jeudi 18 août 2011

VIOLENCE FAMILIALE 33e partie

S’il y a retour avec le conjoint

La femme battue qui décide de retourner avec l’agresseur prend une décision qu’en tant qu’intervenante vous pouvez parfois accepter difficilement, puisque vous connaissez les fortes probabilités d’une nouvelle agression. Mais votre intervention doit respecter ce choix. L’expérience qu’elle vient de vivre peut lui servir de tremplin dans ce processus évolutif des ruptures.

Faire ressortir les acquis
Il faut donc consolider les acquis de cette demande d’aide pour mieux préparer une éventuelle rupture. C’est dans ce contexte que vous situerez son retour. Vous envisagerez avec elle cette possibilité afin qu’elle sache ce qu’elle a vérifié et intégré dans l’acte qu’elle vient de réaliser, donc que son retour n’est pas une reddition. Elle retourne avec son conjoint pour vérifier certains points importants dans sa vie ou pour se confirmer qu’elle a fait tout ce qu’elle pouvait. Vous l’aidez à identifier ce qu’elle veut prouver par son retour. En faisant le bilan de ses motifs, elle fait une démarche plus rationnelle, elle prépare et établit son nouveau seuil de tolérance. Ainsi, si une nouvelle rupture se produit, elle y a réagira avec un moins grand sentiment d’échec et de culpabilité.

Donner l’information légale
Tout d’abord, les poursuites s’établissent en fonction des différentes juridictions.

Les poursuites privées et publiques se font à la Cour supérieure et aux Sessions de la paix. Les mesures de protection des enfants s’inscrivent au Tribunal de la jeunesse (au Québec, loi de la Protection de la jeunesse).

Lors des poursuites en Cours supérieure, deux actions peuvent être engagées pour protéger les intérêts de la femme battue, sans qu’elle soit obligée de demander le divorce – les mesures provisoires et les demandes à la Chambre intérimaire.

Les mesures principales demeurent la demande de séparation ou de divorce. Toutefois, des mesures provisoires peuvent être demandées en attendant toute décision concernant la séparation ou le divorce. Les mesures provisoires concernent : la garde des enfants (il y a encore témoignage des enfants), la demande de pension, l’usage du domicile, l’usage des meubles.

En attendant les mesures provisoires, à la Chambre intérimaire, il n’y a pas d’enquête, même sur la garde des enfants. Le dossier est présenté sur affidavit. Cette procédure est rapide. En effet, le délai maximum pour signifier à l’autre avocat est de cinq jours.

La saisie avant jugement se fait par voie purement administrative. La femme n’a pas à se présenter devant la Cour. Toutefois, elle doit avoir engagé une procédure maîtresse, c’est-à-dire une demande en séparation ou en divorce.

En plus de ces poursuites, l’intervention du Tribunal de la jeunesse peut assurer une ordonnance interdisant au parent violent d’avoir tout contact avec ses enfants.

Vous lui donnerez toute l’information légale et matérielle dont elle a besoin dans sa situation. Ces informations seront suffisamment élaborées pour qu’elle puisse bien comprendre ce qui correspond à sa situation. Elle pourra immédiatement les utiliser si elle le désire.

Il est également important de lui montrer l’intérêt d’un examen médical des blessures qu’elle a subies afin d’éviter de futures complications. Souvenez-vous que les femmes battues et leurs enfants se trouvent souvent en mauvaise santé.

Offrir un suivi
L’entrevue que vous venez de vivre avec cette cliente est d’autant plus importante qu’il est possible qu’elle refuse un suivi. Elle doit donc avoir reçu suffisamment d’informations et d’aide dans la première rencontre pour considérer que sa demande d’aide valait les risques qu’elle a pris. Si cette expérience s’est avérée satisfaisante, elle saura où aller chercher des appuis lors d’une récidive. Vous pouvez lui demander si elle accepte de vous redonner de ses nouvelles dans un délai fixe. Cette suggestion lui prouve que vous avez un intérêt pour elle et que vous vous préoccupez de l’évolution de sa situation. Si elle refuse, il ne vous reste qu’à l’assurer de votre disponibilité en cas de besoin.

Vous proposez également à la cliente de la rencontrer de nouveau afin de poursuivre la démarche. Si elle accepte, des conditions de sécurité doivent être établies pour minimiser les risques d’agression. Si le conjoint apprend qu’elle vous voit régulièrement cela peut la placer en situation de danger. Examinez avec elle à quel rythme vous pouvez la rencontrer et comment elle justifiera ses absences. Vous lui garantissez le respect de ses stratégies de protection. Est-il possible d’établir des contacts téléphoniques – appeler chez une amie ou une voisine qui fera les messages, la contacter uniquement à son travail, prévoir des appels réguliers où elle-même vous contactera, etc.

Établir un scénario de protection
Vous discuterez avec la cliente des risques de récidive. Pour assurer davantage sa sécurité, vous lui proposez d’élaborer, avec elle, un scénario de protection. Vous lui précisez qu’il ne s’agit pas d’élaborer un plan pour contrôler les agressions, mais de voir comment augmenter sa protection personnelle. Il faut trouver les moyens que peut se donner la femme battue pour réagir rapidement à chaque signe d’escalade de violence. Cette précision est importante car les femmes battues se sentent responsables des agressions de leur conjoint. Pour éviter un sentiment d’échec, le scénario de protection est donc présenté comme une simple tactique pour réduire les risques de blessures. Toutefois, ces précautions ne font pas disparaître les risques de violence et en peuvent assurer une protection complète, mais elles peuvent diminuer les risques de paralysie de la victime qui saura davantage se défendre face à une agression.

Ce type de fonctionnement permet à la victime de demeurer en alerte de ne pas donner complètement le pouvoir à l’agresseur. Elle augmente donc ses capacités de défense. Chaque scénario de protection s’établit selon les ressources dont dispose la femme victime de violence. Voici quelques données à vérifier.

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