jeudi 10 novembre 2011

LA DÉTRESSE DES HOMMES - 6e partie

Deuxième cas de détresse : Éléments d’évaluation de la personnalité
L’évaluation de la personnalité de Monsieur Laurent présente un profil où le sujet à se présenter sous un jour plutôt favorable. Les caractéristiques qui ressortent au niveau de ce test indiquent que le sujet se présente d’une façon moraliste, vertueux à l’excès, attitude qui pourrait sous-tendre une tendance à sous-évaluer ses problèmes psychologiques. L’estime de soi apparaît chancelant. Les résultats obtenus à certaines échelles suggèrent que Monsieur présenterait des difficultés au niveau de son contrôle émotif et qu’il aurait tendance à faire porter le blâme sur autrui en ce qui a trait à ses propres difficultés. Le sujet s’affiche conciliant quoique quelque peu rebelle, et ses réactions s’apparenteraient davantage à un état de résistance passive plutôt qu’à celui d’une agressivité active. Au moment de sa rencontre, le sujet semblait aux prises avec un vif sentiment de culpabilité. On notait chez lui une propention à croire qu’il devait être puni pour ses erreurs.

Le profil du sujet semble démontrer des variations élevées au niveau des échelles cliniques comparativement à la moyenne, ce qui laisse supposer que si le sujet passait à nouveau le test dans quelques temps, les résultats pourraient être davantage significatifs au plan des tendances présentées actuellement par exemple au niveau de son humeur dépressive et de sa moralité. Le sujet présenterait une certaine aisance dans ses rapports sociaux, mais ses relations inter-personnelles avec des proches seraient plutôt superficielles et quelque peu instables, de type « passive-agressive ». Le sujet ne serait pas enclin à se reconnaître une responsabilité à ce niveau.

Au plan du tableau clinique, le sujet aurait rapporté plusieurs problèmes personnels dont son humeur dépressive ainsi que des attitudes qui pourraient être considérées comme une forme de mésadaptation, ce qui laisse présager que le sujet aurait une histoire personnelle de carence affective au niveau du tableau clinique.

L’analyse quantitative met en relief que le sujet présente des traits marqués d’immaturité au niveau de son fonctionnement psychologique ainsi qu’une faible estime personnelle qui serait reliée à sa difficulté d’atteindre ses objectifs et à voir ses attentes non réalisées. Il présenterait une assez grande difficulté à s’adapter au stress qu’il soit de type situationnel ou temporaires qui, combinées à un déficit de ressources au niveau de l’expression ou de l’idéalisation entraîneraient chez lui une grande vulnérabilité face au changement ainsi que de l’instabilité. L’analyse du test met en relief un indice d’humeur dépressive élevé qui pourrait être le résultat d’une situation externe comme d’une perte récente, sans quoi il faudrait considérer ces traits comme une situation chronique chez le sujet. Celui-ci présentait au moment de la rencontre des signes évidents de pessimisme, des attitudes mentales négatives ainsi qu’une attitude défensive.

Sa façon de faire face aux difficultés serait en soit pour le sujet une source de tension. Celui-ci présenterait un déficit au niveau de ses ressources personnelles, au plan cognitif ainsi qu’au plan de ses relaitons inter-personnelles. À ce titre, le sujet présente à la fois un manque d’intérêt auprès des personnes, une sorte d’ambivalence, et, paradoxalement, de profonds besoins pour une forme d’intimité inter-personnelle dangereusement hypothéquée par une grande vulnérablité et un contrôle émotionnel déficient. Monsieur aurait une propension à se lier aux autres non pour ce qu’ils sont, mais dans un but plus ou moins conscient de matérialiser ses propres désirs, ses besoins ou ses projections. Une détresse intérieure pourrait être le résultat de la solitude vécue par le sujet, combinée à l’échec dans sa recherche de proximité avec l’autre et de rapports humains insatisfaisants.

Il s’agit d’une personne comportant des traits de perfectionnisme, lente à réagir, qui prend un temps énorme à intégrer toute information relative à une situation avant d’agir. Avant de prendre des risques, il préférera s’assurer d’avoir des bases solides. C’est aussi quelqu’un qui peut avoir de la difficulté à établir ses priorités, mais qui peut être très productif et capable de fournir beaucoup d’attention et de concentration.

Éléments d’évaluation des capacités parentales
Au plan des capacités parentales, celles-ci ont été évaluées en fonction de plusieurs critères, soit : le lien d’attachement père-enfant, le profil psychologique, le mode de vie, la capacité de répondre aux besoins de l’enfant, la capacité de lui fournir l’encadrement dont il a besoin, la stabilité et la continuité de l’implication et la connaissance des étapes du développement d’un enfant.

En ce qui a trait à ses capacités parentales, Monsieur Laurent est un individu sans aucune limite intellectuelle susceptible d’avoir un impact sur sa capacité à exercer son rôle. Pour ce qui est de la réponse aux besoins affectifs, le profil obtenu au P.S.I. (Parental Stress Index) s’avère sans particularité indiquant l’absence de facteurs de stress, clairement significatifs susceptibles de venir jouer un rôle déterminant dans la prise en charge de l’enfant mis à part une difficulté manifeste du père à se montrer à l’écoute des besoins de son enfant.

Nous croyons de même que le lien d’attachement de Monsieur envers sa fille est indéniable. Par ailleurs, le lien d’attachement de l’enfant envers son père apparaît présent mais très facile. Monsieur ne semble pas suffisamment de notions pour répondre aux besions d’encadrement d’un enfant.

