudes dans les mouvements qui précédaient immédiatement ces deux dandysmes ne pourraient pas expliquer des caractères récurrents. Il semble qu’en effet, le premier choc passé, les mouvements culturels d’opposition soient souvent gloutonnement assimilés par la société globale, ou tout au moins gagnent un statut de marginalité officielle. La génération montante, pour gagner alors une identité propre, est tenue de se différencier, en s’opposant, de la révolte de la génération précédente.

* à suivre *

vendredi 25 septembre 2009

ACCORD DU PARTICIPE PASSÉ SANS AVOIR - 5e partie

8. Tout fut parfait, si ce n’est que les couleurs de ma robe et de la sienne se sont ___.
1 nui
2 nuis
3 nuit
4 (autre chose)

8. Rép. : nui
Mais : Le coussin orange nuit à l’azur de sa jupe.
Rem. : Le participe passé du verbe pronominal s’accorde avec le sujet, à moins qu’il y ait un objet direct. Il est invariable quand on peut voir dans SE un objet indirect (NUI est donc toujours invariable).


9. Finalement, ils se sont pl___ à leur misère. Ils se sont réjou___ de la liberté qu’elle procurait.
1 u, i
2 u, is
3 us, i
4 us, is

9. Rép.: plu, réjouis
Rem.: Le participle passé de SE RIRE, SE PLAIRE, SE DÉPLAIRE, SE COMPLAIRE est toujours invariable.
Et : RÉJOUIR, transitif; PLAIRE, intransitif.


10. Elle s’est bless___ gravement le genou.
1 é
2 ée
3 (au choix)
4 (selon le niveau de langue)

10. Rép. : blessé
Rem. : Il y a un objet direct, qui ne précède pas.
Mais : Elle s’est blessée gravement au genou.
Rem. : Cette fois, l’objet est S’, qui précède (et ÊTRE est mis pour AVOIR : voix pronominale avec pronom réfléchi à fonction d’objet).


11. S’est-elle foul___ la cheville ou s’est-elle bless___ au genou?
1 é, é
2 é, ée
3 ée, é
4 ée, ée

11. Rép. : foulé, blessée
Rem. : Le participe passé d’un verbe pronominal, s’il y a un objet direct, s’accorde comme si le participe était employé avec AVOIR.


12. Ils se sont imagin__ que nul n’oserait leur résister.
1 é
2 és
3 (au choix)
4 er

12. Rép. : imaginé
Rem. : Le participe passé d’un verbe pronominal, s’il y a un objet direct, s’accorde comme si le participe était employé avec AVOIR.


13. Ils se sont ouvertement moqu__ de votre projet de voyage, ils se sont r___ de vos châteaux en Espagne.
1 é, i
2 é, is
3 és, i
4 és, is

13. Rép.: moqués, ri
Rem.: Le participle de SE RIRE, SE PLAIRE, SE D.PLAIRE, SE COMPLAIRE est toujours invariable.


14. Toutes les clauses sont importantes, except___ celle qui concerne les réengagements.
1 ée
2 ées
3 (selon le sens)
4 (autre chose)

14. Rép. : Autre chose : excepté.
Mais : Toutes les clauses sont importantes, celles qui concerne les réengagements exceptée.
Et : Quelques clauses importantes sont exceptées de la convention.
Rem. : Quelques participes sont employés comme prépositions. Ils précèdent le subst. Auquel ils se rapportent.


15. De grandes manifestations s’étaient déroul__ en leur absence.
1 é
2 ées
3 és
4 (selon la nuance de sens)

15. Rép. : déroulées
Mais : Il s’était déroulé de grandes manifestations en leur absence.
Et : Il devait se dérouler etc.
Rem. : À la voix pronominale, le participe passé s’accorde avec le sujet, sauf s’il y a un objet direct (dans ce cas, l’accord suit les règles du participe passé employé avec AVOIR) ou si l’on peut voir dans le réfléchi un objet indirect (dans ce cas, invariabilité).
Et : Ici, on considère S’ comme objet direct. D’ailleurs, si l’on considère que S’ n’est pas un actant, on observe l’absence d’objet direct et l’accord se fait de la même façon.


16. Messaline fit condamn__ Asiaticus pour s’emparer de ses jardins.
1 er
2 é
3 (selon le niveau de langue)
4 (selon le sens)

16. Rép. : condamner
Mais : Messaline a condamné Asiaticus pour s’emparer de ses jardins.
Rem. : Les auxiliaires ÊTRE et AVOIR sont les seuls à entraîner le participe passé.


17. tout fut rejeté, y compr___ une intervention désespérée de l’accusé.
1 s
2 se
3 (au choix, mais de préférence 1)
4 (au choix, mais de préférence 2)

17. Rép. : y compris
Mais : Tout fut rejeté, une intervention désespérée de l’accusé comprise (ou y comprise).
Ou : L’intervention de l’accusé n’a pas été bien comprise.
Rem. : Y COMPRIS, avant le subst., est une locution prépositive, et COMPRIS est alors invariable. Dans d’autres cas, COMPRIS, considéré comme participe, s’accorde.

jeudi 24 septembre 2009

ACCORD DU PARTICIPE PASSÉ SANS AVOIR - 4e partie

PARTIE II

1. Nous étions bien loin des lieux ____.
1 où nous étions nés
2 qui nous avaient vus naître
3 (n’importe)
4 (selon le sens)

1. Rép. : N’importe : où nous étions nés ou qui nous avaient vus naître.
Rem. : La voix causative a trois auxiliaires : FAIRE, LAISSER et VOIR. Avec FAIRE, le nouvel actant intervient; avec LAISSER, il s’abstient d’intervenir; VOIR est le terme neutre, où la question d’une intervention du nouvel actant ne se pose même pas.


2. Une armée de citrouilles, bien align___, obstruait la route.
1 ée
2 ées
3 (n’importe)
4 (selon le sens)

2. Rép. : Selon le sens. On peut avoir surtout l’ensemble ou surtout les citrouilles.
Rem. : Si le mot auquel se rapporte le participe passé est un nom collectif suivi d’un complément, l’accord se fait suivant le sens.


3. Avant d’être reconnu innocent et abs___, il attendra combien de temps?
1 olu
2 out
3 ous
4 (autre chose)

3. Rép. : absous
Mais : Il t’absout pour cette fois, m’a-t-il dit, mais ne recommence pas.
Et : Son ton absolu nous énerve.
Rem. : Finale du participe passé : É, U, I, S, T. Mettre au féminin pour voir s’il y a S ou T, sauf ABSOUS, DISSOUS, RÉSOUS qui ont le féminin en –TE.


4. Le paysage s’est diss___ en traînées grisâtres.
1 olu
2 olvé
3 out
4 ous

4. Rép. : dissous
Mais : Le paysage ne dissout dans le brouillard qui descend.
Et : Talleyrand fut un vieillard libertin et dissolu.
Rem : Finale du participe passé : É, U, I, S, T. Mettre au féminin pour voir s’il y a S ou T, sauf ABSOUS, DISSOUS, RÉSOUS qui ont le féminin en –TE.
Et : DISSOLU : « débauché ».


5. Par les injures qu’ils se sont lanc___ à la tête devant tout le monde, ils se sont nu___ l’un à l’autre.
1 és, is
2 ées, i
3 ées, is
4 és, i

5. Rép. : ées, i
Mais : Ils se sont lancés dans les bras l’un de l’autre.
Rem. : À la voix pronominale, le participe passé s’accorde avec le sujet, sauf s’il y a un objet direct (dans ce cas, l’accord suit les règles du participe employé avec AVOIR) ou si l’on peut voir dans le réfléchi un objet indirect (dans ce cas, invariabilité).


6. Les visites se sont succéd___ sans interruption.
1 é
2 ées
3 (n’importe)
4 (autre chose)

6. Rép. : succédé
Rem. : À la voix pronominale, le participe passé s’accorde avec le sujet, sauf s’il y a un objet direct (dans ce cas, l’accord suit les règles du participe employé avec AVOIR) ou si l’on peut voir dans le réfléchi un objet indirect (dans ce cas, invariabilité).
Et : LE SE est objet indirect de SUCCÉDER, d’où l’invariabilité.


