samedi 14 février 2009

Toxicomanie et la Femme 23e partie

Syndrome alcoolique fœtal.

On a constaté que la consommation d’alcool pour une femme durant sa grossesse risque d’avoir des effets néfastes sur le fœtus. Chez les enfants, le profil de malformations caractéristiques, appel syndrome alcoolique fœtal (S.A.F.), se présente ainsi : une dysfonction du système nerveux central, une déficience dans la croissance physique, une apparence faciale caractéristique du syndrome. Le S.A.F. n’est pas un phénomène du tout ou rien mais se manifeste le long d’un continuum, les symptômes étant plus ou moins exhibés chez un même individu. Parmi les travaux qui rapportent des cas de S.A.F., dans presque tous les cas, les mères étaient de fortes consommatrices d’alcool durant la grossesse. La fréquence de manifestation du syndrome au Canada ne nous est pas connue mais certains avancent prudemment les chiffres de un cas pour 257 naissances à un cas pour 900 naissances. Sans doute faut-il penser que les effets alcooliques fœtaux ont une prévalence plus élevée que celle du syndrome lui-même.

La prévention du syndrome constitue une mesure de santé publique. Identifier la quantité minimale au-delà de laquelle il y a danger pour le fœtus constitue la question au cœur du débat, mais ce seuil de sécurité n’est pas connu actuellement. Récemment, selon les auteurs, on recommande soit la limite supérieure de deux consommations par jour soit celle de cinq consommations par semaine. Les intoxications éthyliques subites sont à éviter.

Le S.A.F. comporte aussi une signification sociale, politique pour les femmes. On a exprimé l’inquiétude que, par sa montée populaire, le S.A.F. ne soit devenu le lieu d’expression de la colère et du mépris vis-à-vis des femmes, en les rendant seules et uniques responsables de la détérioration fœtale. En conséquence, il faudrait éviter de définir les femmes exclusivement par leur fonction maternelle et risquer de perpétuer la stigmatisation à l’endroit des femmes alcooliques.

Conclusion

Au milieu de leurs luttes pour l’égalité, les femmes revendiquent-elles un accès égal à l’alcool? Telle apparaît être la question sociale émergente sur le sujet de la femme et de l’alcool. Il est difficile de nier que l’accès au plaisir et, qui plus est, aux rituels sacrés a fait l’objet de contrôles pour les femmes, la consommation d’alcool appartenant au nombre de ces normes limitatives. On pourrait ajouter que le maintien de ces principes s’est appuyé sur la constatation que les effets pharmacologiques de l’alcool affaiblissent les facultés, diminuant ainsi le rendement pour les tâches de service qui définissent le rôle des femmes. Si surconsommer de l’alcool est souvent perçu comme un signe de virilité pour les hommes, ce même comportement apparaît comme indigne des femmes, et ce double standard fait partie du sexisme ordinaire qui, sans trop qu’on ne s’en aperçoive, se loge dans les têtes et les cœurs.

Devant pareille discrimination, la réponse serait-elle de revendiquer un accès égal à l’alcool? Reformulons la question. Force nous est de reconnaître que la principale stratégie préventive utilisée pour protéger les femmes de l’alcoolisme a été le double standard : la punition, associée à l’intoxication alcoolique, a empêché les femmes, par contrôle aversif, d’abuser d’alcool. Quoi qu’il en soit, la réponse à notre interrogation ne peut consister en une nouvelle norme, si égalitaire soit-elle. Au mieux, est-il possible d’examiner de quelle manière les préjugés affectent les attitudes et les attentes tout en cherchant une solution de remplacement valable à la stigmatisation sociale dont furent, et sont encore, victimes les femmes alcooliques.

* à suivre *

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