mardi 22 juin 2010

THÉRAPIE CONJUGALE, POURQUOI FAIRE? 6e partie

Ambivalence chronique

Le couple ou un des conjoints, habituellement l’époux, ne peut pas décider s’il veut se séparer ou non. Il déménage plusieurs fois mais, une fois déménagé, le sentiment de solitude, de vide et parfois d’angoisse le prend et il ne peut pas rester séparé et revient à la maison. Même s’il a une autre liaison à l’extérieur du mariage, il ne peut pas quitter le conjoint et revient continuellement.

Il s’agit, dans ces couples, d’un problème narcissique important (Braverman). L’individu cherche l’autonomie à tout prix, mais il est incapable de vivre hors d’un état de fusion continu. Il blâme le conjoint de ne pas combler ses besoins, mais ses besoins d’admiration et de domination sont si grands qu’ils ne peuvent être comblés. Dans des cas semblables, on peut commencer en thérapie conjugale, mais lorsque le conjoint a quitté le foyer deux fois et insiste qu’il tient à sauver le mariage, c’est le temps de passer à une thérapie individuelle. Le conjoint qui tolère ce rejet ambivalent a aussi besoin d’être référé en thérapie individuelle.

Détérioration graduelle

La thérapie individuelle est prescrite dans les cas où la thérapie de couple se déroule bien, où le couple et le thérapeute travaillent bien ensemble mais où, sans raison apparente, on remarque une détérioration graduelle de la relation conjugale et de la thérapie. On note plus de récriminations durant les séances et le couple semble dans un état plus lamentable après les séances. Même les voir individuellement une ou deux fois ne permet pas de découvrir un autre problème caché.

Habituellement, ces personnes fonctionnent relativement bien dans leur travail et dans leur vie sociale. Leurs enfants ne sont pas symptomatiques; il n’y a ni symptômes physiques ni deuils récents. La cause de la détérioration de la thérapie de couple demeure toujours une énigme.

Dans de tels cas, il semble y avoir un attachement ambivalent non résolu à la famille d’origine. Cet attachement a été réactivé durant la thérapie de couple lors de la relation de chacun des conjoints avec le thérapeute. La peur de la fragmentation du soi chez chaque partenaire est si bien cachée que le thérapeute peut l’ignorer. La menace archaïque de désintégration est inconsciente; le mécanisme psychodynamique en rapport avec les deux conjoints et avec le thérapeute est semblable à celui décrit par Lansky dans le cas des couples qui se blâment mutuellement.

La honte de chacun face à ses carences affectives et à la fragilité du soi ne peut être abordée en thérapie conjointe. Chaque conjoint a besoin d’une relation exclusive avec un thérapeute pour aborder ces interruptions développementales. Plus la honte de ses propres déficits est grande, plus rapidement la thérapie de couple s’effondrera. Pour ces raisons, la thérapie individuelle est indiquée pour chaque partenaire.



* à suivre *

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