lundi 31 août 2009

Retour au Bercail - 10e partie

« Doit-on pousser le schizophrène afin d’obtenir les résultats escomptés? ».

Oui! Dans les conditions appropriées. D’abord, pousser signifie encourager, négocier, sans appliquer la force physique. La plupart des gens, malades ou autres, réagissent favorablement à voir leurs demandes respectées ou leur maladie acceptée. Pour parvenir à de tels résultats, le malade et celui qui le soutient doivent tous deux respecter ces conditions. Le malade ne doit pas tenir la maison sous la domination de sa maladie en menaçant de devenir agressif ou en se repliant sur lui-même si ses désirs ne sont pas comblés. Celui qui l’assiste ne doit pas non plus passer outre à sa maladie.

Ensuite, il faut choisir le moment opportun pour encourager le malade, soit lorsque ce dernier a commencé à montrer de l’intérêt pour certaines activités. Celles-ci, au début, peuvent être aussi passives que de fumer, manger ou regarder la télévision. À ce moment, un simple encouragement peut suffire à amener le malade à participer plus activement. Par exemple, « si tu vas m’acheter du lait je paierai tes cigarettes ». Il faut éviter l’encouragement excessif, irréaliste ou trop démonstratif qui sera probablement repoussé, peu importe la sincérité de celui qui apporte son aide. S’il est inutile de tenter d’argumenter avec un malade qui délire, il est aussi inutile de vouloir pousser une personne qui est manifestement malade. À certains moments, il peut être très important de rappeler tout simplement au malade qu’elles peuvent être les conséquences de ses actes. Par exemple, on peut dire : « J’admets que cela te regarde mais souviens-toi que nous avions convenu de…. » Même si son état n’est pas entièrement stable, un malade pourra comprendre que ses parents se verront obligés d’agir s’il désobéit continuellement aux règles de la maison : lui demander de déménager, appeler la police ou prévoir sa réadmission à l’hôpital. Si la famille ne peut pas appliquer ce genre de résolution, la maladie servira d’excuse à un comportement d’intimidation.

Si le malade vit à la maison, il devra prendre conscience, comme tous les membres de la famille, des conséquences qu’entraîne le manque de considération des désirs d’autrui. Chaque famille établira les lignes de conduite et les conséquences; mais pour avoir une signification quelconque, les promesses ou les menaces doivent être respectées jusqu’au bout.

On pourra introduire des changements graduellement; des changements trop brusques risquent d’intimider le malade chez qui la compétence et la confiance en soi ont déjà été grandement éprouvées. Par exemple, lorsqu’on projette des vacances ou une certaine période où les soins au malade seront interrompus, il vaut mieux commencer par quelques heures d’absence puis, peut-être toute une nuit. Lentement, on peut allonger l’intervalle, dépendant de la façon dont il est toléré.

* à suivre *

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