vendredi 22 janvier 2010

LA PERSONNALITÉ - 69e partie

LA THÉORIE DU DÉSENGAGEMENT

La théorie du désengagement a pris naissance vers la fin des années 1950, à la suite d’une recherche transversale intitulée Kansas City Study of Adult Life, mais n’a été vraiment lancée qu’au début des années 60. Cumming et Henry (1961) on été les premiers auteurs à préciser le cadre de cette théorie. Par la suite, à la lumière de certaines critiques, cette même théorie a été reformulée (Cumming, Dean et al., 1960; Cumming, 1963, 1964 et 1975). Notons que le désengagement a longtemps été considéré comme la véritable façon de vieillir.

En bref, la théorie est que, dans ces conditions, le vieillissement normal
s’accompagne d’un éloignement ou désengagement réciproque de la personne qui
vieillit et des autres membres du système social dont elle fait partie –
éloignement provoqué soit par l’intéressé lui-même, soit par d’autres membres de
ce système. Une fois le désengagement achevé, l’équilibre qui existait
pendant l’âge mûr, entre l’individu et la société, a fait place à un nouvel
équilibre caractérisé par un éloignement plus grand et par une solidarité fondée
sur une base différente (Cumming, 1963, p. 393).


La théorie du désengagement repose essentiellement sur le principe voulant qu’une adaptation harmonieuse à la retraite tient à une diminution des interactions entre l’individu et son milieu. Pour ce faire, le retraité doit renoncer progressivement à la vie sociale. Ce désengagement apparaît comme l’aboutissement d’une double expectative. D’une part, la société force le désengagement parce qu’elle a besoin d’insérer les jeunes dans les positions qu’occupent les travailleurs âgés moins rentables et moins performants selon certaines croyances populaires, pour maintenir l’équilibre et l’efficacité du système. D’autre part, la personne âgée se retire parce qu’elle prend de plus en plus conscience que ses capacités diminuent et qu’elle arrive au terme de sa vie.

Cette théorie met l’accent sur l’intégration des personnes âgées afin de favoriser leur adaptation optimale à la retraite. Lauzon, 1980, p. 4. nous dit à ce propos que :

Selon cette théorie, le nombre des activités et des rôles sociaux d’un individu
diminue, et les liens affectifs qui l’unissent à ses univers sociaux perdent
leur intensité à mesure qu’il avance en âge. Ce processus de
marginalisation de la personne vieillissante s’effectue sans heurts ni
difficultés, car il est perçu comme normal et bénéfique tant par l’individu
concerné que par son entourage.


Selon Guillemard et Lenoir, 1974, p. 65
Une des manifestations de ce désengagement sera la moindre cohésion du réseau
des relations sociales dans lequel est inséré le retraité, Cette modification
qualitative accompagnera la réduction quantitative des échanges sociaux
s’effectuant entre la personne âgée et la société.


C’est pourquoi l’on assiste, lors de la retraite, à un rétrécissement de l’univers social conditionné par des facteurs individuels et culturels. Les principaux tenants de cette théorie, Cumming et Henry (1961), signalent que l’homme éprouve une crise d’identité plus marquée que la femme, lors de la retraite, à cause des nombreux rôles qui lui ont été dévolus comme travailleur et auxquels il s’est longtemps identifié contrairement à la femme qui a presque toujours été tenue à l’écart du marché du travail (Dulude), 1978 et 1981). Néanmoins, l’état psychologique de l’homme à la retraite peut demeurer stable s’il trouve à exercer des activités de substitution gratifiantes. Cependant, ces activités de remplacement ne constituent, selon les auteurs, qu’un palliatif temporaire.

* à suivre *

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