7. Des aventurières se sont adroitement concili___ la faveur de la patronne et ce n’est que plus tard qu’elle s’est aperç___ de son erreur.
1 é, u
2 é, ue
3 ées, u
4 ées, ue

7. Rép. : concilié, aperçue
Rem. : À la voix pronominale, le participe passé s’accorde avec le sujet, sauf s’il y a un objet direct (dans ce cas, l’accord suit les règles du participe employé avec AVOIR) ou si l’on peut voir dans le réfléchi un objet indirect (dans ce cas, invariabilité).
Et : Ici, FAVEUR est objet direct de CONCILIER et suit, d’où l’invariabilité. S’APERCEVOIR DE n’ayant pas d’objet direct, l’accord est avec le sujet.
* à suivre *

mercredi 23 septembre 2009

ACCORD DU PARTICIPE PASSÉ SANS AVOIR - 3e partie

14. À peine se furent-elles aperç__ l’une l’autre qu’elles s’exclamèrent ensemble : on ne s’était pas rev__ depuis dix ans!
1. u, u
2. u, ues
3. ues, ues
4. (autre chose)

14. Rép. : aperçues, revues
Rem. : Le participe passé d’un verbe pronominal, s’il y a un objet direct, s’accorde comme s’il était employé avec AVOIR.
Et : Le pronom ON peut remplacer un pronom personnel à n’importe quelle personne (ici NOUS).


15. La réputation qu’ils s’étaient fai__ me surprit.
1 t
2 te
3 ts
4 (selon le sens)

15. Rép. : faite
Ou : La réputation qu’on leur avait faite…
Rem. : Le participe passé d’un verbe pronominal qui a un objet direct s’accorde comme s’il était employé avec AVOIR.


16. V__ de loin, cette maison paraît petite.
1 u
2 ue
3 (au choix, mais de préférence 1)
4 (au choix, mais de préférence 2)

16. Rép. : Vue


17. N’étant pas arriv__ en même temps que leurs amies, elles voulaient aussi être renseign__.
1 er, er
2 ées, er
3 é, ées
4 ées, ées

17. Rép. : arrivées, renseignées
Rem. : Employé avec ÊTRE, le participe passé s’accorde avec le sujet.


18. J’en suis contr__.
1 it
2 ite
3 (selon le contexte)
4 (autre chose)

18. Rép. : Selon le contexte.
Rem. : CONTRITE, si c’est une femme qui parle.


19. Sa réaction est d__ à un naturel très vif.
1 û
2 ûe
3 ue
4 (autre chose)

19. Rép. : due
Rem. : Les participes passés de la famille de DEVOIR ne prennent d’accent circonflexe qu’à DÛ et REDÛ au masc. Sing.


20. Les villes dont l’expansion nous avait été préd__ ont reçu des subventions fédérales.
1 ie
2 ite
3 (selon la nuance de sens)
4 ites

20. Rép. : prédite
Mais : Les réactions de la foule nous avaient été prédites.
Rem. : Employé avec ÊTRE, le participe passé s’accorde avec le sujet.


21. IL ____ spécifié que la neige n’engloutissait pas seulement les villages, mais aussi la population.
1 était
2 avait
3 (selon le sens)
4 fallait

21. Rép. : Selon le sens.
Mais : Il fallait spécifier
Et : Il voulait spécifier, il pouvait spécifier, il devait spécifier, il avait à spécifier, etc.
Rem. : Seuls les auxiliaires ÊTRE et AVOIR sont construits avec le participe passé.


22. Les alpinistes restaient là, de toute énergie vid___.
1 ée
2 er
3 (selon le sens)
4 (autre chose)

22. Rép. : Autre chose : vidés.
Rem. : On accorde le participe avec le subst. Auquel il se rapporte.

* à suivre *

mardi 22 septembre 2009

ACCORD DU PARTICIPE PASSÉ SANS AVOIR - 2e partie

ACCORD DU PARTICIPE PASSÉ SANS AVOIR.


1. Alceste s’imagine que tous les honneurs lui sont d____ et red___.
1 û, û
2 ûs, ûs
3 us, us
4 (autre chose)

1. Rép. : dus, redus
Ou : Turenne estime que la gloire lui est due et redue.
Mais : Harpagon estime que tout l’or lui est dû et redû.
Rem. : Les participes passés de la famille de DEVOIR ne prennent d’accent circonflexe qu’à Dû et REDû, au masc. Sing.
Et : Employé avec être, le participe passé s’accorde avec le sujet.


2. La reine Victoria n’a guère été m___ par la passion amoureuse.
1 ue
2 ûe
3 (n’importe)
4 (autre chose)

2. Rép. : mue
Ou : Il a quatorze ans. Sa voix mue.
Rem. : Les participes passés de la famille de mouvoir ne prennent d’accent circonflexe qu’à mû au masc. sing.

3. C’est inou___, cette affaire-là.
1 ï
2 ïs
3 ït
4 i

3. Rép. : inouï
Rem. : La finale des participes passés est en é, i, u, s, t. Pour savoir s’il y a S ou T, mettre le mot au féminin.
Et : INOUI n’est plus senti comme un participe passé, mais il est devenu un véritable adjectif.
4. La sœur portait un grand chapelet de bois bén___ et racontait qu’il avait été béni___ par l’évêque.
1 i, it
2 it, it
3 it, i
4 i, i

4. Rép.: bénit, béni
Rem.: Béni, forme du participle; bénit, forme de l’adjectif.
Et : Quand il s’agit d’un objet consacré par une bénédiction rituelle, la forme avec –T, qui est celle de l’adj., est parfois employée aussi pour le participe (GR. 652, b, 2, N.B.), par analogie.


5. M__ par son ambition, un général prend le pouvoir.
1 û
2 u
3 ut
4 (autre chose)

5. Rép. : Mû
Mais : Mue par son ambition, une journaliste prend une plume de pamphlétaire.
Rem. : Les participes passés de la famille de MOUVOIR ne prennent d’accent circonflexe qu’à MÛ au masc. Sing. (ému, promu).


6. Les enfants se sont bien lav__ mais ils ne se sont pas lav__ les dents.
1 és, é
2 és, és
3 és, ées
4 (autre chose)

6. Rép. : lavés, lavé
Rem. : Le participe passé du verbe pronominal, s’il y a un objet direct, s’accorde comme s’il était employé avec AVOIR.


7. Durant la crise, nous nous sommes impos___ des restrictions, mais nous nous les sommes impos___ temporairement.
1 é, é
2 é, ées
3 és, é
4 és, ées

7. Rép. : imposé, imposées
Rem. : Le participe passé d’un verbe pronominal, s’il y a un compl. D’objet direct, s’accorde comme si le participe passé était employé avec AVOIR.


8. Regardez quels instruments techniques la physique moderne s’est donn__.
1 é
2 ée
3 és
4 er

8. Rép. : donnés
Rem. : Le participe passé d’un verbe pronominal, s’il y a un objet direct, s’accorde comme si le participe était employé avec AVOIR.


9. Elle s’était prom__ que le but de leur prochain voyage serait Paris.
1 is
2 ise
3 i
4 it

9. Rép. : promis
Rem. : Le participe passé d’un verbe pronominal, s’il a y un objet direct, s’accorde comme si le participe était employé avec avoir.


10. Les privilèges que la compagnie s’est arrog__ l’ont rend__ odieuse.
1 ée, u
2 és, ue
3 ée, ue
4 (autre chose)

10. Rép. : és, ue
Mais : La cie s’est arrogé des privilèges qui l’ont rendue odieuse.
Rem. : Le participe passé d’un verbe pronominal, s’il y a un objet direct, s’accorde comme si le participe était employé avec AVOIR.


11. Léocadia s’est fai__ entendre à demi-mot.
1 t
2 te
3 (au choix, mais de préférence 1)
4 (au choix, mais de préférence 2)

11. Rép. : fait
Rem. : Avec un objet direct, le participe d’un verbe pronominal s’accorde comme s’il était employé avec AVOIR.
Et : Suivi d’un infinitif, le participe passé employé avec AVOIR s’accorde avec son objet direct si celui-ci précède et qu’il soit sujet de l’infinitif.
Rem. : Avec l’auxiliaire FAIRE (voix causative), l’application de la règle donne toujours FAIT.


12. Déjà compri__ dans le compte précédant, ces sommes doivent être dédui__.
1 s, tes
2 ses, ses
3 s, ses
4 (autre chose)

12. Rép. : Autre chose : comprises, déduites.
Et : Pour fermer le compte, les sommes y comprises doivent avoir été versées ailleurs.
Mais : Tout son avoir, les liquidités y compris, a été placé au nom de son associé.
Rem : Y COMPRIS, locution prépositive, parfois postposée. Mais, parfois, COMPRIS est participe et s’accorde.


13. cela s’est produ__ parce qu’ils avaient r__ de sa coiffure.
1 i, it
2 it, is
3 is, i
4 (autre chose)

13. Rép.: Autre chose: produit, ri.
Rem. : La finale du participe passé est en é, u, i, s ou T. Mettre au féminin pour savoir s’il y a s ou T.

* à suivre *

dimanche 20 septembre 2009

ACCORD DU PARTICIPE PASSÉ SANS AVOIR - 1e partie

ACCORD DU PARTICIPE PASSÉ SANS AVOIR.


