mardi 18 octobre 2011

VIOLENCE FAMILIALE 61e partie

Les technologies du soi.

Les hommes violents ont besoin d’apprendre les technologies du soi. Vers la fin de sa vie, Michel Foucault se disait de plus en plus fasciné par l’étude des technologies du Soi, c'est-à-dire des diverses façons qu’ont eues les êtres humains au cours des siècles d’agir sur eux-mêmes, sur leur corps, leur esprit, leurs pensées et leur façon d’être, dans le but spécifique d’atteindre un état de bonheur, de pureté, de sagesse, de perfection ou d’immortalité.

Ces technologies du soi, disait-il, supposent et impliquent des pratiques d’entraînement et de formation des individus—des pratiques du Soi—non seulement dans le sens plus évident d’une acquisition de certaines compétences corporelles ou de certains talents personnels, mais aussi dans le sens d’une acquisition de certaines attitudes envers soi. Ces technologies du soi sont en quelque sorte des techniques de constitution et de domination de soi, en d’autres mots, des techniques de subjectivation. Par techniques de subjectivation, Foucault entend donc cette opération par laquelle « les individus se prennent eux-mêmes comme objet de connaissance et domaine d’action afin de se transformer, de se corriger, de se purifier, de faire son salut ». Comme l’explique Deleuze, alors que le pouvoir chez Foucault implique un rapport de la force avec d’autres forces, la subjectivation implique « un rapport de la force avec Soi » (Deleuze, 1990, P. 127 )

Deleuze nous rappelle que Nietzsche voyait dans ce rapport à Soi l’ultime dimension de la volonté de puissance, le vouloir artiste (voir Deleuze, 1990, p. 160). Chez Foucault, cette subjectivation trouve son origine chez les Grecs et se poursuit de façon différente chez les Chrétiens. Elle fait partie intégrante de « la production des modes d’existence ou styles de vie » et contient aussi une dimension profondément esthétique. Jean Pierre Vernant abonde dans ce sens : « Ce que Foucault identifie comme étant cette culture de soi, ce travail de soi sur soi, cette fabrication de soi à travers ces techniques que sont exercices spirituels, examens de conscience, efforts de remémorisation, etc, » chez les Grecs et puis chez les chrétiens, constituaient alors, et pourraient se transposer aujourd’hui en un véritable esthétique de l’existence. » (1989, p. 267 )
Y-a-t-il un Soi ou un processus de subjectivation dans les techniques d’exercices spirituels? Nous proposerons donc ici une réponse à cette question en examinant certains exercices physiques ou spirituels, comme forme spécifique du rapport à Soi, pouvant aider les hommes à mieux se rencontrer émotionnellement. Comme technologies de Soi, le Karaté-do, pour les hommes violents peut être une esthétique de vie ou un mode d’existence

Nous avons rejoint ici la définition de base que Foucault donne des « technologies de Soi. », soit les diverses façons qu’ont eues les êtres humains au cours des siècles d’agir sur eux-mêmes, sur leur corps, leur esprit, leurs pensées et leur façon d’être, dans le but spécifique d’atteindre un état de bonheur, de pureté, de sagesse, de perfection ou d’immortalité. Toute technologie de Soi peut cependant être employée à d’autres fins que cette esthétique de vie identifiée ici par Foucault.

Pour ceux et celles qui pratiquent cet art traditionnel ( karaté-do, le kata et les arts budo) régulièrement et pendant des années, est vécu comme une véritable technologie d’amélioration et de construction du Soi où ils recherchent, connaissent le discours, et acquièrent une confiance accrue de meilleures relations avec les autres, la maîtrise de l’agressivité, la force et la souplesse de caractère. Ces techniques ( karaté-do, le kata et le budo) sont vécues comme forme d’absorption totale du soi où corps et esprit sont en parfait accord. Comme tout art, le kata est compris comme une forme de construction et d’expression de Soi à travers des techniques artistiques qui deviennent fondamentalement Soi. Ce soi n’est pas un concept, mais une expérience qui surgit…, il ne s’agit pas d’un soi égocentrique, mais d’un soi actif, vigilant éveillé, réceptif, intégré à son environnement : Ses mains et ses pieds sont les pinceaux; l’univers entier est la toile sur laquelle il peint pendant 70, 80, ou même 90 ans.

L’homme qui s’adonne au karaté devient un homme libéré, il devient l’homme de toutes les femmes. À travers ces techniques, hommes et femmes semblent avoir relié dans leur propre « Soi » deux opposés apparents de notre société : la fermeté et la souplesse, ou encore la force de caractère et la sensibilité.

On termine avec une parabole Zen. Un guerrier Samourai vient affronter un moine en lui demandant si le ciel et l’enfer existent. Le moine l’écoute et, en réponse l’insulte en lui disant qu’il est trop stupide pour comprendre. Vexé, insulté, le guerrier tire son épée pour le châtier. Le moine, en le voyant, s’exclame : « C’est ici que s’ouvrent les portes de l’enfer! » montrant l’épée brandie. Surpris, le Samourai s’arrête, réfléchit un instant et replace lentement dans son fourreau l’épée. « C’est ici que s’ouvrent les portes du ciel! », de déclarer alors le moine. Cette allégorie, bien connue des pratiques du budo, suggère que pour ce qui est du processus de subjectivation dans ces techniques, le véritable Soi, le soi « esthétique » est celui qui surgit, dans son choix du non-soi.

Harmoniser son esprit avec son corps.

Être capable de reconnaître et de ressentir à la fois la conscience de l'esprit et celle de la forme constitue le premier pas à effectuer dans le processus de transformation conciente de la forme charnelle afin qu'elle adhère à l'esprit.
C'est un peu comme vivre avec deux personnes en toi.
Il se peut que l'esprit veuille galoper en tête, aussi doit-il apprendre à avancer à l'allure qui convient à la forme.

L'homme violent a besoin de créer un équilibre intérieur

Par un exercice comme celui là.

Il s'agit de s'asseoir confortablement, le dos droit, il doit fermer les yeux et se détendre complètement.

D'imaginer une longue corde de la base de la colonne vertébrale descendant jusqu'au sol et s'enfonçant dans la terre. Cela s'appelle une corde de prise de terre.
A présent, imaginer l'énergie de la terre circulant à travers cette corde, irrigant toutes les parties de son corps, s'en échappant par le sommet de la tête.
Puis, imaginer l'énergie du cosmos s'écoulant à travers l'extrême de son crâne, traversant son corps, descendant par la corde de prise de terre jusqu'à ses pieds et pénétrant la terre. Sens ces deux courants se diriger dans des directions différentes et se mêler harmonieusement dans son corps, cela engendre un équilibre qui augmente la sensation de bien-être, la puissance d'expression.

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