1- Qu’est-ce que le vodou ?
Etymologiquement d’abord, le mot vient d’Afrique, de la langue dahoméenne, le fon dans laquelle vodoun signifie esprit. Il existe toujours au Dahomey une religion de même structure, avec des termes similaires et des manifestations semblables. Il est probable que dans la nuit de la déportation et de l’esclavage cet ex-royaume conquérant ait fourni cadres et prêtres au culte haïtien quelque peu modifié. Il prit bientôt forme de résistance aux colons. Réunions nocturnes « maronnages », en réaction même contre la christianisation forcée, mèneront droit à la crise révolutionnaire dont le vodou sera le sel.
Mais la pression de l’entourage ne s’en exercera pas moins sur l’esclavage. L’animisme africain, avec son dieu suprême Mawo et les puissances intermédiaires entre lui et les humains, s’enrichit du Dieu catholique, par juxtaposition, puis par interprétation. Le vodou actuel est basé sur un rituel aux phrases chrétiennes dont les significations sont souvent oubliées. Le vodou est un culte qui puise sa vigueur aux sources du temps. Certains le font dériver même de la religion hébraïque, d’autres d’Asie Mineure et de Crête- c’est une religion dansée. Au rythme des trois tambours rituels, invités par le prêtre (houngan) ou la prêtresses (mambo), apparaissent les loas (esprits). Ils viennent, en s’incarnant dans le corps des initiés ; ils les chevauchent.
La liturgie vodou ne comporte pas de rituel rigide, de dogme auxquels devraient se référer les houngans. Pas non plus la hiérarchie épiscopale ni de concile. Chaque prêtre est maître en son domaine tout en respectant la tradition. Mais la richesse du vodou est telle, la multiplication de ses fonctions religieuses et sociales si grande que certains chefs de confrérie peuvent y apporter des éléments spectaculaires de mise en scène.
2- La science théologique de houngans n’est consignée en aucun livre sacré. Elle se transmet d’âge en âge par tradition orale. La langue sacrée est le Fon en Haïti, le yomba à Cuba. Les houngans désigneraient l’âme universelle par l’invocation asiatique Nam.
Il faut plusieurs années d’études et une santé robuste pour être prêtre. Des échelons permettent d’y accéder. Une petite cour d’officiants gravite autour du responsable du houmfort (le sanctuaire). D’abord le houngue Nikon, l’aide le plus direct, il remplace son chef si ce dernier est possédé. Il lance les chants et les arrête. Cet aide peut être une femme, la reine-chanterelle. Toute les fonctions religieuses vodou sont ouvertes aux deux sexes. Le la-place, maître des cérémonies, arme d’une machette tournoyant au-dessus de sa tête ouvre les processions, salue les loas- les hounsi, après avoir passé les sévères rites d’initiation, assistent le houngan et la mambo. Les tambourinaires, très rarement « montés », accompagnent de leurs rythmes et variations le déroulement des séances.
Tout ce monde forme une sorte de grande famille qui aide et peut être aidée si besoin en est par le prêtre, lui-même en communication directe avec les génies.
* à suivre *
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