vendredi 10 décembre 2010

VIOLENCE CHEZ LES JEUNES - 8e partie

LES REPRÉSENTATIONS DE LA VIOLENCE CHEZ LES JEUNES

Dans le cadre de l’étude réalisée, les jeunes, qu’ils soient filles ou garçons, qu’ils soient d’origine québécoise ou d’origine haïtienne, définissent la violence sensiblement de la même façon. Il existe peu de différence entre les groupes quant à l’image qu’ils se font de la violence. Ils utilisent un discours représentatif de leurs conditions de jeunes. Ce discours n’est pas lié aux différences qui peuvent exister entre chacun de ces quatre groupes de l’échantillon. Il reflète, avant toutes choses, une culture propre à l’adolescence. Les seules différences qui ont été observées entre les groupes concernent les causes de la violence.

Selon les jeunes interviewés, l’agression physique est en quelque sorte le baromèetre de la violence. Plusieurs jeunes soutiennent que s’ils ne sont pas agressés physiquement, ils ne sont pas victimes de violence. Pour eux, la violenc est surtout associée à des gestes physiques et brutaux, ce qui est d’ailleurs socialement admis.

« C’est quand quelqu’un veut battre (…) une autre personne inutilement. » (fille d’origine québécoise)
« Tout contact qui est physique, (…) brutal entre deux personnes. » (fille d’origine haïtienne).

L’agression verbale et l’agression psychologique sont reconnues par les jeunes. Mais la majorité considère qu’elles ne sont pas aussi violentes que l’agression physique.

(En parlant de la violence verbale ou psychologique) « Non c’est pas de la violence, mais je ne me sens pas très bien quand on me dit ça. » (garçon d’origine haïtienne).

« Tu peux dire n’importe quoi violemment mais ça touchera pas tout le monde » (fille d’origine haïtienne).

La notion de méchanceté qualifie mieux à leurs yeux l’agression verbale et psychologique. Pourtant, la cruauté mentale et les déchirements de cœur sont beaucoup plus destructeurs que la violence physique, selon nombre de femmes violentées (MacLeod). La majorité des jeunes interviewés sous-estiment donc les impacts de la violence psychologique quoique certains, parmi les plus âgés, en comprennent très bien les conséquences destructrices. Les jeunes croient que la meilleure façon d’évaluer s’il y a ou non violence est la souffrance ressentie. Et la souffrance qui paraît la plus évidente à leurs yeux, c’est la souffrance physique. Si l’individu est blessé, c’est qu’il a été atteint par une agression. Les blessures de l’âme, quant à elles, sont invisibles.

La notion de violence est par conséquent perçue différemment par les jeunes et par les intervenants et les intervenantes. Alors que ces derniers retiennent généralement une définition très large de la violence, les jeunes la définissent de façon plus restrictive et plus limitée. Cette compréhension réduite de la violence par les jeunes rappelle l’importance de clarifier cette notion auprès d’eux afin de la situer dans toute sa globalité.

Lorsqu’on aborde les causes de la violence, une distinction s’opère entre les groupes, tantôt à propos de la violence envers les femmes, tantôt à propos de la violence interethnique. Pour les fins de cet article, examinons leurs explications des causes de la violence envers les femmes. Dans le cadre des rapports entre les hommes et les femmes, les jeunes reconnaissent que les hommes sont plus violents que les femmes. Toutefois, il est plus difficile pour les jeunes garçons de se représenter la violence dans les rapports intimes entre partenaires à l’adolescence. Le jeune âge ainsi que la fonction de désirabilité sociale expliquent en bonne partie la nature de ces résultats.


* à suivre *

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