lundi 9 mai 2011

LA NOTION DU DÉSIR CHEZ LE COUPLE 95 partie

L’esprit : le sixième sens

De tous nos organes sexuels, le plus puissant est bien sûr notre cerveau. Quels que soient les talents amoureux de votre partenaire, si votre esprit est ailleurs, vos sensations seront amoindries ou carrément inexistantes. Inversement, si vous avez en tête des idées érotiques, le moindre petit coup de langue peut vous faire décoller. Les relations sexuelles sont l’une des nombreuses circonstances, dans la vie, où pour réussir, vous devez être totalement présent(e).

Même sans que cela soit conscient, la plupart des gens connaissent trois types distincts d’états d’esprit quand ils font l’amour : (1) ils sont distraits ou négatifs, (2) réceptifs ou neutres, ou (3) hypersensibles et très excités. Certaines personnes se sentent la plupart du temps distraites quand elles font l’amour. Elles s’inquiètent à propos du désordre qui règne dans la chambre, des impôts à payer bientôt, de leurs cuisses trop grosses, de la calvitie de leur partenaire, de leur manque de désir sexuel. Il est impossible d’éprouver le plaisir maximum si vous avez des idées négatives en tête ou vous sentez en compétition.

Beaucoup de gens pensent n’avoir qu’un contrôle restreint sur leur état d’esprit, mais ils se trompent. Il existe des moyens éprouvés et vérifiés pour se mettre dans un état d’esprit plus réceptif et érotique. S’y astreindre permet de faire une transition entre la vie quotidienne et les moments privilégiés de l’amour. J’ai reçu en consultation une scénariste, prénommée Joëlle, pour ses difficultés à atteindre l’orgasme. Elle pensait au départ que le problème venait de son manque de désir. Puis elle a compris qu’il s’agissait en fait d’un manque d’attention de sa part. Souvent, elle travaillait tard à ses manuscrits, jusqu’au moment d’aller se coucher. Et quand son partenaire faisait des approches sexuelles, elle était encore tellement branchée sur son travail qu’elle avait du mal à ne pas lui repousser la main. « J’étais encore dans un état d’esprit ‘boulot’. » m’a-t-elle dit. Elle s’est rendue compte qu’en faisant le vide dans son esprit pendant une demi-heure avant d’aller se coucher, elle se sentait bien plus réceptive envers son partenaire.

Pratiquer la méditation, le stretching, le yoga, échanger des massages ou simplement vous allonger quelques minutes en vous concentrant sur votre respiration, sont d’excellents moyens pour décrocher de la vie quotidienne. Les effets d’une profonde relaxation, avant, pendant et après l’amour, peuvent vous transporter dans un autre monde. (Les exercices 2 et 3, à la fin de ce chapitre, vont vous fournir des instructions détaillées à ce sujet).

Pour aider les couples à chasser toute distraction de leur tête, à se débarrasser de leur souci de performance, et à mieux se concentrer sur leur plaisir physique, les sexologues leur prescrivent une technique spécifique appelée « concentration sensorielle ». Élaboré par Masters et Johnson, l’exercice consiste à se caresser mutuellement, à tour de rôle. Celui des deux partenaires qui est caressé doit se concentrer sur le point de contact des doigts, chassant de sa tête toute idée importune. Le but n’est pas de s’exciter mutuellement mais simplement de se détendre à fond et mieux ressentir les sensations. D’ailleurs, ne pas stimuler les organes sexuels pendant cet échange de caresses est une des clés de sa réussite. Si votre partenaire vous caresse le sexe, votre esprit se branche aussitôt sur la mise en route de l’orgasme. En revanche, quand l’orgasme n’est plus le but à atteindre, vous pouvez bien mieux vous détendre et plonger avec délice dans le royaume des sensations.

Beaucoup de gens ont recours aux fantasmes sexuels ou à une imagerie mentale érotique pour se mettre dans un état d’esprit plus réceptif. Il y a des années de cela, on pensait que seuls les hommes laissaient leur esprit modeler des fantasmes érotiques. Mais grâce au livre de Nancy Friday Mon Jardin Secret, publié en 1973, et qui est un recueil de fantasmes féminins, cette notion s’est révélée fausse. Grâce à des recherches plus récentes, nous savons maintenant qu’environ 85% des hommes et des femmes fantasment pendant leurs rapports sexuels, au moins de temps en temps, et que 25% d’entre eux le font régulièrement. Un petit pourcentage de gens, surtout composé de femmes, affirme même ne pouvoir atteindre l’orgasme sans le recours aux fantasmes.

Les fantasmes sexuels peuvent servir à plusieurs choses :
- Augmenter votre degré d’excitation quand vous vous masturbez
- Servir de tremplin à de nouvelles activités sexuelles
- Vous permettre d’expérimenter l’interdit
- Chasser les distractions mentales
- Intensifier le désir sexuel
- Inclure de la diversité dans vos rapports amoureux.

Bien que les fantasmes soient chose courante, 25% des gens se sentent coupables, honteux ou inadéquats quand ils y ont recours. Le mythe selon lequel deux personnes qui s’aiment ne devraient pas avoir recours aux fantasmes les étouffe. Ils pensent que fantasmer, c’est admettre sa propre inadéquation, ou que c’est un signe indiquant l’altération de la relation. En fait, des études ont prouvé que les personnes fantasmant le plus pendant leurs rapports sexuels étaient précisément le plus satisfaites de leur vie sexuelle. D’après les chiffres, ce sont elles qui ont la plus grande satisfaction sexuelle, le plus grand nombre d’orgasmes, le plus petit sentiment de culpabilité, les attitudes sexuelles les plus positives et le moins de difficultés sexuelles.

Tant qu’une personne sait faire la distinction entre la réalité et le fantasme, je crois que les fantasmes ne posent que peu de problèmes. Il y a deux exceptions toutefois : (1) si un fantasme vous met fortement dans l’embarras, vous angoisse ou vous culpabilise, il a vraisemblablement un effet négatif sur vos relations amoureuses, et (2) si vous vous laissez constamment emporter par vos fantasmes pendant que vous faites l’amour, il va vous sembler difficile de vous connecter intimement avec votre partenaire, sur le plan des émotions et de l’esprit. J’encourage les personnes qui ont recours aux fantasmes sexuels à regarder leur partenaire dans les yeux à certains moments de leurs ébats amoureux. Se regarder mutuellement dans les yeux au moment de l’orgasme peut être une expérience particulièrement forte.

Une autre façon d’augmenter votre degré d’excitation est d’avoir recours à l’imagerie mentale. Je veux dire par là, vous représenter visuellement dans votre esprit, la scène qui est en train de se dérouler. Par exemple, si vous êtes entrain de faire l’amour, vous pouvez fermer les yeux et visualiser le pénis entrain d’entrer et sortir du vagin. Si vous pratiquez le sexe oral, représentez-vous mentalement la scène, dans ses moindres détails. Votre esprit devient une caméra qui filme des gros plans pour un film « X ». En ayant recours à l’imagerie mentale, vous ne mettez pas une distance mentale entre votre partenaire et vous, vous accentuez simplement ce qui est réellement entrain de se passer. Cette pratique peut vous conduire à des seuils de plaisirs encore méconnus de vous.

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