1. Alceste s’imagine que tous les honneurs lui sont d____ et red___.
1 û, û
2 ûs, ûs
3 us, us
4 (autre chose)

1. Rép. : dus, redus
Ou : Turenne estime que la gloire lui est due et redue.
Mais : Harpagon estime que tout l’or lui est dû et redû.
Rem. : Les participes passés de la famille de DEVOIR ne prennent d’accent circonflexe qu’à Dû et REDû, au masc. Sing.
Et : Employé avec être, le participe passé s’accorde avec le sujet.


2. La reine Victoria n’a guère été m___ par la passion amoureuse.
1 ue
2 ûe
3 (n’importe)
4 (autre chose)

2. Rép. : mue
Ou : Il a quatorze ans. Sa voix mue.
Rem. : Les participes passés de la famille de mouvoir ne prennent d’accent circonflexe qu’à mû au masc. sing.

3. C’est inou___, cette affaire-là.
1 ï
2 ïs
3 ït
4 i

3. Rép. : inouï
Rem. : La finale des participes passés est en é, i, u, s, t. Pour savoir s’il y a S ou T, mettre le mot au féminin.
Et : INOUI n’est plus senti comme un participe passé, mais il est devenu un véritable adjectif.
4. La sœur portait un grand chapelet de bois bén___ et racontait qu’il avait été bén___ par l’évêque.
1 i, it
2 it, it
3 it, i
4 i, i

4. Rép.: bénit, béni
Rem.: Béni, forme du participe; Bénit, forme de l’adjectif.
Et : Quand il s’agit d’un objet consacré par une bénédiction rituelle, la forme avec –T, qui est celle de l’adj., est parfois employée aussi pour le participe par analogie.


5. M__ par son ambition, un général prend le pouvoir.
1 û
2 u
3 ut
4 (autre chose)

5. Rép. : Mû
Mais : Mue par son ambition, une journaliste prend une plume de pamphlétaire.
Rem. : Les participes passés de la famille de MOUVOIR ne prennent d’accent circonflexe qu’à MÛ au masc. Sing. (ému, promu).


6. Les enfants se sont bien lav__ mais ils ne se sont pas lav__ les dents.
1 és, é
2 és, és
3 és, ées
4 (autre chose)

6. Rép. : lavés, lavé
Rem. : Le participe passé du verbe pronominal, s’il y a un objet direct, s’accorde comme s’il était employé avec AVOIR.


7. Durant la crise, nous nous sommes impos___ des restrictions, mais nous nous les sommes impos___ temporairement.
1 é, é
2 é, ées
3 és, é
4 és, ées

7. Rép. : imposé, imposéesRem. : Le participe passé d’un verbe pronominal, s’il y a un compl. d’objet direct, s’accorde comme si le participe passé était employé avec AVOIR.
* à suivre *

vendredi 18 septembre 2009

Oscar Wilde - Humour

C’est improprement qu’on parle toujours de l’humour anglais. L’humour est un produit typiquement irlandais. La preuve, c’est que les deux plus grands humoristes « anglais » sont nés à Dublin : George-Bernard Shaw et Oscar Wilde.

Ils y sont nés la même année : 1856. Mais tandis que Shaw devait finir dans la peau d’un patriarche vénéré et presque centenaire, Oscar, lui, disparut prématurément à l’âge de 44 ans dans des circonstances tragiques. La carrière de cet amuseur avait brusquement tourné au drame : accusé d’homosexualité par un noble lord (le marquis de Queensbury) dont il avait détourné le fils (Lord Alfred Douglas), le pauvre Oscar fut condamné à deux ans de travaux forcés, les fit, puis s’exila à Paris, où il mourut seul, pauvre et oublié, en 1900.

Il avait pourtant été pendant vingt ans l’idole de la haute société londonienne. Les duchesses, qui se l’arrachaient à dîner, écrivaient en post-scriptum sur leurs cartons d’invitation : « Soyez exact : Monsieur Wilde sera là et a promis de raconter une histoire. » Pourtant les duchesses, il ne les manquait pas. Un jour, l’une d’elles, le rencontrant dans un salon, lui dit sur un ton d’amical reproche : « Oh! Monsieur Wilde, vous ne me reconnaissez pas? Voyons, je suis Lady Smith... »

- N’ayez crainte, madame, répondit-il, je me souviens parfaitement de votre nom. C’est de votre visage que je ne me souviens plus!….

Au faite de sa gloire, il fut invité à faire une tournée de conférences aux États-Unis. Les journalistes New Yorkais se bousculaient au débarcadère.

- Quels sont, d’après vous, les dix chefs-d’œuvre de l’art dramatique de tous les temps? Lui demanda l’un deux.

- Je ne peux vous répondre sur ce point, répliqua-t-il, superbe, n’ayant encore écrit que six comédies!

- Et quand le douanier lui demanda s’il avait quelque chose à déclarer, il laissa tomber imperturbable :

- Si : mon génie!

- On lui doit plusieurs aphorismes célèbres dont les suivants.

- « Tous les hommes se marient parce qu’ils sont fatigués, les femmes parce qu’elles sont curieuses, et tous les deux sont désappointés ».

- Le travail est la plaie des classes qui boivent!

- Je puis résister à tout…sauf à une tentation!

- J’adore les plaisirs simples : ils sont le dernier refuge des gens compliqués »

- Quand son troisième mari est mort, elle est devenue blonde de chagrin!

- J’aime les hommes qui ont un avenir…et les femmes qui ont un passé!

- Son dernier mot fut tragiquement comique. On sait qu’il était très pauvre. Au cours de la maladie qui allait l’emporter, recevant la note de son médecin, il soupira :
Je meurs vraiment au-dessus de mes moyens!

jeudi 17 septembre 2009

Retour au Bercail - 26e partie

MOT DE LA FIN

Vous devez vous rappeler que la plupart des schizophrènes se sont adaptés à leur maladie et qu’ils mènent une vie productive au sein de la communauté. Il reste cependant beaucoup à faire pour améliorer les services et sensibiliser davantage le public aux difficultés auxquelles les patients, leur famille et leurs amis doivent faire face. Nous espérons que la possibilité de reconnaître les symptômes et d’apprendre à y remédier diminuera la crainte et permettra de mieux comprendre et de mieux accepter les schizophrènes.

RÉFÉRENCE :
Mary V. Seeman, M.D. C.M., F.R.C.P. (C)
John F Thornton, M.B., F.R.C.P. (C)
Elizabeth Plummer, Inf.

mercredi 16 septembre 2009

Retour au Bercail - 25e partie

Symptômes Négatifs



TYPES DE PERSONNALITÉ

Les familles des schizophrènes sont souvent bouleversées par le comportement d’un patient qui répète avec insistance qu’il n’est pas malade ou encore qui semble vouloir faire souffrir le reste du monde autant qu’il souffre lui-même. Certains patients sont décrits comme des « manipulateurs » car ils semblent vouloir forcer leur entourage à faire ce qu’ils désirent et se faire passer beaucoup de choses qu’on refuse de passer à d’autres membres de la famille. Certains sont décrits comme étant excessivement timides; par contre, d’autres sont considérés comme étant insubordonnés, indisciplinés ou entêtés. Certaines familles sont dérangées par le manque d’autonomie du schizophrène. Elles décrivent alors le patient comme un être trop dépendant, qui manque de confiance en lui et qui ne peut compter sur lui-même. Dans tous ces cas, il s’agit de types de personnalité et non de symptômes de schizophrénie. Les médicaments ou les autres traitements ne peuvent guérir les comportements associés à ces types de personnalité. Dans la plupart des cas, le patient aura toujours présenté certains de ces traits bien avant de devenir schizophrène. Chez d’autres personnes, le style de personnalité sera nouveau puisque le début de la schizophrénie est parfois marqué par un changement radical de la personnalité. Quel que soit le cas, ces traits doivent être considérés comme des éléments de la personnalité et non comme des symptômes de la maladie.

La modification des traits de personnalité est un long processus. Elle consiste d’abord à refléter au patient ses comportements (il peut en être inconscient) et à lui faire voir que sa maladie n’excuse pas certains de ses comportements. Chez le schizophrène, comme chez tout autre personne, la timidité, l’absence de confiance en soi, la dépendance exagérée envers les autres, l’insubordination, la résistance, l’entêtement ou la manipulation des autres se désapprennent graduellement si la personne est exposée à des situations où ces comportements ne sont pas renforcés. Le rôle de la famille est de s’assurer que le patient est bel et bien exposé à ces situations et qu’il n’en est pas protégé ou écarté.

