dimanche 17 novembre 2013

CLIN-D’OEIL SUR L’HISTOIRE D’HAÏTI - Période 1957 à nos jours

Harmonie du Temporel et du Spirituel

Duvalier a pu exploiter habilement ces inégalités et ces mécontentements.  Il s’est présenté comme le défenseur de l’Église nationale contre la domination étrangère. C’est sous son gouvernement qu’enfin le St Esprit a daigné choisir les (5) premiers haïtiens comme Évêques.  Encore sous son gouvernement que la plupart des communautés religieuses ont brusquement déniché des Haïtiens aptes à devenir supérieur de leurs institutions.  De plus sous son gouvernement les grandes cures se sont enfin ouvertes aux Haïtiens.  La promotion du clergé autochtone a été si fulgurante que les bénéficiaires eux-mêmes doivent encore en être étourdis!

Prix de Cette Harmonie

Mais malheureusement cette venue de l’haÏtien à sa majorité a lieu dans une atmosphère d’intrigues assez louches et en fonction d’une stratégie du pouvoir.  Beaucoup de nominations relèvent de motifs purement politiques.  Duvalier lui-même, d’ailleurs, ne s’en cache pas!  Il a choisi ceux dont-il sait que ni la révolution ni lui n’auront à rougir, quoi qu’il advienne (SIC!). Il attend donc fidélité et reconnaissance de ses Élus, au détriment même de leur fidélité à l’Évangile. Il ne suffit point par conséquent d’avoir une Église au service des Haïtiens, témoin pour eux de l’Évangile de vérité, de justice et de liberté!

Il est donc regrettable qu’on ait attendu d’être forcé de faire une meilleure place aux fils du pays dans la conduite spirituelle de leurs concitoyens.  Car les fruits mûris sous pression, gardent toujours un arrière-goût aigre.  Les renversements forcés de situations laissent souvent des traumatismes et des rancoeurs.  Il n’est pas improbable que l’émiettement actuel de l’unité de l’Église haïtienne soit dû en grande partie à ce retournement des choses.  Un Évêque haïtien reconnaissait avec stupeur qu’il n’y avait en Haïti ni épiscopat, ni presbyterium, ni laïcat; chacun suivait sa propre voie chrétienne.  Ainsi Duvalier ne compte plus devant lui qu’une poussière de chrétiens profondément divisés.

Toute prise de position évangélique commune, par conséquent, s’avère imposible. On va même jusquà laisser les autres tirer les marrons du feu pour les croquer ensuite soi-même: on prend gaiement la place vacante des disgraciés ou des exilés parfois pour services rendus ou sous promesse de soumission inconditionnelle.  Les communautés religieuses elles-mêmes ne boudent pas toujours ce genre de compétition.


Pour des raisons peu évangéliques, on s’entrebat encore sur des questions aussi vitales que celles de la non-reconduction ou plutôt de la dénonciation du Concordat en 1860. Ce Concordat asservit l’Église à l’État.  Mais qu’importe! Il stipule aussi des garanties et des obligations envers les institutions ecclésiastiques qui sont nécessaires, se dit-on, dans un pays aussi pauvre qu’Haïti et de tradition libérale ténue.

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