dimanche 30 août 2009

Retour au Bercail - 9e partie

« Comment affronter les effets secondaires des médicaments? »



Lorsque le malade sort de l’hôpital, les effets secondaires précoces des antipsychotiques se seront dissipés à l’exception de quelques-uns. Parmi ces effets précoces, on note la somnolence, l,a lipothymie, des palpitations, la sécheresse de la bouche, l’enchifrènement nasal et la vision brouillée.

De tous, la somnolence semble être l’effet le plus sérieux. Il est en effet difficile de savoir si la somnolence est réellement un effet des médicaments ou s’il n’est pas plus facile pour le schizophrène de sommeiller toute la journée plutôt que de faire face aux problèmes que comporte sa maladie. De plus, il arrive souvent que la personne s’ennuie, lorsqu’elle n’a rien à faire, ce qui peut aggraver cet état de somnolence.

À l’exception du médicament injectable à délitement prolongé, administré entre une fois par semaine à une fois par mois, la plupart des antipsychotiques ne doivent être pris qu’une fois par jour. Si l’ex-malade est somnolent et qu’il prend ses médicaments le jour, demandez au médecin s’il est possible de les lui administrer tous ensemble au coucher. Parlez-lui également des stimulants, comme le café : une trop grande quantité est déconseillée mais une petite quantité peut s’avérer profitable. Il peut être prématuré de réduire la dose des antipsychotiques immédiatement après l’hospitalisation; il est préférable d’aviser le médecin de l’état de somnolence et de le laisser décider quand diminuer la dose.

Essayez de favoriser une longue nuit de sommeil et déconseillez la sieste pendant la journée. Autrement, il s’établit un cercle vicieux : les siestes de l’après-midi nuisent à une bonne nuit de sommeil et favorisent la somnolence le lendemain. Des activités structurées, variées et intéressantes, préviennent l’ennuie et contribuent à diminuer la somnolence.

La lipothymie résulte habituellement d’une chute de la tension artérielle à la suite d’une lever trop rapide. Cet effet est imputable au médicament mais se dissipe après que le malade se soit habitué au produit. Se lever lentement résout le problème. Lorsque l’ex-malade ressent un étourdissement, faites-lui incliner la tête plus bas que le cœur afin d’éliminer ce malaise.

L’effet secondaire le plus pénible pour la famille est « l’attitude de zombi » qu’adopte parfois le malade traité par des antipsychotiques. Cette attitude consiste en une combinaison de mouvements lents, d’un visage sans expression de mouvements lents, d’un visage sans expression et d’une raideur des bras et des jambes. Cet effet disparaît avec la diminution de la dose des antipsychotiques ou avec l’introduction d’anti-parkinsoniens. Bien que la raideur semble étrange, elle n’est pas inconfortable pour le malade.

Le sentiment de fatigue et l’incapacité de rester assis peuvent générer de l’inconfort. On peut confondre cet état avec la nervosité et l’anxiété, mais il s’agit d’effets secondaires réels des antipsychotiques dont il faut prévenir le médecin, qui sera généralement en mesure d’y remédier. Il est plus facile pour l’ex-malade de se promener que de rester assis; c’est pourquoi il a tendance à faire les cent pas. Il faut considérer cet état comme secondaire au traitement et ne pas s’en formaliser.

Les médicaments peuvent également provoquer des spasmes musculaires mais ces effets généralement précoces cessent lorsque les doses sont rajustées de façon appropriée. Un tremblement peut toutefois persister; le tremblement des doigts et parfois de la langue, des mains et des pieds peut être assez perceptible et, comme la somnolence, peut être injustement, imputé aux « nerfs ». Ce symptôme s’atténue lorsque le malade est calme mais, fondamentalement, il s’agit d’un effet secondaire dont il faut aviser le médecin afin qu’il y remédie par un médicament approprié.

La raideur et le tremblement s’apparentent aux symptômes de la maladie de Parkinson et se traitent au moyen d’anti-parkinsoniens. Le malade ne souffre évidemment pas de la maladie elle-même. Tous ces effets secondaires disparaissent à mesure que l’on diminue la dose des antipsychotiques.

Certains antipsychotiques peuvent aussi prédisposer aux insolations. La peau doit être protégée par une lotion solaire ou un chapeau à large bord. On note également une tendance au gain pondéral, en particulier chez les personnes qui mangent et ne font pas d’exercice. Certaines femmes peuvent observer une interruption dans leur cycle menstruel et un gonflement des seins et même de la lactation. Il s’agit d’effets hormonaux liés à la dose du médicament. Les hommes peuvent éprouver un certain degré d’impuissance et une baisse de la libido. Ces effets peuvent devenir pénibles s’ils persistent et il vaut mieux en discuter avec le médecin.

La disparition de la spontanéité et de la créativité constitue l’effet secondaire le plus affolant. Il est davantage imputable à la maladie qu’aux médicaments. Toutefois, les malades sentent souvent que les médicaments qu’ils absorbent sont responsables de cet état de vacuité. Il est important de réaliser que celui-ci peut constituer, temporairement, la rançon à payer pour se libérer de la crainte d’une psychose. Ce n’est surtout pas le moment d’abandonner la médication; il faut plutôt corriger ces effets secondaires lorsque c’est possible et les supporter dans le cas contraire.

Plus loin dans cette série, nous parlerons des manifestations dyskinétiques tardives, un effet retard possible du traitement antipsychotique.

* à suivre *

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