La négation correspond aussi à un style de personnalité, certains individus étant incapables de reconnaître qu’ils pourraient éventuellement présenter quelques déficiences ou zones de vulnérabilité. La plupart des patients dont la maladie débute vers la fin de l’adolescence ont tendance à nier leurs déficiences car l’adolescence est une période où les faiblesses sont difficiles à accepter. Le problème réside dans le fait que la négation de la maladie rend le traitement impossible. Cette constatation s’applique à toute maladie qui nécessite un traitement et pas uniquement à la schizophrénie. L’absence de traitement dans les cas de schizophrénie pouvant avoir de graves conséquences, les familles doivent se montrer fermes sur ce point.

Exemple : « Je ne veux pas prendre mes médicaments. Pourquoi devrais-je le faire, je ne suis pas malade. »

Réponse inutile : « Tu es malade, Prends-les, sinon….!

Autre réponse inutile : « D’accord. Fais ce que tu veux. Ça m’est égal. »

Réponse plus utile : « C’est vrai que tu n’es pas malade actuellement. Les médicaments te sont prescrits pour t’empêcher de l’être. Tu te brosses les dents tous les jours pour prévenir la carie, pas parce que tu as mal aux dents. C’est la même chose. Tu as accepté de prendre tes médicaments pour venir habiter chez nous. Tu prends tes médicaments ou je t’aide à te chercher une chambre ailleurs. »

L’habitude de blâmer les autres constitue un autre style de personnalité. Les familles ont généralement assez à endurer sans se faire blâmer. Toutefois, il est normal qu’en cas de crise on cherche à blâmer les autres. Faire preuve de sympathie, même quand vous vous sentez blessé et insulté, peut aider le patient.

Exemple : « Tout est de ta faute. Je n’en serais pas arrivé là si tu m’avais élevé comme il faut. »

Réponse inutile : « Je suis vraiment à blâmer. Que pourrais-je faire pour compenser? ».

Réponse inutile : « C’est de ta faute à toi. Si tu nous avais écoutés, les choses seraient maintenant très différentes. »

Réponse plus utile : « Peut-être que nous sommes tous deux à blâmer. Personne ne sait pourquoi ces choses-là arrivent. Il n’est pas important de savoir qui est responsable. Le fait de me blâmer ou de te blâmer n’arrangera rien. C’est à toi d’accepter les faits et de prendre la situation en main pour changer ce que tu peux. Je ferai tout mon possible pour t’aider. »

Il n’y a pas de réponses parfaites. Comme il n’y a pas deux personnes semblables, les réponses varieront selon les circonstances. La chose importante à se rappeler au sujet des problèmes de personnalité est qu’ils diffèrent beaucoup des symptômes de la maladie et que les stratégies pour y remédier diffèrent. Ils exigent le même genre de réponses que celles que vous donneriez aux membres non-schizophrènes de votre famille. Si le comportement indésirable est dû à la maladie, il faut traiter cette dernière. S’il s’agit d’un type de personnalité, tout effort pour le modifier doit se faire en collaboration et impliquer beaucoup plus le patient.



* à suivre *

mardi 15 septembre 2009

Retour au Bercail - 24e partie

Symptômes Négatifs

Ambivalence

L’incapacité de prendre des décisions à cause de l’existence de sentiments partagés au sujet de presque tout est un autre symptôme négatif de la schizophrénie. Cette incapacité amène l’individu à changer d’idée, à dire non alors qu’il pense oui, puis à le regretter (ou vice versa), à dépenser un temps énorme pour prendre des décisions banales. Ce comportement ressemble parfois à de l’entêtement ou à des tentatives délibérées pour irriter les autres. Le patient se trouve vraiment à la merci de sentiments conflictuels dont aucun ne « donne l’impression d’être réel. » On est alors tenté de prendre toutes les décision à la place du patient pour sauver du temps. Cette attitude est à éviter car le patient devient alors très dépendant des autres et il ne peut apprendre par expérience. Les essais, les échecs et les succès l’amèneront éventuellement à avoir plus confiance en lui et à être plus indépendant, mais la famille et les amis doivent se contenter de rester là et le regarder faire ses erreurs.

Exemple : « Maman, je ne peux pas aller faire des courses avec toi parce que je suis trop grosse et que je suis affreuse. Mais si tu me dis quoi porter, j’irai peut-être. »

Réponse inutile : « Bon, mets ta robe noire, elle t’amincit. »

Réponse utile : « Je trouve que tu as belle apparence dans tous les nouveaux vêtements. Je te laisse décider, mais n’oublie pas que nous partons dans une heure. »

En agissant ainsi, vous laissez suffisamment de temps à la personne pour prendre sa décision, vous faites preuve de patience et vous montrez un certain respect pour la capacité décisionnelle du sujet. S’il y a urgence et qu’une décision immédiate s’impose, il vaut mieux tirer à pile ou face pour décider de la robe à porter que de prendre vous-même la décision. En agissant ainsi, vous risquez moins de susciter du ressentiment chez le patient et vous lui fournissez une stratégie de prise de décisions qu’il pourra employer dans les situations où il n’arrive pas à se faire une idée.

* à suivre *

lundi 14 septembre 2009

Retour au Bercail - 23e partie

Symptômes Négatifs

Apathie, absence de motivation, d’intérêt et d’énergie

Ces symptômes négatifs apparentés sont souvent confondus avec de la paresse. Ils en ont l’apparence mais, en fait, ils sont un effet de la maladie et ils se présentent comme une incapacité à passer à l’action. Le patient passe beaucoup de temps au lit, il est peu disposé à participer aux activités de la maison et il ne fait pratiquement rien d’autre que de manger et dormir. Les symptômes négatifs sont très affligeants pour la famille et les amis et ils peuvent prendre beaucoup de temps à disparaître. Ils peuvent persister de six mois à cinq ans après un épisode aigu de schizophrénie.

Bien qu’elle ne soit pas aussi pénible que la dépression, l’apathie semble comme un vide intérieur à la personne qui l’éprouve. L’individu a l’impression d’être ennuyeux, assommant et lassant. On voit des cas où les patients arrêtent volontairement leur traitement pour redevenir gravement malades et ainsi ressentir autre chose qu’un pur vide.

Le meilleur traitement de ces symptômes négatifs se compose des éléments suivants : stimulation graduelle, milieu bien structuré, interactions sociales et beaucoup d’appui. La stimulation, la structure, la socialisation et le soutien sont les quatre facteurs importants dans la schizophrénie. La stimulation consiste à ajouter de nouveaux éléments au répertoire de la personne sur les plans suivants : emploi du temps quotidien, rencontres sociales, événements divers, activités, milieux. Il est important de procéder lentement et graduellement puisque trop de nouveauté à la fois risque de perturber le patient. Commencez d’abord par des activités simples qui exigent peu d’habileté (jeux de cartes, jeux de société, ping pong) et qui ne requièrent la participation que d’une ou deux autres personnes. N’ayez pas de grandes attentes et ne comptez pas que les patients vont prendre plaisir à ces activités. Le plaisir viendra plus tard, une fois surmontées les difficultés et l’anxiété. Reconnaître qu’un travail est bien fait, apprécier, complimenter, tout cela peut aider. L’apprentissage de nouvelles tâches se fait plus facilement si l’accomplissement de la tâche est suivi d’une récompense immédiate. Ne demandez qu’une chose à la fois et non plusieurs. N’oubliez pas que les aptitudes non verbales sont parmi les mieux préservées chez le schizophrène; faites donc surtout appel à ce genre d’aptitude.

Le structure regroupe l’emploi du temps quotidien et les attentes pour chaque partie de la journée : moments pour se lever, pour se vêtir, pour manger et pour participer aux activités. L’horaire quotidien doit être prévisible et comporter des changements graduels pour éviter l’ennui. Le patient doit connaître ses responsabilités et savoir à quoi s’attendre s’il ne les assume pas. Les membres de la famille doivent être prêts à appliquer les mesures prévues si les tâches ne sont pas accomplies.

Exemple : Lucie reste au lit jusqu’à midi et son père en est irrité.

Réaction inutile : « Sors du lit, espèce de paresseuse. Ta mère ne t’apportera plus ton repas au lit. »

Réaction utile : « Lucie, la famille mange à 13 heures. Viens nous rejoindre. Nous comptons sur toi. La table sera desservie à 13 heures 45 et ce sera long avant le souper. Essaie donc de ne pas être en retard. »

(Tous les membres de la famille doivent alors demeurer fermes sur ce point et ne pas lui apporter de nourriture au cours de l’après-midi si elle ne les rejoint pas à table.)

