vendredi 20 mars 2009

Toxicomanie Regard Anthropologique 21e partie

Ainsi pouvons-nous voir dans la violence de la demande et de l’appel ordaliques, une cause majeure des difficultés dans la prise en charge des toxicomanes. La neutralité, le silence, au nom de quelque dogme rigide, n’ont souvent pour effet – et sans doute pour fonction – que d’éviter toute possibilité d’une réelle psychothérapie. « L’activisme » au contraire, tel qu’il peut se manifester dans certains groupes communautaires ou mystiques, ne fait qu’entériner, au nom du risque de mort, la dépendance du sujet en maintenant dans la réalité d’une secte le sens du mouvement ordalique : s’en remettre à l’Autre, corps et âme.

Les deux attitudes sont d’ailleurs peut-être les deux faces d’un même refus de respecter la singularité d’un adolescent, jusque dans son droit de prendre des risques. Il y a déjà assez longtemps, Bob Dylan, souvent cité par C. Olievenstein, chantait comme un avertissement : « Quelque chose a changé mais vous ne savez pas quoi, n’est-ce pas Mr. Jones ? » Et ce Mr. Jones représentait ce père si peu idéal auquel les adolescents refusaient de s’identifier. Depuis, un autre Mr. Jones (Jim) a tout fait pour correspondre à une image de toute-puissance, et pour prendre à son compte la demande ordalique. Après être devenu maître d’une secte, il a entraîné ses adeptes dans un suicide collectif dont le souvenir doit aussi nous rester comme un avertissement.


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