mardi 1 novembre 2011

LA DÉTRESSE DES HOMMES - 2e partie

PAUVRETÉ ET DÉTRESSE

"Cette constatation nous suggère que le stress engendré par la pauvreté pourrait être épargné à un nombre important de familles si les politiques économiques de notre société visaient à empêcher les familles de tomber sous la barre critique d'un revenu insuffisant durant certaines périodes de transition."

"Une autre raison explique le scepticisme de plusieurs à vouloir attribuer à la pauvreté économique un poids important dans l'explication de la violence familiale. Même si la relation est forte, elle n'est pas pour autant comprise, ni exclusive, après tout, la très vaste majorité des familles pauvres ne présentent pas de violence."

"Les mécanismes qui font de la pauvreté un élément de risque dans le genèse de la violence sont peu ou mal connus. On affirme le lien, mais on tente rarement d'en expliquer les processus. L'état de la recherche nous permet cependant d'avancer avec plus de fermeté des hypothèses explicatives aptes à mieux nous faire saisir la dynamique engendrée par la pauvreté dans certaines familles."

"La pauvreté c'est comme une courbe réputée dangereuse sur une route nationale, disait l'autre. Bien que les automobilistes soient avertis par des poteaux indicateurs de la difficulté de la courbe, bon an mal an, on rapporte un nombre plus élevé d'accidents mortels sur ce segment de la route que n'importe où ailleurs. Tous les automobilistes ne s'y cassent pas la figure."

"La pauvreté engendre des problèmes au niveau des ressources personnelles, des ressources sociales et des ressources familiales elles-mêmes. Parce que la pauvreté ne dure pas longtemps pour certaines familles, ou parce qu'elles ont en réserve des ressources financières, personnelles sociales ou familiales qui leur permettent de mieux résister au stress de la pauvreté, certaines familles s'en tirent mieux que d'autres. Mais cela ne devrait pas nous faire oublier que le risque de discorde ou de violence n'en demeure pas moins plus élevé pour les familles placées en situation de pauvreté. Les données sont impitoyables: comme dans le cas des courbes dangereuses, il nous est possible, à partir du taux de familles pauvres dans les voisinages, de prédire avec énormément d'exactitude là où l'on trouvera le plus d'accidents intra-familiaux durant les six prochains mois."

"En reconnaissant ce lien, ce ne sont pas les familles pauvres que l'on interpelle; c'est plutôt la situation qui leur est faite qui est mise en cause. Se cacher cette partie de la réalité nous éloigne d'interventions socio-économiques nécessaires à la prévention de la violence familiale. La résistance à reconnaître l'impact négatif de la pauvreté sur la qualité des relations entre les membres de la famille permet ou conduit l'ensemble de la société à retarder le moment où elle devra prendre des décisions majeures concernant la prévention des incidents de violence intra-familiale, car, il faut bien le constater et mesurer le formidable effort de changement que cela implique; si une cause importante de la détérioration des relations familiales est d'ordre économique, c'est aussi à ce niveau que doit porter l'intervention préventive."

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