La socialisation et l’appui ne nécessitent pas d’explication. Même si les patients désirent rester seuls, ils ont, comme tout le monde, besoin d’interactions sociales. Ils en ont besoin pour des raisons affectives mais aussi pour des raisons strictement pratiques. La présence des autres dans leur vie est nécessaire pour les aider à accomplir diverses tâches comme faire le bilan de leurs finances, se garder en bonne santé, se procurer suffisamment à manger, régler les problèmes juridiques, etc. Les familles ne devraient pas tenter de pourvoir à tous ces besoins. Il faut inciter le patient à voir d’autres personnes, même si ces contacts sont limités et superficiels. On ne doit pas oublier que les interactions sociales sont difficiles pour le patient qui doit donc compter sur beaucoup d’appui et d’encouragement. Les nouvelles tâches, surtout si elles impliquent des gens, sont plus faciles à accomplir en compagnie d’un ami. Il ne faut pas s’attendre à ce que les patients entreprennent de nouvelles choses de leur propre initiative. Vous devez être prêts à les accompagner tant qu’ils ne se seront pas fait d’amis au nouvel endroit.

* à suivre *

dimanche 13 septembre 2009

Retour au Bercail - 22e partie

SYMPTÔMES NÉGATIFS
Retrait social/Dépression


Pendant la période de convalescence, les schizophrènes passent la grande partie de leur temps seuls. Ils ne cherchent pas la compagnie d’autrui et ne semblent d’ailleurs pas la tolérer très bien. Ce comportement est partiellement attribuable à la maladie. Les patients semblent avoir perdu quelque chose et l’énergie et l’intérêt normalement associés aux interactions sociales n’existent plus. Il faut faire preuve de tolérance et de patience pour venir à bout de cette attitude. Une augmentation graduelle des stimulations sociales est utile, mais elle doit être très progressive et il faut y mettre fin si elle semble avoir un effet défavorable.

L’isolement est en partie attribuable à la dépression. Le patient peut se rendre compte après un épisode aigu de maladie qu’il a mal agi ou qu’il s’est abaissé de quelque façon, qu’il a interrompu ses études ou délaissé ses amis, qu’il a gâché sa carrière, qu’il souffre d’une affection récurrente pouvant entraver la réalisation de ses ambitions, ou qu’il ne peut plus supporter autant de stress que ses amis. Tout cela peut être déprimant. La disparition des délires qui contribuaient peut-être à renforcer son estime de soi entraîne aussi de la dépression. L’idée délirante d’être quelqu’un d’exceptionnel, ou l’idée d’être aimé par quelqu’un de spécial ou encore l’idée d’être aimé par quelqu’un de spécial ou encore l’idée d’avoir un destin extraordinaire en sont des exemples. Le traitement ayant fait disparaître cette conviction, le patient peut devenir déprimé même s’il a retrouvé le sens de la réalité. La réalité ne peut remplacer la beauté de l’illusion.

Les sentiments dépressifs sont douloureux puisqu’ils regroupent le regret, l’angoisse, l’impression d’impuissance et le désespoir. La personne se sent souvent maladroite, laide, terne, débraillée et peu attachante. Elle a l’impression que nul ne l’aime. Elle peut même songer au suicide.

Le suicide n’est pas rare chez les schizophrènes et cette possibilité doit toujours être présente à l’esprit. Il survient le plus souvent parmi les hommes jeunes au cours des cinq premières années de la maladie. Une fois cette période dangereuse passée, le risque de suicide diminue considérablement. Habituellement, une personne qui a l’intention de se blesser commence d’abord par en parler, puis elle peut faire plusieurs tentatives superficielles avant de passer à quelque chose de plus grave. Il est souvent difficile de déterminer à quel point il faut prendre au sérieux l’expression de ces intentions ou une blessure légère. Il est préférable de toujours prendre ces choses au sérieux et de signaler au thérapeute toute idée suicidaire ou toute tentative pour se blesser.

En général, la dépression doit être prise au sérieux et il faut en signaler tous les symptômes au thérapeute. Celui-ci peut alors poser un diagnostic précoce et intervenir sans délai. Ce comportement contribue à rassurer le patient sur les soins et l’intérêt que vous lui prodiguez. Il importe aussi de s’assurer que le patient s’alimente convenablement, fait de l’exercice, dort pendant la nuit et reçoit des stimulations pendant la journée. La satisfaction de ses besoins psychologiques est également importante : compréhension, encouragement, valorisation, attitudes flexibles, loyauté, réconfort et marques d’espoir. Cela contribuera à construire son estime de soi. Parmi les moyens pouvant combattre la dépression figure aussi l’augmentation graduelle des responsabilités sur le plan du travail, des activités sociales, récréatives et professionnelles. Ces activités permettent à certains individus d’acquérir des techniques de survie qui les aident à s’adapter à la maladie. Une patiente dit utiliser une « échelle de mesure interne », c’est-à-dire qu’elle se compare à ce qu’elle était un mois ou un an plus tôt. Elle peut ainsi compter les « gains positifs » et apprécier sa détermination. Cet exercice lui évite les déprimantes comparaisons avec autrui.

Les dépressions sont habituellement limitées dans le temps et elles obéissent à des antidépresseurs spécifiques que le médecin peut souhaiter prescrire. Chez certains patients, les antidépresseurs accentuent les symptômes de la schizophrénie; le médecin doit donc décider de la mesure la plus judicieuse dans chaque cas.



* à suivre *

samedi 12 septembre 2009

Retour au Bercail - 21e partie

Fin - des Symptômes Positifs

AGITATION

Agitation, anxiété, tension et excitation sont des mots utilisés pour décrire des états semblables. Il ne s’agit pas de symptômes positifs de la schizophrénie mais, à l’instar du comportement agressif, ils ont tendance à se manifester en concomitance avec les symptômes positifs. Ils peuvent découler de la crainte et de l’appréhension associées au caractère terrifiant des hallucinations et des délires. S’il en est ainsi, il faut tenter de rassurer le patient et de le calmer. Les patients qui s’inquiètent de ce qui leur arrive ont besoin de quelqu’un auprès d’eux pour leur fournir des explications et leur donner de la stabilité. Une diminution du stress et l’administration d’un médicament antipsychotique permettent aussi de diminuer l’anxiété.

L’agitation qui apparaît après le début du traitement médicamenteux peut constituer un effet secondaire des médicaments. Cette agitation se traduit généralement par des tremblements des jambes et le besoin de faire les cent pas. On peut voir les patients se balancer sur leurs jambes ou, lorsqu’ils sont assis, agiter la jambe dans un mouvement de haut en bas, en appuyant la plante du pied sur l’autre jambe. Lorsqu’ils sont à table, ce mouvement constant peut faire bouger toute la table.

Le tremblement est un autre mouvement qui s’observe souvent. Il s’agit d’une contraction rythmique des muscles, surtout des muscles des membres. Ce tremblement n’est habituellement pas trop ennuyeux pour le patient, sauf si celui-ci joue du piano ou se sert d’un clavier d’ordinateur. L’agitation est cependant très inconfortable. Le patient peut la surmonter jusqu’à un certain point ou y mettre fin pendant quelques instants, mais elle réapparaît dès que son attention fléchit. Elle peut être très pénible pour certains patients et doit être signalée au médecin qui peut modifier la dose d’antipsychotiques ou prescrire un autre médicament afin de maîtriser cet effet secondaire et de l’éliminer. Ces mêmes mesures permettent aussi de diminuer le tremblement d’origine médicamenteuse.

Après plusieurs années d’usage d’antipsychotiques, certains patients commencent à présenter d’autres formes de troubles de mouvement; il s’agit généralement de mouvements saccadés autour de la bouche et dans les membres. Bien que généralement non incommodants, ces mouvements peuvent être disgracieux. Le médecin traitant doit être mis au courant de ce problème afin de modifier la dose des médicaments en conséquence. Ces mouvements sont plus difficiles à maîtriser. En fait, ils peuvent empirer pendant un certain temps, même après la diminution de la dose des médicaments. Dans la plupart des cas, l’arrêt prolongé du traitement amène une disparition graduelle des mouvements, mais l’absence de traitement comporte un risque de rechute aiguë.

Les stimulants (café, thé, boissons à base de cola, chocolat, comprimés contre le rhume) accentuent l’agitation et la tension, que celles-ci soient d’origine psychologique ou secondaires aux médicaments. Les sédatifs peuvent aider, mais il faut les administrer seulement sur recommandation du médecin traitant. La compréhension aide également. Ne critiquez pas le patient qui fait les cent pas. Essayez plutôt de l’accompagner pour une promenade à pied et encouragez-le à faire de l’exercice, du jogging et de la bicyclette. Si les cent pas du patient deviennent insupportables dans la maison, suggérez-lui d’autres endroits à l’extérieur de la maison où il pourra marcher sans déranger les autres.


* à suivre *

vendredi 11 septembre 2009

Retour au Bercail - 20e partie

SYMPTÔMES POSITIFS

COMPORTEMENT VIOLENT OU AGRESSIF

La violence n’est pas vraiment un symptôme de schizophrénie, mais chez les schizophrènes, elle a tendance à se manifester au même moment que les hallucinations, le délire, les préoccupations et la confusion. Ce symptôme est également déclenché par le stress, mais il s’atténue sous l’action de doses suffisantes d’antipsychotiques.

