lundi 26 juillet 2010

AGRESSIVITÉ - 1e partie

AGRESSIVITÉ, VOUS DITES?

Pour Winnicott, « de toutes les tendances humaines, l’agressivité est particulièrement cachée, déguisée, mise de côté, attribuée à des agents extérieurs et lorsqu’elle apparaît, il est toujours difficile de remonter à ses origines. »

Dès lors, Nicole Nadeau pose la question : notre société a-t-elle créé la violence?

Plus que jamais, semble-t-il, la violence est au cœur de nos préoccupations sociales. Les médias nous livrent régulièrement des statistiques faisant état de la violence dans les villes, de violence conjugale, d’enfants violentés; les bulletins de nouvelles relatent l’état des guerres et des différents conflits dans lesquels sont impliqués les êtres humains un peu partout sur la planète. Nous ne pouvons qu’être alarmés, si ce n’est assommés, par ces comptes rendus et nous sommes parfois portés à croire que c’est notre société qui a inventé la violence.

L’histoire de l’humanité s’organise autour de guerres, de conquêtes, de traités de paix, d’assimilations et de libérations des peuples. À mesure qu’évoluent les technologies qui nous dotent de puissances de plus en plus grandes, la forme et la dimension des conflits armés changent; la nature conflictuelle de l’être humain demeure. Notre tentative d’introspection vers les origines premières de la violence humaine se trouve compliquée par ces visions spectaculaires de violence envahissant nos écrans, l’Internet et nos journaux. Car nous sommes naturellement portés à rechercher à l’extérieur de nous-mêmes les causes premières de la violence, ou à n’accepter de reconnaître que les éléments extérieurs à nous-mêmes contribuant à faire surgir la violence.

Les solutions proposées à la violence dans le discours social vont le plus souvent dans le sens de la dénonciation et de la répression. De grandes campagnes de lutte contre les responsables identifiés de la violence (les hommes, la drogue, les inégalités, la télévision, certains jouets…) sont entreprises. On souhaite apprendre aux enfants à ne pas mettre en scène, dans des jeux symboliques, la violence des sentiments, des désirs, des pulsions qui les assaillent intérieurement.

Qu’entendons-nous donc par « violence »? Le mot peut signifier à la fois un acte de force brutale, une contrainte exercée sur un autre et la vivacité, l’intensité d’un sentiment. La violence peut donc venir de l’intérieur ou de l’extérieur de l’individu. Dans cet article, Nicole Nadeau, étudie l’un des aspects de la violence, c’est-à-dire sa dimension interne chez l’individu. Pour ce faire, elle aura recours à l’étude de la pulsion agressive telle qu’elle est développée dans la théorie psychanalytique.

Pour la clarté de son propos, elle utilisera le terme « agressivité » pour référer à la pulsion agressive au sens large, tout en tenant compte du fait que les termes « agressivité » et « violence » font aussi partie du langage courant et ont nécessairement des significations différentes selon les individus qui les utilisent.

L’étude de l’agressivité nous amène à retracer au cœur de l’être humain et chez le jeune enfant la source pulsionnelle duelle : agressive et libidinale. Nous verrons comment ces deux pulsions sont le moteur du développement humain et comment leur alliage participe à la structuration de la personnalité, selon des voies de plus en plus complexes et élaborées.


* à suivre *

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