jeudi 29 avril 2010

LA FABRICATION DU MÂLE - 2e partie

c) Le maintien du code de la masculinité

L’intégration de la norme de la coupure du « lien » est socialement maintenu par le discrédit de la souffrance spécifique que peut vivre un homme face à des rôles reconnus;
« Pauvre petit! », « Sois fort dans l’épreuve! », « Un homme ça souffre toujours plus! » sont des messages humiliants qui renforcent les prémisses qu’il se doit d’être fort, insensible à la douleur, indépendant et solide. Il est aussi socialement préconisé « qu’ils s’arrangent! » ce qui renforce la règle de l’exclusion et de l’obligation souveraine de réussir malgré les difficultés.

La difficulté de penser autrement qu’en termes de pouvoir fait craindre aux hommes non seulement de perdre leurs avantages et prérogatives, mais aussi d’être un jour soumis à une oppression de la part de l’autre sexe. Les hommes, attaqués au niveau de comportements qu’ils considéraient depuis toujours comme « naturellement » masculins, ont deux types principaux de réactions : soit-ils se durcissent et se cramponnent à leur personnage dominateur et autoritaire, soit ils admettent, à des degrés divers, le bien fondé des revendications féminines – ce qui les mène à se sentir coupables d’être des hommes chargés à ce titre de tous les « péchés » de la masculinité. Dans un cas comme dans l’autre, le malaise est profond. Sortis de l’attitude caricaturale de l’homme « viril », fier de se revendiquer tel, les hommes paraissent condamnés au désarroi ou à l’insincérité.

Par ailleurs, l’image dite masculine est aussi maintenue par l’homophobie qui assure l’autorégulation en limitant l’intégration de caractéristiques dites féminines et la possibilité de liens entre hommes (Turcotte, 1998). Les injonctions du code la masculinité soutiennent qu’il faut se méfier, surveiller et encadrer les hommes qui tentent de créer des liens novateurs, qui développent des comportements déviants ou qui présentent une image de marginalité.

d) L’aliénation de l’identité personnelle

La socialisation masculine pourrait être qualifiée d’aliénante. L’auteur, Gilbert Renaud définit l’aliénation :

L’aliénation est la perte du sentiment d’identité personnelle, sentiment qui se développe à travers l’interaction avec les autres. C’est un cercle vicieux de sentiments qui conduisent l’individu à croire qu’il est futile de communiquer ses besoins aux autres et d’être confiant en leur aide. Cela entraîne isolement et solitude comme protection contre la promiscuité trop grande qui est source de conflits, solitude qui engendre la peur et signifie rupture de relation avec ses semblables. (L’aliénation) a comme conséquence un processus de dévalorisation chez l’individu, processus qui conduit étape par étape, à la perte de l’estime de soi, de l’adaptation, à l’inertie et à la dépendance (Renaud, 1993, p.5).

Nous discernons dans cette définitive : la honte, le repli sur soi, les différentes dépendances et l’isolement qui caractérisent les problématiques masculines. Ce concept d’aliénation permet de comprendre les sentiments, les difficultés de demander de l’aide et les réactions intenses lors des ruptures relationnelles des hommes qui nous consultent.



* à suivre *

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