Le comportement violent est beaucoup plus fréquent dans les troubles mentaux qui n’ont rien en commun avec la schizophrénie. On en fait ici la description surtout parce qu’il effraie grandement les patients et leur famille et qu’il suscite beaucoup de crainte et de souci. Le comportement violent est plus courant chez les hommes jeunes. Il peut être déclenché par les stimulants psychologiques ou chimiques. La violence envers les autres provient souvent d’une interprétation fautive de leurs intentions et du sentiment d’être mis au pied du mur qui en résulte. Au cours d’un épisode aigu de schizophrénie, une personne peut exagérer l’irritation d’autrui et l’interpréter comme de la fureur. Elle peut se sentir ridiculisée par ce qui n’était qu’une plaisanterie ou encore avoir l’impression d’être en danger alors qu’elle ne l’est pas et, dans ces circonstances, devenir violente. La violence du malade à son propre endroit s’observe plus souvent et il ne sera question à la rubrique « Dépression. »

Pour éviter de susciter de la violence, il faut se garder de blâmer, de ridiculiser, de taquiner, d’insulter le patient ou de s’opposer à lui. Le schizophrène doit pouvoir compter sur un certain degré d’intimité et de liberté psychologique. Cependant, s’il devient violent, vous ne devez pas vous laisser intimider par lui. Prenez toutes les mesures nécessaires pour assurer la sécurité de toute personne en cause. Cela peut exiger de la fermeté ou l’aide des amis et des voisins. Il peut s’avérer nécessaire d’appeler la police. Mettez le thérapeute du patient au courant des accès de violence qui surviennent au foyer. Demandez-lui de vous donner des conseils sur la façon, d’aider le patient à acquérir la maîtrise de soi. De plus, gardez toujours à jour une liste des ressources communautaires utiles : infirmières visiteuses, police, équipes d’urgence psychologique, juge de paix et services d’urgence des hôpitaux de votre arrondissement. L’expérience peut vous enseigner que le patient réagit mieux à certains amis lorsqu’il est effrayé, bouleversé et potentiellement violent. N’hésitez pas à faire appel à ces moments dangereux est de les prévoir et de disposer d’un plan d’action efficace permettant de parer à toute éventualité. Même si la violence est rare chez les schizophrènes, elle peut se structurer en comportement chez certains d’entre eux. Si vous avez auprès de vous un schizophrène vivant d’une situation semblable, discutez avec son thérapeute des modalités de vie et des mesures préventives qui conviennent.

* à suivre *

jeudi 10 septembre 2009

Retour au Bercail - 19e partie

Symptômes Positifs

Préoccupations

Il s’agit d’idées fixes qui ne sont pas nécessairement fausses (comme dans le cas du délire), mais amplifiées. Elles revêtent donc une importance extraordinaire et le patient dépense un temps énorme à les retourner dans sa tête.

La même idée peut revenir sans cesse à l’esprit du patient. Il s’agit souvent d’une préoccupation suscitée par le désir de faire ce qu’il faut, de bien le faire et de le faire à temps. Généralement cette préoccupation grandit et devient irréaliste. Les choses se passent couramment ainsi : la préoccupation consume tellement du temps du patient que celui-ci n’accomplit pas « ce qu’il faut faire » et attribue alors cette omission aux mauvaises intentions d’autrui. Le patient peut aussi rationaliser son incapacité d’agir en invoquant la volonté de Dieu. Tout aussi souvent, il peut lui arriver de conclure qu’il est physiquement incapable d’accomplir la tâche.

Voici quelques exemples d’explications non réalistes : « Je ne peux pas me lever parce que je suis paralysé. » « Je suis censé rester au lit aujourd’hui parce que c’est le jour du Seigneur. » « Si je me lève, je vais me blesser. »

Ces explications semblent bizarres à l’entourage du schizophrène, mais elles paraissent justifiées au patient lui-même. Celui-ci ne comprend pas pourquoi les autres n’y voient que des « excuses ». Il lui semble que les explications qu’il invoque pour rendre compte des faits sont meilleures que n’importe quelle autre.

Ces préoccupations ont parfois pour le patient un caractère mystifiant. Elles semblent exiger une réflexion intense et un décodage. Le schizophrène consacre beaucoup de temps à cette activité et c’est pourquoi il croit avoir résolu des énigmes que les autres n’ont pas éclaircies puisqu’ils n’y dépensent pas de temps. Lorsqu’il est perdu dans ses pensées, il ne veut pas en être distrait. Il lui semble qu’il a une tâche importante à accomplir à ainsi essayer d’en arriver au fond du « problème » et, à ces moments-là, il n’apprécie pas les tentatives faites par autrui pour amorcer la conversation ou l’impliquer dans des activités.

Les préoccupations se manifestent généralement au cours de la phase active de la maladie, mais elles peuvent persister durant la convalescence et elles peuvent prendre la forme des rêveries diurnes. Il ne faut pas les laisser régir la vie du patient ou de ses proches. En ce sens, les distractions sont utiles tout comme peuvent l’être la discipline et un emploi du temps quotidien qui laissent peu de temps au patient pour s’asseoir et penser. Il faut veiller à assurer les nécessités de la vie tels le sommeil, la bonne alimentation, l’exercice, l’air frais, la propreté, la santé et les contacts sociaux. Les préoccupations ne doivent pas perturber la satisfaction de ces besoins. Si la chose se produit, c’est probablement qu’il faut augmenter la dose des médicaments.

mercredi 9 septembre 2009

Retour au Bercail - 18e partie

Symptômes Positifs

Langage incohérent

Le langage incohérent s’observe généralement au cours de la phase active de la maladie. Il peut parfois réapparaître lorsque la dose de médicaments est trop faible ou que le stress est trop grand. Le langage du patient devient incompréhensible pour son entourage soit parce que ses phrases n’ont aucun lien logique entre elles, soit parce que ses propos ne riment à rien ou encore parce qu’il passe d’un sujet à l’autre à un rythme accéléré. Les mots peuvent prendre un sens spécial pour le schizophrène soit parce que celui-ci fait des associations personnelles, soit parce qu’il porte attention aux sons plutôt qu’aux mots entiers. Ainsi, « psychiatrie » peut ressembler à « qui c’est qui a ri » et les moqueries dont le patient croit être l’objet. Le patient peut éviter d’employer certains mots qui lui semblent cruels pour des raisons semblables. La voix revêt à l’occasion un ton incantatoire pour écarter toute menace. Même si les poètes et les paroliers utilisent les mots de cette façon, il n’en est pas ainsi pour la plupart des gens et cela donne lieu à de l’incompréhension et à des interactions perturbées.

La difficulté à tenir un discours logique aux yeux des autres est un symptôme de la phase aiguë de la maladie. Il est presque impossible de communiquer avec les patients qui sont dans cette phase de la maladie. Cette situation est très pénible pour la famille et les amis. Il est bon alors de tenter de communiquer non verbalement. Transmettre les messages par écrit peut s’avérer efficace car la pensée est généralement mieux organisée sur papier. Ne vous forcez pas à écouter et à comprendre les propos du patient car vous en récolterez probablement des maux de tête et de l’agacement. Lorsque vous parlez aux autres, évitez de le faire comme si le patient n’était pas là. Ne le taquinez pas et ne l’imitez pas.

La plupart des gens emploient un côté de leur cerveau pour le langage et l’autre côté, pour les arts, la musique ou le mouvement. Si le côté langage est perturbé, il serait peut-être bon de se concentrer sur l’autre côté et d’encourager le patient à dessiner, à chanter ou à jouer d’un instrument, à faire de l’exercice ou de la danse. Il s’agit là de moyens de communication qui peuvent se révéler efficaces. Tout comme les autres symptômes positifs, les troubles de la pensée obéissent bien à une baisse du stress et à une hausse de la dose d’antipsychotiques.

* à suivre *

mardi 8 septembre 2009

Retour au Bercail - 17e partie

Symptômes Positifs

Délires

Les délires sont des idées fausses ou des interprétations erronées des événements et de leur signification. Une personne peut, par exemple, se faire accidentellement bousculer dans le métro et conclure qu’il s’agit là d’un complot gouvernemental pour la harceler. Elle peut être réveillée par le bruit que fait son voisin d’appartement et décider que c’est une tentative délibérée pour perturber son sommeil. Chacun a tendance à interpréter les événements en fonction de lui-même et à se tromper sur leur sens, particulièrement pendant les moments de stress et de fatigue. Toutefois, ce qui caractérise le schizophrène, surtout au cours d’un épisode aigu, c’est sa ferme conviction et son incapacité à envisager la possibilité d’autres explications pour les événements vécus. Les tentatives faites pour le raisonner ou pour l’amener à donner d’autres significations à la bousculade et au bruit nocturne n’ont habituellement pour résultat que de renforcer sa conviction que l’intervenant fait lui aussi partie du complot. Essayer de raisonner une personne en état de délire ne fait qu’accroître sa méfiance ou sa colère. Elle tient tenacement et contre toute raison à des idées que, généralement, personne d’autre ne partage. En d’autres mots, la personne en cause est la seule à y croire.

