jeudi 3 novembre 2011

LA DÉTRESSE DES HOMMES - 3e partie

"En refusant de reconnaître ou en ignorant cette relation entre la misère économique et la misère dans les relations entre les membres des familles on a cru longtemps, et souvent en toute bonne foi, protéger la réputation de ces personnes. Toutefois, ce faisant, on obtient exactement l'effet inverse. Ne pas vouloir divulguer cette réalité de crainte d'accabler les familles pauvres, c'est implicitement donner crédit à ceux qui mettent le blâme sur les familles plutôt que la situation très éprouvante dans laquelle elles se retrouvent. On est en fait alors confiné à développer des programmes qui s'attaquent aux prétendus déficits ou faiblesses de ces familles."

Les tergiversations concernant le poids réel joué par la pauvreté dans 'l'acidification' des relations intra-familiales n'est pas sans évoquer les lenteurs à reconnaître le rôle des pluies acides dans la détérioration et le déséquilibre de l'écosystème arboricole et aquatique.
Cette résistance tient aussi à la représentation que l'on se fait de la pauvreté. Les pauvres seraient des personnes qui vivraient sous le seuil de la pauvreté depuis longtemps, qui recevraient des prestations d'assurance chômage ou de bien-être social durant de longues années et qui partageraient de génération en génération des valeurs culturelles et sociales qui en feraient un sous-groupe à part. Or, les études viennent complètement bouleverser cette représentation. On estime à cinq pourcent à peine les familles qui correspondent à cette image d'une pauvreté chronique, presque apprise et enfermée dans un cercle de transmission intergénérationnelle. Les personnes pauvres, qui représentent grosso modo le quart de la population totale d'une métropole comme Montréal, le deviennent en grande majorité lorsqu'il y a rupture familiale, ajout d'un membre, ou perte d'un emploi.
Ces situations se redressent après quelques mois pour les uns ou plus longtemps pour d'autres dépendant de leur succès à se retrouver un emploi ou à s'accaparer un travail plus rémunérateur. Le groupe des personnes pauvres est un groupe mouvant, beaucoup plus hétérogène que prétendu; sur dix personnes pauvres cette année, trois ou quatre de ces personnes le seront encore l'an prochain. Les autres s'en seront sorties et seront remplacées par de nouvelles familles.
"Les expressions de violence prennent la forme d'agressions psychologiques, physiques et sexuelles.
Ce mot évoque des notions comme : attaque, virulence, démesure, brutalité, contrainte, abus, hostilité, agressivité, guerre. L'idée contraire est exprimée par les mots : douceur, mesure, calme, paix. D'aucuns s'entendent pour dire que si tout homme possède un "instinct inné d'agressivité", cette agressivité peut dégénérer en violence lorsqu'il y a débordement d'émotions, de passions. Face à cette violence, nous sommes amenés à l'une ou l'autre des réactions suivantes : la fuite ou la contre attaque."

"En chaque femme battue, il y a la honte, non plus tellement celle de son image sociale, mais la honte d'avoir été battue. Dans les violentes batailles conjugales, il n'y a pas de gagnants et encore moins de bonnes perdantes! L'amour que la femme attend la distrait de la honte et de la colère qu'elle ne montrera pas à cet homme qui, après sa brève et dérisoire victoire, s'offre à elle repentant et souvent aimant. Ainsi, l'homme violent opère quérir rapidement le pardon auprès de sa partenaire pour un acte qu'il a commis et vis à vis lequel il peut éprouver de la culpabilité. Le pardon de sa compagne lui permet souvent l'évitement du sens de responsabilité eu égard à sa violence."

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