mercredi 31 décembre 2008

MÉMOIRE ET IMAGINATION

L’observation de la nature nous montre le nouveau côtoyant l’ancien. L’ancien se parant de formes nouvelles. De même dans notre vie intérieure les données de la mémoire sont juxtaposées aux constructions de l’imagination et parfois se produisent des superpositions ou des interférences, en sorte que souvenir et image tendent à se confondre. Nous voudrions ici les distinguer et préciser la nature de chacune de ces deux fonctions.

1) La mémoire est la représentation du passé : a) représentation le plus souvent impliquée dans l’action (mémoire agie ou mémoire habitude de Bergson); représentation parfois explicite (mémoire pensée ou mémoire-souvenir de Bergson). C’est de cette sorte de mémoire qu’il est question ici.

2) L’imagination est la faculté de penser par images. Cette pensée par images consiste : a) soit à reproduire le passé : dans ce cas l’imagination se confond avec la mémoire imaginative; b) soit à construire des représentations nouvelles à l’aide d’éléments fournis par l’expérience passée : dans ce cas se manifeste une fonction spéciale, qui, sans doute suppose la mémoire, à laquelle sont empruntés les éléments de la nouvelle représentation, mais qui consiste essentiellement dans un pouvoir particulier d’analyse et de synthèse.

3) Mais, entre la mémoire et l’imagination, il y une compénétration profonde : a) la mémoire se mêle d’imagination : si le souvenir n’est pas une création il contient toujours une part de transformation; le rappel des souvenirs et surtout leur localisation se fait par une reconstruction du passé dans laquelle entre beaucoup d’invention; b) par ailleurs, l’imagination créatrice elle-même dépend étroitement de la mémoire; non seulement parce que la mémoire lui fournit des éléments de ses créations, mais encore parce que l’habitude acquise au cours des réactions antérieures (mémoire-habitude de l’imagination) lui donne une facilité précieuse et aussi parce que les constructions passées sont comme des bases de départ pour des constructions nouvelles.

On peut conclure en disant qu’il semble bien, en définitive, que mémoire et imagination ne désignent que deux degrés de l’activité spontanée de l’esprit qu’on ne trouve d’ailleurs jamais à l’état pur : la mémoire se réduirait à la répétition mécanique du passé; l’imagination consisterait dans une invention que le passé ne prépare point.

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