La famille, les amis du patient doivent avant tout se rendre compte que le délire est causé par la maladie et qu’il ne s’agit pas d’entêtement ou de stupidité. Bien que les délires obsédants soient énervants, il faut éviter les réactions émotives ainsi que les sarcasmes et les menaces. Il y a presque toujours quelque chose dans une idée délirante qui permette d’user d’empathie avec le patient.

Par exemple : « Se faire bousculer dans le métro est très désagréable ». Vous devez avoir l’impression que tout le monde est indifférent, que personne ne fait attention, que vous n’êtes pas assez important pour mériter un « pardon » ou un « excusez-moi ». (L’idée d’être au centre d’un complot orchestré par le gouvernement vient probablement, en partie du moins, de la crainte d’être un individu vraiment dépourvu d’importance ou de valeur.) Ou encore : « il est terrible de se faire réveiller la nuit. C’est tellement difficile de se rendormir. Cela vous enlève toute votre énergie. Si vous croyez que votre voisin est malveillant envers vous, il est important d’être fort et en bonne santé. » (Ce raisonnement peut persuader une personne de consulter un spécialiste de la santé ou de faire augmenter la dose de ses médicaments afin d’être forte et en mesure de parer aux ennuis causés par autrui. Il est efficace d’agir ainsi que de dire : « Tu délires, du devrais voir un psychiatre »)

Il y a aussi une autre approche qui consiste à éviter les stimuli déclenchant les idées délirantes. Si l’usage du métro aux heures de pointe donne lieu à des expériences qui suscitent des idées de persécution, il est possible de l’éviter. L’apparition d’idées délirantes, qu’elles soient des idées de persécution ou des idées de grandeur (se croire exceptionnel), indique habituellement qu’il y a une activité trop intense ou des émotions trop fortes et peut-être trop de monde autour du patient.

Exemple : « Je crois que je suis Jésus ».

Réponse inutile : « C’est complètement illogique; tu es fou. »

Réponse utile : « Je pense que tu te sens vraiment spécial et différent aujourd’hui. C’est peut-être à cause de toute l’excitation qu’il y a ici. Essayons de réduire notre train-train quotidien à un minimum au cours des prochains jours ».

Si la personne, quoiqu’elle fonctionne bien sous l’effet de ses médicaments, persiste à parler d’idées délirantes déjà survenues, la réponse suivante pourrait aider : « C’est ta façon de voir les choses. Je t’ai expliqué que je n’étais pas d’accord. Entendons-nous pour dire que nous ne sommes pas d’accord. » (C’est une réponse qui reconnaît son point de vue tout en mettant fin à une discussion inutile.).

* à suivre *

lundi 7 septembre 2009

Retour au Bercail - 16e partie

SYMPTÔMES POSITIFS

Hallucinations

Les hallucinations sont des perceptions fausses, des inexactitudes qui affectent nos sens et nous amènent à entendre, voir, goûter, toucher ou sentir des choses qui n’existent pour personne d’autre. Au cours des phases aiguës de la schizophrénie, le patient insistera probablement sur le fait qu’il entend des voix qui lui seul peut entendre. Il entend parfois des bruits, des claquements ou des sons qui ne sont pas des mots. Bien que cela soit plus rare, il lui arrive de voir, de sentir ou de ressentir des choses que les autres ne peuvent déceler. La description de ces perceptions diffère d’un patient à l’autre. Il s’agit parfois d’idées qui s’imposent et qui lui apparaissent comme étant importantes. Cependant, elles semblent souvent provenir de l’extérieur de la personne et elles sont perçues comme des conversations entre d’autres personnes, ou encore comme des ordres ou des compliments (ou des insultes) à l’endroit du patient. À certains moments les voix sont rassurantes, à d’autres moments elles se font menaçantes. Assez souvent, les remarques entendues ne s’adressent pas au patient bien qu’elles semblent le concerner d’une certaine façon (elles peuvent même être désobligeantes). Les individus qui entendent ces voix affirment qu’elles sont « comme une bande magnétique qui joue dans ma tête ». L’expérience est à ce point réelle que plusieurs schizophrènes sont convaincus qu’on leur a implanté un émetteur dans la tête. Ils peuvent aussi en arriver à croire que cette sensation étrangère est d’origine surnaturelle. Elle est tellement réelle pour le patient qu’il lui est impossible de l’écarter comme étant seulement le fruit de son imagination.

Au cours des périodes de convalescence, les patients ont le dessus sur leurs « voix »; souvent ils peuvent les entendre ou les écarter à volonté. Ils peuvent aussi apprendre à ne pas en tenir compte ou à les considérer comme des incidents bénins de la vie courante. Cependant, au cours des épisodes aigus, les hallucinations (généralement les mêmes d’un épisode à l’autre) prennent le dessus, et le patient a alors l’impression d’être une victime impuissante à la merci d’une « présence étrangère ».

Les patients et leur proche doivent admettre que les hallucinations sont des symptômes de la maladie. Il ne sert à rien de discuter de leur existence objective ou de leur vraisemblable. L’expérience est vraie et très réelle et il faut l’accepter comme telle. Les tentatives visant à « redresser la personne » entraînent de la résistance, de la tension et de l’hostilité. Il est néanmoins utile de préciser au patient que les autres n’entendent pas, ne voient pas, ne sentent pas et n’éprouvent pas les mêmes choses que lui. Cela permet d’identifier cet épisode comme une expérience spéciale vécue par le patient, qu’il soit ou non en mesure de l’accepter comme un symptôme de la maladie. Au moins, tous et chacun sont à même de reconnaître qu’il se passe quelque chose.

Les hallucinations répondent bien à une diminution du stress et à une augmentation des doses d’antipsychotiques. Il est important de garder le patient occupé puisque cela constitue une distraction utile. Les autres stimuli peuvent parfois entrer en concurrence avec les « voix » et les faire taire. Il faut encourager le patient à parler avec son thérapeute de ses hallucinations, de leur moment d’apparition et de leur contenu. Cela peut aider à découvrir la nature du stress qui les provoque. Une autre stratégie utile consiste à faire voir au patient qu’il a un certain pouvoir sur ses hallucinations. Souvent le patient a inconsciemment pris l’habitude d’écouter ses voix comme si celles-ci s’adressaient à un objet passif. Il peut être étonnamment efficace d’orienter son esprit vers d’autres centres d’intérêt et de l’aider à reconnaître qu’il n’a pas besoin d’attendre la manifestation de ses voix. Il s’agit là de techniques que le patient met lui-même au point avec le temps et dont l’apprentissage comporte de nombreux tâtonnements. Il est important d’encourager le patient à persévérer, à ne pas abandonner, à parler de ces choses avec le thérapeute et de l’assurer de la compréhension de sa famille et de ses amis intimes. Entendre parler constamment d’hallucinations peut devenir exaspérant, mais il est facile de comprendre que ces événements extraordinaires préoccupent le patient. Les hallucinations chroniques doivent être acceptées comme faisant partie de la vie de tous les jours et elles ne constituent habituellement pas une excuse suffisante pour s’exempter de participer aux activités ou aux travaux ménagers.

* à suivre *

dimanche 6 septembre 2009

Le Retour au Bercail - 15e partie

Symptômes Positifs

La schizophrénie se rencontre autant chez les hommes que chez les femmes, mais pour des raisons de grammaire nous employons habituellement le masculin universel au lieu de nous encombrer des deux pronoms « il » et « elle » à la fois.

La schizophrénie est une maladie caractérisée par l’alternance des périodes de rémission et de rechute. Les périodes aiguës, ou « rechutes », surviennent lorsque les patients éprouvent un certain nombre de sensations qui s’ajoutent à leur répertoire habituel de sentiments. Du fait qu’elles s’ajoutent, ces sensations sont appelées « symptômes positifs », bien que, dans ce contexte, le mot positif n’ait pas du tout le sens d’ « être voulu ». Il s’agit en fait des hallucinations, du délire et de l’incohérence dans les idées qui semblent revenir périodiquement, probablement sous l’effet d’un certain nombre de facteurs de stress. Ces symptômes cèdent généralement devant une baisse de stimuli, des interactions calmes et l’emploi de médicaments antipsychotiques. Les périodes aiguës sont entrecoupées de périodes de rémission plus ou moins longues au cours desquelles les patients éprouvent souvent des « symptômes négatifs ». Il s’agit d’éléments soustraits au répertoire normal du vécu des patients dont la perte d’intérêt, la perte de cordialité et la perte du sens de l’humour. Les symptômes négatifs ne réagissent généralement pas aux médicaments mais nécessitent une aide psychologique plus poussée.

