Les tergiversations concernant le poids réel joué par la pauvreté dans 'l'acidification' des relations intra-familiales n'est pas sans évoquer les lenteurs à reconnaître le rôle des pluies acides dans la détérioration et le déséquilibre de l'écosystème arboricole et aquatique.
Cette résistance tient aussi à la représentation que l'on se fait de la pauvreté. Les pauvres seraient des personnes qui vivraient sous le seuil de la pauvreté depuis longtemps, qui recevraient des prestations d'assurance chômage ou de bien-être social durant de longues années et qui partageraient de génération en génération des valeurs culturelles et sociales qui en feraient un sous-groupe à part. Or, les études viennent complètement bouleverser cette représentation. On estime à cinq pourcent à peine les familles qui correspondent à cette image d'une pauvreté chronique, presque apprise et enfermée dans un cercle de transmission intergénérationnelle. Les personnes pauvres, qui représentent grosso modo le quart de la population totale d'une métropole comme Montréal, le deviennent en grande majorité lorsqu'il y a rupture familiale, ajout d'un membre, ou perte d'un emploi.
Ces situations se redressent après quelques mois pour les uns ou plus longtemps pour d'autres dépendant de leur succès à se retrouver un emploi ou à s'accaparer un travail plus rémunérateur. Le groupe des personnes pauvres est un groupe mouvant, beaucoup plus hétérogène que prétendu; sur dix personnes pauvres cette année, trois ou quatre de ces personnes le seront encore l'an prochain. Les autres s'en seront sorties et seront remplacées par de nouvelles familles.
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