vendredi 26 novembre 2010

INTERVENTION POUR CONJOINTS - 9e partie

D’autre part, définir l’efficacité d’un programme de ce type nous amène également à revoir la définition même du problème auquel nous cherchons une solution, soit la violence. Pour certains auteurs, on n’a qu’une vision partielle de la violence lorsqu’on ne tient pas compte des menaces de violence et de la peur qui peut subsister chez la conjointe. À ce sujet, Eisikovitz et Edleson questionnent la signification de la cessation de la violence pour une conjointe qui a vécu peu d’événements de violence mais des événements sévères. Mais, on a pu le constater dans la première partie de cet artcile, les recherches les plus récentes, tout en ne tenant pas encore compte des craintes qui peuvent subsiter chez la conjointe, présentent maintenant les taux de succès en distinguant la diminution de la violence physique des autres formes de violence, telles que le contrôle.

Edleson et Grusznski, dans une de leurs études, ont observé que les deux tiers des hommes, 9 mois après la fin du traitement, sont demeurés non violents mais que, parmi eux, 43% ont proféré des menaces. Pour ces auteurs, il s’agit là de résultats encourageants, mais la persistance des menaces de violence est inquiétante. Il semblerait que, dans certains cas, l’homme a appris à contrôler sa violence, spécialement la plus visible et la plus condamnable. Toutefois, il continuerait d’avoir des comportements plus subtils de contrôle puisque les menaces, et la peur qu’elles entraînent chez la femme, sont une forme puissante de domination. Pour Edleson et Grusznski, la persistance des menaces signifie l’exercice d’un contrôle mieux acceptable légalement.

Selon la recension d’Edleson et Syers, les résultats présentés dans les différentes recherches évaluatives signalent des taux de réussite du programme variant de 59% à 84%. Mais ils ont aussi noté que la plupart des études signalent qu’une majortié d’hommes ayant suivi ces programmes ont recours à des menaces de violence au moment du suivi. Ces résultats parlent en faveur d’un examen plus attentif de la transformation ou de la persistance de certaines formes de violence qui semblent fréquentes chez les hommes ayant suivi un programme de traitement. Il serait donc hasardeux, nous semble-t-il, de limiter la mesure de l’efficacité d’un tel programme à la diminution de la violence physique.

Enfin, une mesure d’efficacité est également tributaire du facteur temps. Une des limites, peut-être la plus importante des recherches portant sur l’efficacité des traitemetns pour conjoints violents, concerne les mesures de suivi qui sont menées trop peu de temps après la fin du traitement et avec des taux de participation très bas. À ce sujet, l’Ontario Medical Association Committee on Wife Assault (cité dans Frankel-Howard) soulignait que :
« les études à court terme révèlent une diminution appréciable de la fréquence
et de la gravité des attaques, mais on n’a entrepris aucune évaluation à long
terme de l’efficactié des groupes de traitement dans le cas des maris agresseurs».

La recension des écrits que nous avons effectuée a fait ressortir que, dans la majorité des études, les périodes de suivi ne dépassent que rarement, 6 mois, alors que les effets d’un programme diminuent rapidement après une période de 8 à 14 mois (Gondolf). Tolman et Bennett soulignent par ailleurs qu’une bonne proportion des hommes se retrouve sans partenaire durant et après le traitement; à court terme, il est ainsi moins probable de retrouver un comportement violent. Ils mentionnent aussi qu’il ne faut pas attribuer trop rapidemnet aux programmes de traitement les succès enregistrés. En effet, une partie de ce succès serait imputable à la « périodicité » de la violence, les mesures de suivi étant prises trop rapidement après la fin du traitement.


* à suivre *

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