Cette série porte sur les symptômes positifs et négatifs ainsi que sur les traits de personnalité qui risquent d’être confondus avec les symptômes de la maladie. Nous espérons que les renseignements que cette série contienne permettra d’élaborer certaines stratégies qui aideront à surmonter les situations difficiles, les sentiments partagés et les confrontations pénibles.

* à suivre *

samedi 5 septembre 2009

Retour au Bercail - 14e partie

« Les personnes-ressources ont-elles elles-mêmes besoin d’aide? ».

La réponse est simple : oui. Il est extrêmement important pour les personnes-ressources de comprendre l’état du malade qu’elles tentent d’aider. Cela leur permet de fonder des espoirs plus réalistes quant à la façon idéale de traiter la schizophrénie et d’aider le malade à surmonter sa maladie et à vivre avec elle. Les membres de la famille, en particulier, doivent avoir la chance d’apprendre davantage sur la schizophrénie et sur les moyens pratiques pour y faire face. Partager les expériences d’autres personnes dans la même situation constitue une autre façon vraiment importante d’acquérir de nouvelles idées mais aussi d’avoir de la compagnie et de combattre l’isolement. Les personnes-ressources professionnelles utilisent régulièrement ces procédés et les para-professionnels (famille et amis) doivent pouvoir jouir des mêmes privilèges. Il est aussi important de se rappeler que plus les liens affectifs sont mis en valeur, plus l’échec du traitement sera affligeant et plus il faudra déployer d’efforts pour maîtriser la maladie. Parfois, malgré un effort surhumain de la personne-ressource, la schizophrénie peut ne pas réagir aussi bien qu’on le voudrait. Les personnes-ressources doivent échapper à la douleur, la tristesse, la colère et la frustration profondes provoquées par ces situations. Le fait d’exprimer ses sentiments peut empêcher la personne-ressource d’user ses forces et de s’épuiser.

* à suivre *

jeudi 3 septembre 2009

Retour au Bercail - 13e partie

« Qui peut apporter de l’aide et comment? »

La famille et les amis du malade constituent les plus importantes personnes-ressources mais aussi les plus susceptibles d’être négligées. L’absence d’expérience professionnelle ne diminue en rien la contribution de la famille et des amis dans le but de soutenir le schizophrène. Plusieurs familles en font beaucoup plus qu’elles ne le croient. Elles écoutent, conseillent, encouragent, appuient, divertissent, soignent et facilitent les conditions de vie et de travail, pour ne mentionner que quelques-unes de leurs activités. Cependant, comme toutes les personnes-ressources, la famille a ses limites. Personne n’est en mesure de tout faire, ni ne doit s’en croire capable. Les limites seront définies différemment selon les personnes-ressources et, bien sûr, selon les malades. Il est nécessaire, en particulier pour les membres de la famille, d’établir ces limites, autrement, ils risquent de prendre l’habitude de dépasser leurs capacités, en pensant qu’avec plus d’amour et de soins, le malade se portera mieux. Bien qu’on ne puisse trop insister sur l’importance des soins et de l’amour donnés au malade, il ne faut pas y voir un traitement miracle. Le danger de nourrir des espoirs irréalistes, c’est de les voir tôt ou tard anéantis, créant chez la personne-ressources un sentiment de colère, de désappointement, de frustration, de tristesse ou, parfois, un état de désespoir et de profonde dépression. Surestimer ses capacités, en plus d’être irréaliste, rend encore plus difficile la tâche de la personne-ressource.

En résumé, les parents doivent tenir compte de leurs besoins personnels et éviter l’épuisement puisqu’en général, ce sont eux qui donneront le plus de temps et d’affection au malade, en particulier, s’il vit avec eux. Comme le disait un parent avisé : « Si je dois vivre à côté d’un volcan, je choisirai le siège le plus confortable. »

Le médecin, l’infirmière thérapeute, le travailleur social et l’hôpital constituent le deuxième groupe de personnes-ressources, mais dont les compétences sont également limitées. Le médecin établit le diagnostic concernant les signes et les symptômes, puis résout les problèmes de la médication. Il fait généralement appel à d’autres professionnels. On peut remarquer, à certains moments, un chevauchement entre les compétences des différentes professions, qui nous force à considérer de nouveaux points de vue et signifie que davantage de thérapeutes sont en mesure d’aider le malade. Lorsque le malade ou le parent émet des doutes concernant un traitement ou un programme particulier, il est toujours plus sage d’en discuter avec le ou les thérapeutes concernés. Malgré les énormes progrès réalisés dans la compréhension de la schizophrénie, au cours des cinquante dernières années, la maladie ne réagit pas toujours complètement au traitement; ainsi, de nouvelles démarches plus utiles sont constamment mises à jour et évaluées.

La police constitue un autre groupe-ressource important, en particulier en cas de violence. La mesure de son intervention est habituellement bien précisée dans la Loi sur la protection des malades mentaux de la province, du territoire ou de la juridiction concernée. Par exemple, on Ontario, les policiers peuvent conduire à l’établissement psychiatrique le plus près toute personne dont le comportement pourrait occasionner des blessures corporelles graves soit à elle-même, soit à autrui, et qui présente des signes de désordre mental. Évidemment, bien que cette loi prévoit de nombreux problèmes, il existe des situations qui ne sont pas couvertes par celle-ci et où la police est donc impuissante. Ainsi, le cas où une personne a nettement perdu contact avec la réalité mais ne manifeste pas de violence n’est pas couvert par la loi. Dans les situations équivoques, les policiers peuvent être plus utiles si la famille leur explique les faits en détail et s’ils sentent qu’ils ont son appui pour entreprendre une action. Dans les situations où la police est impuissante, l’intervention d’un juge de paix ou d’une autre personne désignée, appuyée par une preuve se référant aux articles appropriés de la Loi sur la protection des malades mentaux, peut réussir à conduire le malade dans un établissement psychiatrique afin d’y être évalué.

* à suivre *

mercredi 2 septembre 2009

Retour au Bercail - 12e partie

Aide supplémentaire

« Quand doit-on demander de l’aide? »

La plupart des gens demandent de l’aide lorsqu’ils ressentent de l’incertitude face à un problème ou lorsqu’ils ne sont plus capables de maîtriser la situation.

Beaucoup de problèmes de ce genre peuvent survenir avec la schizophrénie. Les parents devraient demander de l’aide toutes les fois qu’ils sont confrontés à un dilemme relatif à la violence, au crime, au suicide, l’homicide et au refus d’accepter de l’aide lorsque celui qui refuse présente des signes évidents de maladie. Le refus de prendre les médicaments peut naître du refus d’accepter la maladie ou à cause des effets secondaires incommodants. Dans le premier cas, les parents peuvent devoir prendre une position ferme; dans le second, les médicaments additionnels pour corriger les effets secondaires peuvent être nécessaires.

Il existe donc un éventail très large de raisons pouvant nécessiter de l’aide. La personne à appeler dépend de la nature du problème. S’il est question de violence ou de crime, la police doit être avisée en premier; le thérapeute entre en scène une fois la crise maîtrisée. Celui-ci peut toutefois être le premier contacté lorsqu’un conflit survient après que le malade ait manqué aux règles familiales. En d’autres termes, il faut s’adresser à la personne susceptible de pouvoir résoudre le problème auquel on fait face.

* à suivre *

mardi 1 septembre 2009

Retour au Bercail - 11e partie

« Qui est responsable de quoi? »

La responsabilité ultime de chacun est une décision strictement personnelle et le fait de souffrir de schizophrénie n’y change rien. Cela ne décharge cependant pas les personnes-ressources de leur responsabilité à encourager le malade à se prendre en main. Lorsqu’il perd le contact avec la réalité, ses proches doivent s’assurer qu’il recevra un traitement. Cette tâche revient plus fréquemment aux parents, aux amis ou aux compagnons de travail. Après son congé de l’hôpital, lorsque le traitement a stabilisé son état, le malade est de nouveau capable d’assumer ses responsabilités. À ce stade, que faire s’il décide de cesser prématurément le traitement parce que, dit-il, « tout va très bien pour moi? » On est forcé d’attendre que l’état du malade se détériore avant de pouvoir agir, à moins de réussir à le convaincre au moyen de la persuasion ou de la négociation. (« Si tu prends tes médicaments, tu pourras rester à la maison. ») Malheureusement, il n’y a pas de règles absolues à suivre dans ce cas-ci. Chaque personne-ressource devra décider jusqu’où vont ses responsabilités.

* à suivre *