mardi 10 août 2010

FEMME VIOLENTÉE (VIOLENCE CONJUGALE) - 3e partie

Si l’amour fait défaut, il y a toujours le pouvoir

Chacun conviendra que l’amour comporte, dans son ferment et sa finalité, une capacité de don et d’abandon de soi-même. Sans ces qualités d’ouverture et de généreuse disponibilité à l’autre (enfant, ami ou amie, amoureux ou amoureuse), l’amour ne peut évoluer. Or, comme l’indique cet état de disponibilité qui attribue, avec notre plein consentement, tant de pouvoir à la personne aimée.

En effet, le rapport amoureux nous incite à abandonner certaines défenses, à accepter nos états de vulnérabilité et de fragilité par la confiance à l’autre. Par le fait même, nous acceptons de nous laisser imprégner par l’influence accrue qu’exerce sur nous la personne aimée. C’est ainsi que l’autonomie affective de chacun des partenaires peut être rudement mise à l’épreuve. Alberoni note encore que l’état amoureux naissant est similaire à un mouvement révolutionnaire par l’énergie, la vitalité et le pouvoir de changement qui s’expérimentent par chacun des membres du couple comme exceptionnellement intenses. Si l’un des partenaires ou les deux vivent respectivement des manques importants sur les plans affectif, social ou économique, il ou elle peut attribuer à l’autre un pouvoir tout aussi important qui viendrait combler ses manques.

Ainsi, plusieurs femmes violentées disent avoir vécu dans les prémisses de leur rapport amoureux la position de la femme adulée et adorée. « Il m’a mise sur un piédestal. » D’ailleurs, bien des femmes, violentées ou non, n’abandonnent pas si facilement leurs rêves des petites filles ; elles ont la perception d’être révélées à elles-mêmes par le prince si longtemps attendu. Et si de surcroît, le prince se fait humble pour adorer sa bien aimée, elle en sera d’autant plus comblée. Christiane Olivier écrit à ce sujet que :

« L’amour a comme particularité de commencer par une douce illusion et de
s’achever sur une cruelle évidence ; l’autre n’est pas comme nous. »

Chez les couples où se manifeste la violence, cette épreuve de réalité n’est pas assumée. Chacun cherche, sur un mode différent, à trouver l’état naissant initial à leur union. L’homme utilise la violence, la femme tentera d’abord toutes les stratégies pour lui plaire.

Elles nous diront fréquemment : « Je voudrais qu’il soit comme avant, il état si doux, si gentil, si prévenant ». Un homme de rêve, un homme idéal…un homme impossible! Mais l’homme réel est violent et après sa crise violente, il cherche à redevenir l’homme « idéal », à conquérir celle qu’il a blessée. Qui parle de conquête ou de reconquête parle de pouvoir.


* à suivre *

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