jeudi 16 septembre 2010

Vieillissement et le moment présent - 6e partie

Nous avons approfondi avec les participants cette dimension de la transcendance de soi évoquée par l’exemple précédent et nous les avons amenés à réfléchir sur une vision de la mort comme le prolongement de soi dans les autres.

Deux des participants ont pour leur part fait valoir des points de vue différents. Ils nous ont expliqué l’importance pour eux d’éviter de trop gesticuler dans leur vie de tous les jours. Ils ressentent le besoin de diminuer leurs activités, grandes consommatrices de temps, pour mettre l’accent sur les demandes qui leur sont faites sur leur temps et qui leur procurent des satisfactions existentielles, du plaisir ou une certaine utilité.

Prenons comme exemple le cas de cette dame célibataire de 78 ans. Elle habite seule un logement voisin de celui de sa nièce qui lui fournit de l’aide pour l’entretien ménager. Elle dit passer la majeure partie de ses journées à lire et avoue ‘bâcler’ les tâches ménagères qui ne l’intéressent pas. Elle a déjà subi une opération pour un glaucome qui a été un échec mais, malgré son handicap visuel, elle concentre ses efforts pour satisfaire son plaisir de lire en utilisant toutes sortes de matériel de compensation visuelle qu’elle achète ou qu’elle se fabrique. D’un autre côté, elle ne prend plus la peine de se préparer des repas élaborés, se limitant à l’essentiel.

Cette femme nous a donné l’impression de mener une vie réellement épanouissante malgré ses déficits. Au cours de cet atelier, nous avons fait remarquer aux participants que le fait pour eux de s’abandonner à des sentiments négatifs, comme la démission face aux difficultés de l’existence et les sentiments d’inutilité, les soumettait aux influences de ces sentiments. Nous les avons amenés à prendre conscience qu’ils pouvaient au contraire se laisser gagner par ce qui les entoure, qu’ils pouvaient rechercher les environnements et les circonstances qui donnent du plaisir à l’existence. Nous les avons encouragés à s’aménager en espace vital pour rendre le quotidien plus agréable et acceptable.

Pour accomplir cela, certains membres du groupe ont souligné qu’ils se butaient à leurs déficits fonctionnels. Nous avons émis l’idée qu’il ne fallait rien exiger de son corps qui ne fût à sa portée, qu’il fallait apprendre à vivre avec ses capacités d’autonomie restantes. « On peut continuer à aller au bingo en fauteuil roulant avec l’aide de bénévoles ou du transport adapté », comme l’a souligné un des participants.


* à suivre *

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