jeudi 12 mars 2009

Toxicomanie Regard Anthropologique 13e partie

Dans son article de 1933 sur les pharmacothymies, S. Rado rapprochait déjà l’alternance d’euphorie pharmacothymique et de dépression, de l’alternance de manie et de mélancolie dans la psychose maniacodépressive. Cette voie depuis a été très suivie, et par exemple, dans une étude d’un cas de toxicomanie, Rosenfeld (1976) analyse en termes kleiniens de dépression et de défenses maniques, le vécu de sa patiente. Selon ses comparaisons, donc, la drogue pourrait avoir tantôt valeur de poison pour se suicider, tantôt de médicaments pour échapper à la dépression.

Notons cependant que Rado soulignait l’aspect narcissique des tentatives de suicide de ses patients : « le patient prend la dose mortelle car il désire échapper à la dépression par une euphorie qui durera toujours. Il ne se tue pas, il croit en sa propre immortalité (…) la mégalomanie de la schizophrénie et celle de l’euphorie pharmacothymique sont des formes voisines de régression narcissique ». Il nous faut aussi noter que les alcooliques auxquels se réfèrent surtout Rado et la barbituromane de Rosenfeld ne sont pas tout à fait du type des toxicomanes que nous rencontrons le plus de nos jours.

Et de fait, malgré toute sa pertinence théorique, la métaphore maniaco-dépressive ne correspond pas tout à fait à ce que nous observons dans une pratique quotidienne de centre spécialisé.



* à suivre *

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