mercredi 11 août 2010

FEMME VIOLENTÉE (VIOLENCE CONJUGALE) - 4e partie

Dans les rapports de couple d’où surgissent des agirs violents, la question du pouvoir devient diffuse, les territoires respectifs sont flous et, en conséquence, les positions se fixent jusqu’au durcissement dans la dépendance réciproque. Après l’éclatement de la violence, les femmes peuvent simuler parfois, par manque de moyens, une certaine soumission. En effet, elles feront montre d’abdiquer afin de ménager l’orageuse susceptibilité de leur conjoint. Elles renonceront temporairement à l’expression directe de leur colère, de leur peur ou de leur peine.

Il ne faut jamais oublier, quand on intervient auprès des femmes violentées, que leur position de soumission ou de faiblesse constitue dans la très grande majorité des cas une réaction défensive qui force le maintien d’une cohésion.

Une réaction défensive qu’adoptent de nombreuses femmes violentées consiste à développer des comportements d’indifférence à l’endroit de la violence de l’autre afin de ne pas se montrer perdantes. Certaines diront : « Je ne veux pas qu’il se rende compte qu’il me fait mal, je veux montrer que je suis aussi forte que lui, qu’il ne gagnera pas ». Ces comportements engendrent un triple effet négatif : Ils contribuent à couper la femme de son expérience émotionnelle réelle, induisent chez le conjoint violent la perception que la femme est insensible à ses agirs et alimentent le jeu de pouvoir.

Ainsi, pour aider une femme qui a vécu longtemps de mauvais traitements, il est primordial de la soutenir dans la libération de ses mécanismes défensifs. Ces mécanismes se sont imposés, non seulement par la nature des circonstances violentes mais comme une réponse qui a pu servir à la femme pour ne plus sentir sa souffrance et aussi pour maintenir intactes ses idéalisations (couple harmonieux, famille unie). Parfois, ces mécanismes de défense peuvent la conduire à retourner sa colère et son ressentiment contre elle-même ou contre ses enfants et parfois contre le partenaire, si aucun changement n’intervient.

L’affection que les partenaires pouvaient encore se témoigner ne se manifeste déjà plus. La femme tente de préserver une position qui sauvegarde sa vision du conflit et son dernier espoir pour qu’enfin son partenaire comprenne qu’il doit changer. Certains psychiatres ont appelé ce phénomène, chez certaines victimes, comme le « syndrome d’accommodation » (Talbot). C’est fréquemment à ce stade que la violence physique du partenaire est la plus intense et la plus grave. Fort heureusement, la majorité des femmes violentées auprès desquelles nous travaillons atteignent de plus en plus rarement ce stade.


* à suivre *

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