Les interactions interpersonnelles ne semblent pas empreintes d’amour, d’affection, de respect et d’écoute des besoins de son enfant. Le mode de vie de Monsieur semble adéquat mais la qualité et la continuité de son implication auprès de l’enfant apparaissent de moindre qualité. Le profil psychologique actuel du sujet peut interférer avec sa capacité de répondre adéquatement aux besoins de l’enfant, surtout en ce qui a trait à la compréhension des besoins affectifs de son enfant. Monsieur semble démontrer plus d’autocritique et une motivation à se réajuster le cas échéant. De plus, le degré de conflit avec Madame place cette enfant dans une position de vulnérabilité qui semble d’ores et déjà lui être préjudiciable.

Nous pouvons nous résumer : Laurent présente les caractéristiques d’un homme dépendant, un sentiment d’inadéquat et une faible estime de lui-même. Peu d’habiletés sur le plan social, il fait preuve de peu d’empathie et son surmoi défectueux l’amène à avoir des comportements d’exploitation et de manque de respect envers les autres.

Il semble avoir un besoin inhabituel d’exercer contrôle et pouvoir dans ses relations sexuelles et avoir des fantasmes sexuels concernant sa belle-fille.

Confronté à des échecs professionnels, recherche-t-il un soulagement de ses tensions dans des rapports sexuels avec sa belle-fille. Cette relation ne viserait pas la satisfaction de ses pulsions sexuels mais un besoin de vivre une illusion de pouvoir et de contrôle.

De plus, sa motivation à développer un intérêt sexuel envers sa belle fille est en réaction à la détérioration de sa relation avec sa conjointe.

Dans ce contexte, il en viendrait à percevoir sa belle-fille comme ayant les mêmes qualités que sa conjointe, sauf que sa belle-fille l’admirait de façon inconditionnelle et qu’il pouvait facilement la manipuler et ainsi satisfaire ses besoins sexuels et émotifs.

Dépendant émotionnellement, Laurent se sent dévalorisé et utilise sa belle-fille pour s’affirmer et obtenir un certain soutien. Il recherchait plus une intimité qu’une satisfaction sexuelle.

En dernier lieu, il est important de souligner que les inhibitions de Laurent à abuser sexuellement de sa belle-fille peut être atténuée par la consommation d’alcool. L’étude de Régina et Lebos (1999) montre en effet que dans les 80% des familles incestueuses, les parents présentent des problèmes relativement à la consommation de cette substance.
À la lumière de ce sombre constat, Laurent présente des pathologies psychiatriques telles que la probabilité de récidive est extrêmement élevée.
Dans les éléments de sa personnalité, Laurent est un homme présentant des difficultés importantes d’ajustement personnel qui sont à la fois attribuables à son histoire personnelle et familiale perturbée et aux multiples stress auxquels il était confronté dans les mois qui précédaient l’initiation de la relation incestueuse.

Aux cours de son enfance, Laurent a été soit victime d’autorisation paternel d’abandon ou de rejet sur le plan social. Son histoire personnelle perturbée peut expliquer, du moins en partie, pourquoi il fait preuve d’empathie à l’égard des autres, il a une faible estime de lui-même, il a de la difficulté à établir des liens d’intimité et il est dominateur.
Que la relation incestueuse de Laurent sa belle-fille apparaissait dans les moments où ce dernier était confronté à certaines perturbations extrafamiliales (stress économique, difficultés professionnelles, conflit, interpersonnels) et intrafamiliales (conflits conjugaux, insatisfaction sur le plan sexuel, l’intérêt de sa femme pour l’église). Ce qui est également important de souligner, c’est que la relation conjugale n’offre pas ou n’offre plus le soutien attendu et ne permet pas ou peu la satisfaction des besoins sexuels. Elle ne constitue donc pas un facteur de protection pour faire face aux différents événements de la vie. Enfin, puisque cet homme a de la difficulté à établir des liens d’intimité avec les personnes de son entourage immédiat, le réseau social de soutien ne constitue pas non plus un facteur de protection pour faire face au stress. Isolement conjugal et social et conditions adverses amènent cet homme vulnérable et démuni à trouver réponse à ses besoins de contrôle, de valorisation, d’intimité et de sexualité chez sa belle-fille. Pour lui, la relation incestueuse qu’il a initié avec sa belle-fille lui procurait de l’excitation sur le plan sexuel, une impression de contrôle et lui permet de sortir de son isolement social et familial, pour éviter de se sentir honteux, il a tendance à nier l’impact négatif de sa conduite sur sa belle-fille.

Cette relation incestueuse a eu des conséquences sur la mère qui se sentait complètement mis à l’écart par son conjoint ou complètement baillonnée par celui-ci.

OBJECTIFS D’INTERVENTION
Connaître le fonctionnement des abus de pouvoir dans le couple et la famille à partir de sa propre expérience.

Comprendre comment fonctionnent les relations complémentaires de type dominant/dominé, maître/esclave, comment se construisent la reproduction et la régulation de ces formes primaires de relations. Saisir comment de telles relations contraignent le développement de la démocratie dans notre société.

Apprendre un nouveau mode de communication fondée sur le respect de Soi, sur le respect de la liberté et de l’autonomie des personnes avec qui on vit.
Restaurer un nouveau mode de communication fondée sur le respect de Soi, sur le respect de la liberté et de l’autonomie des personnes avec qui on vit.

Restaurer et renforcer une estime de soi-même et une confiance en soi suffisamment forte pour se distancer des comportements primaires de soumission et de victime.
Construire une affirmation de soi-même qui permet de renouveler son rapport au Monde.
Apprendre à contrôler son stress et connaître le lien interactif entre le corps et la vie psychique.
Reprendre du pouvoir sur sa vie en s’appropriant ses émotions, en se distançant de la plainte et en prenant en charge ses propres besoins de réparation.

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