mercredi 21 juillet 2010

Intervenir auprès d'adolescents perturbés - 3e partie

PHILOSOPHIE D'INTERVENTION
Comme animateurs nous comptions sur des repères, sorte de transcriptions intellectuelles et émotionnelles qui encadraient et permettaient ce que les américains conviennent d’appeler « le processus ». Ainsi, nous savions que la relation de l’adolescent à celui qui est du même sexe passe par la similitude ou l’image en miroir : « être comme ». En l’occurrence, parmi les adolescents se dessinent souvent des leaders, la plupart du temps les moins malades, qui servent de référence aux autres. Nous nous devions de renforcer ces éléments sains et permettre ainsi au groupe qui allait se constituer d’être son propre moteur.

Notre population est mixte, les garçons et les filles se rencontrent quotidiennement et partagent plusieurs activités offertes par le milieu. Ils manifestent par des comportements subtils, leurs préoccupations à ce niveau. Le désir de rapprochement passe souvent par des « chamaillages ludiques », principaux témoins des essais et des maladresses. Ils évitent ainsi de montrer leur timidité et leur inexpérience et s’épargnent la confrontation trop directe avec la peur du rejet. Un autre point chaud concernait les attentes face aux parents, en tant qu’images structurantes. Pierre, adolescents de 17 ans, parlant de son père « homme raffiné, se souciant d’esthétique et d’art » s’inquiète que celui-ci ait une difficulté majeure à mettre des limites à son fils; il a des préoccupations autour d’un rapprochement trop grand à la mère et finalement exprime la peur de ne jamais être un homme, de rester dans un univers d’enfant gâté : désir à la fois entretenu et rejeté. Nous savions qu’il était de cette relation au père en psychothérapie et nous pouvions l’encourager à l’approfondir dans ce lieu privilégié.

Nos objectifs de travail furent simples : écouter l’adolescent, être disponible, jouer notre rôle d’adulte surtout. Nous souhaitions donner une information de base concernant les changements liés à la puberté et fournir des occasions d’expérimenter dans le « concret » des façons d’être dans la relation à soi et à l’autre. Nous avons choisi d’utiliser un langage, clair et compréhensible pour l’adolescent; nous voulions éviter le discours scientifique et objectivant ou encore le discours populaire qui aurait pu, certes, nous rendre la vie plus facile en permettant une distance et en nous situant dans un rôle confortable, d’intervenant; mais nous ne voulions pas mettre d’entrave au climat d’intimité et de respect mutuel que nous avions à cœur de créer et de partager avec eux.

Conscients de certaines limites reliées au développement des structures mentales à cet âge (de la pensée opératoire concrète à la pensée opératoire formelle) nous avons choisi d’utiliser des moyens concrets et un support technique (tel l’audio-visuel) pour construire dans un premier temps un champ de perception et d’appréhension d’une connaissance de soi en tant qu’être sexué et sexuel pour ensuite élaborer et échanger sur les acquis nouveaux.

* à suivre *

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