samedi 24 septembre 2011

VIOLENCE FAMILIALE 50e partie

"Il suffit de prêter attention, les leçons viennent toujours quand vous êtes prêts
et si vous êtes attentifs aux signes vous apprendrez toujours tout ce qui est
nécessaire pour l'étape suivante.
"
Paulo Coelho

Des tâches

À cette étape, les tâches employées ont pour objectif de maintenir le rythme de la démarche évolutive de la cliente. Elles viennent appuyer et compléter un processus de cheminement amorcé en entrevue.

Comme les tâches servent également de matériel de renforcement, la discussion sur leur réalisation doit être constamment intégrée à l’entrevue. Les efforts et les initiatives de la femme battue représentent des pas importants vers l’acquisition d’une plus grande autonomie. Ces moyens, si petits soient-ils, augmentent progressivement ses zones d’indépendance. Ils deviennent aussi des réalisations observables qui sont très utiles pour développer une meilleure estime de soi. Ainsi, les tâches complètent les changements qu’initie la femme battue lors des entrevues. Ces changements n’ont une valeur que s’ils deviennent, pour elle, de nouveaux points de référence dans sa vie quotidienne.

Regardons maintenant quelques tâches qui renforcent le processus amorcé en entrevue.

Crier
Il peut être intéressant que la femme violentée commence à se libérer de ses tensions émotives autrement que par les larmes. Le cri est un geste qui va à l’encontre de la passivité. Crier peut l’aider à abandonner son attitude de repli sur soi et à briser, par le fait même son silence. Cette tâche permet à la cliente d’occuper, pendant quelques secondes, une place, ne serait-ce que sonore. De plus, par le cri, elle peut libérer une émotion qu’elle n’a pas encore analysée, qu’elle censure et juge. Une femme battue expliquait ainsi cette réalité : « Au début, je ne savais pas pourquoi je criais, je le faisais pour le bien-être que cela me procurait, maintenant je sais pourquoi et c’est le seul moyen que j’ai pour exprimer ma douleur. »

Des moyens peuvent donc être pris pour expérimenter le cri : la cliente peut crier lorsqu’elle est seule dans sa voiture ou dans la maison. Elle peut également crier dans le bois.

Le cri prépare le travail sur la colère. Il peut aussi compléter une entrevue au cours de laquelle la cliente s’est exprimée en pleurant.

Pratiquer la respiration abdominale
Afin de maintenir les efforts qu’elle fait pour se mettre à l’écoute d’elle-même, la femme violentée peut reprendre, quand elle est seule, l’exercice de la respiratoire abdominale. En pratiquant ce type de respiration, elle se donne du temps et demeure en contact avec ce qu’elle ressent. Souvent la femme battue coupe ses émotions et vit en état d’alerte, elle respire donc mal et peu. La respiration abdominale modifie son fonctionnement et peut transformer son mode de défense habituel consistant à se retenir, à prendre le moins de place possible, à contrôler ses émotions et demeurer peu « en contact avec soi ».

Par cet exercice, la femme intègre consciemment qu’il est important de ressentir ce qu’elle vit et d’écouter ce qui lui arrive. Peu à peu, elle utilisera la respiration abdominale pour accepter de vivre une émotion difficile.

Bibliothérapie
Des lectures peuvent aussi stimuler l’évolution de la cliente, en renforçant la valeur de ce qu’elle découvre et apprend. Dans le cas de l’apprivoisement des émotions, l’article de F. Magazine, « La colère n’est pas toujours mauvaise conseillère », représente un choix judicieux. Cet écrit réitère le droit des femmes à la colère en décrivant ce sentiment comme positif et sain.

Certains écrits humoristiques peuvent aussi démystifier des émotions. La bande dessinée de Reiser sur les femmes contient quelques dessins qui prêtent aux femmes des sentiments socialement réprouvés. Les réactions de la cliente à ces lectures servent de base aux échanges sur les sentiments dits positifs et négatifs, lors des rencontres. La vision que la cliente a des émotions féminines et des émotions masculines fait l’objet de discussions. La conscientisation se fait donc par l’humour.

Écrire un sentiment
Une tâche permettant à la cliente de rester sensible à ce qui lui arrive sur le plan émotif peut également être choisie. Jusqu’à la prochaine rencontre, elle notera le sentiment le plus lourd qu’elle aura porté. Par cette tâche, elle demeurera à l’écoute d’elle-même, acceptera de vivre ses émotions pour pouvoir parvenir à identifier celle qui est la plus difficile à porter.

Lors de la prochaine rencontre, par l’intermédiaire de son message écrit, elle ouvrira la discussion directement sur elle.

L’écriture peut également être employée pour décrire une émotion ressentie. La tâche s’inscrit alors dans la perspective de faciliter un premier niveau de libération émotive. En décrivant son sentiment, la cliente le vit et l’affronte. Cet exercice aide souvent à diminuer la tension reliée aux émotions. Il procure également à la femme un moyen concret d’assumer ce qui lui arrive. Elle développe de nouvelles capacités pour ressentir les émotions qui l’habitent.

Photo-langage-
La cliente aura comme tâche de découper, dans les journaux ou les revues, des images ou des mots qui évoquent chez elle une émotion qu’elle a vécue au cours de la semaine. Là encore, en acceptant d’identifier une émotion, de la reconnaître et de l’exprimer par une image ou des mots clés, elle devra demeurer à l’écoute de ses sentiments.

Ce matériel est alors utilisé comme un photo-langage dont le contenu est significatif. La femme violentée projette, dans ces images et ces mots, des éléments qui sont importants pour elle. Il faut l’inviter à exprimer ce que signifient ces images, à quoi se rapportent les scènes choisies, etc. À nouveau, via un objet, la dimension émotive de son vécu est abordée de façon non menaçante.

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